tag:blogger.com,1999:blog-12020131500132913752024-02-19T11:08:44.327+01:00PJ en capitale La PJ, bien plus qu'un métier, une passion...Chris PJhttp://www.blogger.com/profile/16928994885214942325noreply@blogger.comBlogger137125tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-55940645399672344282014-06-01T19:23:00.000+02:002014-06-01T19:23:57.185+02:00412 jours plus tardIl y a 412 jours, je postais mon premier billet ici-même, chez Chris.<br />
Je le remercie encore une fois de m'avoir ouvert ses portes.<br />
<br />
<div>
Mais aujourd'hui, c'est une nouvelle aventure qui commence, en d'autres lieux, sous d'autres appellations.<br />
A ma demande, je dois le reconnaître - car après tout ce blog est sa création - et que je ne m'y sentais pas totalement chez moi. Alors même que l'accueil était chaleureux.<br />
<br /></div>
<div>
Nous sommes donc repartis de zéro, ensemble bien évidemment, mais après avoir fait appel à des renforts que vous connaissez déjà un peu. Je n'ai pas eu cette idée tout seul vous vous en doutez, je remercie ici les personnes qui ont permis à cette idée de germer et d'éclore, notamment Dimitri, pour qui les évidences sonnent avant qu'elles ne se manifestent dans nos cerveaux de gallinacés (le copyright pour la perle de ma bio lui revient d'ailleurs).<br />
Pour vous donner une approche pluridisciplinaire de notre fonction, ce sont donc un gendarme et un douanier qui viennent se joindre à nous. Autant de parcours que de métiers différents, de styles divers, de marottes, et de prismes divers.<br />
<br /></div>
<div>
C'est donc les bien belles plumes de @M_I_K_40 et - la non moins technique - de @hpiedcoq qui viennent grossir les rangs aujourd'hui. Les quatre mousquetaires, mais nous n'avons pas encore déterminé qui avait à jouer le rôle du grassouillet. Ou les quatre filles du Docteur en marche.<br />
<div>
Merci à eux de rejoindre cette aventure que j'espère longue et riche de rebondissements, de rencontres et d'échanges, d'humour ou de sérieux, et ... D'invités.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Car évidemment, comme pour un mariage (en fait quatre mariages sans enterrement), les portes sont ouvertes aux acteurs du monde judiciaire qui souhaiteraient donner aux lecteurs une vision complète de cet univers que le <i>quidam </i>ne connait que trop peu.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
PJ en capitales n'est pas mort, longue vie à <a href="http://15cpp.fr/" target="_blank">http://15cpp.fr</a></div>
<div>
<br /></div>
<div>
A bientôt de vous croiser au détour de nos futures lignes.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Flam</div>
</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-21631854624603185792014-05-16T17:26:00.001+02:002014-05-17T09:12:26.205+02:00De la justice ordinaire... quotidienne<div style="text-align: justify;">
Parfois, bien involontairement, les acteurs de la sécurité ou de la justice que nous sommes, se retrouvent "de l'autre coté". Finalement, comme tout le monde. Et c'est très sain et salutaire, en fait!</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><u><b>Les faits</b></u></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est douze heures et cinquante minutes. C'est la pause déjeuner, et je décide, ce jour-là, d'aller me promener dans le centre-ville, en faisant un petit détour en bord de mer. Je finis par me retrouver dans un fast-food. Je prends ma commande, m'assois pour manger. J'écoute de la musique, sur mon smartphone. Mon cadeau de départ des anciens collègues, en métropole, il y a dix-huit mois. Je parcours la playlist, le téléphone posé à même la table ...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et là, en moins de deux secondes, je vois ce jeune homme, qui prend mon portable, sur la table, et part en courant. Premier réflexe ... Je cours après ... Je descends l'escalier en colimaçon, je le vois à quelques mètres ... Il sort du centre commercial, prend à gauche ... Les badauds, qui voient ça ... Et bien, ils regardent ... Bref.</div>
<div style="text-align: justify;">
Et là, une pensée: ma sacoche, avec tous mes papiers, mon portefeuille ... Elle est au pied de la table ! C'est souvent un stratagème des voleurs ... Obliger la future "victime" à partir pour prendre "plus gros". Zut ... Il faut faire un choix ... Tant pis ! Dans la Police Nationale, le fait de perdre, de quelque manière qu'il soit, sa carte de Police, est synonyme de blâme. Et puis la carte bleue, etc ... Je m'arrête, et retourne rapidement à la table: tout est encore là. Je suis si énervé. Je m'en veux ... J'ai fait preuve de négligence ! Je n'avais jamais eu de sentiment d'insécurité, au centre-ville. Mais là, je prends une claque, en fait !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je l'avoue ... Je suis, depuis plusieurs années, dans des services de police judiciaire où je traite des affaires d'une certaine importance. Je parle souvent en dizaine de milliers d'euros, voire plus. Que cela soit en terme de préjudices, ou encore de "valeur de marchandise".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Rapidement, j'appelle mon opérateur, et je fais bloquer la puce ... La puce, oui. Mais pas le téléphone. Et comme j'étais si peu méfiant, je n'ai même pas un code Pin sur le téléphone. Oui, j'ai fait preuve de négligence. Encore une fois. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je me décide à déposer plainte. Je vais au commissariat, suis reçu au service de quart. On prend ma plainte. Je passe même par le fichier Canonge. Une collègue me montre huit cent clichés photographiques susceptibles de correspondre à l'individu recherché. J'ai toujours été sceptique devant ce genre de "présentation". Mais bon. Je me plie à la règle. J'estime que, lorsque l'on est "en demande", on n'a pas à la ramener. Je fais donc ce qu'on me dit. Comme tout le monde. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je repars avec ma plainte. Et là ... Plus rien ! Bon, en même temps, ça prend du temps, pour effectuer les recherches. Les opérateurs en téléphone peuvent parfois mettre du temps à répondre ... Les caméras à exploiter. Bref. Je laisse faire le service enquêteur. Je ne les sollicite plus, rien. Je les laisse travailler.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le portable étant pour moi une nécessité tant professionnelle que personnelle, je me rachète un téléphone portable. J'ai prévu de le payer en trois fois. Un smartphone, ce n'est pas donné ! Et encore moins aux Antilles. A ce jour, je n'ai pas fini de le payer, mon téléphone "made in China".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEO1FArkHyl6yUZtQ2TNXkAccKi4nt_GLV-quHUxmIDM650Zcza3DjlXyZfjB9cggAMXh7R2fL9lS2bZydlqfip6rjieDXWQr9BP1JWzx5p15pELXNEGANIVlCFu4qpLXzm2Ks7gg6LLY/s1600/1375733707_Photo-application-vol-smartphone-Android.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEO1FArkHyl6yUZtQ2TNXkAccKi4nt_GLV-quHUxmIDM650Zcza3DjlXyZfjB9cggAMXh7R2fL9lS2bZydlqfip6rjieDXWQr9BP1JWzx5p15pELXNEGANIVlCFu4qpLXzm2Ks7gg6LLY/s1600/1375733707_Photo-application-vol-smartphone-Android.jpg" height="215" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><u><b>Et maintenant?</b></u></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Aujourd'hui, 14h30. Je reçois un appel du commissariat. L'auteur des faits a été interpellé - super - me dis-je ! Et il a reconnu les faits, en disant que ça l'avait pris "comme ça". Il aurait revendu le téléphone pour trente euros, à un de ses copains, lequel, à son tour l'aurait jeté. Soit. Le parquet est avisé. La décision "Rappel à la loi".</div>
<div style="text-align: justify;">
Oui ... Ok ... Et ? Et ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et ... Ben rien ! C'est tout.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je raccroche ... Estomaqué. Je n'avais pourtant pas tendu l'autre joue ! Je suis scié.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Qu'on ne se méprenne pas ! La décision de "rappel à la loi" ne me regarde absolument pas ! Le Parquet est seul maître à bord. Gère la criminalité locale. Et puis ... Soyons sérieux. Il s'agit d'un collégien, inconnu à ce jour ... On ne va pas non plus l'envoyer deux ans en prison. Donc soit. J'imagine que le magistrat, suivant le compte-rendu qui lui a été fait, estime que le gamin a compris la leçon. Aucune difficulté.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais ... A quel moment pense-t-on à la victime, en fait ? En quoi, par cette décision, on parle de justice ? A quel moment imagine-t-on que le préjudice a été "réparé" ? N'est-ce pas, aussi, un peu le but de la justice, que de réparer, autant que faire se peut, une "injustice" ? </div>
<div style="text-align: justify;">
Cette décision me fait penser que notre système actuel s'en fiche un peu, en fait ! Il gère "comme il peut" la criminalité. L'autre coté, en fait ... Ce n'est pas très important !</div>
<div style="text-align: justify;">
En tous les cas, c'est ce que j'entends...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'insiste encore une fois ... Je ne veux pas, par ce billet, "baver", ou "critiquer pour critiquer"... J'essaye d'être constructif, et profite d'être "de l'autre coté"... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'entends aussi certains d'entre vous, magistrats, qui me parlent des moyens, des délégués du procureur débordés, qui convoquent, à ce jour, quatre mois plus tard ... Oui. J'entends ... Et donc ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Je ne peux me satisfaire de cette réponse. Les moyens.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ça m'arrive à moi. Mais ça arrive à des milliers de personnes, tous les jours ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors oui, je sais, je dispose de recours ... Mais quelle énergie vais-je perdre, encore, pour quelle certitude ? Quel coût ? Cette lourdeur ne sert qu'à décourager les plaignants ... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Quand bien même, il s'agit- là d'une décision d'un magistrat, c'est tout un système qui est en faute ! </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est bien du législateur, dont il s'agit. Celui-là même qui entend, régulièrement, parler des droits de la défense ... </div>
<div style="text-align: justify;">
Ne peut-on pas envisager un seuil minimum de droits, pour les victimes, qui consiste en un principe de systématisation de l'indemnisation, dans ces cas-là ? Enfin au moins dans une certaine mesure ! C'est, me semble-t-il, le début de tout système qui se veut "juste"! Un auteur est interpellé, avoue son forfait ... La première des choses est, dans le cas d'une infraction matérielle d'indemniser la victime, à hauteur du préjudice subi ! Au moins dans une certaine mesure pour des très gros montants ! </div>
<div style="text-align: justify;">
Je me mets à la place d'un parent dont l'enfant a "volé"... De moi-même, je prends contact avec la victime, s'il le faut par la biais des autorités, pour l'indemniser ... Je m'égare, là ... On parle d'éducation. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, je parle justice ... Et, en l'espèce, la justice est absente. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-52189995962201674282014-05-04T18:56:00.000+02:002014-05-04T20:23:10.607+02:00La maison fantôme<div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
Une fois n'est pas coutume. Après avoir accueilli, avec plaisir, un douanier, en la personne de <a href="https://twitter.com/hpiedcoq" target="_blank">@hpiedcoq</a>, (vous pouvez retrouver son billet par <a href="http://pj-en-capitale.blogspot.com/2013/09/trafic-de-stups-faut-il-legaliser-22.html" target="_blank">ici </a>) c'est, cette fois-ici, un gendarme que nous accueillons.</div>
<div style="text-align: justify;">
Nous n'avons pas le même uniforme, mais le même métier, que nous exerçons de manière différente.</div>
<div style="text-align: justify;">
Bienvenue, donc, <a href="https://twitter.com/M_I_K_40" target="_blank">@M_I_K_40</a> </div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">La femme saigne de partout. Je n'arrive même pas à voir où elle est blessée. Je tremble plus qu'elle, j'essaie de lui porter secours mais je ne sais même pas par où commencer. Je regarde ma montre. Une heure et demi du matin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">J'attrape une veste dans la bagnole et je la couvre. Elle pleure, elle est apeurée, entre deux sanglots elle me dit d'une voix tremblante qu'il a "pété un plomb". Son jean est souillé de sang. Le liquide a foncé au contact du tissu. Son chemisier fin de couleur pale est arraché en partie. Son visage est éprouvé, les rides marquées.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Elle semble figée, comme prisonnière encore de ce qu'elle vient de vivre. Je ne la connais pas, mais je peux lire dans ses yeux toute l'angoisse qu'elle ressent.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Je n'arrive pas à comprendre la situation, ses explications sont confuses, certes il ne faut pas s'appeler Colombo pour arriver à déterminer qu'elle a été molestée mais le choc la rend incohérente. Elle me parle de couteau, puis de fusil.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Encore un fusil !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Ce mot fait raisonner en moi le souvenir amer de l'intervention précédente. A une rue d'ici, quinze minutes plus tôt sur les lieux d'une fusillade. Connerie de débutant, fatigue après déjà 12 heures de service ou stress je n'en sais rien... Toujours est il que je me suis lancé à la poursuite d'un gars en laissant un fusil à pompe dans la bagnole de patrouille restée ouverte .</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Le moniteur d'Intervention du PSIG n'a pas eu à gueuler, son regard glacial a suffit à me faire comprendre mon erreur. Et puis le téléphone a sonné de nouveau. C'était le CORG (centre d'opérations et de renseignements de la gendarmerie) "transporte toi rue X pour un différend familial" , tu parles d'un différend ... Je suis dans un film d'horreur face à une femme dont même les larmes qui coulent sur ses joues ont la couleur du sang.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Je prends sur moi, la victime prime. Et puis je n'ai pas le choix. Mon erreur de l'intervention précédente m'a relégué en dernière division. Sanction irrévocable, prends ton flambeau et casse toi, les paroles du MIP raisonnent encore dans ma tête "MIK prends en charge la victime, on va taper le gars !".</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC3_KKqj48zdmXK6s4YS3WyIyrEr4gOiKdP_lunBcsClWrxzcG9Gd7_PhJpsDxVnpBBLTVAlkQdIyy76Gtvg2G1Qlv-Fh6AgpB4S7ZkUrYJiXjmJ6CublI_Bs9pVZzaU7N8xbFWUDRNsg/s1600/femmes+violences.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC3_KKqj48zdmXK6s4YS3WyIyrEr4gOiKdP_lunBcsClWrxzcG9Gd7_PhJpsDxVnpBBLTVAlkQdIyy76Gtvg2G1Qlv-Fh6AgpB4S7ZkUrYJiXjmJ6CublI_Bs9pVZzaU7N8xbFWUDRNsg/s1600/femmes+violences.jpg" height="176" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Je souffle, je tente de reprendre mes esprits. J'entends le deux- tons des pompiers. Il faut que je sache les guider au moins un minimum. Elle a le nez cassé c'est une certitude, sans doute un coup de crosse de fusil. Des traces de griffures et des ecchymoses sur tout le cou jusqu'au buste. J'inspecte son chemisier en réalité il n'est pas déchiré, il est lacéré. Son bourreau a du jouer du couteau !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Elle est à bout de force, mais elle commence à s'apaiser. Son stress retombe petit à petit, elle parvient à s'exprimer clairement "j'ai les vertèbres pétées !". Bon sang comment peut on savoir qu'on a les vertèbres pétées ? Que s'est il passé dans cette baraque ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">"T'as pas une clope ?". Bordel, comment peut on penser à sa dose de nicotine alors qu'on a les vertèbres en vrac et le nez pété ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">C'est pas possible, je suis entrain de vivre un mauvais polar ! Je ne sais même pas si je peux la laisser fumer. J'ôte mes gants j'attrape mon paquet et porte une clope directement à sa bouche d'une main tremblante. Le vent froid me hérisse la nuque, il s'engouffre au niveau de l'encolure de ma polaire et me glace le sang. Je ne sais même plus si j'ai froid ou si je suis juste sous le coup de l'émotion. J'allume le briquet, la flamme est vive et la fait réagir comme si elle venait de subir un électrochoc. Le bruit de la roulette du briquet provoque un tressaillement.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Recroquevillée sur elle même, elle ose enfin lever la tête et me regarder. Elle saisi mes mains pour cacher le vent, ses mains tremblent, ses yeux s'illuminent enfin à la lueur de la flamme. Dans d'autres circonstances j'aurais peut-être fondu en larmes. Mais là, les pensées s’efforcent de contrôler l'empathie, et de rester professionnelles : je m'inquiète surtout de tout le sang qu'elle vient de me coller à même la peau.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Une grande taffe libératrice, et la bouffée de nicotine vient de lui faire prendre conscience qu'elle est en sécurité. J'essaye de trouver les mots, j'essaye de la réconforter, moi gamin de 19 ans qui pourrait être son fils !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Soudain le gendarme mobile qui était rentré en premier dans la maison ressort en pressant le pas. Il se précipite vers une haie et vomit ses tripes. Que lui arrive-t-il ? Visage horrifié, il me regarde et me fait signe d'un coup de tête de prendre sa place.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Je le laisse avec la victime et je me dirige vers la maison. Je chausse mon arme, je marche prudemment sur le trottoir le long du mur, je pénètre dans la baraque. Le MIP, mitraillette épaulée tient en respect un homme qui est couvert de sang, pendant qu'un autre camarade lui passe les menottes. Le gars est calme, il dit juste qu'il veut récupérer ses dents. Je ne comprends pas mais soudain je prends conscience de mon environnement, une odeur de fer m'envahit les sinus, ma gorge se serre, mon estomac se noue, les murs sont couverts de sang. Cette tapisserie à fleurs vieillotte est méconnaissable. Le sang à la fois translucide, sombre et épais luit sur les murs. Des bouteilles d'alcool brisées jonchent le sol. Des meubles en bois d'une autre époque ne font que rajouter de la lourdeur à la pièce qui me donne le sentiment d'étouffer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Je comprends mieux pourquoi mon camarade a dégueulé, je n'ai jamais vu ça ! Je prends en charge le gars, il est petit, la quarantaine rongée par l'alcool, il a la carte des vins imprimée sur la gueule. Il veut récupérer ses couronnes qui sont passées dans le siphon du lavabo de la salle de bain. On commence à éclaircir la situation, monsieur a foutu sur la tronche à madame et a commencé à jouer du couteau. Madame a appelé son père au secours qui a débarqué avec un fusil. Le gendre a réussi à le désarmer et a continué à déverser sa haine à coup de crosse. Dans la lutte il a quand même perdu deux chicos, moindre mal, il veut quand même les récupérer parce que "ce sont des couronnes et ça coûte une burne".</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">La scène devient cocasse, on vient de l'interpeller et il nous demande maintenant s'il peut récupérer une clef à molette dans le garage pour démonter le siphon.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Au fond du couloir j'aperçois une porte légèrement entrebâillée. Je la pousse et trouve une chambre nickel, un grand lit en chêne recouvert d'un vieux plaid se trouve au centre de la chambre. Mon alcoolo à la main lourde lâche un "laissez, y'a la vieille qui dort". Sa mère. Elle a 92 ans. Je m'approche doucement. Cette dame au visage angélique dort paisiblement, elle est couchée en position fœtale, son souffle est long et apaisé.</span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<br style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;" /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">Les gendarmes locaux ont désormais une fusillade a régler et une rue plus loin un différend conjugal qui s'est transformé en drame. La nuit va être courte... Je fais mes premiers pas dans la gendarmerie et je viens de prendre une grande claque. Cette nuit là, à mon retour de patrouille je ne trouverai pas le sommeil.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;"><br /></span>
</div>
<div style="text-align: right;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 13px;">par </span> <a href="https://twitter.com/M_I_K_40" target="_blank">@M_I_K_40</a></div>
</div>
</div>
Chris PJhttp://www.blogger.com/profile/16928994885214942325noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-56861528765101360542014-04-27T19:03:00.001+02:002014-04-28T18:21:41.103+02:00Dans l'oeil du cyclone... <div style="text-align: justify;">
Que ces jours sont difficiles...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Voilà plusieurs années que je "traîne" mes guêtres sur le "oueb", maintenant en 2.0. Forums, blog, Twitter, Facebook... je n'ai toujours eu à l'esprit que de détourner un peu les regards lancés vers le flic "verbalisateur", (et néanmoins nécessaire), et son coté péjoratif, pour expliquer que le rôle de la police était avant tout de défendre. Qu'il y avait, au sein de cette institution, des hommes, des femmes, qui passaient beaucoup de temps à œuvrer pour le bien public, au travers des enquêtes qu'ils conduisent... pour les victimes, et plus largement, la justice.</div>
<div style="text-align: justify;">
Et lorsque je dis "passer du temps", c'est bien souvent un euphémisme. Tous mes collègues qui me lisent (il doit bien y en avoir un ou deux) savent de quoi je parle. De celui qui oeuvre, au fin fond de son commissariat, à traiter ses 25 mesures de garde à vue par jour, avec tout le stress, les difficultés que cela implique, jusqu'à celui qui travaille en Brigade Centrale de la Police Judiciaire, y compris dans les offices centraux... avec des missions, plusieurs fois par mois, loin de de ses bases, les heures et jours passés sur des écoutes, des filoches ...</div>
<div style="text-align: justify;">
Eux savent ce que sont ces périodes de sacrifices; où l'on donne pour son travail; et c'est forcément au détriment de la vie privée. Mais ces hommes, ces femmes, sont passionnés par leur métier. Et ni eux, ni moi, ne cherchons à être plaints... nous aimons ce que nous faisons. C'est déjà une chance.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et voilà qu'arrive ce que je ne peux que qualifier de "sale affaire". Une jeune femme, d'origine canadienne, en vacances à Paris, accuse quatre policiers, de la fameuse BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention) du fameux "36 quai des Orfèvres" de viol. Faits qui auraient été commis dans le service même, au sein du 36.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
De VIOL.... merde, ai-je envie de dire...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Difficile pour moi de parler... si je pense aux collègues, on va dire que je suis "corporatiste", et si je pense à la victime, on va me dire que je porte atteinte à la présomption d'innocence.</div>
<div style="text-align: justify;">
Eh bien, je pense aux deux. Que les choses soient claires:<u> s'il y a viol, ces mecs n'ont rien à faire chez nous, et n'ont leur place qu'à un seul endroit</u>. S'il n'y a pas viol, cette accusation est grave, et laissera des traces chez toutes les personnes impliquées. Ce qui est certain, c'est que tout ça laissera des traces au sein de la Police Judiciaire en général.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Par le fait d'avoir travaillé sur des enquêtes de viol, et d'avoir beaucoup discuté, avec énormément de victimes (notamment sur les réseaux) je me permet de faire observer certaines choses, en conservant toute objectivité.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Les procédures traitant de viol, d'agression sexuelle, sont toujours très complexes, rarement "tout blanc" ou "tout noir"... il y a bien souvent beaucoup de gris, et c'est dans ces nuances que se situe la vérité, et c'est là que cela devient difficile... Il n'y a pas lieu de nier quoi que ce soit en rapport avec la victime et ses souffrances. Par définition, traitant de sexe, il n'y a souvent pas de témoin, pas de vidéo. De l'ADN? Oui, parfois. Cela prouve-t-il qu'il y a absence de consentement ? Non. S'il n'y a pas de traces de violences, il devient très compliqué d'établir la vérité. Souvent, on en arrive à la parole de l'un contre celle de l'autre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
On ne sait, à l'heure où je parle, que ce dont la presse se fait l'écho... donc, tout est à prendre avec des pincettes, et il faut faire très attention... Les dernières nouvelles diffusées font état de la mise en examen de deux des policiers, placés sous contrôle judiciaire, et du placement sous le statut de témoin assisté du troisième. Le réquisitoire introductif du parquet viserait les faits de "viol en réunion"<a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=305B7DED632CD6C4D4577B4F01060C8C.tpdjo10v_3?cidTexte=LEGITEXT000006070719&idArticle=LEGIARTI000024041213&dateTexte=20131201&categorieLien=id" target="_blank">(article 222-24 du Code Pénal)</a> et modification de l'état des lieux d'un crime <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=09375F3FE8963942551CA4C6BA03E110.tpdjo10v_3?idArticle=LEGIARTI000006418608&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20140427" target="_blank">(article 434-4 du code pénal</a>). Bien évidemment, les faits sont graves, et passibles de la Cour d'Assise. Vous l'avez lu, le risque encouru, c'est 20 ans de réclusion criminelle.<br />
Tous ont été suspendu par le nouveau Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ce qui me permet de dire que, ici, administrativement, la présomption d'innocence tombe de manière pleine et entière. Que les policiers ne puissent plus, en l'attente des investigations, ne plus exercer à la BRI ou dans quelque forme judiciaire que ce soit est une chose; Mais les emplois ne manquent pas dans la Police. A l'heure où je parle, je ne sais s'ils sont suspendu avec ou sans traitement.<br />
<u><b>Mise à jour:</b></u> après rélfexion, effectivement, la sanction administrative vise plus le comportement administratif des policiers (alcool, intrusion d'une personne étrangère au service, relation sexuelle... que le coté purement pénal en lui-même. Donc, même si la décision est dure, elle parait inévitable. <br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je passerai rapidement sur les déclarations du Ministre qui promet des sanctions si les faits sont avérés, et qui espère que l'enquête va aboutir. Ouep... que dire... tout un programme !</div>
<div style="text-align: justify;">
Regrettable, également, la médiatisation en elle-même, qui a pour conséquence directe de faire tomber la présomption d'innocence... Oh, pas juridiquement, mais devant l'opinion. Et c'est certainement pire! Ces faits, très graves, attirent toute la lumière, donnant presque une obligation de résultat et, qu'on le veuille ou non, de mettre une certaine pression sur le dos des enquêteurs ou des magistrats en charge de l'affaire. </div>
<div style="text-align: justify;">
De fait, j'aurais aimé, aussi, une clarification, de la part du parquet de Paris; il a su le faire lorsque des politiques étaient mis en cause, ou en d'autres circonstances... j'aurais aimé qu'il sache le faire. Que quelqu'un, quelque part, rappelle ce qu'est la Police Judiciaire, ce qu'elle représente...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et j'en arrive à cet article de <a href="https://twitter.com/AnalystePolice" target="_blank">Stéphane Berthomet</a> qu'il a publié sur son blog (par <a href="http://blogues.journaldemontreal.com/stephaneberthomet/nouvelles/accusation-de-viol-au-36-quai-des-orfevres/" target="_blank">ici</a>). </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'avoue être un peu choqué, dérangé par cet article, notamment dans sa conclusion, par laquelle l'auteur raconte que, je cite:<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>"<span style="background-color: white;"><span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 14px; line-height: 24.479999542236328px; text-align: start;"> L’alcool et le comportements débridés y ont été monnaie courante durant des années et si rien ne doit être enlevé à la responsabilité des agresseurs de cette jeune femme, il conviendra, le moment, venu de s’interroger sur les responsabilités de l’encadrement de ces brigades centrales dont les hommes ont souvent tendance à penser qu’ils sont au dessus des lois, protégés par l’aura du fameux </span><span style="border: 0px; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 14px; line-height: 24.479999542236328px; margin: 0px; outline: 0px; padding: 0px; text-align: start; vertical-align: baseline;">«</span><span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 14px; line-height: 24.479999542236328px; text-align: start;">36</span><span style="border: 0px; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 14px; line-height: 24.479999542236328px; margin: 0px; outline: 0px; padding: 0px; text-align: start; vertical-align: baseline;">»</span></span></i></blockquote>
C'est là que l'on verse dans le sensationnel, et je ne puis l'accepter (même si l'auteur reste, bien sur libre de penser ce qu'il veut). Il est tout d'abord le seul, à l'instant où je parle, de parler d'aveux, de l'un des policiers, d'une relation non consentie, c'est à dire d'un viol... soit... il doit avoir des sources. Admettons...<br />
<br />
J'ai passé plusieurs années dans l'une de ces "brigades centrales" (elles regroupent, notamment, la BRI, la BRB, la prestigieuse Brigade Criminelle, la Brigade de Répression du Proxénétisme). Cela me permet donc, aussi, d'avoir un avis. Qui vaut ce qu'il vaut, bien entendu, et il n'engage que moi.<br />
<br />
Oui, durant cette période, j'ai fait quelques fêtes; pour célébrer la réussite de belles affaires, à l'occasion d'un départ, un événement familial, voir même, parfois sans avoir besoin d'excuse.. Finalement comme bon nombre de personnes, issues de quelque corps de métier que ce soit. Et donc ? Quel rapport avec les faits ? Tous ceux qui passent donc des soirées festives seraient susceptibles d'en arriver au viol ? Alors même que celui-ci n'est pas lié à l’absorption d'alcool, mais à autre problématique. La domination. Allons...<br />
<br />
Et que dire de la "tendance à être au dessus des lois"? Oui, les flics que j'ai pu croiser ont, pour la plupart, beaucoup de caractère. Et j'ai pour habitude de dire que, dans ces postes, il est difficile de durer (en tout les cas de manière efficace), sans avoir du caractère, de la volonté, de la pugnacité... et donc ? Qui va-t-on laisser croire que l'on fait ce que l'on veut ? Si une faute est avérée, l'IGPN enquêtera de la même manière, et la magistrature fera son travail, de la même manière. Et cette affaire nous le démontre; personne ne cheche à couvrir quoi que ce soit. Que le policier soit en tenue, ou qu'il soit de la PJ, la loi est la même pour tous.<br />
J'ai eu l'occasion de côtoyer quelques collègues qui peuvent vous parler de ce coté "au dessus des lois". A la sortie, ils avaient plutôt l'impression contraire... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors, que va-t-il se passer ? Je ne parle pas de cette affaire en elle-même. L'enquête suivra son cours, un juge d'instruction est désormais désigné, et poursuivra les investigations, avec l'IGPN. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'essaye de prendre de la hauteur, et penser à la PJ en général; d'ores et déjà, l'image que jette cette affaire est juste désastreuse. Devant, déjà, tous les déficits dont nous souffrons au quotidien, nous n'avions pas besoin de cela. Des faits, de cette nature, dans les locaux de police...<br />
<br />
J'imagine déjà les notes qui vont sortir, un peu partout dans les services. Principe de précaution oblige, il sera rappelé que les services de police n'ont pas vocation à accueillir les personnes étrangères au dit service. Ces notes seront ponctuées des habituels rappels quant à l'usage d'alcool dans, et hors des services, avec des "tous les manquements se verront dûment sanctionnés".<br />
J'ai horreur du "principe de précaution" qui vise " à tirer la société vers le bas". Pour une faute (aussi lourde soit-elle) commise, on punit plusieurs milliers de personnes.<br />
<br />
La notion de groupe, en Police Judiciaire, est, pour moi, primordiale. Plus que nécessaire, vitale. Et qui dit groupe dit nécessairement cohésion. Et ça, et bien cela ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, et encore moins à l'école de Police. Cette cohésion est, pour moi, partie intégrante de l'efficacité d'un groupe. Tout le monde est au même niveau, avec son utilité propre. En PJ, <b><u>seul, on n'est rien</u></b>.<br />
<br />
Et, au risque de déplaire, je n'ai pas trouvé, à ce jour, meilleure solution pour garder un groupe soudé que de passer quelques moments en dehors des bureaux, autour d'un verre... voire plusieurs. C'est selon...<br />
Et ces instants sont très souvent l'occasion de partager beaucoup de choses; des bons moments, mais aussi de mettre à plat les "non dits" du quotidien, peut-être parler de certaines erreurs, des reproches qu'on peut se faire... bref, l'occasion de remettre les compteurs à zéro, et tout le monde au même niveau, prêt à aller de l'avant. En somme, de décompresser.<br />
<br />
Alors, à celui qui viserait l'encadrement limite complice de cela, je me dis qu'il n'a pas compris l'essence même de ce travail, et n'en a pas saisi la difficulté. Alors que, pourtant, il me semble qu'il a été policier... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Malheureusement, aujourd'hui, "on" veut des enquêteurs qui soient purement scolaires, liés à la parole scientifique, dénués de tout sens policier, de jugeote, qui soient lisses, sans trop de personnalité... Triste... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Oui, et mille fois oui, la festivité ne doit jamais mener à des agissements, tels que le viol. Mais je le répète, il s'agit-là (j'insiste, mais si les faits sont avérés) d'un comportement individuel. En un peu moins de vingt ans de police, c'est la première fois que j'entends parler d'une affaire de cette nature... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Cette sordide affaire jette l'opprobre sur toute une profession, et ne fait finalement que servir tous nos détracteurs. Les premiers responsables sont ceux qui sont mis en cause. S'ils ont merdé, ils vont payer. Et c'est normal. En attendant, prenons garde à ne pas tirer de conclusions trop hâtives, et ne pas "punir" une profession qui n'avait pas besoin de cela, dans des temps déjà bien difficiles.<br />
<br />
Je l'ai dit plus haut, tout est dans la nuance. A l'instant où je parle, on peut mesurer que la faute des policiers se situe entre:<br />
- à minima, avoir ramené une femme, dans un local de police, pour y avoir une relation sexuelle (alors que, tout le monde est ivre)<br />
<br />
- au pire, ramener une femme, ivre, dans un local de police, et, devant son refus/absence de consentement, lui imposer une relation sexuelle et tenter d'en faire disparaître les preuves.<br />
<br />
L'éventail est large. Personne ne connait le contenu exact de la procédure, si ce n'est les quelques policiers et magistrats en charge de cette affaire et, bien sur, la victime.<br />
<br />
Donc, il est urgent d'attendre... la fin des investigations, qui doivent être menées avec le plus de sérénité possible. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
la PJ... Bien plus qu'un métier... une passion.</div>
Unknownnoreply@blogger.com35tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-62378758144261082892014-03-18T16:57:00.004+01:002014-03-19T08:40:11.002+01:00une mule... comme les autres! <div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Vendredi matin.</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Enfin, après deux jours pleins sur les
routes antillaises, à filocher, il est prévu un retour au bureau. Comme d’habitude,
lorsque l’on est sur le terrain, le travail de bureau prend du retard. Et
pourtant, ces deux vecteurs d’enquête sont complémentaires, nécessaires, et
indissociables dans la réussite d’une affaire. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Je suis dans les bouchons classiques du matin. Dans quinze
minutes, je vais prendre l’astreinte, et ce, pendant une semaine. Cela signifie
que, durant ce temps-là, toutes les affaires dévolues au service, saisi par le
Parquet local, me concerneront. Ces saisines ne sont pas très nombreuses,
statistiquement ; je dirai, au doigt mouillé, une par semaine en moyenne.
Après, c’est chacun avec sa chance, ses grigris, et autres marabouts… Dix-huit
mois que je suis là, et je n’ai été rappelé que deux ou trois fois… donc je
suis serein. Et j’ai tort. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Le téléphone sonne. Le chef de groupe :<o:p></o:p></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
-<span style="font-size: 7pt;"> </span><!--[endif]-->Qui est d’astreinte avec moi ?</blockquote>
<span style="text-align: justify;">Bingo… ça pue…</span><br />
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
-<span style="font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]-->Ben moi… et « je sais pas qui »</blockquote>
<div class="MsoListParagraph" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Terme qui désigne un troisième policier du service… jusqu’alors,
nous n’étions que deux, mais il a été jugé qu’il fallait accroître cette
permanence. Au moins en quantité. <o:p></o:p></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
-<span style="font-size: 7pt;"> </span><!--[endif]-->Une affaire, de cette nuit. Un mec serré. </blockquote>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
<o:p></o:p></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
-<span style="font-size: 7pt;"> </span><!--[endif]-->Ok ; le temps d’arriver au bureau, on fait
le point. </blockquote>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
<o:p></o:p></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
-<span style="font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]-->Ouais, c’est ça</blockquote>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Faut dire que la période n’est pas propice aux affaires "en plus"…
même si ce n’est jamais le bon moment. D’autant que ce genre d’affaires, même nécessaires,
ne font que polluer notre travail, déjà bien complexe, avec des journées bien
chargées. Mais, les protocoles de saisine étant ce qu’ils sont, il en est
ainsi. On traitera cette GAV, et avec sérieux. Mais, pendant qu’on fait ça,
fort logiquement, on ne fait pas autre chose ! <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Arrivée au bureau. Ordre, contre-ordres, il y a ce matin
plus d’un lièvre à courir à la fois. Bref ; un p’tit bordel à organiser. Pour
ce qui me concerne, c’est clair, c’est le GAV. Et bonne chose, c’est l’astreinte
descendante qui a notifié la mesure. Comprendre par là que ce sont mes
collègues qui viennent de finir leur perm, qui ont commencé l’affaire. Et,
comme on dit en PJ, affaire du vendredi… week-end pourri. Le dicton se vérifie immanquablement.
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Cette affaire : une mule. Très simplement. </div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnhQAj92OIJ5dNpnd_izMk4jKawckCJZC0xdOUfzB0jBW2mRZEYT_1ZGaZYOACoxn8nP3h28DobnWiLg-ZwY6ZDaIrTnUdASSJ0aDttt3xSlOpfiZGJEqk_R_dJoqA-GwP1DuoqkY8AZM/s1600/553-grs-de-coca%C3%AFne-2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnhQAj92OIJ5dNpnd_izMk4jKawckCJZC0xdOUfzB0jBW2mRZEYT_1ZGaZYOACoxn8nP3h28DobnWiLg-ZwY6ZDaIrTnUdASSJ0aDttt3xSlOpfiZGJEqk_R_dJoqA-GwP1DuoqkY8AZM/s1600/553-grs-de-coca%C3%AFne-2.jpg" height="213" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">image d'archive</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Contrôlée
par la Douane avec de la cocaïne dans ses bagages. Très classique, aux
Antilles. Malheureusement. Quelques petits « paquets », en forme de
boudin (histoire de tenter de passer inaperçu au scanner). Mais, cette fois-ci
(sur combien d’autres) cela n’a pas fonctionné. Le client du jour a à peine
plus de vingt-cinq ans. Je vais m’occuper de lui. Enfin, de la mesure de garde à
vue qui le concerne. Première chose à vérifier, dans ces cas-là : les
droits. Qu’a-t-il demandé, qu’est-ce qui a été fait.. les collègues ont bien
jobé. Tout est carré, niveau des droits, on attend l’avocat, pour l’entretien
de la première heure de garde à vue. Rapidement, on va enchaîner avec les auditions.</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
L’entretien avocat se passe, aucune observation du conseil. Je
la fais patienter, le temps de prendre connaissance, moi-même, du dossier, et
voir comment il va falloir orienter tout ça.<br />
<o:p>Le dossier pour l'avocat? En l'occurence, inutile. Tout est dit. </o:p><br />
<o:p><br /></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Allez, c’est parti. On commence par brosser les éléments d’identité,
adresse, filiation, niveau scolaire, revenus… assez classique pour une mule, puisqu'il ne connaît, semble-t-il, tout juste que ses nom, prénom et date de naissance. Pas
d’adresse, pas de diplôme, pas de boulot, et pas de revenus. Même pas
un RMI. Le môsieur fréquente « l’école de la deuxième chance » ;
le genre de truc qui va lui revenir en boomerang, j’en suis certain. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Les faits : oui, pas de problème, il reconnaît. Ok, c’est
déjà ça. En même temps, difficile de nier la présence du produit dans ses bagages (quoique). Il ne sait pas qui lui a donné la cocaïne ; un mec qu’il ne connaissait pas, rencontré dans un
parc. Le hasard, quoi. Ah, il ne sait pas non plus à qui il devait la donner,
puisqu’il aurait dû être reconnu à son arrivée. Ok ok… continuons… il aurait dû toucher quatre mille euro. Ok. A
titre d’information, le cours de la cocaïne, aux Antilles, est, en moyenne, de
5500/6000€. Il dépasse les 40.000 en métropole… on comprend vite la motivation … <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Pas de quoi fouetter un chat, cette audition. Mon nouvel ami
frôle les deux de tension. Et il n’y aura rien à en tirer. J’insiste à peine,
histoire de lui montrer où se trouvent ses contradictions. Il n’en dit pas
plus. Soit. Moins de quarante-cinq minutes d’audition. Ça n’en vaut pas plus. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
L’enquête se poursuit par quelques vérifications très
classiques, qui nous occupent le reste de la journée. En fin d’après-midi, le
parquet nous autorise la prolongation. Ce qui est certain, c’est qu’on ne va
pas partir sur 96 heures là-dessus. Il n’y a rien ; aucun élément exploitable.
Ça sent la C.I (Comparution Immédiate). Donc, on fait le maximum pour faire
toutes les vérifications, et éviter une ouverture d’information et donc, une
commission rogatoire. On borde tous les éléments. De toutes parts…. Rien ne doit
rester en suspens. Que les magistrats aient toutes les clés en main.<br />
<br />
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
La journée prend fin sur la notification de la prolongation
de la garde à vue. Des prélèvements ont été fait sur le produit pour d'éventuelle expertises / contre-expertise, et enfin pour servir d’élément
de preuve à l’audience. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Rendez-vous le lendemain matin. Il reste quelques questions
à poser, des précisions à apporter. Et quelques actes à rédiger. Entre temps,
dans le cadre de sa prolongation de garde à vue, le jeune homme a demandé à être
examiné par un médecin. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Nous y voilà. Week-end pourri… ou presque. On est samedi, au
bureau. Je rédige quelques actes annexes, m’assure que le gardé à vue a bien vu
le médecin, et que le certificat médical mentionne bien la compatibilité de l’état
de santé du gardé à vue, avec la mesure. C’est bien le cas. Nous allons le
chercher au commissariat, où il a passé la nuit. Sans surprise, la nuit a été
dure. Un seul autre gardé à vue, mais qui a décidé d’hurler toute la nuit. Classique.
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
L’avocat est présente ; j’entame la deuxième audition, difficile de se concentrer. Rien
n’a changé, par rapport à la veille. Il reste sur ses déclarations, ne connaît
personne, etc… bref, à mon sens, il se fout de nous. Non pas que l’on s’attende
à ce qu’il nous donne des noms, des adresses, etc… mais qu’il nous dise. Il y a
des choses qui s’entendent. Le fait que balancer un nom est risqué, ça s’entend.
Le fait qu’il ait peur pour sa propre famille, ça s’entend. Mais bon… il reste
sur sa position.<br />
<o:p>Petite coup de stress, histoire de... le chef me demande la rédaction d'un rapport de synthèse. Pour information, il s'agit d'un acte purement administratif, qui résume l'enquête. Dans ce document, il nous est préconisé d'ajouter notre sentiment quand à notre enquête. Il y a quelques années, cet acte n'existait que sur de grosses enquêtes, et s'avérait fort utile; Son usage s'est quelque peu répandu pour être, désormais, quasi généralisé. J'appelle cela la politique de monsieur plus. </o:p><br />
<o:p><br /></o:p>
<o:p>Bref... </o:p><br />
<o:p><br /></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Après quelques atermoiements, la garde à vue prend fin en
fin de matinée. Deferement devant le Procureur de la République, en vue d’une
comparution immédiate en début de semaine. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Une fois au Palais, il faut donc aller voir le SPIP, service
Pénitentiaire d’Insertion et de Probation du tribunal, puis l’avocat (qui n’est
pas le même qui était présent en garde à vue). Quelques secondes devant le
substitut du procureur, qui reprend quelques éléments d’identité, et, le temps
que le JLD et le greffier soient prêts, nous voilà dans le bureau du magistrat.
Lequel, assez vite, décide de placer l’ex GAV en détention, en l’attente d’une
comparution le lundi suivant. Au passage, comme je l’avais imaginé, une
question fuse : « vous avez fait l’école de la deuxième chance ;
vous êtes en route pour celle de la troisième » ? Voilà, c’est dit.
Ca fait mal. Il regarde ses chaussures ! A vrai dire, il n’y a pas grand-chose
à faire, et surtout rien à dire!<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Le temps que le magistrat rédige le mandat de dépôt, nous voilà tous à attendre
dans le couloir. L’avocat demande à son client de lui donner le numéro d’un
proche, afin de se procurer quelques justificatifs qu’il pourrait utiliser le jour du procès. Malheureusement,
notre ex ami du jour reste très flegmatique, se contentant de répondre par des
signes de la tête.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
J’échange alors quelques mots avec l’avocat. Lequel semble désespéré.
Et je le comprends. Comme je le lui souffle, l’avenir immédiat est sombre. Nous
le savons tous les deux. La semaine prochaine, tout se jouera entre 12 et 30
mois de prison, estimons-nous, tous les deux. C’est un fait, et
personne ne pourra rien y changer. Mais une autre question me taraude bien plus…
et après ? que fera-t-il en sortant ? Je ne vois pas d’avenir, à ce
jeune de 25 ans. Pas de formation, pas de volonté, de motivation, et un flegme
tel que j’ai envie de lui mettre des coups de pieds au derrière pour le faire
avancer (au figuré, bien sur). <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Ce genre de cas est malheureusement fréquent. Oh, ce n’est
pas une nouveauté. Des jeunes femmes
seules, des hommes seuls, des couples… J’ai même déjà vu des quinqua jouer les
passeurs, par appât du gain ! Inutile, désormais, de faire du profilage. N’importe
qui peut faire la mule. L’habit ne fait plus le moine. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Quelques minutes plus tard, nous voilà arrivés devant la
maison d’arrêt. La seule question qu’il se pose, le sourire aux lèvres : « vais-je arriver à
temps pour la promenade ». Tout est dit.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<o:p>- - - - -</o:p></div>
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Audience de comparution immédiate: 18 mois ferme, mandat de dépôt à l'audience. </div>
Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-15999147694714561512014-01-23T18:46:00.003+01:002014-01-23T19:42:43.415+01:00Lettre à Paul<br />
Il est bien des choses difficiles dans ce métier. Mais on s'y fait. Malheureusement, lorsque des enfants sont impliqués, on a beau dire, mais c'est compliqué.<br />
<br />
C'est une des raisons pour lesquelles je n'irai jamais travailler au sein d'une unité pour mineurs victimes.<br />
<br />
Pourtant, les violences faites aux enfants, et leur mort parfois, se croisent souvent. Et presque chaque collègue y a eu affaire. Parce qu'ils sont innocents, et sont donc le meilleur moyen de pression bien souvent. Ils catalysent la haine qui déchirent les êtres alors même qu'ils n'ont rien demandé. Des éponges avant l'heure. Laissons les Bob où ils sont et revenons à nos moutons.<br />
<br />
L'histoire de ce jour n'est pas une histoire de violence, pourtant elle a laissé des traces.<br />
<br />
Il est tôt en ce mercredi tandis que tombe la pelle. Pour une fois ce n'est pas un week-end, comme quoi les choses changent. Nous sommes appelés pour une découverte de cadavre. Encore une. Ce jour là, j'en verrai trois. Je suis alors de permanence "décès", celui qui aura à traiter "avec" tous ceux qui viendraient à périr de trépas sur mon ressort.<br />
<br />
A cet instant, j'ignore encore de quoi il retourne, confiant en rien, mais sûr d'inconnues, je fonce, comme si le corps que j'avais à manipuler tenait encore à la vie. Rien ne sert de se précipiter sur un cadavre, c'est comme une bonne salade. Curieusement, mon chef de service et mon chef d'unité m'accompagnent. Je suis un jeune lapin, c'est vrai, mais là ...<br />
<br />
Nous nous y rendons sirènes hurlantes, alors même qu'il n' y a pas urgence. Les visages sont tendus, l'atmosphère de l'habitacle délétère, bien que le véhicule n'ait pas été prêté à la BAC depuis fort longtemps (petite dédicace personnelle). Le trajet me parait long, poussif, la circulation infernale malgré les coups de klaxons et le gyrophare. Nous sommes à quelques cinq cent mètres des lieux.<br />
<br />
Au pied de l'immeuble, on m'économise, on me berce de doux mots: en clair on me demande de garder le véhicule car "en cas que des fois la guerre éclate, par mégarde, je pourrais éventuellement être utile, afin de démarrer le véhicule pour fuir". Nous nous trouvons alors dans le coin le plus boboïde de l'arrondissement. Je suis l'OPJ en charge des enquêtes décès. J'envoie respectueusement la chef de service se faire "cuire le cul" et lui emboite le pas, non sans lui avoir fait comprendre que je ne céderai pas.<br />
<br />
Sur place, le calme règne, comme convenu. Enfin, le calme. Une grosse femme noire pleure, presque sans bruit, et chuchote des mots que je ne t'entends pas. Elle est manifestement en train de hurler mais moi je n'entends rien. Déjà préoccupé par l'enquête qui démarre, je n'ai qu'un but. On parle d'effet tunnel. C'est très réel, et on ne peut mieux décrit. Je cherche un corps, du sang, des traces, de l'action bordel. Je farfouille, fouine, renifle mais je ne vois rien. Les visages dépités de ma hiérarchie m'intiment au calme, à la retenue.<br />
<br />
On m'indique enfin ce pour quoi nous sommes là. La femme qui pleure est une nounou, qui garde, pour une famille dont les parents travaillent, un enfant en bas âge. Un enfant que la vie a quitté précipitamment, à l'aube, après un dernier sourire. Il est probable qu'il s'agisse d'une mort subite du nourrisson vu l'âge de celui qui ne s'appellera plus jamais l'enfant.<br />
<br />
C'est là que tu te sens con en général, lorsque tu saisis pourquoi l'ambiance était aussi lourde, et que tu comprends en quoi l'air que tu inspires était brûlant. Subitement, ta tension retombe au niveau de celle d'un gosse de trois ans, mais étrangement ton coeur bat la chamade. Tu n'oses plus regarder cette femme qui n'est même pas la mère, et que maintenant tu entends hurler à t'en déchirer les tympans. Les regards se font graves sur toi, petit con plein de foutre enquêteur. Le seul lait qui coule encore vient de ton nez, abruti. Il te faut te recomposer une contenance, bien que tous tes gestes semblent maladroits et inappropriés. Tu sais qu'il est trop tard mais tu t'obstines. Tu es le dindon de ce qui n'est plus une farce.<br />
<br />
Et malgré tout, il faut faire le boulot. Et aller voir le corps bien évidemment. Tu as l'impression d'avoir déjà passé mille ans dans cet appartement alors que ça fait à peine cinq minutes. On isole la nourrice - qui a fait appel aux services de police et de secours - après qu'elle trouve la sieste du matin un peu trop profonde. Et on entre dans la chambre. L'instant présent, inconvenant.<br />
<br />
Tout y est beau, serein, calme. L'on oublie un peu vite qu'un petit corps vient d'y perdre la vie. On évite de toucher à tout. Ou plutôt on ne touche à rien pour éviter de continuer à se sentir con. Et par là même tenter de sauver ton cas que tu sens désespéré.<br />
La chambre est belle, repeinte à neuf, pour l'arrivée d'un évènement qui comptait. Comme si le renouveau pouvait changer quoique ce soit au changement qui s'annonçait. L'on sent l'envie d'accueillir ce nouvel être au mieux, je le sais, j'ai fait la même chose en voyant arriver mon fils.<br />
Le berceau est ancien, mais on sent un goût pour ces choses qui se transmettent, et tout lui est parfaitement restitué. L'odeur et la lumière filtrant la pièce sont parfaits. La température maitrisée. Rien ne justifiait qu'un drame ne survienne ici, c'est injuste, car tout n'y est qu'amour.<br />
Pourtant, le petit Paul est paisible, serein maintenant, son sommeil n'a jamais été aussi profond. Ses petits poings fermés marquent encore la force qu'il a mis à laisser cette image de lui. Mais désormais il est parti, et ce sont ses parents qui arrivent.<br />
A cet instant, rien n'indique qu'il puisse s'agir qu'autre chose qu'un malheureux évènement. La nourrice est pourtant sous bonne garde, s'il s'avérait que ....<br />
<br />
Car le médecin est en chemin, lui aussi, pour une fois à Paris, l'affaire étant ce qu'elle est. Je ne remercierai jamais assez les gens qui ont fait que le médecin arrive avant les parents.<br />
La situation lui est expliquée, et ensemble nous nous rendons encore une fois dans la chambre.<br />
"Aucune trace de violence n'est visible, je me demande si je ne vais pas délivrer un certificat de décès sans obstacle médico légal. Il semble, que, vu la position du nourrisson et son jeune âge, il s'agisse d'une mort subite"<br />
"Docteur, nous sommes tous d'accord, nous savons tous ce qui arriverait dans le cas contraire", dit le chef d'unité.<br />
<br />
Ce qui découlerait s'appelle une autopsie, des auditions dans un commissariat où rien ne viendra réconforter ces parents, du papier, des larmes et encore de la souffrance.<br />
<br />
Le cas est entendu.<br />
<br />
Tandis que j'entends les pas et les cris des parents, lourds, arriver vers nous dans ce lieu qu'ils ont si bien connus, je reçois l'appel qui allait me mener ce jour là vers le deuxième cadavre de ma journée. Je laissais mon chef d'unité et ma chef de service gérer la tempête qui arrivait, et, le coeur lourd d'avoir vu ce petit corps si beau n'avoir pu mériter de vivre, passait au suivant.<br />
<br />
Au petit Paul.<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
Flam</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-87456688902077810612014-01-12T16:40:00.004+01:002014-01-12T16:59:09.607+01:00où l'on doit faire des - bons - choix<div style="text-align: justify;">
Vendredi, 13h - Paris</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je finis, péniblement, fatigué, mon deuxième cycle de stage, à plus de sept mille kilomètres de chez moi.<br />
Je me dois d'avouer que je n'ai pas pour habitude de quitter mon femme et mes enfants.... Cela en rajoute à la difficulté de la formation, en elle-même. Une formation qualifiante, donc importante, qui nécessite du travail personnel en plus des heures de cours quotidiennes. Bref, pour moi, ces semaines ont été intensives. Le premier examen est passé; un soulagement en soit.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mon téléphone sonne; de l'autre coté de l'Atlantique, le chef de groupe:<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>Salut; je veux juste t'avertir; c'est super chaud. Possible qu'on serre tout le monde aujourd'hui"</i></blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Et moi qui pensais me reposer, en rentrant ...</div>
<div style="text-align: justify;">
Même si cela parait étrange au commun des lecteurs, je suis un peu dégoûté. Ce dossier, je l'ai démarré au mois de Janvier de l'année dernière. J'y ai passé quelques centaines d'heures, avec l'aide de mes collègues qui ont repris le flambeau durant mes périodes de stage. Et voilà qu'il va "exploser" alors que je ne suis même pas présent... une espèce de frustration, en fait! C'est ainsi. La priorité, ce n'est pas l'enquêteur, mais l'enquête qu'il conduit.</div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>On essaye de tenir; je crois que ce n'est pas opportun, de serrer. Mais il faut convaincre la hiérarchie". Et ça, c'est pas gagné! </i></blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Bon, j'ai encore une petite chance, alors. On m'explique les détails de ce qu'il se passe... effectivement; le "serrage" est possible, mais pas forcément des plus judicieux à cet instant! Les cibles principales du dossier ne sont pas "en main"; c'est à dire qu'il n'est pas possible de procéder aux interpellations à un moment "T" dans le mesure où elles ne sont pas toutes localisées. Et ne pas les "faire" toutes au même moment, provoquerait leur fuite certaine vers des contrées lointaines.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Maintenant, si la décision est finalement prise de serrer, cela signifie que je vais bosser ce week-end. Et là, ça coince. Je dois rentrer le lendemain aux Antilles. Pour une semaine de vacances. Je l'ai promis à ma femme ainsi qu'aux enfants. Je me suis absenté pendant six semaines, les délaissant, je me dois de rétablir l'équilibre. Sauf que...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mon arrivée sur l'île est prévue samedi en début d'après-midi. J'envisage de faire passer le message à ma femme, par téléphone:</div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<i>- il est possible que je travaille, ce week-end ...</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<i>- Hors de question, samedi; tu restes à la maison; les files ont besoin de te voir. </i></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Je le comprend. Je suis partagé... finalement résigné. J'ai obtenu le dimanche, au moins. Difficile de laisser les collègues travailler, et rester, soi-même, à la maison!</div>
<div style="text-align: justify;">
Vingt quatre heures plus tard, j'arrive à l'aéroport. Rapidement, j'apprends que finalement, rien n'a bougé. Tout est bon, pour le week-end.</div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Par contre, lundi matin, je vais faire un tour au service; histoire de débriefer ce qu'il s'est passé en mon absence.</i></blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<i>- De toute façon, j'ai bien compris; ta réunion va s’éterniser toute la journée. </i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
La remarque est cinglante. Mais, depuis toutes ces années, ma femme a bien assimilé le fonctionnement du boulot. Difficile de lui faire "à l'envers".</div>
<div style="text-align: justify;">
La journée du lundi se passe comme ma femme l'avait compris; une réunion... et puis le reste de la journée; gestion des mails, et toutes les infos qui sont tombées depuis que je suis parti. Le dossier a pris une telle ampleur, les informations arrivant en si grosse quantité, que c'est une réelle difficulté pour moi. Il s'en est passé, des choses... quand bien même, à distance, je me suis tenu informé des événements majeurs, les détails ont leur importance!</div>
<div style="text-align: justify;">
Je décide de rester à la maison, le mardi. Vacances scolaires obligent... mais à partir de mercredi, c'est retour au bureau.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mercredi, 19h00:</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<i> je vais rentrer plus tard, on a un truc important, là.</i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Pas ou peu de réponse, de l'autre coté de la ligne... </div>
<div style="text-align: justify;">
Tout le service est réquisitionné, autour de cette surveillance, qui peut être capitale pour le dossier.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
19h00: ça y est, ça bouge. Le rendez-vous est fixé. Et pourtant, impossible de s'approcher. Tout juste voit-on ce qui se joue à distance. Une voiture qui sort de l'enceinte privée; et qui revient moins de dix minutes plus tard. Il fait nuit. On n'aperçoit quasiment que des silhouettes!</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce soir-là, en guise de congés, je rentre à la maison, il est vingt trois heures passées. Tout le monde dort.</div>
<div style="text-align: justify;">
Et jeudi matin, on y retourne. Tout est calé; on y va. C'est l'aboutissement - en tous les cas, le début - de plusieurs mois d'enquête. Comme on dit "on va au résultat.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<b>"TOP SERRAGE"....</b></div>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est parti. Tout s’enchaîne rapidement; l'important, c'est la simultanéité; si l'un des objectifs ou ses proches a le temps de passer ne serait-ce qu'un sms, la machine peut s'enrayer.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais finalement, tout est bon. En quelques minutes, les objectifs "principaux" sont atteints. Le reste sera du "plus".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzwrikdW-0dZ7vNOpLTaMkUjcxBd4OGNgRTY4YF8nPcmwWTNSJnnedVoFrgQ8UnerHwK5N6px0P46G7deYBwAmr2om8q_RlRP4hAxL1xTVrcMC_KLx2_XKxu_oF6z3EpZDbJkYbrNDDUI/s1600/1067464-interpellation-d-une-bande-d-adolescents.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><img alt="" border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzwrikdW-0dZ7vNOpLTaMkUjcxBd4OGNgRTY4YF8nPcmwWTNSJnnedVoFrgQ8UnerHwK5N6px0P46G7deYBwAmr2om8q_RlRP4hAxL1xTVrcMC_KLx2_XKxu_oF6z3EpZDbJkYbrNDDUI/s1600/1067464-interpellation-d-une-bande-d-adolescents.jpg" height="213" title="image de fiction" width="320" /></a></div>
A cet instant, tout le monde s'agite; des interpellations et gardes à vue partout, des mis en cause qui ne se connaissent pas et qui, pourtant, demandent, à 7000km de distance, le même avocat. Soit.</div>
<div style="text-align: justify;">
Difficile de faire comprendre au "client local" que l'avocat qu'il a désigné choisira celui qui, dans la pyramide, dans l'organisation, est le plus haut. Et ce n'est pas lui. Il ne veut pas comprendre. Même lorsque l'avocat, au téléphone, lui conseille de prendre un autre avocat. Il faudra vingt quatre heures pour qu'il consente à prendre, au moins un avocat commis d'office. Ici, aujourd'hui, pour trois GAV, il n'y a qu'un seul avocat commis d'office de disponible. Tout va bien. Oui, je sais, maître... article 63-3-1 du CPP, conflit d'intérêt, toussa... oui, mais non! Il n'y en a qu'un. Donc, cela profitera à la défense, dira-t-on. Soit. De toute façon, les choses sont entendues, aucun ne veut parler hors la présence de son avocat "habituel". Ok.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Vendredi matin, je me dois de satisfaire une obligation familiale. J'ai donc prévenu mes collègues que j'arriverai quelque peu en retard.</div>
<div style="text-align: justify;">
A la maison, tout est assez tendu; je sens que l’élastique se tend de plus en plus... il ne doit pas casser. Beaucoup de choses se sont accumulées, durant mon absence; des difficultés du quotidien, une gestion de toute la maison, quelques mauvaises nouvelles... finalement, je vais rester à la maison. Il le faut.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je préviens le service. Comme je m'en doute, personne ne dit rien. Pas le temps de trop cogiter, dans ces moments-là. Il y a du taf par dessus la tête.<br />
Et moi... je reste à la maison. Quelques jeux, une petite baignade, un peu de télé... la journée se passe avec les enfants... tout le monde est content. Pourtant, j'ai la tête ailleurs. Je n'ai de cesse de penser à ce dossier, qui occupe mes journées depuis plusieurs mois. Et cette impression de laisser tomber les collègues. Mais, encore une fois, pas le choix.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dimanche matin, je suis au bureau de bonne heure. Les collègues et les GAV sont attendus vers 8h; j'ai donc une heure devant moi pour comprendre et assimiler ce qu'il s'est passé hier. Une façon, pour moi, de rattraper un peu le temps perdu. La journée se termine après minuit. En mon absence, l'escarcelle s'est remplie de deux GAV supplémentaires. Dont l'un, ayant pris la fuite l'avant veille en sautant du 4ème étage, a finalement été rattrapé... à l’hôpital, 24 heures plus tard, les deux jambes dans le plâtre. Lui, ne s'enfuira plus.</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour la petite histoire, il avait envoyé une photo, en guise de message, sur laquelle il avait photographié ses jambes dans le plâtre... dans la mesure où il n'y a qu'un hôpital assurant les urgences, autant vous dire qu'il aura été simple à "cueillir". </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le deferement est prévu pour le lundi. J'en fait partie. Le dimanche est donc, lui aussi, bien chargé; il faut tout boucler, tout relire. La procédure étant ce qu'elle est, de plus en plus complexe, on n'est jamais à l'abris d'une coquille, d'une erreur sur un PV, une date, une heure qui se chevauche... il faut tout vérifier, photocopier, "marianer", c'est à dire tamponer, signer en double...<br />
<br />
J'arrive à la maison, il est une heure du matin, me "faxant" dans le lit tout aussi discrètement que je l'ai quitté au petit matin. Avec cette sensation que tout le monde a dormi, toute la journée!</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme souvent, le deferement me fera passer 7h au Palais de Justice. Le même juge d'instruction, outre notre dossier, doit recevoir sept personnes avec mandat d'amener. Lesquelles passeront toutes devant le juge pour mise en examen, et devant le JLD qui statuera sur leur éventuelle détention. Et tout ça, avant notre dossier. Bref, l'attente est longue. Le deferement est aussi l'occasion de discuter. Que cela soit avec des magistrats ou des avocats de passage, voir, même, les ex "gardés à vue", à cet instant "sous main de justice".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le temps de discuter un peu avec les GAV. Discussion forcément plus détendue qu'en garde à vue, dans les locaux de police. Comme je l'avais compris durant l'enquête, pour eux, la "case" prison, est quelque chose qu'ils ont déjà intégré. Ils savaient qu'ils allaient y passer à un moment ou un autre! Manquait plus que de savoir à quel moment cela devait arriver. Et, comme souvent, cet "après GAV" est aussi le moment où les gars disent "mais de toute façon, c'est la dernière fois... en sortant, j'arrête". Ou encore, le "mais je savais que vous étiez là, je vous avais vu..." Oui oui, bien sur...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est vingt heures passées. Tout le monde a son mandat de dépôt. Reste à rallier la maison d'arrêt.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mardi devrait être plus "cool".</div>
<div style="text-align: justify;">
Finalement, tout va se bousculer. Deux nouvelles garde à vue. On enchaîne... Il reste un gros travail à fournir, sur ce dossier. Encore beaucoup de papier. Des documents saisis à exploiter, des interceptions à clôturer, d'autres personnes encore à rechercher.</div>
<div style="text-align: justify;">
Bref, c'est la rentrée scolaire. Finies, les vacances. Finalement, je n'ai passé que deux jours avec mes enfants...</div>
<div style="text-align: justify;">
La semaine s’enchaîne; gardes à vue, perquisitions... le jeudi soir, grosse montée d’adrénaline... puis rien.</div>
<div style="text-align: justify;">
La fatigue, quelques phrases mal placées, la pression qui retombe... et c'est en claquant la porte, que je quitte le service, jeudi soir, à vingt trois heures passées. Il est des moment où l'on a du mal à encaisser certaines choses. Ce soir, je n'ai pas envie de faire d'effort.</div>
<div style="text-align: justify;">
Après une bonne nuit de sommeil (que n'auront pas eu mes collègues, qui ont fini à 2h du matin), cette journée est placée sous le signe de la détente, avec un repas entre collègues, pour fêter le bon déroulement de cette affaire. J'aurai eu cette chance de participer à une affaire exceptionnelle. C'est beau.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais j'aurai toujours ce sentiment d'avoir failli... à deux reprises. Ce qui ne m'était jamais arrivé jusqu'ici...<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A cet instant, l'avantage, lorsque l'on est aux Antilles, c'est qu'un repas, qui se veut festif se passe quasi d'office au bord de la mer et sous le soleil...<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais aussi, et c'est la deuxième bonne nouvelle du jour, c'est vendredi... et surtout, cela signifie que, cette fois-ci, je vais pouvoir passer trois jours avec ma famille. Au programme, piscine, plage, jeux, lecture, et farniente. Il était temps.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et, d'avance, je le sais... une affaire en chasse une autre. Toujours.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
En écrivant ces quelques lignes, il n'est nullement question de se plaindre. Ce métier, cette vie, je les ai choisis; et j'assume toutes les décisions que j'ai pu prendre à ce jour. Sans aucun regret. C'est une habitude. Ne jamais regretter; se servir du passé pour préparer l'avenir.<br />
Mais assumer ne signifie pas que tout se fait dans le plus pur plaisir, sans douleur. L'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ne se trouve pas sans difficultés. Si tant est qu'il soit possible... </div>
Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-60230448686683709532014-01-05T18:35:00.002+01:002014-01-06T14:50:44.123+01:00En bon père de famille<i>Il est là, devant moi, à peine dégrisé, tandis que je lui notifie les droits afférents à la garde à vue qui le frappe depuis plusieurs heures. </i><br />
<div>
<i>Tandis qu'il tremble, malade qu'il est, je croise le regard des anciens qui savent. Rapidement, un café lui est amené. Il est dix heures, il va en en avoir besoin car il va vivre une sale journée. </i></div>
<div>
<i><br /></i></div>
<div>
- "Monsieur, au vu d'une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner que vous avez tenté, avec brio, de vous beurrer la tartine, je vous notifie les droits afférents à la garde à vue qui a été prise à votre encontre quand vous avez décidé de prendre le volant et pris l'option de vous faire contrôler. Je passe sur les noms d'oiseaux dont vous avez abreuvé les collègues, car ils savent ce que c'est. Avez vous compris ?"</div>
<div>
- "Oui, c'est pas la première."</div>
<div>
- "Vous avez le droit de faire aviser un membre de votre famille, d'être examiné par un médecin, et de subir un entretien avec un avocat, vous me comprenez ?"</div>
<div>
- "Oui minot, on peut accélérer ?"</div>
<div>
- "Pas de souci, je ne demande que ça. Nous sommes donc là car vous avez bu puis pris le volant, mauvaise idée. Je vois que vous tremblez, vous voulez voir un médecin ?"</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<i>Nous sommes au mois de juillet, il fait 35 dans la pièce, les tremblements ne doivent manifestement rien au climat. </i></div>
<div>
<i><br /></i></div>
<div>
<i>- "</i>J'ai l'air d'en avoir besoin ?"</div>
<div>
- "Oui, c'est pourquoi je vais demander à vous faire examiner"</div>
<div>
- "Fais toi plaisir"</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<i>Dis donc ducon, si tu penses que ta gueule chiffonnée et ton haleine putride me font plaisir, tu peux repasser. En commençant par ta chemise. </i></div>
<div>
<i>L'intéressé à 60 ans, mais en porte 80. Marqué au sang, il a l'air d'un type qui a dormi dans ses fringues toute sa vie. Celle dont je ne voudrais pas. </i><br />
<i>Ndlr: Le tutoiement ne vient pas toujours de là où on s'attend à le trouver. </i><br />
<i><br /></i>
- "Donc pour les droits, on s'organise comment ?"<br />
- "Fais pas celui qui ne sait pas, mon avocat ne viendra pas pour ça et je ne veux pas d'un commis d'office qui empeste le lait frais"<br />
- "Ces opinions n'engagent que vous, mais je note la réflexion sur l'avocat, on ne sait jamais"<br />
- "C'est cadeau"<br />
<i><br /></i>
<i>Le comique de répétition donc. Ambiance.</i><br />
<i>Tandis qu'il réintègre les geôles un court instant, le temps pour moi de dresser la réquisition qui l'enverra voir le médecin qu'il n'a jamais pris la peine d'appeler alors qu'il était libre, il ne cesse de se plaindre de l'état du commissariat et bien évidemment des geôles. Il a raison, néanmoins, je lui demande s'il m'inviterait à boire un verre chez lui. Pas de réponse. Je lui glisse aussi que le commissariat serait un taudis si nous ne faisions pas nous mêmes le ménage. Piqué au vif, car je sens en lui l'homme soucieux de son intérieur, il cesse de bougonner cette haleine de poney club qu'il traine derrière lui. Ca c'est fait. Il a au moins fermé sa grande gueule un instant, le temps pour moi de respirer.</i><br />
<i>L'affaire étant simple et convenue (une conduite sous l'emp</i><i>ire d'un état alcoolique pour ceux qui ne suivent pas), j'entreprends, sans me départir de mon flegme, de procéder à l'audition sur le fond. Et quel fond. Manifestement un puits. Vous noterez que l'intéressé est toujours en possession d'un permis de conduire valide, ce qui, à la lecture des lignes suivantes, sonnera comme un miracle à vos oreilles également. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Nous, Capitaine Flam</i><br />
<i> Lieutenant de Police (oui je sais)</i><br />
<i> En fonction au commissariat de (insérez ici celui où vous êtes passés, sinon imaginez)</i><br />
<i><br /></i>
--- Officier de police judiciaire en résidence à Pas d'âme ---<br />
--- Nous trouvant au service, ---<br />
--- Poursuivant l'exécution de l'enquête en sa forme flagrante, ---<br />
--- Vu les articles 53 à 73 du Code de Procédure Pénale, ---<br />
--- Faisons comparaître devant nous et entendons comme suit la personne ci-après dénommée, laquelle nous déclare ce qui suit, après ce qui semble convenir pour un complet dégrisement, en des termes plus ou moins intelligibles: ---<br />
<br />
<i>Sa grande identité, soit nom, prénom, date et lieu de naissance, filiation, adresse plus ou moins vraie selon le dossier, situation sur le territoire national, famille éventuelle (mariage, concubinage, enfants, etc), permis en cours de validité (aucun intérêt souvent), antécédents éventuels (aucun intérêt tout le temps), sources de revenus, maladies et addictions éventuelles ... L'intéressé m'annonce qu'il boit de temps en temps, soit tous les jours selon le point de vue. La belle affaire.</i><br />
<i><br /></i>
<i>--- </i><b>Sur les faits: ---</b><br />
<i>--- </i>"Vous me rappelez que je suis placé en garde à vue depuis (insérez ici l'horaire vous paraissant convenable) pour des faits de Conduite sous l'Empire d'un Etat Alcoolique (la C.E.E.A), ---<br />
<i>--- </i>J'ai en bien pris la mesure ainsi que celle des droits qui s'y attachent, ---<br />
--- Je n'ai pas besoin de médecin, ni d'avocat, ---<br />
--- Je prends acte qu'à votre demande, un médecin va m'examiner, ---<br />
--- <b>Question: </b>Vous avez été contrôlé au volant de votre véhicule, est ce exact ? ---<br />
<b>--- Réponse: </b>Oui, ---<br />
--- <b>Question</b>: Vous y avez été interpellé après en avoir pris le volant, est ce exact ? ---<br />
--- <b>Réponse</b>: Oui c'est exact, ----<br />
--- <b>Question: </b>C'est donc bien vous qui avez été contrôlé au volant de votre véhicule il y a quelques heures ? ---<br />
<b>--- Réponse: </b>Mais oui enfin, ---<br />
--- <b>Question</b>: Je pose la question car parfois certaines évidences sont dures à avaler. Savez vous pourquoi vous avez été contrôlé ? ---<br />
--- <b>Réponse</b>: Je divaguais selon vos collègues, ---<br />
--- <b>Question</b>: Non vous "zigzaguiez" plus exactement, à cheval, par intermittence, sur la ligne blanche séparant les voies de circulation d'une artère à six voies, en vociférant à la vitre de votre véhicule, vous en souvenez vous ? ---<br />
--- <b>Réponse</b>: Vaguement, oui, ---<br />
--- <b>Question</b>: Il est étrange de voir que les souvenirs s'effacent la soirée avançant, avez vous bu de l'alcool, avant de prendre le volant pour témoin ? ---<br />
--- <b>Réponse</b>: Rien de méchant, ---<br />
<b>--- Question: </b>Pourriez vous être plus précis pour nos lecteurs ?<br />
--- <b>Réponse: </b>Je dirais qu'après les apéritifs (whisky), nous avons bu une bouteille de vin à midi avec Maman (<i>entendez: pas la sienne), </i>les digestifs, puis à nouveau l'apéritif le soir et quelques bouteilles de vin avec des amis à table, environ sept, ---<br />
<b>--- Question: </b>Combien d'amis ? ---<br />
<b>--- Réponse: </b>Deux, ---<br />
<b>--- Question: </b>Qu'avez vous fait ensuite ? ---<br />
<b>--- Réponse: </b>Maman est allée se coucher puis nous sommes sortis avec Paul et Jean Jacques dans un bar qu'on aime bien, et qui nous le rend bien, ---<br />
--- C'est pratique, mes potes habitent juste à côté, ---<br />
--- Il était environ vingt deux heures, nous y sommes restés jusqu'à une heure à boire de la bière et du whisky, ---<br />
--- Après je suis rentré j'étais fatigué, ---<br />
<br />
<i>Hu hu hu</i><br />
<i>Un rapide calcul m'amène à confirmer qu'il était torché. </i><br />
<i>Dans le même temps, les tremblements se font plus forts et plus rapprochés. Il est temps que ça se termine. </i><br />
<i>Il est alors dix heures trente environ, l'homme est totalement dégrisé. En revanche, son taux zéro d'alcoolémie est plus proche du gramme par litre ... </i><br />
<br />
--- <b>Question</b>: Vous avez donc été contrôlé au milieu de cette cavalcade sur une artère à dense circulation (trois voies de circulation, dans chaque sens), à une heure certes tardive, mais néanmoins fréquentée, vous souvenez vous de ce contrôle ? ---<br />
--- <b>Réponse</b>: Possible, ---<br />
<br />
<i>Comme le taux d'alcool, il est de notoriété publique que les souvenirs se font de moins de moins présents dans l'organisme à mesure que le temps passe.</i> <i>Plus particulièrement si on se fait chopper. </i><br />
<i><br /></i>
--- <b>Question</b>: Pouvez vous développer ? ---<br />
--- <b>Réponse</b>: Je crains que non, ---<br />
<b>--- Question: </b>Nous vous donnons connaissance du taux relevé après avoir refusé à maintes reprises de souffler à l'éthylomètre après votre interpellation, soit 2,2 mg par litre d'air expiré (pas loin de 4,5 grammes donc, belle perf), vous vous en souvenez ? ---<br />
--- <b>Réponse: </b>Bien sur, je voulais pas souffler dans votre truc là, ---<br />
<br />
<i>Personne n'a demandé à ce que vous souffliez dans mon truc merci.</i><br />
<i><br /></i>
<i>Le reste de l'audition concerne la remise de son permis qui sera envoyé à la Préfecture pour la suspension (décision administrative, perte maximum de 6 points).</i><br />
<i>Il signe le procès verbal, nous lui apportons de l'eau. </i><br />
<i><br /></i>
<i>L'homme est tremblant, une discussion commence entre lui et moi. Il m'évoque plus librement son passé, me parle de sa famille, de sa fille qu'il aime tant, et qu'il déçoit chaque jour. </i><br />
<i>Je l'informe que je vais appeler le magistrat de permanence afin d'obtenir une décision sur les faits, temps pendant lequel il ira voir le médecin. Il refuse encore, mais j'insiste car manifestement les tremblements qui le secouent ne vont pas se calmer de sitôt. L'homme a besoin d'alcool ...</i><br />
<i>Le car qui l'emmène voir le médecin est là, l'examen sera rapide.</i><br />
<i><br /></i>
<i>Je compose le numéro de la permanence générale, explique brièvement à la greffière et suis mis en attente. Le serveur vocal m'annonce que je suis en position ... 16 (les flics parisiens sauront à quoi je fais référence). J'ai le temps d'aller faire un 9 trous avant de raconter mon histoire au magistrat, ce qui prendra 3 minutes. </i><br />
<i>Je descends dans la file d'attente, lentement, jusque ce que l'on m'informe qu'un appel très urgent m'est destiné. Un collègue prend la suite de l'attente pour moi et je prend le second appel. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Là, il s'agit d'une toute autre histoire. </i><br />
<br />
<i>Je suis mis en relation avec la 2ème Division de Police Judiciaire, la brigade mythique. Le collègue me prend de haut, et pourtant il est de ma promo, certes, médaille d'argent, mais qui ne lui donne pas le droit d'être un gros con suffisant. Ancien Gardien de la Paix, il a manifestement oublié d'où il vient. </i><br />
<i><br /></i>
<i>"Oui, c'est la 2ème DPJ à l'appareil"</i><br />
<i>"Enchanté, c'est Flam du pas 2ème arrondissement"</i><br />
<i>"Oui c'est truc de la 2, je pourrais parler au collègue en charge de l'enquête de Bidule ?"</i><br />
<i>"Ben c'est moi, je t'appelle truc de la 2 où tu as un prénom ?"</i><br />
<i>"Luc, dis voir, il est toujours en GAV chez toi Bidule ? Parce que ça risque de rebondir ?"</i><br />
<i>"Oui, mais il n'est pas au mieux de sa forme, complètement alcoolo-dépendant le pauvre, je suis en attente avec le parquet pour la décision. Il vient de partir pour aller voir le médecin"</i><br />
<i>"Tu peux raccrocher, il va falloir qu'on vienne te voir"</i><br />
<i>"Ok, tu peux m'en dire plus ?"</i><br />
<i>"Je préfère t'en parler de vive voix, c'est assez chaud"</i><br />
<i>"Me parle pas de météo, y'a plus de saison"</i><br />
<i>"... , .... , on arrive"</i><br />
<i>"Ok"</i><br />
<i><br /></i>
<i>Visiblement la blague l'a fait sourire. </i><br />
<i><br /></i>
<i>T'as raison collègue, des fois que nous soyons écoutés, et que nous parlions de procédure au </i><br />
<i>téléphone ... </i><br />
<i>Là, comme depuis le début d'ailleurs, vous devez donc rédiger tout un tas d'actes qui expliquent ce que vous faîtes, les diligences que vous exécutez, les contacts téléphoniques, les recherches ...</i><br />
<i>A l'époque, cela ne représentait pas une masse de travail énorme sur des affaires aussi simples que celle-ci, mais aujourd'hui c'est différent. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Bref, les collègues arrivent vite. Bidule est toujours chez le médecin. Je prie pour que son état de santé ne soit pas déclaré incompatible avec la mesure de garde à vue (entendez une telle mesure dans un hôtel de police, où le qualificatif hôtel n'est là que pour ironiser). </i><br />
<i><br /></i>
<i>Immédiatement, à leurs gueules, je comprends que les faits sont graves, et que Bidule va devoir s'inquiéter un peu plus que pour la suspension de son permis.</i><br />
<i><br /></i>
<i>On commence à me parler de sa fille, jeune fille de 19 ans. Et puis le mot est lâché, il y a eu viol, ou plutôt viols répétés </i><i>... Subitement, le personnage me paraît moins sympathique.</i><br />
<i>Et puis la semaine dernière, et tous les jours qui ont suivi jusqu'à hier après midi, passant un cap sordide, il a manifestement profité de ses orgies alcoolisées pour violer sa propre gamine, dans leur logement, en présence de son épouse, la mère de la fille. Et en faire profiter les potes. Ces derniers ont déjà été interpellés, et sont actuellement en garde à vue. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Les auditions de la jeune fille et de sa mère auprès de mes collègues de la 2ème D.P.J sont un sommet de l'horreur. La fille se trouve actuellement à l'hôpital, les lésions sont sévères, mais elle a néanmoins tenu à raconter tout son histoire. Depuis que ça a commencé il y a environ 6 mois et que son papa ne pouvait retenir ses pulsions, sur sa propre fille. L'horreur est absolue, plusieurs membres de la famille qui étaient au fait ont témoigné des confidences de la jeune femme et du désarroi de sa mère, qui terrifiée, ne disait rien. Le sympathique biturin n'a plus rien de drôle, même s'il est encore, à ce stade, présumé innocent. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Les collègues vont donc effectuer une reprise de garde à vue dès celle pour laquelle il est là sera terminée et qu'une décision aura été prise. </i><br />
<i>Je suis mis en relation avec le magistrat et lui explique brièvement l'affaire de conduite sous l'empire d'un état alcoolique. Je l'informe que la garde à vue sera reprise dans le cadre de faits distincts de viols et viols en réunion par mes collègues de la Police Judiciaire. Il sera convoqué pour les faits qui me concernent. Je prépare sa convocation en attendant qu'il rentre. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Je me souviens qu'il m'a parlé de sa fille, et l'avoir déçu. </i><br />
<i>Savoir choisir ses mots est important. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Tandis qu'il rentre des Urgences Médico Judiciaires, nous le croisons avec les collègues dans les couloirs. Je l'informe que je vais lui notifier sa fin de garde à vue. Il sent que quelque chose a changé mais je ne dis rien. </i><br />
<i><br /></i>
<i>A l'issue je le remets à mes collègues après lui avoir rendu ses effets personnels. Je n'ai pas décoché un mot mais il a compris à mon visage. Les tremblements qui avaient stoppé vont bel et bien reprendre. </i><br />
<i>A lui d'avoir peur. </i><br />
<i><br /></i>
<br />
<div style="text-align: right;">
Flam</div>
</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-14672070322111237052013-11-09T22:10:00.000+01:002013-11-10T18:04:32.036+01:00C'est l'histoire d'un - beau - livre<div style="text-align: justify;">
Vous n'avez certainement pas échappé, ces dernières semaines, aux nombreuses fois où je fais référence à la sortie du livre, "<b><u>Enquêtes Générales</u></b>", immersion au cœur de la BRB (<a href="http://www.editionsdelamartiniere.fr/" target="_blank">Editions de la Martiniere</a>). Une fois n'est pas coutume.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHm3Ows_sixmT4sp8jwyw2UURqX5ecOA7uPbZueWwhUzlBQNHGrBRK2vQsEk9D-VHi-pOv_qgM6AaMDYz0kDktir16En0NF7pH5IT2Wua9fb8wUZwbI8czo0VXZqsiNvLekhQqD0tPr0Y/s1600/couvEG-web.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; display: inline !important; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHm3Ows_sixmT4sp8jwyw2UURqX5ecOA7uPbZueWwhUzlBQNHGrBRK2vQsEk9D-VHi-pOv_qgM6AaMDYz0kDktir16En0NF7pH5IT2Wua9fb8wUZwbI8czo0VXZqsiNvLekhQqD0tPr0Y/s400/couvEG-web.jpg" width="297" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Nous sommes en Mars 2012; je suis, à l'époque, affecté à la Brigade de Répression du Banditisme de Paris. Le chef de groupe auquel j'appartiens nous réunit tous, et nous fait part d'un projet qui lui a été soumis. Un journaliste a demandé à nous suivre pendant deux mois pour faire un livre ou se mêleront des aquarelles et du texte. </div>
<div style="text-align: justify;">
L'habitude, en de telles circonstances, est de tout refuser, et ce genre de demande n'arrive même pas jusqu'au bureau du chef de groupe; elle est stoppée bien avant, tellement les filtres sont nombreux. Il n'est pas question de dévoiler nos techniques d'enquête au grand public. Et pour cause, ce genre de livre plait énormément aux voyous. Lesquels n'ont déjà qu'à regarder la télé pour savoir comment on travaille. Inutile d'en rajouter. </div>
<div style="text-align: justify;">
Pourtant, il n'aura pas été difficile de nous convaincre. La personnalité de l'auteur que l'on nous dépeint n'y est pas étrangère. Une rencontre est alors organisée dans le bureau du chef de service. </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est là que nous rencontrons Raynal Pellicer; il se présente, et c'est important, non pas comme étant journaliste, mais documentariste. </div>
<div style="text-align: justify;">
Les conditions de sa présence sont alors posées; en ce qui concerne les enquêteurs, la seule demande réside dans la modification des identités. Chose normale. </div>
<div style="text-align: justify;">
J'attire l'attention de l'auteur sur le fait qu'il pourrait tout à fait ne rien se passer, pendant deux mois, qui donne du contenu à son projet ! Mais, après tout, qui n'essaie rien, n'a rien. </div>
<div style="text-align: justify;">
Rendez-vous est donc pris pour commencer l'immersion quelques jours plus tard. </div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRDEIiyZ2Yxe8HirhKg27AvJ9YjlmEvfu6pHz__FXA07_9GZPu3y-LPZYq7sMDLJHjJ6A_mQVZCtl4eIpRG7rciF0lLu2Ye8VnbLVxU_MjSsQQfX-z-NwInndkgTFUp8FwdmAa_wwm10I/s1600/BRB-09-lutece.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; display: inline !important; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRDEIiyZ2Yxe8HirhKg27AvJ9YjlmEvfu6pHz__FXA07_9GZPu3y-LPZYq7sMDLJHjJ6A_mQVZCtl4eIpRG7rciF0lLu2Ye8VnbLVxU_MjSsQQfX-z-NwInndkgTFUp8FwdmAa_wwm10I/s320/BRB-09-lutece.jpg" width="320" /></a>La chance lui a montré son plus beau visage, puisque l'après-midi même, il était "immergé" et "invité" à nous rejoindre...</div>
<div style="text-align: justify;">
L'idée portée par le projet n'était pas de poser un regard, une analyse sur le travail de policier, mais, comme le dit lui-même Raynal, de faire un "verbatim" de ces instants passés, un rendu, sans modification aucune, des dialogues, avec policiers et autres intervenants, quels qu'ils soient. Je dois le dire, j'étais moi-même plein de préjugés à l'égard, non pas de Raynal Pellicer, mais plutôt vis à vis d'un certain journalisme "poubelle" (certains comprendront le sens de mon propos). Et, à force de discuter, d'échanger, ce jugement préconçu s'est reconstruit sur du concret. Le tout étant que chacun prenne en compte les difficultés de l'autre, les obligations auxquelles il est astreint. Et là, comme souvent, beaucoup de choses s'expliquent, se comprennent.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au début de son aventure, Raynal n'avait que sa feuille et son stylo, ne sachant comment nous approcher. Rapidement, il s'est rendu compte que cela ne suffirait pas. Il est revenu avec appareil photo, dictaphone... Et nous a suivi. Tout le temps, de jour comme de nuit, la semaine et le week-end. Partout; sur les filoches, comme sur les interpellations.</div>
<div style="text-align: justify;">
Si, au début, sa présence était remarquée, rapidement, "le gauchô", tel que nous l'avions surnommé, s'est fondu dans le groupe, pour en faire, quasiment partie. Pendant que nous cherchions à résoudre les enquêtes qui nous étaient soumises, lui tentait de comprendre notre fonctionnement, notre façon de penser, essayant de verbaliser l'enquête pour le profane qu'il était, et qu'il voulait tenter de toucher. Encore une fois, j'insiste, mais c'est sa personnalité, qui a fait qu'il est arrivé à se fondre au milieu des enquêteurs. Il s'est parfaitement intégré. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyc43lSJlpp2-g_VsXsyifP2Uq7teIZ2S_z7xDtxgeKptAgscvg7AUgkrd97FkysUcTFEKQLk5Zur34KpzNjoRsfDyIR58xK_u90TP90Tz2adHZfJyR7G2phXDgKCT49Z96Ss5gBgpEZQ/s1600/BRB-79-haut.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><img border="0" height="228" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyc43lSJlpp2-g_VsXsyifP2Uq7teIZ2S_z7xDtxgeKptAgscvg7AUgkrd97FkysUcTFEKQLk5Zur34KpzNjoRsfDyIR58xK_u90TP90Tz2adHZfJyR7G2phXDgKCT49Z96Ss5gBgpEZQ/s320/BRB-79-haut.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
De son coté, <a href="https://twitter.com/Titwane" target="_blank">@Titwane</a> a choisi un angle différent. Ayant fait le choix de ne pas être, lui-même, immergé, il s'est nourri, de son coté, de tout ce que Raynal lui ramenait. Documents son, vidéos, photos... Comme il le dit lui-même "une fois qu'on a pris la photo des flics, de leur bureaux, voitures, et ordinateurs, il faut trouver autre chose".</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est à cet instant que les deux auteurs se sont rendu compte, je pense, qu'on était loin des séries policières américaines, hyper stéréotypées, et qu'ici, 80% du temps d'enquête était passé au bureau. A analyser, écouter, retranscrire...<br />
Et, pour donner de la profondeur au sujet, ils sont allés piocher dans les expressions, au travers des situations rencontrées, ce qui fait que ses dessins sont, je trouve, très parlant.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au final, c'est un livre de quelques 208 pages, mi BD, mi "beau livre", mêlant aquarelles et textes, qui nous est livré.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je n'ai peut-être pas le regard le plus objectif qui soit, mais c'est un bel ouvrage. Le format est très original. Et je le trouve sincère sur le fond. On ne pleure pas dans les chaumières, on ne cherche pas à "vendre le produit", lequel n'est pas "sponsorisé par la boite", comme le dit un certain Renan...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Voilà quelques critiques trouvées sur Twitter: </b></div>
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
Point de vue d'un flic. Dans l'excellent "Enquêtes générales" de Pellicer/Titwane (cc <a href="https://twitter.com/PJ_un_jour">@PJ_un_jour</a>) <a href="http://t.co/Ha4xnwgZdL">http://t.co/Ha4xnwgZdL</a></div>
<div style="text-align: justify;">
— Pierrick Prévert (@pprevert) <a href="https://twitter.com/pprevert/statuses/395542351164481536">October 30, 2013</a></div>
</blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
Mon <a href="https://twitter.com/search?q=%23VendrediLecture&src=hash">#VendrediLecture</a> est aussi mon coup de cœur de l'année : Enquêtes Générales de Raynal Pelicier et <a href="https://twitter.com/Titwane">@Titwane</a> , un petit bijou</div>
<div style="text-align: justify;">
— Naddie (@WonderNaddie) <a href="https://twitter.com/WonderNaddie/statuses/393621692469501952">October 25, 2013</a></div>
</blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
Conseil de lecture : Enquêtes Générales de Raynal Pellicer et <a href="https://twitter.com/Titwane">@titwane</a> mélange idéal de BD, de docu et polar. Très utile pour les pénaleux</div>
<div style="text-align: justify;">
— Decimaitre (@Decimaitre) <a href="https://twitter.com/Decimaitre/statuses/393289688359772160">October 24, 2013</a></div>
</blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
Bravo à Raynal Pellicer & Titwane pour leur livre Enquêtes générales consacré à la BRB <a href="http://t.co/cDvX5aG9Sd">http://t.co/cDvX5aG9Sd</a> <a href="http://t.co/yYquJcx29D">pic.twitter.com/yYquJcx29D</a></div>
<div style="text-align: justify;">
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) <a href="https://twitter.com/aureliesarrot/statuses/387951209534873600">October 9, 2013</a></div>
</blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
[Dans le prétoire] "Enquêtes Générales", une BD raconte le quotidien de la BRB. Par <a href="https://twitter.com/franckcognard">@franckcognard</a> <a href="http://t.co/lrZBoPg82z">http://t.co/lrZBoPg82z</a> <a href="https://twitter.com/franceinter">@franceinter</a></div>
<div style="text-align: justify;">
— jean philippe deniau (@jpdeniau) <a href="https://twitter.com/jpdeniau/statuses/385995814038163456">October 4, 2013</a></div>
</blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
A lire absolument, "Enquêtes générales", magnifique carnet de voyage illustré au coeur de la BRB <a href="http://t.co/Oimafnppxf">http://t.co/Oimafnppxf</a> via <a href="https://twitter.com/Europe1">@europe1</a></div>
<div style="text-align: justify;">
— Alain Acco (@Alain_Acco) <a href="https://twitter.com/Alain_Acco/statuses/385814920362602498">October 3, 2013</a></div>
</blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
<div style="text-align: justify;">
En une du site aujourd'hui : Immersion dessinée à la <a href="https://twitter.com/search?q=%23BRB&src=hash">#BRB</a> "Enquêtes générales" <a href="http://t.co/85CGURAUun">http://t.co/85CGURAUun</a> par Raynal Pellicer et <a href="https://twitter.com/Titwane">@Titwane</a></div>
<div style="text-align: justify;">
— LeCrime.fr (@LeCrimeFr) <a href="https://twitter.com/LeCrimeFr/statuses/386063939043201024">October 4, 2013</a></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Quelques liens issus de la presse écrite: </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- <a href="http://www.blogger.com/%3Cblockquote%20class=%22twitter-tweet%22%3E%3Cp%3EEn%20une%20du%20site%20aujourd'hui%20:%20Immersion%20dessin%C3%A9e%20%C3%A0%20la%20%3Ca%20href=%22https://twitter.com/search?q=%23BRB&src=hash%22%3E#BRB</a> "Enquêtes générales" <a href="http://t.co/85CGURAUun">http://t.co/85CGURAUun</a> par Raynal Pellicer et <a href="https://twitter.com/Titwane">@Titwane</a></p>— LeCrime.fr (@LeCrimeFr) <a href="https://twitter.com/LeCrimeFr/statuses/386063939043201024">October 4, 2013</a></blockquote> <script async src="//platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>" target="_blank">France Bleu</a></div>
<div style="text-align: justify;">
-<a href="http://www.lepoint.fr/societe/une-bd-dans-les-coulisses-de-la-brigade-de-repression-du-banditisme-07-11-2013-1753108_23.php" target="_blank"> Le Point</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Les mieux placés pour vous en parler sont encore les auteurs: </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
RTL - Jacques Pradel - L'heure du crime - émission du 03 Octobre 2013</div>
<script src="http://www.supportduweb.com/page/js/flashobject.js" type="text/javascript"></script>
<br />
<div id="player_8559" style="display: inline-block;">
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://get.adobe.com/flashplayer/">You need to install the Flash plugin</a> - <a href="http://www.supportduweb.com/">http://www.supportduweb.com/</a>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<script type="text/javascript">
var flashvars_8559 = {};
var params_8559 = {
quality: "high",
wmode: "transparent",
bgcolor: "#ffffff",
allowScriptAccess: "always",
allowFullScreen: "true",
flashvars: "url=https%3A%2F%2Fdl-web.dropbox.com%2Fget%2Fdocs%2520son%2520en%2520partage%2Fl%2527heure%2520du%2520Crime%2520-%2520J.%2520Pradel.mp3%3Fw%3DAABmC8QiGH_CwboaXAagkN3m94BrktYLbGk6UtCtXtyWMA&autostart=no"
};
var attributes_8559 = {};
flashObject("http://flash.supportduweb.com/mp3_player/s_14.swf", "player_8559", "500", "35", "8", false, flashvars_8559, params_8559, attributes_8559);
</script>
France Inter</div>
<div style="text-align: justify;">
<script src="http://www.supportduweb.com/page/js/flashobject.js" type="text/javascript"></script>
<br />
<div id="player_953" style="display: inline-block;">
<a href="http://get.adobe.com/flashplayer/">You need to install the Flash plugin</a> - <a href="http://www.supportduweb.com/">http://www.supportduweb.com/</a>
</div>
<script type="text/javascript">
var flashvars_953 = {};
var params_953 = {
quality: "high",
wmode: "transparent",
bgcolor: "#ffffff",
allowScriptAccess: "always",
allowFullScreen: "true",
flashvars: "url=https%3A%2F%2Fdl-web.dropbox.com%2Fget%2Fdocs%2520son%2520en%2520partage%2FLe%2520quotidien%2520d_un%2520groupe%2520de%2520la%2520Brigade%2520de%2520R%25C3%25A9pression%2520du%2520Banditisme.mp3%3Fw%3DAABpvxWZkFomVKWUoFnzJ2jv-Fav9Vwf8F0xvz29V10bpQ&autostart=no"
};
var attributes_953 = {};
flashObject("http://flash.supportduweb.com/mp3_player/s_11.swf", "player_953", "500", "35", "8", false, flashvars_953, params_953, attributes_953);
</script>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><u>Et, pour finir, si vraiment vous n'êtes toujours pas convaincu, une petite vidéo:</u></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/K6mvPdB2AlQ?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div id="player_1317" style="display: inline-block;">
<div style="text-align: justify;">
Vous n'avez désormais plus aucune excuse. J’espère que, comme moi, vous passerez un bon moment.</div>
<div style="text-align: justify;">
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Le Facebook de<a href="https://www.facebook.com/raynal.pellicer?ref=ts&fref=ts" target="_blank"> Raynal Pellicer</a>, où vous retrouverez ses autres oeuvres: </div>
<div style="text-align: justify;">
Le blog de @Titwane, "<a href="http://www.titwane.fr/blog/" target="_blank">La moue du bulot</a>"</div>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-89744169429703116072013-09-25T18:24:00.000+02:002013-09-25T18:24:53.840+02:00Où il est question de planer <div style="font-family: inherit;">
<span style="font-size: small;">C'est l'histoire d'un mec qui ne savait pas voler, ou à tout le moins qui ne le voulait pas cette nuit là.</span></div>
<div style="font-family: inherit;">
<span style="font-size: small;">L'histoire d'une soirée entre gens de mauvaise compagnie qui finit mal. L'histoire d'une enquête touffue, un week-end de permanence, et les mois qui suivirent.</span></div>
<div style="font-family: inherit;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="font-family: inherit;">
<span style="font-size: small;"> Nous sommes samedi, nous buvons le café en prenant connaissance des dossiers de la nuit et de ceux de la veille qui ne sont pas clos. Je suis de permanence avec mon mentor, celui dont je rêve d'intégrer le groupe. Il m'a pris sous son aile peu après mon arrivée. J'en apprends beaucoup à son contact.</span></div>
<div style="font-family: inherit;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="font-family: inherit;">
<span style="font-size: small;"> Lorsque l'appel tombe, nous venions de faire remarquer que la permanence était calme. Il est des moments comme cela où il convient de fermer sa gueule. Le compte rendu de la station directrice est laconique: un homme a fait une chute, dans des circonstances indéterminées, depuis le balcon d'un appartement dans un ensemble d'habitations communément appelé "cité pourrie" de l'arrondissement. L'intéressé est manifestement mal en point, son crâne étant entré directement en contact avec le sol à l'issue de ladite chute. Pronostic vital engagé. On fonce, mon chef ayant décidé de m'accompagner.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"> Sur place, c'est la cohue, une nuée de petits hommes bleus s'affaire en bas de l'immeuble. Les premiers éléments nous ayant été communiqués sont les suivants :</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"> * une soirée a eu lieu dans un des appartements de la barre d'immeuble, dont le nombre d'invités reste à déterminer</span><br />
<span style="font-size: small;"> * à l'issue de la soirée, soit il y a environ 35 minutes, heure de l'impact, tous les invités sont précipitamment rentrés chez eux, la fatigue commençant à se faire sentir</span><br />
<span style="font-size: small;"> * seule la locataire en titre est restée sur place</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"> Cette dernière, manifestement très avinée, bredouille quelques mots, inaudibles (et qui de toute façon ne sont pas recevables vu son état d'imprégnation avancé). Elle est ce qu'on appelle manifestement "pliée comme un cartable" (copyright @amiraltiti). Elle est "interpellée", au sens légal, et placée en garde à vue avec notification différée de ses droits. Concrètement, ses droits lui seront notifiés lorsqu'elle aura dégrisé. </span><br />
<span style="font-size: small;"> Revenons à nos moutons et tentons de savoir ce qu'il s'est passé.</span><br />
<span style="font-size: small;"> Dressons constatations comme suit:</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><i>Sur la situation géographique</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;"> L'ensemble d'habitations dit "de la cité pourrie", tient place sur les boulevards extérieurs de la capitale à proximité immédiate d'une porte permettant l'accès à un noeud autoroutier. Abritant environ 1500 personnes, elle est réputée sensible, et est le siège de nombreux trafics. La diversité de sa population est à l'origine de fréquentes tensions. Elle est organisée de telle sorte que, quand une grappe de poulets y entre, elle va fatalement se prendre quelque chose sur la gueule, l'hostilité des petits caïds locaux étant au moins égale à la persistance des forces de l'ordre à vouloir l'adoucir. Il n'y a qu'un seul point d'entrée qui fait également orifice de sortie. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;"> L'appartement au sein duquel s'est dénoué le drame est situé au troisième étage de la première barre de la cité, qui en constitue en quelque sorte le rempart. Notez que le balcon se trouve à l'aplomb de l'accès aux caves, en pente raide, bétonnée avec le plus grand soin en granulés. Parfait pour les gommages. Rajoutez donc trois mètres depuis le seuil ... Voilà voilà, ça a du piquer un peu. En témoigne la flaque de sang sur le sol. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;"> Nous accédons à l'appartement. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><i>Sur le lieu des faits</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><b><i> </i></b>Le logement est situé au troisième étage, porte droite. L'accès s'y fait par une porte blindée à six points, sur laquelle aucune trace d'effraction n'est apparente. Elle était claquée au moment des faits, du moins à l'arrivée des effectifs premiers intervenants sur place. Accédons à l'appartement bizarrement vide de tout autre occupant (huhuhu). De type F3, d'une superficie approximative de 65</span><span style="background-color: white; font-size: small;">m², l'ensemble - sommairement et modestement meublé - est en grand désordre et d'une propreté douteuse. Des tâches parsèment le linoléum hors d'âge, de toutes natures et origines : terre, nourriture, crasse, et sang maintenant ... Les peintures défraîchies et tapisseries immondes sont zébrées de traînées noires. De nombreux cadavres de bouteilles vides trônent sur une table devenue basse sous le poids des âges et de la misère du monde qui s'y est reflétée. On note la présence de mégots de joints et de traînées blanches pouvant être de la cocaïne. Un vrai bouge. Il y a également des traces de lutte.</span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Tout est organisé, après l'entrée, autour du salon/salle à manger, pièce à survivre plus qu'à vivre, avec un fond une cuisine ouverte absolument dégueulasse. Je n'y élèverai pas des porcs. Les deux pièces permettent l'accès au balcon qui coure sur toute la longueur de l'appartement. A main droite, après l'entrée, se trouve une première chambre, devrais-je dire un véritable dépôt de fringues, et un lit double cradasse : la suite parentale ...</span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Un petit couloir permet l'accès à une seconde chambre, celle d'un adolescent visiblement, curieusement rangée en regard du reste, et la salle de bains, véritable cabinet de curiosités du poil. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;">L'ensemble est relevé par un petit bouquet de senteurs du plus bel effet, tabac froid, sueur et renfermé, piqué de cette légère odeur métallique laissée par le sang. Un bonheur. A saisir, libre tout de suite, vu la merde dans laquelle se trouve la locataire. Prix attractif. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Le balcon, l'endroit le mieux rangé puisque vide, comporte également quelques traces de sang. A son extrémité ouest, et à l'aplomb, la flaque de sang rappelle la dureté de la chute. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Nous faisons bien évidemment appel aux services de l'Identité Judiciaire, qui sera chargée de constituer un album photographique et d'effectuer le relevé des traces et indices.</span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Les constatations sont longues, j'y consacre une bonne partie de la journée.</span><br />
<i style="font-family: inherit; text-align: center;"><br /></i>
<br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: inherit; text-align: center;"> </span><i style="font-family: inherit; text-align: center;">De l'enquête de voisinage</i></div>
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i> </i>L'accueil est cordial, chaleureux, on sent que nous sommes les bienvenus ici. Néanmoins, la locataire qui a accueilli la petite nouba est coutumière du fait et semble s'être attirée les foudres de ses voisins. Merveilleux. Les langues se délient. Il semble qu'au moins 4 à 5 personnes aient été conviées à une petite sauterie pépito-banga des plus calmes. Résumons : ils ont fait chier le voisinage toute la nuit. Au petit matin, il a eu des cris, puis subitement le silence. Probablement le moment de déchirants "au revoir".</span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Faisons retour au service.</span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span>
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Là, techniquement, c'est le moment où tu bécannes (tapes à l'ordinateur) réellement les constatations, ce qui selon les affaires, peut prendre des heures. Tandis, que le chef s'occupe de la procédure, et donc de la garde à vue "en cours" de la locataire. Dans le même temps, mais je ne le précise pas, l'état major t'appelle vingt fois pour te demander des détails qu'ils ont déjà en triple exemplaire, mais transmis à douze personnes différentes incapables de relayer les infos. On te demande souvent à quelle heure tu vas interpeller des gens que tu n'as pas encore identifiés. La plaie. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: left;">
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> <i>Sur les premières heures de garde à vue de la locataire</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Après complet dégrisement, les droits de cette dernière lui sont notifiés. Elle demande à s'entretenir avec un avocat. Tu m'étonnes ... Elle est entendue une première fois brièvement, audition à l'occasion de laquelle elle confirme la présence de plusieurs personnes dans son logement une partie de la nuit pour une petite fête entre amis. Force alcool a été consommé, ainsi qu'un petit peu de cocaïne. Fabuleux, pourtant la fin de la soirée s'est passée normalement selon elle, à l'exception du convive qui a fait du base-jumping depuis son balcon. Elle n'était pas conviée au baptême. Elle est même allée se coucher, atteinte d'une subite fatigue, le calme dans l'appartement étant également propice à un repos mérité. Un détail. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Nous retournons donc sur les lieux avec elle afin d'y conduire une perquisition. Laquelle n'apporte guère d'éléments nouveaux si ce n'est que les traces blanchâtres sur la table basse sont bien des reliquats de traits de cocaïne. Cocaïne amenée sur place par un convive dont elle ne connait ne le nom ni l'adresse. C'est bizarre, moi je lance rarement des invitations contre X ... Etrangement, aucun de mes convives n'est sorti par la fenêtre non plus. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Nous l'emmenons sur le balcon et lui montrons la flaque de sang à l'aplomb du balcon. Elle est fébrile mais nous présente son air le plus intelligent. Une réussite, elle ment et mal en plus. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Retour au service où une nuit réparatrice l'attend.</span><br />
<i style="font-family: inherit; text-align: center;"><br /></i>
<i style="font-family: inherit; text-align: center;"> Sur la fin de la garde à vue et les investigations qui suivirent</i></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i> </i>Le lendemain, la locataire est entendue à nouveau, et reviens à de meilleurs sentiments. Elle nous communique le nom et le numéro de téléphone d'une des personnes présentes, lequel serait manifestement son amant. Elle communique également le prénom et le signalement d'un homme (signalement très reconnaissable et atypique) de celui qui serait à l'origine du drame comme elle dit ... Nous y voilà. A la question "qu'entendez vous par drame ?", elle est gênée, mal à l'aise, elle maintient qu'elle est allée se coucher mais a entendu des cris et hurlements. Elle se ne serait pas affolée plus que ça et serait restée couchée. Personnellement, j'entends des hurlements et échanges vifs de voix dans mon appartement, ainsi que des bouteilles qui se brisent, je ne tente pas de me rendormir. Je ne serais même pas allé me coucher pour tout dire. Passons. Le reste de son audition est du même acabit : elle tourne autour du pot sans cesse et ne veut pas dire ce qu'elle a vu. Soit. Elle semble craindre l'homme qui a pris la fuite et au signalement si particulier. Il y a de quoi ... </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Dans le même temps, son amant est contacté, il se présente spontanément au service à notre demande. Après s'être vu expliquer qu'il valait mieux venir donner sa version que de se faire interpeller comme un malpropre chez ses parents. En effet, celui-ci est âgé d'une trentaine d'années,vit chez ses parents mais ne s'appelle pas Tanguy. Rapidement entendu, l'histoire qu'il raconte donne un tout autre éclairage à l'affaire. Il est confronté à la locataire, puis la mesure de garde à vue de cette dernière est levée (son rôle étant mineur, et compte tenu du fait qu'elle ne risque pas de se mettre en cavale). En effet, dans l'attente de connaître la version qui se rapproche le plus de ce qu'il s'est passé, il convient de garder du temps de GAV pour plus tard, une fois que nous aurons tout le monde sous la main. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i> De la version de l'amant</i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> L'histoire qui nous est contée par ce dernier diffère sensiblement de celle de sa chère et tendre, même si celle-ci s'est montrée plus raisonnable lors de la confrontation. Objectivement, sa version ne tenait pas une seconde. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Et en fait d'histoire, nous voilà servis: la locataire a convié son amant et une connaissance de ce dernier (la "victime") afin de passer une soirée agréable dans un cadre idyllique (bougies, whisky de qualité - du J&B autrement appelé jus de bagarre, vodka chaude et pistaches). La fête étant plus folle avec des gars pleins d'alcool, la locataire invitait deux individus du quartier, passablement éméchés, qui venaient avec leurs munitions, d'aussi grande qualité. Et un peu de cocaïne aussi, pour se redonner la pêche. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Détail d'importance, l'un des deux, au signalement si particulier, est connu pour être un authentique connard, agressif et violent. Et ce qui devait arriver arriva. Prenant en grippe le comparse de l'amant, celui que nous nommerons "Momo", car tel est son surnom, n'a cessé de le titiller (j'aurais pu employer le terme chier dans les bottes) toute la soirée avec des mots doux, probablement liés à sa couleur de peau et à ses origines, soit les mêmes que lui, l'Afrique. Les mots ne semblant pas atteindre sa victime, d'un flegme à tout épreuve; au petit matin, il décidait d'en venir aux mains, pensant logiquement que ses arguments rentreraient mieux aux poings. D'où le sang. Les échauffourées se poursuivent sur le balcon où la victime s'est réfugiée et les coups continuent à pleuvoir. Jusqu'à ce que ce dernier décide de prendre la fuite, en enjambant le balcon. Mauvaise idée, puisque son agresseur, plus que jamais en position de force, attend qu'il soit suspendu dans le vide, pour lui balancer un coup de pied au visage en lui disant "tu veux voler ? Alors vole". Le malheureux n'a pas eu le temps de déployer le parachute. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Dans l'appartement, dans le salon précisément et sur le balcon, où tout le monde est encore présent - je dis bien tout le monde - un ange passe, les ailes lourdes de bris de verre et de vapeurs de mauvais alcool. Envolée de moineaux. Fatigue soudaine certainement. Reste la locataire. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i>De l'audition de la victime</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i> </i>La victime est une petite frappe de la banlieue sud. Mais ce soir là il n'avait fait de mal à personne. Si ce n'est amener un peu de poudre pour la fête. Son pronostic vital était engagé mais finalement il s'en sort sans séquelle. En cas de guerre, il pourra entrer en Résistance. De la carne. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Sa version colle avec celle de l'amant, à peu de choses près. Rien de très probant dans ses déclarations. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Il écope néanmoins d'une belle I.T.T, et d'un trou dans la caboche, du fait de l'hématome. Pour la petite histoire, il a été exécuté quelques années plus tard au 11.43 dans sa banlieue sud. Quelques percées de plus. Je ne le pleurerais pas. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i>Des investigations qui permirent de clore le dossier</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><i> </i>Le signalement si atypique s'est avéré parlant, puisque c'est mon chef de groupe qui l'a rapidement identifié pour l'avoir interpellé plusieurs fois par le passé. Un toxico putride, aux dents pourries et aux cicatrices visibles. Un type en voie de clochardisation, un cloporte parasitant tout ce qu'il touchait. L'identification fut formelle et sans détour par la locataire et l'amant. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Nous lui avons longtemps couru après, en vain, et avons identifié et eu en garde à vue tous les protagonistes présents, y compris le quatrième, sauf l'auteur principal. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Car au final, tout le monde a essayé de le calmer, en vain. Encore un qui possédait un gros potentiel de connerie, et qui, aidé par l'alcool, ne devait en être que plus agréable. </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Il a fini par être inscrit (au fichier des personnes recherchées), et a été interpellé plusieurs mois plus tard à l'occasion d'un contrôle de routine. Il a eu le droit à sa garde à vue, à la mise en examen et à l'écrou. Il y a été fidèle à sa réputation. Alors en garde à vue il a parlé car sa cavale lui a coûté. De façon circonstanciée il a raconté sa soirée, en minimisant sa participation. Nous ne l'aurions pas respecté s'il ne l'avait pas fait ceci dit. Il a bien dit s'être battu avec sa "victime" après avoir été provoqué par ce dernier. Evidemment, la confrontation n'a jamais eu lieu avec sa proie, celui-ci n'ayant plus déféré à nos convocations par la suite. Il a reconnu l'avoir poursuivi sur le balcon. L'avoir aidé à franchir le pas pour le grand saut aussi, puisqu'il voulait manifestement partir. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span>
<span style="background-color: white; font-size: small;"> Mais l'inviter à voler, ça jamais, faut pas déconner. </span><br />
<span style="background-color: white; font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white; font-size: small;">Flam</span></div>
</div>
</div>
</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-82689685159998086042013-09-17T19:08:00.003+02:002014-05-03T17:41:51.286+02:00Trafic de stups; faut-il légaliser? 2/2<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><span style="font-size: 15px; line-height: 15px; text-align: right;">par </span><a href="https://twitter.com/hpiedcoq" style="font-size: 15px; line-height: 15px; text-align: right;" target="_blank">@hpiedcoq</a></span><br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><span style="font-size: large;">Legalisation</span></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Avant-propos : les idées exposées ci-après sont le fruit d'une réflexion personnelle, et ne reflètent en aucun cas l'état d'esprit de telle ou telle administration. Elles n'engagent que son auteur.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">L'idée de ce billet à deux voix est venue au cours d'une discussion sur les règlements de comptes à Marseille, sur Twitter. Il est indéniable que beaucoup de ces petits meurtres entre amis a pour toile de fond le trafic de drogue et plus particulièrement, le trafic de cannabis.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><a href="https://twitter.com/PJ_un_jour" target="_blank">Chris_PJ</a> a donc eu l'idée de nous faire poser sur le papier, un argumentaire précis sur ce que pourrait être la légalisation du cannabis.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Depuis des décennies, les discours prohibitionnistes sur un ton martial, utilisant le champ lexical guerrier et largement calqués sur ceux tenus outre-atlantique dans les années 80/90, sont devenus la règle.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Il faut "déclarer la guerre aux dealers", "éradiquer le fléau...", "en finir avec les trafiquants...". Et peu importe que deux des conviés au dernier raoût marseillais soient eux-mêmes mis en examen pour de graves malversations financières. Il faut bomber le torse et montrer que l'on agit.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Si l'objectif est noble pourtant, la réalité des faits est, elle, beaucoup plus cruelle. La culture du cannabis ne s'est jamais si bien portée au Maroc, son principal producteur. Le réchauffement climatique ouvre de nombreuses opportunités de production en Albanie, en Grèce. La production indoor explose en France, ou de nombreuses fermes d'exploitations sont découvertes chaque années.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Le trafic, loin d'être jugulé a explosé, et le cannabis n'a jamais été si facile d'accès.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Plus inquiétant, la volonté politique affichée en France de lutter contre le trafic se heurte depuis 1993 à l'ouverture des frontières et à la quasi disparition des contrôles frontaliers, pourtant les plus efficaces pour lutter en amont de la revente locale. Enfin, la réduction des dépenses publiques diminue de facto les effectifs en charge de la répression de ces trafics.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La dépénalisation évoquée régulièrement dans la presse, loin de solutionner le problème, entraverait en réalité l'action des services de l'état et brouillerait par là-même tout le message sociétal sur la santé publique.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Dans ce contexte, la légalisation du cannabis, seule voie non encore expérimentée à ce jour, semble s'imposer comme une solution possible pour endiguer la violence résultant de ces trafics. Elle nécessite une implication très forte de l'État et de l'ensemble de ses représentations ministérielles, mais paradoxalement pourrait s'opérer sans grosses modifications juridiques, l'essentiel des dispositions juridiques encadrant cette légalisation étant déjà en vigueur.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: center;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><b><u>Légalisation encadrée : une approche interministérielle et transverse</u></b></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 13px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La légalisation du cannabis doit être envisagée comme une solution intégrée globale permettant un contrôle et une traçabilité de la filière de production et de distribution, tout en assurant une rentrée fiscale importante facilitant une politique de santé publique volontariste et pérenne. </span></div>
<ul style="margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<li dir="ltr" style="background-color: transparent; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: 13px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; list-style-type: disc; margin-left: 24px; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 3pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Contrôle et traçabilité de la production et de la distribution.</span></div>
</li>
</ul>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Si la France produit du chanvre depuis des siècles, sa culture le cantonne légalement au textile, au fourrage et au matériau d'isolation. L'orientation de la production vers une consommation récréative impose un gros travail de sélection des variétés en amont, en fonction du taux de THC légal déterminé par la loi. La filière de production doit donc répondre à un cahier des charges précis impliquant la création d'un label de certification, et pourquoi pas un mode de culture à faible impact environnemental.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Cette culture doit permettre d'offrir de nouveaux débouchés à la filière agricole par ailleurs sinistrée. Mais elle doit également s'accompagner d'une forte implication du secteur de la Recherche, notamment agronomique, afin d'en faire une culture technologiquement en pointe, intégrant également la valorisation de toutes les composantes de la plante (textile, isolant...). A tous les stades de la production, le contrôle de la production permet d'en assurer la qualité.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Une fois ce produit fabriqué dans le respect des normes, comment en assurer la distribution?</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La France dispose d'un réseau de 26.000 points de vente tout désigné pour assurer cette distribution : celui des débitants de tabac. Formés, encadrés et régulièrements contrôlés par l'état, ses opérateurs sont rompus à la vente de produits sensibles et le secteur pourrait trouver ici sa planche de salut, en ces temps de crise pour la profession.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La chaine logistique intermédiaire (semi-grossistes et grossistes) existe déjà et serait assurée par les sociétés déjà concernées par le transport du tabac (Altadis,...).</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span></div>
<ul style="margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<li dir="ltr" style="background-color: transparent; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: 13px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; list-style-type: disc; margin-left: 24px; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 3pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Fiscalité et santé publique.</span></div>
</li>
</ul>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La mise en place d'une fiscalité de type "accises" sur le cannabis, et donc d'une taxation doit permettre d'augmenter significativement les rentrées fiscales dans le budget de l'état. Les études menées par les services de Bercy sur le sujet font état d'un montant allant de 800 millions à un peu plus d'1 milliard d'euros, ce qui en période de disette budgétaire est loin d'être négligeable. Ces rentrées fiscales directes n'intègrent pas celles obtenues de manière indirecte (impôts sur les sociétés,...).</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Pour mémoire, on rappellera ici que le coût de la politique de répression du trafic de stupéfiants en France est estimé à 300 millions d'euros par les économistes.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Une partie de ces nouvelles rentrées fiscales doit se voir reversée à la prise en charge sociale de la dépendance aux drogues mais également au financement des retraites. </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Évidemment, il est nécessaire d'ajuster le prix de revente du cannabis "Norme Française" afin d'optimiser ces rentrées fiscales. Si le produit fini est trop cher, il subira la concurrence de la contrebande et du deal de quartier.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">L'idée directrice est de pouvoir proposer un produit labellisé bénéficiant d'un circuit de distribution sécurisé et fiable, permettant au consommateur de s'approvisionner simplement sans alimenter une économie parallèle et d'assurer parallèlement une diversification des revenus pour l'agriculture et des rentrées fiscales conséquentes. Cette offre légale concurrencera de facto celle proposée par les revendeurs illégaux.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: center;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><b><u>Un changement de paradigme à coût juridique quasi nul</u></b></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><b><u><br /></u></b></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Une partie du lectorat de ce blog verra sans doute en ces propos une apologie du laisser-faire. Pourtant il n'en est rien. </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La légalisation, telle qu'elle doit être envisagée n'est en rien un abandon de la répression du trafic, et la bonne nouvelle, c'est que juridiquement, l'arsenal législatif est déjà en place!</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">En adoptant cette position pragmatique sur le cannabis, celui-ci rejoindra le tabac, l'alcool et même le pétrole au rang des marchandises soumises à accises.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Son commerce encadré sera légal, mais son importation ou sa détention sans autorisation seront considérés comme de la contrebande et la répression de ce trafic pourra continuer à s'exercer mais au titre de la contrebande, prévue au titre du code des douanes (art 414 CD).</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Les peines prévues par cet article, notamment les amendes encourues sont pour le moins dissuasives : <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000023719664&cidTexte=LEGITEXT000006071570" target="_blank">de 3 à 7 ans de prison et une amende comprise entre 1 et 3 fois la valeur de la marchandise.</a></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Les notions de récidive et de bande organisée étant prises en compte par le code des douanes, les peines pourront toujours être adaptées en fonction des circonstances aggravantes. </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Enfin, en matière de délinquance organisée, les opérations d'infiltration pourront toujours être effectuées puisque prévues par le même code. Elles sont déjà possibles et réalisées en matière de tabac et de contrefaçon.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Enfin, le blanchiment de ces infractions sera également poursuivi et les dispositions prévues dans le cadre de la saisie-confiscation des avoirs criminels garderont toute leur pertinence.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La circulation et la détention du cannabis seront couvertes par un justificatif, comme par exemple le ticket de caisse correspondant à l'achat, ou encore une contremarque fiscale sur l'emballage. L'infraction simple à ces principes sera une simple contravention douanière, couverte par le paiement d'une amende.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">On le voit, il n'est nullement question ici de dépénaliser un produit dont la consommation a explosé ces dernières années, mais au contraire de maintenir voire renforcer l'arsenal législatif en notre possession et d'en optimiser son utilisation.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Ce faisant, les unités de police pourront être recentrées sur les missions prioritaires en terme de santé publique et notamment la lutte contre les drogues de synthèse, la cocaïne ou l’héroïne. Une des difficultés principales dans la lutte contre le trafic de stupéfiants est qu'elle doit s'opérer désormais dans un contexte de réduction budgétaire et de personnel. Or, la lutte contre le trafic de cocaïne ou d’héroïne est par définition beaucoup plus difficile à appréhender. Une partie des ressources fiscales issue de la légalisation sera affectée à cette lutte.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Cette politique pragmatique permettra également de désengorger les tribunaux tout en offrant un éventail supplémentaire de peines en cas de trafic aggravé.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">On pourra objecter qu'il est immoral pour une société de créer un distingo entre deux substances psychotropes en en légalisant une. En évitant le traditionnel cliché "le tabac et l'alcool sont des drogues légales...", force est de constater que le cannabis, par beaucoup de côtés, bénéficie dans les faits d'un traitement différencié en matière pénale. Pour ne citer qu'un exemple, les seuils de transaction douanière, fixés par les politiques pénales des parquets varient considérablement selon que l'on est contrôlés à la frontière nord du pays ou dans le massif central.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Quant à l'argument qui consiste à dire que la nature ayant horreur du vide, les dealers de quartiers se tourneront vers d'autres substances, ou d'autres méfaits, il doit être balayé d'un revers de main. C'est en effet déjà le cas, sans que l'on puisse réellement lutter plus efficacement contre. La légalisation du cannabis ne modifiera en rien cet état de fait.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: center;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><b><u>Conclusion</u></b></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-style: normal; font-variant: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><b><u><br /></u></b></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Entre une prohibition dont l'Histoire nous apprend qu'elle n'a jamais réellement solutionné aucun problème mais au contraire encouragé la criminalité, et une dépénalisation qui ne ferait que gêner le travail de la police et de la justice en donnant l'image d'une société qui baisse les bras, il existe donc la possibilité d'une troisième voie, celle d'une légalisation très encadrée impliquant un engagement politique fort, et l'implication de tout l'appareil d'état.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Cette évolution de notre société va dans le sens de l'Histoire. Beaucoup d'États américains se sont déjà lancés dans ce mouvement, engrangeant au passage des connaissances et des compétences technologiques et industrielles importantes qu'ils sauront monnayer le jour venu à l'étranger. L'Uruguay vient de légaliser ce produit. Plus proche de chez nous, des entreprises suisses se sont déjà positionnées sur ce créneau agro-industriel.</span></div>
<span id="docs-internal-guid-1175e9d8-1d63-290b-7bb2-dd12dbb93ec8"></span><br />
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">L'heure est venue de s'interroger sur notre capacité à réagir aux diverses tensions au sein de la société (chômage, sécurité, santé publique...) et c'est bien à l'État qu'il revient de mener cette réflexion, quitte à modifier de manière profonde mais réfléchie et pragmatique, notre logiciel sociétal.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1; margin-bottom: 2pt; margin-top: 5pt; text-align: right;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 15px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">par <a href="https://twitter.com/hpiedcoq" target="_blank">@hpiedcoq</a></span></div>
Unknownnoreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-4538124434327618372013-09-15T09:21:00.001+02:002013-09-23T11:40:45.361+02:00Où l'on s'exaspère...1.300.000<br />
C'est le nombre de personnes qui, à ce jour, ont "liké" la <a href="https://www.facebook.com/soutienaubijoutierdenice" target="_blank">page Facebook</a> (260.000 personnes ont commenté sur la page... ) de soutien à ce bijoutier de Nice placé en garde à vue alors qu'il a fait feu sur les deux braqueurs qui venaient de le voler, en tuant l'un des deux.<br />
<br />
La suite est assez "classique", ou, pour le moins "habituelle"...Le bijoutier est placé en gardé à vue. Bref, l'enquête "suit son cours".<br />
A travers ce chiffre, qui semble massif, on sent bien que la société française est divisée sur le sujet<br />
<br />
<br />
<ul>
<li> les uns criant au scandale devant la mesure de garde à vue prise à l'encontre du bijoutier,</li>
<li>les autres, souvent juristes, presque écœurés de lire les commentaires de soutien.</li>
</ul>
<br />
J'avoue être assez partagé, sur tout cela:<br />
Nous avons d'un coté un bijoutier qui, de par sa profession, se sent de plus en plus en danger. Les banques étant de plus en plus sécurisées, les braqueurs s'en prennent désormais aux commerces auxquels il semble plus "facile" de s'attaquer. Et cette crainte est non seulement une réalité, mais elle est aussi grandissante proportionnellement aux risques.<br />
Pour autant, peut-on envisager d'autoriser la légitime défense telle qu'elle est indirectement proposée sur cette page ?<br />
Si l'on autorisait les bijoutiers à posséder une arme pour se défendre, qu'en sera-t-il ensuite? Tous les commerçants voudront en faire de même ! A qui l'accorder ? Le refuser ?<br />
<br />
Jusqu'à quel moment pourrait-on dire que ce bijoutier était en droit de tirer ? Aurait-il pu, de la même manière, envisager de le poursuivre en voiture, pour tirer une demi-heure plus tard ?<br />
Que se serait-il passé si, au lieu de tuer le braqueur sur la moto, il avait tué un gamin qui passait par là ?<br />
Les réactions auraient-elles été les mêmes? Je ne le pense pas !<br />
<br />
Oui, notre société est exaspérée, tellement l'on constate, au quotidien, que nous n'arrivons pas à faire face la criminalité chaque jour plus violente. Et c'est en ce sens qu'il y a, selon moi, une erreur stratégique et/ou politique, dans le projet de loi Taubira, qui laisse penser que l'on s'occupe toujours plus des mis en cause que des victimes. J'ai bien dit "laisse penser". Oui, il faut réinsérer. C'est indéniable... Oui, on doit repenser les "sorties sèches"... Mais ce n'est pas ce message que retiennent les voyous qui ont, d'après moi, une vision assez binaire des choses:<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>prison / pas prison. Pas prison = je peux recommencer...</i> </blockquote>
Mais c'est un autre débat...<br />
Et c'est là que la stratégie n'est pas bonne; aucun message de fermeté n'est envoyé.<br />
<br />
Pour autant, pour contrer l'exaspération, on ne peut tout autoriser. Le message de fermeté, ce n'est pas aux commerçants de l'envoyer.<br />
Soyons quelque peu rationnels. Plutôt que hurler au scandale, réfléchissons, et servons-nous de ce qui existe et a déjà été mis en oeuvre. Je vous laisse suivre le raisonnement de<a href="https://twitter.com/ValtonUSM" target="_blank"> @ValtonUSM</a><br />
<br />
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
Si on suit le raisonnement juridique de certains (mon regard va vers Nice) un bijoutier peut tirer dans le dos sur des voleurs en fuite...<br />
— Virginie Valton (@ValtonUSM) <a href="https://twitter.com/ValtonUSM/statuses/378762903429861376">September 14, 2013</a></blockquote>
<blockquote class="twitter-tweet">
Dc en cas de changement de la loi en ce sens,1boulanger pourra tirer ds le dos d 1gamin de 8 ans qui part en courant ap avr pique un bonbon<br />
— Virginie Valton (@ValtonUSM) <a href="https://twitter.com/ValtonUSM/statuses/378763281399554048">September 14, 2013</a></blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
Ce serait pas mx de dire q qd on tire dans le dos de qq un qui fuit alors qu on n est plus en danger direct c est pas de la légitime défense<br />
— Virginie Valton (@ValtonUSM) <a href="https://twitter.com/ValtonUSM/statuses/378763520168722432">September 14, 2013</a></blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
Que c est un meurtre... Mais que bien sur au moment du jugement les jures tiendront compte du contexte pour apprécier la peine ?<br />
— Virginie Valton (@ValtonUSM) <a href="https://twitter.com/ValtonUSM/statuses/378763895135277056">September 14, 2013</a></blockquote>
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
<br />
<blockquote class="twitter-tweet">
Ah... Ça existe déjà ?? Finalement ça marche comme ça depuis des décennies.... Et c est peut être mieux qu un permis de tuer...<br />
— Virginie Valton (@ValtonUSM) <a href="https://twitter.com/ValtonUSM/statuses/378764125343870976">September 14, 2013</a></blockquote>
<br />
Qu'est-ce que cela nous dit?<br />
<br />
Jusqu'à présent, de façon assez régulière, à chaque fois qu'un bijoutier s'est défendu d'un braquage en tuant son agresseur, il a été mis en examen, placé sous contrôle judiciaire, et, plus tard, jugé et condamné à du sursis.... Certes, la situation est quelque peu différente, puisque les faits se sont, semble-t-il, déroulé, cette fois-ci, hors de la bijouterie, alors que le danger était écarté...<br />
Quoi qu'il en soit, il est important de laisser les enquêteurs et la justice travailler sereinement.<br />
<br />
Il n'est pas, à mon sens, préférable, dans notre société, d'accepter la notion "œil pour œil, dent pour dent", qui consisterait à autoriser la détention d'arme à feu, et, dès lors, d'en faire un usage qui, à coup sur, déborderait dans nombre de situations. Il suffit de voir le nombre de morts par arme à feu aux Etats-Unis pour, rapidement, balayer cette solution. <br />
<br />
La justice se doit de garder un œil sur ces actions toujours ambiguës. La garde à vue, même si elle semble injuste, n'est pas illégitime. Au moins le temps que tout soit clair. Il est facile de hurler au scandale une fois que la presse s'est faite l'écho des faits. Mais sont-ils aussi clairs qu'elle ne les présente ? Nous n'en savons rien. Il n'y a que l'enquête qui permettra d'établir ce qu'il s'est réellement passé. Il faut donc laisser le temps au temps.<br />
<br />
Maintenant, il est un fait: pourquoi les gens sont-ils si nombreux à "liker" cette page ? Quelle déduction peut-on en faire ? Il est des questions qu'il faut se poser.<br />
<br />
<script async="" charset="utf-8" src="//platform.twitter.com/widgets.js"></script>
Unknownnoreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-27557704406865734092013-09-09T18:54:00.001+02:002013-09-23T11:42:12.784+02:00Le Trafic de stupéfiants, en France. Etat des lieux - perspectives 1/2<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il ne se passe pas une semaine, à Marseille, sans qu'un homicide, mettant aux prises les trafiquants de drogue de la cité phocéenne, fasse la une des journaux. Les opérations de police se succèdent, semaines après semaines, et pourtant...</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">De nos jours, même si de nombreux produits sont classifiés "stupéfiants" (ecstasy, LSD, crack, ...) les deux produits les plus consommés et donc traqués sont la cocaïne, en provenance de l'Amérique du Sud, et le cannabis, généralement importé d'Afrique du nord.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<b><u><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;">Quelques chiffres: </span></u></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3udov71Nxs-H3f_ciApIXrsWIPNRvFzkxwDucckEcYprChMWqy1P-4uCtxU4za-cPLeeliLt1Cyc_Ls1r_h8feExp83LiD2vInpCoLDTFYbCHcG4xY7mEIEWqjhJEtWv3sVaByds4oPc/s1600/stats+stups.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><img border="0" height="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3udov71Nxs-H3f_ciApIXrsWIPNRvFzkxwDucckEcYprChMWqy1P-4uCtxU4za-cPLeeliLt1Cyc_Ls1r_h8feExp83LiD2vInpCoLDTFYbCHcG4xY7mEIEWqjhJEtWv3sVaByds4oPc/s400/stats+stups.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">De ces quelques chiffres, on constate rapidement que si la cocaïne est plus dangereuse, il n'en reste pas moins que le cannabis est bien plus accessible. Son faible coût (cinq fois moins important que la cocaïne) le rend bien plus abordable, raison pour laquelle il attire dix fois plus de consommateurs que les drogues dites plus dures, comme la cocaïne.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C'est donc autour du cannabis que se cristallise la majorité des trafics. En France, ce sont principalement les cités, qui se mènent une guerre sans merci, à l'image de la Mafia, en Italie, ou des cartels, en Amérique du Sud, pour en contrôler la vente.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Et c'est bien le trafic qui touche le plus de personnes, mêlant l'importateur, le "chouf", mais aussi, et finalement, c'est là qu'il y a le plus de monde, les acheteurs qui, de fait, prennent une place à part entière dans l'économie souterraine.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je vais vous livrer ici l'idée que je me fais, plus largement, du trafic de stupéfiants en France, et des moyens mis en place pour tenter de les mettre à jour, et y mettre fin. Ces quelques thèmes feront donc l'objet d'une première partie. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En effet, </span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">une fois n'est pas coutume, ce billet sera divisé en deux parties, la seconde sera traitée, une fois n'est pas coutume, par un invité, lequel semble défendre l'idée par laquelle on l'on pourrait traiter le trafic - de cannabis - différemment. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><b><u>ETAT DES LIEUX: </u></b></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: whitesmoke; color: #333333; font-size: x-small; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span>
<span style="color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Une vingtaine d'homicides en huit mois (au moment où j'écris ces lignes), sur fond de règlement de compte à Marseille...</span></span><br />
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Une comptabilité, saisie sur une affaire, qui fait état de revenus oscillants entre 40.000 et 60.000€... par jour... </span></span><span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">une saisie de 1.3 millions d'euro en espèces... </span><br />
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Ce sont là quelques chiffres donnés par Christian Sainte, Directeur Interrégional de la Police Judiciaire, compétent sur la région PACA et le Languedoc Roussillon, depuis maintenant près d'un an. </span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Cette saisie importante, si l'on ne peut pas en faire la base d'une règle de trois, pour imaginer l'argent généré par le trafic, reste tout de même assez significative de l'économie souterraine drainée par le trafic de cannabis dans nos cités !</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><b><u>QUELQUES GENERALITES</u></b></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span>
<span style="background-color: white; color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Il convient, avant tout, de rappeler ce qu'est précisément le cannabis. On l'a compris, il s'agit bien sur d'un produit stupéfiant dont l'usage, et à fortiori la vente, sont interdits en France. Le cannabis peut se consommer sous la forme d'herbe ou sous la forme de résine, dont les morceaux chauffés ( et, de fait, ramollis) sont mélangés avec le tabac. </span></span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX9B7WMsYixf-SFteK_Un8v5hWLQKdHeXBKhON_zM2FWoRC1Fif9B0KmYF5s-Gzn1ApPQsUUl9OBpSlKXFAY9eIulPK-Z4oPBRRP52dyLPBolHbyc2Bl6LeDbvwRmr8IkoETQbJq4KTSw/s1600/cannabis.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="190" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX9B7WMsYixf-SFteK_Un8v5hWLQKdHeXBKhON_zM2FWoRC1Fif9B0KmYF5s-Gzn1ApPQsUUl9OBpSlKXFAY9eIulPK-Z4oPBRRP52dyLPBolHbyc2Bl6LeDbvwRmr8IkoETQbJq4KTSw/s320/cannabis.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">résine de cannabis</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Les effets du cannabis que l'on peut observer sont: </span><br />
<ul>
<li><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">à court terme: </span></li>
<ul>
<li><span style="background-color: white;"><span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">une euphorie modérée, un sentiment de bien-être (dont on peut imaginer que c'est l'effet recherché par son utilisateur);</span></span></span></li>
<li><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">s'en suit une somnolence, un affaiblissement de la mémoire à court terme, des troubles de l'attention</span></li>
<li><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">il </span><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">diminue les capacités de mémorisation et d'apprentissage et</span></span></li>
<li><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">peut donner lieu à des troubles psychiatriques telles que les hallucinations, et/ou des troubles anxieux intenses... </span></li>
<li><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">dans le cas d'une </span><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">consommation élevée on observe des risques de dépendance psychique, de problèmes relationnels de l'usager </span></span></li>
</ul>
</ul>
<ul>
<li><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">à long terme: </span></li>
<ul>
<li><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">peut être la cause d'accidents de la route</span></li>
<li><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">susceptible d'être à l'origine de certains cancers</span></li>
<li><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: white;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">peut entraîner des pathologies de l'appareil circulatoire et </span></span></span><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">respiratoire</span></span></span></li>
</ul>
</ul>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les effets du cannabis sont principalement dûs au THC - TétraHydroCanabiol - que l'on dit être le principal "agent actif du cannabis", autrement dit la substance dont le produit tire sa nocivité.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On considère qu'il représente, à titre "naturel", entre 0.5 et 5% du cannabis. Lorsqu'il est consommé en herbe, son taux varie alors de 4 à 9% pour représenter, lorsqu'il est à l'état de résine, de 8 à 30% de la substance. Tout en sachant que, depuis maintenant quelques années, des taux bien plus importants ont pu être constatés.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Cette augmentation du taux n'est autrement due que par une manipulation du produit d'origine, par le biais de techniques sophistiquées de culture. Une fois qu'il a intégré le corps humain, le THC entre alors en "liaison" avec des "récepteurs dits "cannabinoides" présents dans l'organisme, principalement dans le cerveau.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">De fait, plus le taux de THC est important, plus les effets sur l'usager le sont.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On note que le THC a été découvert très récemment (1964) alors que le principe actif de la cocaïne est connu depuis le 19ème siècle.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<b><u><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">LÉGALISER? DEPENALISER?</span></u></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A l'imagine du <a href="http://www.rtbf.be/info/monde/detail_mexique-ouverture-d-un-grand-debat-sur-la-legalisation-du-cannabis?id=8065588" target="_blank">maire de Mexico</a>, ou de l''<a href="http://www.lexpress.fr/actualite/societe/legalisation-du-cannabis-la-france-peut-elle-imiter-l-uruguay_1272523.html" target="_blank">Uruguay</a> , très régulièrement, des voix s'élèvent (notamment politiques), pour que la consommation de cannabis en France soit légalisée. C'est notamment la position de la formation politique Europe Ecologie Les Verts (EELV), à l'image de la ministre issue de sa formation, Cécile Duflot. Mais, à gauche, d'autres membres du Gouvernement y semblent favorables, comme Vincent Peillon (voir ses déclarations d'Octobre 2012), ou encore le garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Christiane Taubira, ou encore Michel Sapin. Il va sans dire qu'à droite, le débat semble quasi inexistant, tout le monde étant contre.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il est alors important de dissocier deux notions qui pourraient apparaître voisines: légaliser et dépénaliser:</span><br />
<ul>
<li><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Dépénaliser </b>signifierait que l'on autoriserait l'usage du produit, le trafic demeurant illégal; c'est pourrait être le cas, à l'image de ce qui se fait dans certains états américains, où l'on peut consommer le cannabis dans le cadre d'un usage thérapeutique. On estime, à ce jour, à 32, le nombre d'Etats qui ont, d'une manière ou d'une autre, légiféré sur le cannabis, pour le légaliser, sous des formes différentes.</span></li>
<li><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Légaliser</b> aurait pour but de, non seulement d'autoriser la consommation, mais aussi de réglementer la fabrication et la distribution du produit, à l'image de ce qui se fait pour le tabac ou l'alcool. Nul besoin d'être un scientifique pour imaginer la rentabilité que l'Etat pourrait en tirer, par le biais d'une taxation forte. La République Tchèque, par exemple, a légalisé le cannabis médical. </span></li>
</ul>
<div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A ce jour, la Corée du Nord est le seul pays où la consommation de cannabis est entièrement légale. </span></div>
<div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En France, depuis le 7 Juin, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) peut délivrer des autorisations de mise sur le marché de "<a href="http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027513604&categorieLien=id" target="_blank">médicaments contenant du cannabis ou ses dérivés</a>". </span></div>
<div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On l'a dit, de nos jours, ce trafic de cannabis engendre une économie souterraine énorme, et des problèmes de société colossaux, qui semblent ne pas régresser malgré la volonté des pouvoirs publics.</span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<b><u><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">AVANTAGES / INCONVENIENTS</span></u></b></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Quels seraient les effets sur la légalisation (encadrée) de la vente du cannabis ? </span></span><br />
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">On serait tenté de penser qu'une bonne partie de l'économie souterraine pourrait s’effondrer et que, de fait, un certain calme réapparaîtrait dans les banlieues françaises. Plus de trafic, donc plus de guerre pour le contrôler, donc plus d'homicides... Mais je n'y crois pas. La nature ayant horreur du vide, les trafiquants ne feraient que se rabattre sur un autre créneau; les armes ou les drogues dites plus dures. Non pas que cela n'existe pas, mais cela serait plus massif. </span></span></span><br />
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Pour autant, on ne peut nier certains avantages que produiraient la légalisation de ce produit, mais je vais laisser @<a href="https://twitter.com/hpiedcoq" target="_blank">hpiedcoq </a> vous les développer, puisqu'il s'agit d'une partie de son propos. </span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">En ce qui me concerne, il me parait hasardeux de le légaliser, puisque cela reviendrait à dire "c'était interdit, mais bon, maintenant on peut", autorisant la consommation massive d'un produit alors que l'on connait sa nocivité, comme l'alcool et le tabac. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que notre société ne va pas dans ce sens en ce moment. </span></span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Cela me parait donc délicat d'un point de vue médical, lorsque l'on sait les ravages que peut faire ce produit. Même si, et je sais que notre invité y reviendra, légaliser reviendrait à pouvoir contrôler le taux de THC et donc la nocivité du produit ! </span></span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><b style="background-color: white;"><u>Approche répressive, et réorientation des missions</u></b></span></span></span></div>
<br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: whitesmoke; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">A ce jour, l'usager de produits stupéfiants est réprimé par le code de santé publique, à l'article<a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=9F2B12A0AC11B88E9613CEB5E0AEA7B8.tpdjo16v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006171219&cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20130825" target="_blank"> L 3421-1</a> alors que le trafic, lui, est réprimé par le Code Pénal, par les<a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=9F2B12A0AC11B88E9613CEB5E0AEA7B8.tpdjo16v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006165284&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20130825" target="_blank"> articles 222-37 et suivants</a>. </span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: white; color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Et pourtant, si vous êtes pris avec 10g de cannabis à Paris, vous ne serez pas jugé de la même manière que si vous aviez la même quantité à Bourges ! Mais c'est un autre problème... </span></span><br />
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Bien évidemment, la lutte contre la toxicomanie et le trafic de stupéfiants sont des priorité en matière de police, et des moyens lourds lui sont attribués. Enfin... Une priorité parmi tant d'autres. </span></span><br />
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Le problème étant que le trafic en lui-même génère bien plus d'infractions que celles qui lui sont directement liées. Cela va des habitants de certaines cités qui ont du mal à rentrer chez eux, tellement les lieux sont surveillés, aux homicides tels qu'on peut les voir à Marseille ou, plus récemment, à Colombes (Hauts de Seine) ou assez régulièrement en Seine Saint Denis. </span></span><br />
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><b><u>QUI, POUR LUTTER CONTRE LES TRAFICS?</u></b></span></span></div>
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="background-color: white; color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">D'une manière générale, n'importe quel policier/gendarme peut constater l'infraction, la relever, et interpeller l'auteur. Cela relève de ce qu'on appelle "le flag". D'une manière générale, l'usager est interpellé. Là, deux possibilités; soit une procédure dite "simplifiée", en accord avec le Parquet, à travers laquelle l'interpellé est entendu hors garde à vue; le Parquet, avisé, prend alors une décision; bien souvent, ce que l'on appelle une "injonction thérapeutique", c'est à dire un engagement par lequel "l'auteur" va se soigner. Autre possibilité; en général, lorsque la "prise" est plus importante qu'une consomation classique: la mesure de garde à vue, et toute l'enquête qui en découle. Le produit, quant à lui, est détruit. </span></span><br />
<span style="background-color: white; color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Quoi qu'il en soit, l'enquête est alors poursuivie pour rechercher et, éventuellement, interpeller le ou les vendeurs de la substance. </span></span><br />
<span style="background-color: white; color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Plus généralement, ce sont des services spécialisés à qui sont confiées ces enquêtes. Mais, et c'est là, selon moi, un gros problème, ces services peuvent être gendarmesques, policiers, ou douaniers. Ce qui laisse une impression d'absence d'organisation, tellement les informations sont éparpillées dans les services, et donc, non coordonnées. </span></span><br />
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Par exemple, une Brigade de Recherche de Gendarmerie procède à l'interpellation d'un homme qui a, sur lui, une quantité X de cannabis. Elle "déroule" son enquête, et arrive à identifier les vendeurs, que l'on peut qualifier de "semi-grossistes". </span></span><br />
<span style="color: #333333;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Et cela, sans savoir que, au niveau régional, la DIPJ (Direction Interrégionale de Police Judiciaire) enquête, elle, de manière différente, à partir du semi-grossiste, pour remonter jusqu'à l'importateur. Imaginez ensuite que la douane travaille, sans le savoir sur des complices, et vous avez des enquêtes qui s'entrecroisent, pouvant mener à ce que l'on peut considérer, parfois, comme une "guerre des police", chacun voulant aller au bout de son enquête et atteindre ses objectifs. </span></span></span><br />
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Et il n'y a donc là aucune coordination des enquêtes. Chacun veut rester sur son pré carré. Statistiques obligent.</span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Pourtant, il existe, au sein de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, une unité devenue "interministérielle" qu'est l'OCRTIS; l'</span><b style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">O</b><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">ffice </span><b style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">C</b><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">entral de </span><b style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">R</b><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">épression du </span><b style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">T</b><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">rafic</span><b style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"> I</b><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">llicite de </span><b style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">S</b><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">tupéfiants. Y sont représentés des douaniers, gendarmes et, en bien plus grand nombre, des policiers. Le siège est à Nanterre; une antenne est basée à Roissy (pour traiter les suites des saisies faites par les douanes aéroportuaires de la région parisienne). Une antenne est installée au Antilles (Guadeloupe, Martinique, St-Martin), pour traiter, principalement, de l'importation transatlantique de cocaïne, en provenance directe d'Amérique du Sud. Et, depuis peu, les groupes stups des PJ de Bordeaux, Lille et Marseille sont devenus des antennes OCRTIS. </span></span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Ce n'était pas le cas voilà quelques années, puisque</span></span></span><span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"> ces groupes stups (alors à compétence, généralement régionale), ne dépendant pas de la même direction, et ayant une compétence dite régionale, n'allaient pas au-delà de leurs limites géographiques. </span><br />
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Comment cela se passe-t-il maintenant?</span><br />
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">exemple: un groupe de l'OCRTIS à Nanterre (à vocation nationale) est destinataire d'une information selon laquelle une remontée importante de cannabis, de type "go-fast" est prévue tel jour, en provenance d'Espagne, avec des informations plus ou moins précises. Le service peut tout aussi bien en arriver à la même conclusion par le biais d'une enquête de fond. Tout le groupe (voir plusieurs) traverse le pays jusqu'à la frontière pour intercepter le "go-fast", ce qui engage, on l'imagine, des frais en conséquence et une fatigue des effectifs certaine. </span></span><br />
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Désormais, chaque DIPJ va pouvoir participer à cette affaire pour assurer la remontée sur une partie du territoire, en coordination avec le siège. Enfin, en théorie. </span></span><br />
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Toujours est-il que l'existence même de cet office est, certes, un bon début, mais la route est, selon moi, encore longue, chaque direction voulant garder ses propres chiffres statistiques, son nombre d’interpellation, ses propres saisies de produits. J'ajoute que les agents "détachés" de la Gendarmerie ou des Douanes, ont parfois, comme l'on dirait "le cul entre deux chaises", entre leur "maison" d'origine, et celle où ils évoluent. Alors, que par définition, tout devrait être, par ce biais coordonné, et sans problèmes. </span></span><br />
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><b><u>DES CHANGEMENTS STRUCTURELS</u></b></span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">Il faudrait, en fait, selon moi, une structure totalement indépendante dans laquelle seraient reversés des policiers, gendarmes ainsi que des douaniers. Mais "reversés", non pas comme ils sont en ce moment, mais dans un statut unique, commun. Une structure hiérarchisée, de son sommet au bas de l'échelle, ayant AUTORITE sur toutes les enquêtes liées au trafic de stupéfiants. Avec, en parallèle, la mise en place d'une documentation où toute affaire liée au trafic devrait passer par cette entité unique. Dont on peut imaginer qu'elle irait d'une structure centrale, à quelque chose de départemental, voir local. </span></span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span>
<span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">J'avais envie de défendre un système, un peu, à l'américaine, ou il me semblait que la DEA avait le monopole de toutes les enquêtes relatives au trafic de stupéfiants; mais, là non plus, ce n'est pas le bon exemple, puisque j'ai appris, il y a peu, que même aux USA, une demi-douzaine d'agences pouvaient être amenées à travailler sur les stupéfiants. </span></span></span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="color: #333333;"><span style="line-height: 18px; white-space: pre-wrap;"> - - - - -</span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On l'a vu, les problèmes sont donc tant idéologiques (sur le principe même de la légalisation) que structurels, où il faut pouvoir organiser la lutte au plan national. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br />
Mais une chose est certaine. Notre société va devoir procéder à des changements. Non pas des réformettes qui n'auront, au final, qu'un impact minime sur le trafic. Non, il s'agit bien de changements structurels. Qu'il s'agisse des services de sécurité chargés de la lutte contre le trafic de stupéfiants, mais aussi sur le fait de savoir ce que la société veut. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais, des choix, il faudra en faire, au risque de voir la situation marseillaise gangrener, peu à peu, le reste de la France. Si ce n'est pas déjà le cas. </span><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="background-color: white; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;">
<span style="color: #333333; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">sources:</span></span><br />
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small; line-height: 18px; white-space: pre-wrap;">-<a href="http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/produits/cannabis.html" target="_blank"> l'obervatoire français des drogues et toxicomanies</a></span><br />
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">- site "<a href="http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/cannabis/thc.htm" target="_blank">vie</a>" du Groupe Technique Disciplinaire des Sciences et Vie de la Terre de Jussieu</span></span><br />
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">- s</span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">ite internet du journal "<a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/08/07/01016-20130807ARTFIG00411-la-drogue-en-france-genere-deux-milliards-d-euros-de-chiffre-d-affaires-par-an.php?page=&pagination=8" target="_blank">Le Figaro", dans son article du 07 août 2013</a></span></span>Unknownnoreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-73806042061207532202013-07-22T18:55:00.000+02:002013-07-27T08:37:00.878+02:00Garde à vue et prévention: c'est possible... parfois<div style="text-align: justify;">
Il est minuit passé. Nous profitons d'une interruption de la pluie pour quitter le service. Il faut dire qu'en cette saison "cyclonique", il n'y a rien d'étonnant à cumuler les averses.</div>
<div style="text-align: justify;">
Les gardes à vues ont été notifiées, les premiers actes, qui mettent en place les droits auxquels ils ont accès, ont été rédigés. L'avocat est passé, et le médecin passera au cours de la nuit. Une première audition, qui précise tous les éléments d'identité a été réalisée. On est dans le tempo.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il s'agit maintenant d'emmener les deux gardés à vue là où ils passeront la nuit. </div>
<div style="text-align: justify;">
Lui, la trentaine, solide gaillard, déjà bien "connu des services de police et de justice", comme le veut l'expression, est déjà parti avec un équipage. Je m'occupe de ramener Julia, jeune fille métissée de 22 ans, très claire de peau. Elle est toute frêle. Le premier conseil qu'on aimerait lui donner, serait de manger ! Elle n'est pas désagréable, respectueuse. Elle n'a pas un rôle majeur, dans cette affaire, mais elle va devoir s'expliquer sur certains de ses agissements, au cours des derniers mois.</div>
<div style="text-align: justify;">
La quinzaine a été quelque peu rude. En période de vacances scolaires, les effectifs sont divisés par deux, mais le travail, lui, est constant. Les affaires évoluent tout à fait normalement, sans tenir compte des effectifs, c'est évident. Les journées sont bien chargées. Et, qui plus est, cette semaine, je suis d'astreinte. C'est à dire que si le service est saisi d'une affaire, je devrai, avec mon collègue, m'en charger. C'était d'ailleurs le cas mardi matin. Rien de bien compliqué, puisqu'il s'agissait juste d'aider mes collègues de Paris qui venaient d’interpeller un ultra-marin; il nous était demandé de procéder à une perquisition de son domicile. Sauf que le petit malin ne daignait pas donner sa véritable adresse, et nous a donc obligé à courir un peu partout ... Rien de bien embêtant, si ce n'est le temps perdu et les affaires en cours qui, du coup, prennent du retard. Et déjà que ce n'est pas facile...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je passe la barrière de sécurité, la gardée à vue à l'arrière du véhicule. Et j'aperçois, de l'autre coté du portail, plusieurs silhouettes; c'est assez inhabituel, ici et à cette heure-ci. Je reconnais rapidement la mère et la soeur de Wesley, principal suspect dans notre affaire. Avant de passer la barrière, je décide de sortir du véhicule, pour aller au devant de ce qui s'apparente à la famille des gardés à vue.</div>
<div style="text-align: justify;">
Une femme que je ne connais pas est au volant du véhicule. Elle a la soixantaine, chabine, comme l'on dit ici.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle se présente de suite comme étant la mère de Julia. La jeune fille n'ayant pas demandé à ce que sa famille soit avisée, je ne l'avais pas appelée ... La mère de Wesley s'en est chargée, avec malice. Prétextant une réunion à laquelle elle devait participer, elle avait quitté, dans l'après-midi, les lieux de la perquisition. Confiants comme il est permis de l'être avec une mère, nous l'avions laissée partir. Mais nous avions finalement eu tort, puisqu'elle n'avait fait que rejoindre la mère de Julia qui, à cet instant-là, était recherchée, et introuvable. Dans le seul et unique but de la prévenir. Pour nous, clairement, un risque de dépérissement de preuve. Voilà ce que c'est, lorsque l'on veut être "humain" et compréhensible. La fois d'après....</div>
<div style="text-align: justify;">
Bref, je parle à la maman de Julia; je lui en dis le minimum. Garde à vue, 24 heures, rappeler demain. La voiture ? En fourrière. Nous n'arrivions pas à ouvrir le véhicule. Etant susceptible de receler des indices utiles à l'enquête, il était hors de question de le laisser sur place. Donc, jusqu'à ce qu'on trouve la clé, on l'a mise en sécurité.</div>
<div style="text-align: justify;">
La maman de Julia est totalement perdue; les larmes ruissellent sur son visage. Elle est tout d'un coup, sans l'avoir un jour imaginé, l'actrice de ce qu'elle voit, habituellement, à la télévision, dans ses séries préférées ! Dixit ses propres paroles. </div>
<div style="text-align: justify;">
Il est temps de partir, tout le monde est fatigué; la GAV comme les enquêteurs. Je fais surveiller le véhicule de la famille par mes collègues, afin de m'assurer de ne pas être suivi, le temps de prendre quelque avance ... Toujours une question de sécurité. La maman est tout ce qu'il y a de plus inoffensive, mais je ne connais pas les "jeunes" qui l'accompagnent. Vraisemblablement des "potes" de Wesley.</div>
<div style="text-align: justify;">
J'arrive à la maison, il est presque deux heures du matin. Un coup d'oeil à la TL, un petit coucou, et je ferme les yeux. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A huit heures, je suis au commissariat, et cherche Julia, afin de l'emmener pour ce qui sera la première journée de garde à vue. La jeune femme est toujours aussi respectueuse. Pose le minimum de questions, ne se plaint pas, et ne demande même pas de cigarette, alors qu'elle est accroc au tabac ... Mais pas que !</div>
<div style="text-align: justify;">
Aujourd'hui, les auditions vont s’enchaîner. Nous avons théoriquement jusqu'à quatre vingt seize heures de garde à vue, mais il est peu probable que nous allions jusque là.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est quinze heures, lorsque le poste de garde m'appelle, pour m'informer que la maman de Julia est présente. C'était convenu ainsi. Nous avons fait la fouille du véhicule. Elle peut donc le récupérer. Je la rejoins à l'entrée. J'ai décidé de prendre un peu de temps pour discuter avec elle. Je lui explique tout d'abord la procédure telle qu'elle est enclenchée; la durée possible de la garde à vue, le rôle du magistrat dans la prise de décision sur ce qui va faire suite à la garde à vue. Tout en lui précisant qu'il s'agissait d'une "estimation" de ma part, aux vues du dossier, je lui dis que, selon moi, les probabilités de "détention provisoire" de sa fille sont de l'ordre de 2 chances sur 10. Deux est un chiffre résolument bas. Certes. Mais le mot "prison" résonne mal, et pour quelqu'un qui n'y est pas habitué, c'est un peu un cataclysme ...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je lui explique, assez grossièrement et sans trop de détails, ce que l'on reproche à sa fille. Je la sens déboussolée, perdue. Elle s'étend un peu sur sa vie. Fille élevée toute seule, crise d'adolescence, rupture du dialogue ... Elle est une femme à la retraite, mais obligée de travailler pour avoir un petit salaire en plus. Depuis peu, Julia travaille dans un snack, pour mettre du beurre dans les épinards. Tout de suite, elle fait le calcul; si sa fille devait aller en prison, en plus du traumatisme en lui-même, c'est un revenu en moins.... Julia a contracté un crédit pour sa voiture... Une difficulté supplémentaire... Pour elle, L'horizon s'assombrit ... Alors qu'il n'était déjà pas bien clair ...</div>
<div style="text-align: justify;">
J'essaye de parler un peu d'avenir, avec la maman. J'essaye de ne pas parler prison, mais bien de "reprise en main de la jeune fille". Celle-ci, "addict" au cannabis doit, pour le moins, baisser sa consommation. Je ne suis pas naïf, et n'ai pas l'ambition de la faire arrêter du jour au lendemain. Elle consomme trop pour arrêter sur un coup de tête. D'abord réduire, pour ensuite arrêter. J'essaye de faire comprendre à la maman qu'il va aussi falloir que Julia change d'environnement. Chose très difficile. Et pourtant, on n'est pas ici dans une cité de laquelle il est difficile de déménager parce que "ailleurs", c'est plus cher. La maman de Julia lui a offert un cadre de vie confortable, une école privée payée très chère ... Mais, comme quoi, cela n'a pas suffit. Peut-être le manque d'une autorité paternelle ... Mais je ne dispose que de trop peu d'informations pour avoir un jugement fiable. Mais il a manqué quelque chose. C'est sur. Entre deux transferts, Julia m'a dit vouloir reprendre ses études, en alternance. J'encourage la maman à œuvrer en ce sens ...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bien que la garde à vue de Julia a été prolongée, elle finit par sortir. Nous avons tenté, ma collègue et moi, de convaincre le juge qu'une mise en examen pourrait être "salutaire" pour la jeune fille, mais le magistrat n'a pas voulu nous entendre, cette fois-ci. Il opte pour une libération sèche. Je persiste à penser qu'un contrôle judiciaire pourrait valoir "rappel" durant les prochaines semaines. Une espèce d'épée de Damoclès au dessus de la tête de Julia; en tous les cas, elle l'aurait perçue en tant que tel ! Mais non. Dehors. Amis juristes, j'en ai bien conscience; une mise en examen n'a pas de vertu préventive, c'est certain; mais, croyez-moi, dans le cadre d'une association de malfaiteurs, même avec un rôle mineur, les éléments constitutifs étaient bien présents. Suffisamment pour une mise en examen. Mais le magistrat a fait son choix. Soit. C'est son rôle. </div>
<div style="text-align: justify;">
J'en profite donc pour tenter la leçon de moral auprès de Julia; stop au joints, changement d'environnement, dialogue parental, suivi psy, reprise des études.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bref, tout ce qu'il faudrait, à mon sens, pour faire en sorte qu'on n'ai plus à se croiser. Le monde est très petit, sur une île; si elle ne change pas, elle sera rapidement, à nouveau, dans nos "filets". Et les suites ne seront peut-être pas les mêmes. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je ne sais quel aura été l'impact du temps que j'ai pris pour discuter, avec la mère ou la fille. Mais j'ai essayé.</div>
<div style="text-align: justify;">
A coté du rôle purement répressif du service dans lequel je suis affecté, il y a, parfois, une fenêtre par laquelle on peut trouver un peu de prévention, en se disant "ça peut marcher, ça vaut le coup d'être tenté".</div>
<div style="text-align: justify;">
Peut-être est-ce la conscience qui sonne le rappel. Je ne sais pas ! Mais j'ai envie de croire que cela a servi à quelque chose.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je sais, d'avance, que Wesley est "perdu", pour le système. Il ne vit que du fruit de sa délinquance depuis des années. Avec des passages en prison plus ou moins longs ...</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais, pour Julia, il n'en est rien; c'est son premier passage en garde à vue, elle est largement récupérable.</div>
<div style="text-align: justify;">
A condition que ...</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-68175333679296581572013-07-14T18:22:00.000+02:002013-07-15T18:58:30.340+02:00Doigts de réponse Attention, ce billet peut contenir des mots pouvant choquer les enfants. Merci d'émettre un bip en leur lisant les passages les plus marrants.<br />
<br />
On me demande beaucoup de choses, c'est l'objet de mon métier. Celui de répondre à des questions. On m'en demande autant à son sujet.<br />
<br />
Je n'en avais pas conscience avant d'apparaître sur le réseau social de l'oiseau bleu. Où il est si simple et à la fois si difficile de communiquer. Jusque là, ma présence sur le net se limitait à lire de profil (pour ceux qui ne suivent pas, je parle de facebook). Si voyeur et intrusif, le genre ne m'a jamais convenu.<br />
<br />
J'ai donc croisé, sur twitter, des gens que j'étais - et ai été - amené à côtoyer tous les jours, sans les voir ou presque, des professionnels dans leurs domaines respectifs, qui, pour certains, ont besoin d'un exutoire à peu de caractères, une vanne de secours. Une vanne peu lisse. Je n'y ai pas croisé que des professionnels d'ailleurs. J'ai aussi croisé des gens paumés, sans volonté, des gens perdus, des gens volontaires, des forcenés, des gens forcés. Mais également pas mal de gens bien, des petits malins, des gens égaux, des gens normaux. Des gens épris de vie. Certains deviendront des amis. Je me suis également rendu compte que les flicards étaient assez peu représentés sur le réseau, chose normale, et me suis pris au jeu. Ecueils compris.<br />
<br />
Les rôles se sont alors inversés, et on a commencé à me poser des questions. Vous vous doutez que les questions ont commencé bien avant mais ce n'est pas le sujet. Sur ce que j'étais, chose sur laquelle j'ai encore du mal à communiquer, mais surtout sur ce que je suis censé représenter, ce dont il est encore plus délicat de parler.<br />
<br />
Ce billet est destiné à ceux qui n'ont pas obtenu de réponse de ma part. Et à ceux que je n'ai pas envoyé chier. Je vide mon sac dans cette première partie. Un autre billet viendra pour des choses plus fleuries, et certainement plus jolies.<br />
<br />
Parce qu'au final, ce que l'on me demande le plus souvent, c'est pourquoi ? Déclinable à l'infini.<br />
<br />
Le pour quoi ?<br />
Je passe - rapidement - sur les litanies habituelles, et évacue ainsi le "routier", que je n'ai jamais pratiqué :<br />
* <b><i>"S.I"</i></b> : Pourquoi ai-je été flashé et pas lui ? Pourquoi le gouvernement il est méchant avec les automobilistes gentils comme moi ? Pourquoi préfère-t-on faire de l'argent avec les radars plutôt que d'arrêter des voleurs ? Pourquoi vous me contrôlez alors qu'un connard roulait plus vite que moi il y a dix minutes ?<br />
<br />
* <b><i>"Réponse"</i></b>: J'ai envie de dire lève le pied, "pédale de plomb", j'ai moi-même perdu six points en dix-huit mois, personne d'autre que moi n'est responsable. Et arrête de te plaindre, ça te fait la bite (la plupart du temps c'est un homme), tu connaissais les règles. Par ailleurs, concernant les choix en matière de politique pénale, et n'étant pas élu de la République, je t'invite à aller demander audience auprès de ton représentant national. Bisous.<br />
Et non, je n'ai pas fait sauter mes points car en l'espèce c'est déjà fait, non plus que l'amende automatique, car discuter avec un bureaucrate, c'est compliqué, mais avec une machine c'est impossible. Sauf si elle est flic aussi. Encore que ... Si tu crois que j'ai encore des privilèges exorbitants à exercer ce métier, viens, et constate par toi même.<br />
Quant à la manière de faire mon métier, je citerais encore une fois une réplique de l'excellente série américaine "Southland", de la bouche de John Cooper, le personnage sinon central, pour le moins capital, à un automobiliste qu'il contrôle et qui lui demande s'il n'a pas mieux à faire: "Est ce que vous dites à votre dentiste comment vous arracher les dents ?". Il est évident que non, car chacun son métier. Les petits donneurs de leçons - s'ils en ont un, de métier - peuvent aller se faire cuire le cul. Ils seraient, tous, à les écouter, de meilleurs flics que toi car il faut être benêt pour exercer ce métier. "Come out and play". Ce sera mon dernier mot à ce sujet.<br />
Ah oui, j'oubliais, les flics n'ont pas plus le don d'ubiquité que les autres. Tu te plains que nous sommes partout mais étrangement jamais au bon endroit. Rapporté au nombre de flics par habitant, tu ne tiens pas la route, sauf à Paris. La mauvaise foi n'est pas l'apanage du flic mon petit lapin. Dis toi bien que pour un poulet visible sur la voie publique, tu en as au moins autant dans l'ombre pour éponger la merde qu'il ramène. Dis toi également que la police arrête parfois ton voleur car elle était là au bon moment, et qu'elle a retrouvé le butin. Tu n'as pas encore eu cette chance ? Aie confiance, bientôt tu seras cambriolé.<br />
<br />
On me demande aussi souvent pourquoi avoir choisi ce métier. Je crois qu'aussi longtemps que je vivrai, je chercherai les mots pour répondre à cette simple question. Vous trouverez quelques indices <a href="http://pj-en-capitale.blogspot.fr/2013/04/bio-de-poulet-varie-liste-non-exhaustive.html" target="_blank">ici</a>. De la même manière que j'apprendrai ce métier - et de ce métier - jusqu'à le quitter. Ceux qui croient (ceux qui croivent sont également les bienvenus) le contraire, et dispensent leçons à qui ne veut plus les entendre, se trompent lourdement. Peu importe le moment où tu le quittes - ce métier - d'ailleurs, ce qui importe c'est comment. Pensées pour ceux qui sont partis sans bruit, avec, ou en silence, et ceux qui vont partir la tête haute, fiers du devoir accompli et qui n'auront pas à en rougir. Chacun sa croix, ou sa porte.<br />
<br />
On me demande également pourquoi j'applique des lois qui sont injustes. J'invite, en toute objectivité, chacun de ces paltoquets, à relire la Constitution, et à faire preuve d'un peu de bon sens pour réaliser que la leur est manifestement tronquée. Et éventuellement à se rendre aux urnes, où la représentation nationale a pondu les lois que je suis chargé, avec d'autres, de faire appliquer. Je rappelle également qu'un ordre, dans un corps hiérarchisé, vaut force de loi, sauf à démontrer son illégalité. Chercher un responsable en l'intervenant direct, c'est courir au clash, du moins en différé avec moi. Je ne parle même pas des trolls ...<br />
On me reproche aussi souvent l'existence même de la garde à vue et l'application qui en est faite, comme si je devais être représentatif de toute l'institution. Je n'ai pas mis en place le régime de la garde à vue mais je suis chargé de le faire appliquer (avec parcimonie au besoin). Croyez bien que parcimonie a parfois été ma meilleure amie. Aussi, les petits dictateurs de salons et autres juristes d'opérette ne sont plus à l'abri d'une contradiction quant à la séparation des pouvoirs quand il s'agit de critiquer une mesure légale, certes déplaisante, qui est comparée aux pires instruments des régimes totalitaristes. L'opposition systématique à cette mesure, certes vieillissante, mais utile, sans aucun argument, est du même niveau que ce que l'on peut trouver de clichés sur les flics, les avocats, les journalistes ... Le terrorisme intellectuel a encore de beaux jours devant lui (Papa si tu me lis, c'est le moment de décocher un sourire).<br />
<br />
On me renvoie souvent au visage le racisme dans la police, son sectarisme et son intolérance. C'est comme partout, il y a de tout. Je rappelle que les policiers sont recrutés parmi vous. Au sein du peuple. A ceux là, et concernant l'intolérance, je citerais Madame, qui, travaillant dans un arrondissement "cosmopolite", pour ne pas dire multi-culturel de la capitale, pense qu'après n'avoir que peu voyagé, n'en avoir pas moins fait le tour du monde. Je trouve cette phrase très juste. A méditer, car je pense sincèrement qu'on peut se permettre de devenir intolérant lorsqu'on y a soi même été confronté.<br />
<br />
De la même manière, je ne suis responsable, ni un descendant de ceux qui ont commis des horreurs pendant les périodes troubles de l'histoire. Aussi, merci d'éviter les raccourcis approximatifs. Je n'ai ni connu la police de Vichy, ni les évènements de mai 68, ni la Police à "Papa". Je suis le descendant d'une longue lignée de scientifiques et de matheux. Dont un officier de l'armée (le lieutenant Flam) que la guerre a rendu fou, de visions d'horreur, et d'alcool pour le panser, en 14-18, et un résistant de la première heure, qui échappa la Gestapo en sa cachant dans une poubelle. Je ne suis pas digne de ces gens là, merci de ne pas enfoncer le clou. Je suis le premier flicard de la famille, merci de le noter.<br />
Au sujet du "racisme", qui est devenu plus qu'une pilule générique, j'invite volontiers les indignés des claviers à venir se frotter au racisme ordinaire de la rue et à ôter les oeillères pleines de merde qu'ils ont chaussées trop tôt. Il y a des racistes partout, à commencer au sein de vos rangs d'ignorants. Le premier fasciste est probablement celui qui, convaincu de ses inexpériences, vous jette son ignorance et ses certitudes de nouveau-né à la tête. Je convie donc celui là à venir faire un stage dans ma Maison. Tu penseras à essuyer tes pieds et à te laver les mains avant d'entrer néanmoins. Pas de raison que tu ne pourrisses les locaux plus qu'ils ne le sont déjà.<br />
<br />
J'ajouterais qu'en terme d'intolérance, la démonstration la plus flagrante se fait devant la loi, en trébuchant sur sa première marche, l'officier de police judiciaire. Et il y en a, des marches. Quoi de plus intolérant qu'un délinquant au final ? Car c'est bien lui qui dit merde à la société.<br />
Car s'il est une chose certaine, une "chaussure", c'est qu'avant d'avoir tâté du métier j'ai vécu. J'ai connu le privé. Et vécu de multiples expériences de travaux différents.<br />
<br />
Alors oui, je suis probablement en train de glisser tranquillement vers la misanthropie, et je dirais que c'est de bonne guerre, car on me l'a bien rendu. Je n'en aime que plus ceux qui m'entourent, ce billet est aussi un moyen de le leur dire. Car après tout, s'il est bien une chose que je pense être vraie, c'est que le silence n'amène que des emmerdes. Et pourtant je suis un "taiseux", j'ai de qui tenir.<br />
Certains se reconnaîtront, d'autres ne me liront pas, mais sont visés. L'essentiel, c'est la bile versée, et le bien que ça fait. Comme d'habitude, aucun nom sur les ondes ne sera prononcé.<br />
<br />
Aux autres, santé.<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
Flam</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-24615238197905877632013-07-05T12:26:00.000+02:002013-07-05T13:06:50.207+02:00Expat en CDD.... <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfrAbz6LtCmHWPjv-O6xua_DwFg3Bbxu8DjKv5oij33K9jNTMAXCs0yPtAUwLcuJX5iKRIi_IDX3aS4N25frYNQLq5YS44szfaFrvj__tW9KD2xnJMz7Ji7Xzh96zPslduu2Jfm3OGH8U/s1600/IMGP0426.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="131" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfrAbz6LtCmHWPjv-O6xua_DwFg3Bbxu8DjKv5oij33K9jNTMAXCs0yPtAUwLcuJX5iKRIi_IDX3aS4N25frYNQLq5YS44szfaFrvj__tW9KD2xnJMz7Ji7Xzh96zPslduu2Jfm3OGH8U/s1600/IMGP0426.JPG" width="200" /></a></div>
<br />
<br />
N'est-elle pas belle, cette photo? Cela en fait rêver quelques uns, non? Et c'est bien normal, surtout lorsque l'on a passé un hiver qui aura duré... 10 mois... ou presque.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRZFV6GiAAdJqhQXHgv9W8HA0rrVnluFuTjFnUPmD4K3f5YOk3ZoI9NajMm53VZzhHmNr07Ik8d3l_1V8Oz6AgGS0VvN6UrDfXbxU1Y-MabSqfgaGZIzHLyjwt487o1t26AyqNleHfwZQ/s257/Martinique+plage.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRZFV6GiAAdJqhQXHgv9W8HA0rrVnluFuTjFnUPmD4K3f5YOk3ZoI9NajMm53VZzhHmNr07Ik8d3l_1V8Oz6AgGS0VvN6UrDfXbxU1Y-MabSqfgaGZIzHLyjwt487o1t26AyqNleHfwZQ/s257/Martinique+plage.jpg" /></a></div>
<br />
J'ai cette chance, de pouvoir arpenter ce genre de plage lors de mes week-end, voir mes vacances. Même si les premiers ressemblent finalement aux seconds.<br />
Il fait chaud... toute l'année. Certes, le climat est parfois humide, mais qui se plaindrait? Pendant que les p'tits copains allument la cheminée au 1er juin, en métropole, ici, le chauffage n'existe pas, et toutes les constructions, qu'il s'agisse de maisons ou d'appartements, sont équipés de persiennes. Autant dire que la température ne fait pas peur. Au pire de la saison, il fait 21°, en pleine nuit et en altitude....<br />
Oui, le teint est halé... toute l'année, alors que la majorité des "métro" sont pâles, voir transparents pour certains (dans tous les sens du terme, hein)...<br />
Je vous vois d'ici; j'entend même certains quolibets, voir des insultes (certes, le premier mot qui traverse l'esprit de celui qui aimerait être en vacances).<br />
<br />
Mais voilà. Je ne suis pas en vacances. Les policiers, employés dans les DOM-COM (eh oui, il faut s'y faire, à cette nouvelle appellation), sont employés en CDD. Sauf, bien sur, pour les natifs de l'île qui peuvent justifier d'un lien familial.<br />
Mais pour les autres, c'est CDD, et retour case départ. En gros, je peux faire trois années, auxquelles je peux en ajouter, optionnellement, une.<br />
<br />
Pourquoi avoir fait un tel choix? La question est bonne...<br />
Après avoir travaillé pendant 14 ans sur Paris et petite couronne, j'ai eu envie de changer d'air. Nombre de parisiens me comprendront... J'avais alors opté, l'année précédente, pour un poste en province.... que je n'ai pas eu. Le nombre de postulants à la province étant bien supérieur, vous l'imaginez, au nombre de mutés.<br />
Lorsque la liste des postes s'est vue être diffusée, il a fallu faire un choix.<br />
<br />
<ul>
<li>aller en province, retourner, après 12 ans de judiciaire, au "service général", en tenue, pour y faire un métier qui ne m'attire pas plus que cela, en faisant une croix sur mon expérience professionnelle</li>
<li>rester sur place, sachant que j'ai du mal avec la stabilité, qui, en général, amène découragement et paresse</li>
<li>soit, faire comme souvent, et me remettre en question... et tenter un poste... loin... très loin</li>
</ul>
<div>
J'ai donc opté, vous l'avez compris, pour ce dernier choix. D'autant que, il faut le dire, l'aspect humain n'est pas négligeable. Il s'agit d'une réelle expérience, pour toute la famille. J'ai pour habitude de me dire que c'est dans la difficulté qu'on apprend le mieux et que l'on s'enrichit. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je suis riche....</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Cela fait quasiment une année que je suis ici... un temps suffisamment long pour faire un premier bilan qui n'a, bien sur, rien de définitif... </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Les avantages, vous les imaginez très facilement (arrêtez donc, avec ces noms d'oiseau).<br />
<br />
Mais.... Eh oui, comme toujours, le monde n'étant, au final qu'équilibre (le plus et le moins, le bien et le mal, le blanc et le noir, ...) , il y a un "mais".... et des cotés négatifs, forcément. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Il y a, avant tout, l'éloignement de la famille, des amis... tous les repères que l'on a mis, bien souvent, des années à se construire. Il faut bien être conscient que l'on arrive sur une île en y connaissant peut-être, par chance, l'une ou l'autre personne, mais parfois aucune. C'est une difficulté à laquelle on se prépare, c'est certain. On se console alors en se disant que les amis qui le peuvent, pourront venir passer un peu de bon temps par ici, cela sera l'occasion de se voir au soleil, autour d'un bon planteur (non, faut vraiment que vous essayiez de trouver un remède, contre ces noms d'oiseau... cela doit être votre subconscient, qui travaille). Et même parmi ceux qui promettent de passer, ils se rendent alors du prix coûteux d'un billet d'avion... et c'est bien normal! </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je met à part le coté "intégration", puisqu'il est propre à chacun, fonction de la propension que nous avons, tous, à communiquer, à approcher les autres... si l'on veut s’intégrer, c'est comme partout, il ne s'agit pas d'arriver en terrain conquis, avec toute sa "science", mais être ouvert aux autres. Sans pour autant se renier, ce n'est pas la question.<br />
<br />
Et pourtant, l'intégration n'est pas évidente, mais pour une raison à laquelle on ne pense pas forcément:<br />
<br />
<b>le CDD</b><br />
<br />
Justement, avec ce fichu contrat, il est "couru" d'avance que, dans 3 ou 4 ans, il va falloir rentrer... en gros, aucune perspective à moyen terme. Investir dans l'immobilier n'est pas envisageable, puisque pas rentable sur une si courte durée. Il y a, bien sur, la location; mais je dois l'avouer, j'ai du mal à me sentir "chez moi", puisque je sais que, quoi qu'il arrive, je vais devoir repartir très bientôt. En fait, j'ai la sensation d'occuper une grande chambre d’hôtel... pas forcément envie de faire de la déco, etc... le minimum syndical.<br />
Ça, c'est pour le coté personnel, mais coté boulot, c'est la même chose. Les collègues "fidélisés" te regardent, quoi qu'il arrive, comme un mec qu'ils ont vu arriver, et qu'ils vont voir partir. Donc, à quelque niveau que l'on soit (et plus on monte dans la hiérarchie, plus c'est vrai), mieux vaut ne pas faire de vagues puisque de toute façon "on" sait que tu vas repartir. <br />
La relation humaine n'est pas simple non plus, pour les mêmes raisons... les gens n'ont pas forcément envie d'investir dans une relation en "CDD"...<br />
Je pense que ceux qui gardent le meilleur souvenir de ce "passage" sont les enfants de 10 ans ou plus; ils sont pleinement intégrés à tous les niveaux de la vie sociale, assez facilement. L'école apporte beaucoup de repères, pour peu que l'enfant ait une activité extra-scolaire, cela multiplie les contacts...<br />
<br />
Pour les parents, imaginez un peu le déroulement de ce CDD: la première année, il faut s'adapter à tous les changements intervenus; travail, école, logement... La 2ème année, à ce qu'on me dit, on commence à être bien (je vous en reparlais dans un an). Et pour ceux qui ne restent que trois ans, eh bien la dernière année, on la passe à envisager l'avenir; trouver la future affectation, le logement, l'école des enfants... <br />
<br />
Mais le problème est encore plus profond, en fait, et commence avant-même la mutation: <br />
<br />
<b>qui veut venir, finalement? ou plutôt, qui le peut?</b><br />
<br />
Le fonctionnaire est muté, ok. Mais le conjoint...<br />
Celui-ci va devoir quitter un travail en métropole (peut-être bien rémunéré) pour toucher un chômage ici, le temps de retrouver du travail (avec, en général, la perte conséquente). S'il en trouve. Et là, tout dépend du secteur d'activité (le chômage des jeunes, ici, atteint 20%).<br />
Le logement: la famille va donc quitter un logement duquel elle est peut-être propriétaire; il faut donc envisager de louer le bien, ou de le vendre. Pour ceux qui sont locataires, il va surtout falloir en retrouver un au retour... quand on connait les difficultés de logement en région parisienne... Tout cela a un cout (même si le déménagement, en lui-même, est pris en charge). <br />
Pour synthétiser, le policier qui a un conjoint "dans le privé" ne peut pas venir. L'effort financier est très - trop - important.<br />
<br />
Je suis le mauvais exemple, puisque je l'ai fait. Et ça m'a coûté pas mal d'argent. Et cela m'en coûtera encore puisqu'il faudra penser au retour....<br />
<br />
<br />
Bref, je le vois rien qu'à tous ceux que je côtoie, et qui ont été muté, comme moi... le conjoint est, en général, lui aussi, dans l'administration. C'est la seule possibilité qui soit, non pas "rentable", mais sans perte.<br />
Peut-être imaginez-vous que pour cet éloignement, l'Etat va me donner une prime.... eh bien non. Ce n'est plus le cas, dans la police, depuis quelques années. Contrairement aux gendarmes (à fonction équivalente).<br />
Pour être franc et aller au bout des choses, la seule "prime" que je perçois en plus, par rapport à la métropole est dite de "vie chère"; c'est à dire 40% du salaire brut (donc hors prime), pour compenser les prix qui sont, en général, bien plus élevés ici qu'en métropole.<br />
Lorsque l'on sait que certains prix, sur l'île, ont été en quelque sorte
"indexé" par rapport à cette prime, on comprend qu'une partie de
l'économie insulaire dépend du salaire des fonctionnaires...<br />
Et que, par ailleurs, en quittant la région parisienne, j'ai perdu d'autres primes... <br />
<br />
<br />
Oui, je sais, vous allez me dire "comment font les gens qui ne sont pas fonctionnaires et qui vivent tout le temps aux Antilles? Beaucoup de gens fonctionnent encore à l'entraide; "je te donne des légumes du jardin, tu me garde les enfants". Et c'est, à mon avis, une très bonne chose, que ces rapports humains, sains, qui ont tendance à disparaître en métropole (en tous les cas, dans les grandes agglomérations).<br />
Mais ce système, vous l'imaginez, est plus difficile à développer lorsque l'on est que de passage... <br />
<br />
Pour résumer tout cela, je pense qu'il serait bon, à mon sens, de prolonger la durée des contrats, voir de les supprimer, et affecter, au moins ceux qui le veulent, de manière définitive. Libre à chacun, ensuite, de demander une mutation; comme partout en France, finalement.<br />
Si l'administration prolongeait les contrats, ou permettait, par exemple, de les doubler, les policiers auraient au moins une perspective à moyen terme. On ne voit pas les choses de la même manière sur 6/8 ans que sur 3 ou 4...<br />
J'ajoute à mes arguments que l'administration y ferait des économies, puisqu'il n'y aurait plus (ou moins), alors de déménagements à défrayer. Les gendarmes ont commencé à faire ces économies, puisqu'il leur est possible (sous certaines conditions) de prolonger jusqu'à 7 ans leur activité insulaire.<br />
<br />
Bref...<br />
<br />
Il faut avoir conscience que, à coté de l'image idyllique des cartes postales que je vous fait parfois partager, il y a aussi des inconvénients qui ne sont pas négligeables...<br />
Personne ne m'a forcé à venir, je suis volontaire. Mais il y a certaines choses qu'il faut savoir...<br />
Et au final, malgré les difficultés, je ne regrette pas ce choix... enfin pour l'instant!<br />
<br />
Bon, je vous laisse.... je file dans la piscine... (chut... on a dit qu'on arrêtait les noms d'oiseau).</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<br /></div>
<br />
<br />Unknownnoreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-38514856888268246142013-06-16T19:08:00.000+02:002013-06-16T19:08:34.553+02:00Tranches de vie Il était une fois une jeune femme, un peu paumée, dont la vie a été gâchée par un énième drame. <br />
Une jolie fille, un peu naïve, qui a fait une mauvaise rencontre qui a failli lui coûter la vie. Des histoires comme il n'y en a que trop.<br />
Je n'oublierai jamais son nom. Et pourtant il est malgache (ceux qui ont déjà orthographié deux cent fois un nom malgache comprendront). Nous l'appellerons Lila pour simplifier.<br />
C'était un week-end de permanence au commissariat (vous allez finir par croire que je ne branle rien la semaine à ce rythme), du boulot "ras la gueule", des gardes à vue pénibles, nombreuses, certaines inutiles, comme souvent. Passons. Et pourtant j'écope d'une procédure à peine débutée, et j'échappe par là même aux gardés à vue qui me fatiguent déjà de leurs complaintes élimées. Une saisine (contre X, soit la majorité des saisines) suite à des faits de violences volontaires avec arme suivie d'un transport sur place des collègues de la nuit, et de longues et douloureuses constatations dont je vais vous livrer - en substance - quelques détails (je tease à fond je sais).<br />
<br />
Au commencement, les collègues sont appelés pour une jeune femme (Lila donc) errant dans la rue, en état de choc, recueillie par des passants. Elle pisse le sang, mais on ne sait pas vraiment d'où, car elle en est couverte. Elle est rapidement prise en charge par les secours et emmenée à l'hôpital. Les collègues de la permanence de nuit se déplacent donc pour les constatations d'usage. Et font le cheminement inverse en suivant le résiné (le sang). Ils remontent jusqu'à un appartement haut dans les étages, vide de tout occupant mais où est retrouvé un couteau ensanglanté.<br />
Ils rédigent des constatations complètes et saisissent le couteau, et tout ce qu'il convient de faire en pareil cas. Ce n'est pas toujours comme cela que ça se passe. Dans cette boite, tu trouveras immanquablement un collègue prêt à "retoquer" le travail d'un autre, à raison parfois, par bêtise ou prétention souvent. L'appartement est actuellement occupé par Lila, et lui est apparemment prêté par une tierce personne, locataire en titre.<br />
Cette dernière est entre les mains des médecins des urgences et rien ne peut être envisagé la concernant dans l'immédiat. On sait tout juste que son pronostic vital n'est pas engagé.<br />
<br />
J'écope donc du dossier en l'état. Il faut évidemment "gratter" et en savoir plus. Je n'ai pas été déçu. J'étais motivé. L'oisiveté est la pire ennemie chez nous, surtout quand elle est entretenue. Je tiens ces mots durs aujourd'hui, alors même que j'ai assez peu d'ancienneté, car je sais ce dont l'administration est capable. Sans parler des collègues. On a bien souvent la queue basse quand il s'agit de revenir sur ses propres erreurs.<br />
<br />
Je décide de retourner sur les lieux avec un collègue, pour y conduire une enquête de voisinage, qui ne m'apprend pas grand chose. Enfin si, pas un résident n'a échappé aux hurlements de Lila. Mais personne n'a rien vu d'utile. Etonnant quand on connait la curiosité naturelle du français pour les évènements croustillants. Pas une âme vivante n'a vu ou entendu une autre personne que cette pauvre fille. <br />
Pas de judas bavare. Soit.<br />
<br />
Il y a encore du sang partout dans la cage d'escalier, un carnage. Des traces de doigts et de mains parcourent les murs, la rambarde, les marches et contre-marches sont constellées de goutes fuyantes en direction de la descente. Surréaliste, flippant. Le cheminement à l'extérieur s'arrête quelques dizaines de mètres après la sortie de l'immeuble, endroit où elle s'est semble-t-il effondrée au sol, et fut prise en charge par les badauds. Âmes de samaritains. Merci pour elle.<br />
<br />
Je rentre donc guère plus avancé, si ce n'est dans l'arrondissement. A l'époque, la vidéo protection en était à ses balbutiements et aucune caméra n'est présente à proximité de la sortie de l'immeuble. Dommage. Vu l'heure tardive, l'enquête de voisinage conduite à proximité ne s'est avérée que peu pertinente.<br />
<br />
Je convoque donc les témoins qui ont recueilli Lila en souffrance. Seul un d'entre eux m'apporte un élément tangible laissant à penser à autre chose qu'une tentative désespérée de suicide. La sortie, peu après celle de Lila de l'immeuble, d'un homme en panique, couvert de sang, parti à pied dans la direction opposée. Je n'obtiens qu'un signalement vague, rien d'exploitable en l'état. Néanmoins, mon coeur fait un bond, mes pupilles se dilatent. Faut que je chope ce type, à tout prix. Parallèlement, les recherches sur les stations de métropolitain aux alentours sont lancées. Elles s'avéreront infructueuses. Le bougre est parti à pied - ou en voiture qui sait - paniqué, mais pas si inconscient.<br />
<br />
Retour au service comme on dit chez nous. Bredouille. Ou presque. Je prends contact avec l'hôpital qui m'apprend, après que j'en ai dûment requis l'administrateur, que Lila devrait être opérée sous peu. Les blessures qu'elles portent sont principalement situées sur les paumes des mains et les doigts. Elles sont extrêmement graves, les séquelles seront sévères. Elle a perdu du sang mais elle ne risque plus rien. Elle sera vraisemblablement audible dans l'après midi. Je demande à ce que ses effets personnels soient conservés et me soient remis, en vue d'eventuelles - mais certaines - investigations. J'apprends qu'il y a un téléphone portable. Magnifique. Un téléphone ne débite pas de phrases débiles et trompeuses mais parle beaucoup.<br />
<br />
J'avale un mauvais repas et me transporte à l'hôpital dans l'après midi avec une collègue en vue de l'audition de Lila. Pas d'ordinateur portable en état de marche, ça fleure bon le vieux procès-verbal manuscrit, à l'ancienne (dans ces cas là, et en fonction de la qualité - au sens propre - d'écriture, il peut s'avérer judicieux de faire une retranscription du PV qui sera annexée, dans un souci de "meilleure" compréhension).<br />
<br />
Je me fais remettre les effets personnels de Lila, parmi lesquels un jeu de clefs de l'appartement, des vêtements souillés de sang mais sur lesquels je ne vois aucune entaille due à une lame, son téléphone portable et diverses affaires sans intérêt. Les vêtements seront mis à sécher et placés sous scellés (privilégier les enveloppes en papier kraft, les vêtements mal séchés ayant fâcheuse tendance à continuer de "suer" et détruire l'A.D.N pouvant être exploitable). Le téléphone sera exploité bien évidemment.<br />
<br />
Après moults avertissements des infirmières quant à son état de fatigue, nous accédons à la chambre et je découvre enfin le visage de Lila. D'une tristesse indescriptible, pâle comme un linge, elle repose sur son lit, les yeux mi-clos. Et pourtant elle reste belle. Ses mains sont enfermées dans de gigantesques bandages supportant quelques tâches de sang. Il n'est pas besoin d'avoir vu les tâches pour imaginer le calvaire qu'elle a vécu. J'ai en main les comptes rendus descriptifs dûment requis et les ai lus : elle a les doigts déchiquetés, certains ont presque été sectionnés. Nous nous identifions et lui exposons le motif de notre venue. Comme si elle ne s'y attendait pas ... Elle a un petit mouvement de recul - néanmoins - et reste craintive. Ma collègue féminine me regarde et me fait un signe. Va falloir être doux et ne pas la brusquer. Je laisse ma collègue lui parler dans un premier temps. Ceux qui me connaissent etc ... Juste parler un peu, pour rompre cette distance qu'il existe toujours entre le flic et la population. Elle est peu bavarde. Elle évoque une dispute avec un jeune homme. Il s'appelle Guillaume (le prénom n'a, pour une fois, pas été changé). Elle se braque un peu, et évite de parler de lui.<br />
Puis elle se met à pleurer doucement, en silence. Le genre de moment où on ne sait plus où se mettre. Où vous regardez connement les peintures au plafond pour savoir à quand remonte la dernière couche. Vous passez pour un peintre en somme.<br />
C'est pourtant le meilleur moment pour crever l'abcès et obtenir la première version des faits qui se sont déroulés, du moins tels que Lila le décrira. Et c'est ce qu'il s'est passé. Après avoir échangé un regard avec la collègue, nous l'avons invitée à nous raconter son histoire d'abord, et l'avons amené à la nuit qui l'a conduite à croiser notre route.<br />
<br />
Lila est une jeune femme avec un lourd passé semble-t-il, qu'elle n'a pas évoqué ou peu, et a atterri en France un peu par dépit, ne sachant pas quoi y faire. Errant entre de petits boulots minables aux salaires ridicules et phases d'inactivité, elle survit plus qu'elle ne vit. Les aléas de cette triste existence ont conduit, pour une raison que nous ignorons alors, Lila en hôpital psychiatrique, pour un court séjour, dont elle est sortie il y a peu. Etablissement "propice aux rencontres" manifestement, puisqu'elle y a fait la connaissance du prénommé Guillaume. S'en est suivie une relation, qui l'était plus ou moins. Guillaume n'a pas non plus eu la vie facile manifestement, et a un petit problème avec la bouteille. Elle n'est pas en mesure de nous en communiquer plus à son sujet, si ce n'est qu'il vit de temps en temps chez sa mère, en province, et qu'entre deux passages, il "squatte" un peu partout. Elle connait son numéro de téléphone, enregistré dans ses contacts, et a une photo de lui sur ce même téléphone. Intérieurement, je bous. Mais nous n'en sommes pas encore arrivés à ce qu'il s'est passé.<br />
<br />
Ce soir là, c'est Lila, et son lit, qu'il a envie de squatter. Alors elle l'emmène chez elle. Enfin, ce qu'elle considère être chez elle. Il s'y alcoolise un peu - trop - mais elle également, en moindre quantité. Puis le couple fait l'amour. Fatalement, à l'issue une dispute éclate, la bête étant repue. Pour un motif qui devait être d'une importance telle que je l'ai oublié. Echange de cris, de coups, jusqu'à ce que le Guillaume se saisisse de son couteau favori, qu'il porte constamment sur lui, un opinel si mes souvenirs ne me trompent pas. Et il frappe, à de nombreuses reprises, le visage déformé précisera t-elle, directement à la gorge. Avec une rage non dissimulée, l'objet de la dispute devant probablement en excuser le caractère subi(t). En direction de la gorge, plus précisément. Tant de fois qu'il en touche tous les doigts que Lila n'a pu qu'opposer.<br />
Les réflexes de cette dernière la sauveront ce soir là, mais elle en perdra probablement l'usage de quelques doigts. C'est à se demander si le peintre ce n'est pas lui ... Parfois, l'instinct de survie est d'une force insoupçonnée. Je pense qu'une part de chance est également à mettre au crédit de cette pauvre Lila. Manifestement, la bête était bien imbibée. Certains savent à quel point il est difficile de raisonner de la viande saoule.<br />
<br />
Elle pleure encore, à chaudes larmes, libérée. Voilà que ma saisine ordinaire vient d'être criminalisée. J'ai en main - potentiellement - un prénom et une photo. Elle nous lâche presque au hasard qu'il reprend le train, ce soir, pour sa région natale, le Nord. Il est seize heures. Rentrer promptement au service n'aura jamais eu autant de sens. Je n'ai jamais autant mis Paris à feu et à sang, sauf après avoir intégré les rangs de la PJ.<br />
<br />
Sur place, la hiérarchie présente, je rends compte, j'envisage, j'enrhume un peu aussi, l'affaire est trop belle. Serrer le "pélo" à sa montée dans le train aurait de la gueule. Mon chef d'unité, dont j'ai déjà parlé <a href="http://pj-en-capitale.blogspot.fr/2013/05/lenquete-des-c.html" target="_blank">ici</a> est plus qu'enthousiaste. Le poil luisant, il a désormais en plus l'oeil brillant et la truffe chaude. Le patron fait des bonds. Nous obtenons le cliché du prénommé Guillaume que l'on exhume du portable, on lance les réquisitions téléphoniques qui s'imposent (le téléphone est coupé, on le sait, et la réponse sur les factures détaillées ne nous parviendra pas un week end, nous ne sommes qu'un commissariat après tout). Ce qui permet également de mettre un nom sur Guillaume. Les recherches sur cette identité désormais complète (grâce aux maudits "fichiers", au premier rang desquels on trouve les pages blanches et jaunes, n'est ce pas ?) permettent de lui trouver une adresse dans le Nord de la France, chez sa mère. <br />
Mais également de confirmer qu'il a bien pris un billet sur un train à destination du nord dans la soirée ...<br />
Il me faut aviser le parquet en premier (je ne l'ai pas précisé mais j'ai tenu celui-ci informé des avancées régulièrement, compte tenu de la nature des faits). Je tombe sur la parquetière - la plus - redoutée des collègues, précise à en devenir trop tatillonne, qui a fâcheuse tendance à couper la parole. Elle est néanmoins très appréciée. C'est pas gagné.<br />
<br />
Un "avis parquet" long, exhaustif. A l'issue duquel elle me fait savoir qu'elle est satisfaite du travail accompli. A tel point qu'elle décide de dessaisir le service pour confier la suite des investigations à LA Police Judiciaire. Prévisible, mais tellement décevant. Lorsqu'elle m'en informe au téléphone, mon visage a du se fissurer je pense. Il y avait beaucoup de monde autour de moi ce jour là, des collègues, et la hiérarchie. J'ai lu dans les yeux du patron quelque chose assimilable à du désespoir. Un truc approchant le "putain mais il a pas défendu son bout de gras le con". Et pourtant je me souviens avoir bataillé, motivé nos futures décisions, parlé du dispositif qui allait se mettre en place pour éviter la fuite de Guillaume. Rien d'assez suffisant manifestement. Les voies du Parquet restent impénétrables parfois, mais certaines décisions sont dures à encaisser parfois.<br />
Contact est pris avec le service saisi. J'explique tout au chef de groupe, le retour en train, la possibilité de l'interpeller ce soir, la possibilité que mettions en place un dispositif. On m'apprend que rien ne presse. Ah, on choisit donc de m'achever. Soit.<br />
<br />
La mort dans l'âme, le lendemain, je clôturais donc ladite procédure aux fins de transmission au service qui est actuellement le mien. Je poussais le vice jusqu'à leur porter la procédure. Je me souviendrai toujours de la réflexion du chef de groupe ce jour là: "ben il reste plus qu'à serrer le gars au final".<br />
<br />
Envie de meurtre ?<br />
<div style="text-align: right;">
</div>
<div style="text-align: right;">
Flam</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-87033737073109579282013-06-10T18:25:00.000+02:002013-06-10T18:25:13.804+02:00une journée pas comme les autres... Mercredi soir; on en est déjà à la moitié de la semaine. Ce jour-là est un jour comme les autres, au sein du groupe. Les affaires se suivent. Beaucoup d'affaires dites d'initiative; qui "donnent" ou pas. Surtout, en fait, mais c'est le job. Les journées sont faites de filoches, de longues planques. Dehors, il fait froid, bref, c'est pas les meilleures conditions qui puissent être. Mais bon, on ne choisit pas. Le voyou sort aussi l'hiver.<br />
<br />
<ul>
<li>chef: Ok, réunion pour tout le monde. Briefing: on est sollicité par le groupe de Barto. Ils ont une affaire sur laquelle il semblerait que les mecs s’intéressent d'un peu trop près à une société de transport de frêt. On en sait pas plus, si ce n'est qu'ils utilisent une Ford Focus dont on n'a pas l'immat, si ce n'est qu'elle est bleue, et que ce serait une "RS" (un peu comme <a href="http://www.rsiauto.fr/ford/focus-rs-%282009%29-727.php" target="_blank">celle-là</a>). Rencard à 5 heures ici; on sera sur le point à six heures. Des questions ?</li>
<li>euh... on a rien d'autre? </li>
<li>non, rien; on est même pas sûrs que les mecs viennent. Ils seraient plus ou moins accrochés sur un dossier, et se sont approchés, sans raison, d'un transporteur. Bonne nuit à tous, on se voit demain matin. </li>
</ul>
<div>
Comme d'hab, le rendez-vous est à cinq heures; mais rapidement, il est 5h15, le temps que tout le monde arrive, que l'on s'équipe, et que certains prennent le café. Sans compter l'habituel retardataire qui a loupé le réveil. Ce jour-là, nous sommes une vingtaine sur le pont. </div>
<div>
Ce matin, c'est le chef de section, qui fait le briefing. Pas grand chose de plus que la veille, si ce n'est la composition des équipages, et le positionnement "grosso merdo" des véhicules. </div>
<div>
<ul>
<li>Chris et Franck, vous êtes dans la 306 noire du groupe Barto. </li>
</ul>
</div>
<div>
Ok, je suis avec Franck, un mec du groupe enquête. Même âge que moi, sportif, que je place dans la catégorie "BRI" (pour l'image plus générale, voir "bacman"); j'apprendrai plus tard que c'est un de ses objectifs. </div>
<div>
Pour le coup, ça fait trois ans qu'on est dans le même service, mais on ne se côtoie pas; pas le même groupe, pas les mêmes potes... Mais pour autant, aucun problème l'un avec l'autre. Et pourtant, les inimitiés, comme dans toutes les professions, ça arrive. Mais là, c'est pas le cas. </div>
<div>
Six heures, tout le monde est en place. La société de transport ouvre... les chauffeurs vont et viennent avec leurs camions... Rien ne se passe. Comme d'habitude, ça sera casse-croûte sur le pouce. Bref, Mac-Do ou casse-dalle, au mieux. Et dans la voiture, bien sur. </div>
<div>
L'après-midi se passe... En fait, rien ne se passe, justement ! Aucune voiture qui corresponde à ce qui est annoncé. Comme d'habitude, plus le temps passe, plus les langues se délient, à la radio. Des petites vannes fusent, à droite ou à gauche, pour combler l'ennui. Jusqu'au rappel à l'ordre du chef de salle à 30 bornes de là, ou de l'autorité qui est sur place! </div>
<div>
Et pourtant, même à ne rien faire, tout le monde est équipé. Ce qui veut dire, bien sûr, le SIG, mais surtout le port du gilet pare-balle. Il faut dire que les instructions sont claires: en cas de blessure par balle, si le flic n'était pas porteur de son gilet, ça sera nada pour la veuve. Le genre d'idées qui fait plaisir ! </div>
<div>
Et pourtant, il faut bien avoir conscience que le gilet individuel n'est pas si vieux que ça, dans la police ! Moins de dix ans, en fait ! Auparavant, n'existaient que des gilets "lourds", avec une plaque de Kevlar. Bref, le truc qu'on ne met jamais, surtout par 30° en été ! </div>
<div>
En fait, pour être précis, depuis que Jean-Claude Bonnal, alias "le chinois" a artillé sur des collègues (petite bio de cet enfoiré par <a href="http://gangsters-tueurs.kazeo.com/grand-banditisme/jean-claude-bonnal-dit-le-chinois,a879185.html" target="_blank">ici</a>). Excusez le terme, mais j'ai toujours un peu de mal pour ceux qui n'hésitent pas à tirer sur des policiers... Suivez mon regard. </div>
<div>
Pour résumer, on est dans cette caisse depuis approximativement six heures du mat. Il est dix sept heures. Et il est question qu'on reste jusqu'à la fermeture du dépôt. Bref, après dix neuf heures. </div>
<div>
Bref, rien ne se passe... Tout le monde rentre chez soi. </div>
<div>
Comme tout le monde, je suis naze... Et pourtant, vous devez vous dire que nous avons passé la journée à "rien foutre". Peut-être. Mais pour autant, l'attente, le fait de porter son attention, se concentrer, le tout mêlé à l'adrénaline.... tout ça fatigue... </div>
<div>
<ul>
<li>le chef: Rebelote demain matin; tout le monde sur place, comme aujourd'hui à six heures pétantes; arrangez-vous entre vous pour vous ramasser, s'il le faut. </li>
</ul>
<div>
Bref, vendredi, six heures, Franck et moi sommes exactement au même point que la veille. Ca pue, pour le week-end, mais bon... c'est pour la France...</div>
</div>
<div>
<ul>
<li>à tous, le dépôt ouvre ses portes. </li>
</ul>
<div>
Tout le monde accuse réception. Tout le monde est, comme la veille, attentif au va et vient. Mais, comme la veille, rien ne se passe. Comme la veille, on passe à la boulangerie du coin acheter le même sandwich qu'on va regretter dans quelques minutes. Comme là ....</div>
</div>
<div>
<ul>
<li>à tous, à l'approche, à l'instant, qui sort de l'autoroute, un véhicule Ford Focus RS, de couleur bleu; ça peut être le bon. on n'a pas pu relever l'immat. Elle prend Général de Gaulle. </li>
<li>ok pour les Roméo 32; on les a. Ils passent devant nous; trois hommes à bord. L'immatriculation 354 ACR 91, je répète...</li>
<li>bien reçu. Attention, les gars, on fait pas l'attache-caravane, hein.</li>
<li>ils arrivent sur la zone industrielle. Personne ne bouge; vous ne faites qu'annoncer le passage</li>
<li>De 36, ils n'ont pas pris l’embranchement qui mène au dépôt; la bagnole a pris tout droit, au rond point</li>
<li>Attention, de 12, ils ont fait demi-tour au croisement suivant; ça revient sur le dispo</li>
<li>reçu de 36. Je confirme; ils arrivent sur le rond-point.... attention, 42, c'est pour vous. </li>
<li>Reçu, de 42. Ils sont là... le véhicule se stationne; attention, il semblerait qu'un camion bouge. Peut-être leur objectif... </li>
<li>reçu, de 5</li>
<li>le camion bouge. Les mecs matent le chauffeur. Le camion arrive sur le rond-point; il prend vers l'autoroute... la bagnole démarre. Je répète, la Focus démarre en direction de l'autoroute; même itinéraire que le camion</li>
<li>ok, de 25, passage du camion; je confirme, il prend l'autoroute. Toujours pas de Focus...</li>
<li>quelqu'un l'a à vue? </li>
</ul>
<div>
Grand blanc, comme dans tous ces moments-là. </div>
</div>
<div>
<ul>
<li>de 25, j'ai pris le camion, au cas où. </li>
<li>c'est bien pris; est-ce que quelqu'un a la Focus ? </li>
</ul>
<div>
Autant dire que s'en est fini des blagues pourries. L'adré est montée. On a tous pensé la même chose, qu'ils allaient se "faire" le camion. Et pourtant, ils ne sont pas derrière le camion. Ils l'ont suivi, sur quelques centaines de mètres; enfin, on suppose qu'ils l'ont suivi ...</div>
</div>
<div>
<ul>
<li>attention, de 12, retour de la Focus; je répète, retour de la Focus. Deux mecs à l'intérieur, cette fois-ci. Elle est arrivée par le centre-ville. </li>
<li>ok, c'est reçu. Qu'est-ce qu'ils foutent? Bon, on la lâche pas, cette fois-ci. </li>
</ul>
<div>
Le sandwich est passé par dessus la banquette; il traîne par terre. Enfin ... je n'en sais rien. Dans ces moments-là, plus rien n'existe. La concentration est totale. Voir sans se faire voir. Et comme on est tous parano ... Le moindre détail fait redoubler d'attention. </div>
</div>
<div>
<ul>
<li>ok; ça s'arrête comme tout à l'heure. Même place. Ca mate l'entrepôt. Je confirme, deux mecs à bord... </li>
</ul>
<div>
J'en profite pour jeter un oeil sur mon GPS, histoire d'imaginer l'itinéraire qu'ils ont pu prendre, lorsqu'on les a perdu... </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Une heure.... deux heures.... trois heures... il est dix huit heures... rien ne bouge, mais tout le monde reste concentré, à l'écoute. Des camions sont sortis du dépôt, mais les mecs n'ont pas bougé! </div>
</div>
<div>
<ul>
<li>attention, y'a du mouvement. Le moteur est en marche; la bagnole fait marche-arrière. Ils font demi-tour, au ralenti. Attention, à tous, cette fois-ci, on les lâche pas. </li>
<li>de 42, on est derrière. Même direction que ce matin; vers l'autoroute. Putain, ils font le feu (bah oui, le voyou se soucie assez peu du code de la route, faut dire; surtout lorsqu'il conduit une voiture volée, et replaquée). Je peux pas prendre, je répète, je peux pas prendre, je suis coincé au feu (bah oui, le mec qui est derrière des voyous, qui le sait pas, râle, en général, voyant le mec qui a fait le feu devant lui; mais, en même temps, il empêche le flic derrière d'avancer. Bref, c'est la merde). </li>
<li>de 5, est-ce que quelqu'un a la bagnole? </li>
</ul>
<div>
Pfff j'ai déjà vécu cette scène, et y'a pas si longtemps. </div>
<ul>
<li>de 164, on y va; on prend l'autoroute, on verra bien. </li>
</ul>
<div>
Ah oui, je vous ai pas dit; ce jour-là, c'est moi, 164 (non, j'ai pas dit 16-64, bande d'alcoolos). Enfin, c'est nous; je conduis, donc c'est Franck qui est à la radio... </div>
</div>
<div>
<ul>
<li>on emmanche l'autoroute (j'ai dit l'autoroute, hein, pour les esprits mal tournés)</li>
<li>ok, reçu, 164. Personne n'a pu suivre, il semblerait; vous êtes seuls... </li>
<li>ok, c'est pris. Pour l'instant, on n'a rien à vue</li>
</ul>
<div>
J'ai une 306 XSI ; un peu comme <a href="http://www.autoholic.de/members/Peugeot_306XSI_5981.html" target="_blank">celle-là</a> (Das Auto lol); oui, bon, je vous rappelle que cela s'est passé y'a quelques années, hein. Et puis bon, chez nous, on n'a pas <a href="http://www.caradisiac.com/Police-de-Dubai-apres-la-Lamborghini-Aventador-la-Ferrari-FF-86097.htm" target="_blank">ça</a>. Même si les cousins, pour certains, ont eu plus de chance; on leur a donné <a href="http://blog.autobyweb.fr/detente-du-mercredi-epitaphe-subaru-impreza-gendarmerie-nationale.html" target="_blank">ça </a> (en même temps, pour ce qu'ils en ont fait... --> <a href="http://www.blogzineauto.com/article-3310563.html" target="_blank">là </a>). </div>
</div>
<div>
Bref, trêve de plaisanterie... </div>
<div>
J'ai ma 306 XSi, et elle roule plutôt bien. Nous voilà engagés sur l'autoroute. Comme nous avons un peu de retard sur la voiture (dont on suppose seulement qu'elle est là) je me le pied d'dans. </div>
<div>
On est à 40 bornes de Paris, et on a décidé de prendre en direction de la capitale. 160km/h au compteur... et cinq kilomètres plus loin : </div>
<div>
<ul>
<li>ok, on l'a. Je répète, de 164, on a la bagnole en visu. Ca roule fort; on passe la sortie n°5. Elle passe entre les files, le mec roule comme un malade</li>
<li>ok, 164. Gardez-les, on essaye de vous rejoindre. </li>
<li>ça va trop fort... on arrive à l'embranchement.... on les voit pas</li>
</ul>
<div>
La difficulté est double, à cet instant; il y a, avant tout, la vitesse... bon, pas grand nombre de voitures non plus, sinon, les parisiens le savent, impossible de rouler. Mais il y a surtout qu'on doit faire gaffe à ne pas se montrer... et, à zigzaguer entre les files pour garder les contact, ce n'est pas du plus discrèt. Mais on fait au mieux. </div>
<ul>
<li> Putain, Franck, tu les vois? </li>
<li>non, que dalle</li>
<li>merde... va falloir se décider; ils ont pris où, d'après toi? </li>
<li>j'en sais rien.. 1 chance sur 2....</li>
<li>Ouais.. fais chier.... merde (en tapant sur le volant qui, faut le reconnaitre, n'y est pour rien)</li>
</ul>
</div>
<div>
<ul>
<li>ok, je prend l'embranchement vers l'Est</li>
<li>ok, reçu, de 46. On est 2/3km derrière vous, on prend vers l'Ouest, au cas où. </li>
<li>Reçu...</li>
</ul>
<div>
Le compteur de la voiture ne s'est pas arrangé. Est-ce que les mecs ont pris un camion en filoche? Personne ne le sait ! Vont-ils sur un lieu de dépôt? On ne le sait pas! </div>
</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<ul>
<li>ils sont là, je répète, on a la Focus, direction l'Est... kilomètre 26, c'est reçu? </li>
<li>oui, reçu, de 5. Bien joué...</li>
<li>ça roule fort, encore. 160 au compteur; je ne vois pas de camion à proximité; pour moi, ils sont seuls</li>
<li>ok, c'est pris; annoncez la progression</li>
<li>on arrive au kilomètre 21; ça continue tout droit, direction l'Essonne. </li>
<li>reçu</li>
<li>ok, c'est confirmé; ils prennent direction Evry. Attention, on arrive dans un bouchon. On a du monde devant</li>
<li>reçu; ça va nous laisser un peu de temps pour recoller. </li>
<li>reçu, pour 164.... </li>
</ul>
<div>
Bon, un peu de répit. Mine de rien, avec tout ça, on est tous les deux en sueur; autant dire que le temps passe sans que l'on s'en rende compte. Peut-être s'est-il écoulé 3 minutes... peut-être une heure. Difficile à dire! S'agirait de ne pas entendre, à la radio, qu'un camion s'est fait braquer au milieu de l'autoroute! </div>
</div>
<div>
<ul>
<li>ça sort, je répète, ils prennent la nationale</li>
<li>ok, c'est reçu; vous pouvez suivre? </li>
<li>oui oui, c'est bon; on y est... on les a.... on arrive sur Evry. </li>
<li>c'est pris; on a cinq minutes de retard...</li>
</ul>
<div>
Ca arrive. Il y a des jours où, sur une filoche, on ne "voit pas le jour", où on ne verra jamais l'objectif; un mauvais départ, un choix à faire qui s’avérera ne pas être le bon.... Il m'est déjà arrivé d'être au départ d'une filoche, le matin, et.... le soir, au moment où on "lève"; rien au milieu. Pas l'ombre du véhicule vu, sur toute une journée! </div>
</div>
<div>
<ul>
<li>ok, sortie numéro 2, direction Evry centre. </li>
<li>reçu</li>
<li>ils sortent; prennent le rond-point et passent sur le pont. Avenue de la gare. Au feu rouge. Ils prennent à gauche. Ils sont sur la Nationale 2.... ça roule "normal"; file de gauche. Ca clignote à gauche; on a pris un peu de retard. Ok, ils tournent. On n'y est pas.... on peut pas avancer... rue Desmoulins.... on entre dans la rue; aucune visibilité. Ils ont passé le rond-point, devant....</li>
</ul>
</div>
<div>
<ul>
<li>on prend où, Franck? </li>
<li>chais pas, moi! Deux possibilités; à droite ou à gauche... </li>
<li>ok, va pour la droite....</li>
</ul>
<div>
Je sort du rond-point, en tournant à droite</div>
</div>
<div>
<ul>
<li>putain, ils sont là... je les ai vu..; ils ont pris à gauche...</li>
</ul>
<div>
Volant vers la gauche, frein, frein à main.... mur.... qui tombe! </div>
</div>
<div>
Eh merde.... j'ai mal pris le virage... et me suis retrouvé contre le grillage d'un pavillon, qui est tombé! </div>
<div>
<br /></div>
<div>
<ul>
<li>de 164, c'est fini pour nous. Le véhicule semble avoir pris la rue de l'entraide. </li>
<li>reçu, de 5, on va essayer de chercher dans le quartier. </li>
<li>reçu.</li>
</ul>
<div>
Avec Franck, on s'occupe du portail; par chance, il n'a rien. Il n'a fait que se dégonder. Pas de casse. La voiture semble ok. </div>
</div>
<div>
Il est presque vingt heures. Les collègues sont arrivé sur secteur, mais personne n'a rien trouvé. Il ne sert à rien de rester sur le quartier trop longtemps, si ce n'est de risquer de se faire lever!<br />
Le temps d'arriver au service, il est presque vingt et une heure. A la maison 45mn plus tard. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Le lundi, arrivée au service "classique"; rien n'a bougé le week-end, et pour cause, la société de transport est fermée. </div>
<div>
<ul>
<li>ah, au fait, Chris; la 306 a un souci; faut que tu fasses un rapport</li>
<li>ah bon? qu'est-ce qui se passe? </li>
<li>le radiateur s'est perçé. Tu fais ce qu'il faut ? </li>
<li>ok. </li>
</ul>
<div>
Bon, ben c'est la demi-journée qui est morte. Faut faire le rapport, remplir les formulaires ad-hoc, et soit amener la voiture au garage, soit se débrouiller pour qu'ils viennent la chercher. Le garagiste (de la police) me dit qu'il va venir chercher la voiture. Ca m'arrange. </div>
</div>
<div>
Ou pas.... le lendemain, j'apprends que la voiture est réformée. Le coût de réparation est trop élevé par rapport à l'ancienneté du véhicule. REFORME. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Cette affaire, s'est arrêtée là, pour moi. Rien à voir avec le véhicule, mais finalement, tout s'est calmé; plus rien autour du dépôt de marchandise.... rien n'indique non plus qu'on se soit fait détroncher! Ca arrive souvent; les mecs sont chauds et puis, au dernier moment, rien ne se passe! Un jour, un mec ne s'est pas levé, le lendemain, on apprend qu'il s'est fait peter la nuit pour un défaut de permis, le troisième jour, c'est un autre mec qui s'est couché trop tard, etc... bref...<br />
Mais l'enquête a continué pour le groupe Barto. En fait, comme un signe du destin, la voiture s'était en fait trouvée, finalement, à coté du portail que j'avais percuté! Une petite allée de garages. La voiture vue par le collègue lors de mon demi-tour ne devait pas être la bonne.... </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Quelques semaines plus tard, j'étais dans le couloir, à discuter avec le chef de section, Commissaire de Police de son état. Il me demande à ce moment-là de passer "dans la semaine", pour signer une "lettre de mise en garde".... Hum.... comment ? Oui; décision du Directeur. Un véhicule est cassé; le conducteur est en tort... bref, sanction ! </div>
<div>
J'avoue.... J'ai fait comprendre (avec humour) à mon commissaire que je ne signerai pas cette lettre. </div>
<div>
Je n'en ai plus jamais entendu parler. Si ce n'est quelques mois plus tard, lorsque j'ai appris que ce patron avait pris "sur lui" pour ne pas me faire signer cette sanction.<br />
Je précise qu'une mise en garde n'a aucune valeur dans l'échelle des sanctions de la police; si ce n'est que, le jour où, on peut la ressortir pour vous dire un truc du genre "on vous avait déjà prévenu" et, à ce moment-là, vous infliger une sanction réelle, comme un blâme, par exemple. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Quelques semaines plus tard, l'équipe que nous avions filochée était interpellée dans le cadre d'une Commission Rogatoire en crime organisé. Les mecs avaient, en plus, été "remonté" sur un vol de frêt.... hors de notre zone de compétence.... comme quoi, il n'y a pas tant de hasards que cela... </div>
<div>
<br /></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-80432688981425046122013-05-29T18:10:00.000+02:002013-05-31T11:32:11.168+02:00L'enquête des C<div style="text-align: center;">
~ La <u>c</u>ouille ~<br />
<br /></div>
Nous sommes vendredi, il est midi. J'entre dans un logement à deux pas du commissariat. La porte est jusque là verrouillée de l'intérieur (je note intérieurement) mais les sapeurs pompiers ont ouvert après être entrés dans l'appartement.<br />
Nous progressons dans la pièce principale en prenant soin de n'emprunter qu'un seul chemin et de repasser sur nos traces. Nous ne portons que des sur-chaussures et des gants. Le reste de l'équipement, on ne le voit qu'à l'I.J (Identité Judiciaire), ou dans les séries où ils ont un tas de fichiers inutiles (genre fichier des traces de pneus dans le sable: j'enlève mes lunettes, je pose de 3/4, vous voyez la gueule de con ?). Au fond du deux pièces fonctionnel, propre mais minimaliste au niveau déco, se trouve une chambre, un banc de musculation (je note), et un lit deux personnes limite crade (pas besoin de noter je ne l'oublierai jamais). Lit sur lequel repose le corps d'un homme, que la vie a vraisemblablement quitté. <br />
Ici débute une des enquêtes qui m'a probablement le plus marqué.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
~ Le <u>c</u>heminement ~</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
Un vendredi comme je les aime. De permanence matin avec mon chef de groupe, nous sommes sur le point d'être relevés. Je n'ai pas encore la qualité d'officier de police judiciaire, car l'arrêté de nomination n'a pas encore été publié. Je suis au début de ma carrière. La semaine a été longue et chargée. Je suis content qu'elle soit proche de se terminer.<br />
Tout est calme, le travail ne manque pas mais nous avons bien avancé sur les dossiers. Si tout se passe bien, on pourra se faire une petite "semoule" bien relevée ce midi. Une tradition. Youssef (le prénom n'a pas été changé), nous attend.<br />
11h43, l'appel tombe. Découverte de cadavre. Les sapeurs pompiers ont été appelés pour un homme ne répondant plus aux appels. Ils sont entrés en brisant une baie vitrée au sixième étage d'un immeuble récent mais vieux avant l'âge. Ils y ont trouvé un homme mort. Aucun détail ne nous est communiqué, nous sommes attendus sur place. Ça commence fort.<br />
Mon chef de groupe vient me chercher et me dit mot pour mot "allez viens bitos, tu vas voir comment on gère un macchabée en vitesse". J'attrape mes affaires et nous y voilà. C'est "à deux pas" qu'il me dit en plus, "tu vas voir c'est du gâteau".<br />
<span style="text-align: center;"><br /></span>
<span style="text-align: center;"> ~ Le </span><u style="text-align: center;">c</u><span style="text-align: center;">on ~</span><br />
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
Nous nous y rendons d'un bon pas, il rigole. Il me fait la leçon, lui l'ancien face au lapin de six semaines que je suis. Je me souviendrai toujours de sa tête. Avant et après. Nous n'avons pas mangé de semoule ce jour là, pourtant on a fait de l'huile. Il fait beau, tout le monde est content. Les femmes sont courtement vêtues, la vie est belle. De la merde oui ...<br />
Nous entrons dans l'immeuble, qu'un membre de l'équipage de voie publique a pris soin de laisser ouvert, et grimpons au sixième étage.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
~ Les premières <u>c</u>onstatations ~</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
Les pompiers ne sont plus sur place. Les maigres infos ont été données aux collègues de voie publique qui gardent les lieux. Manifestement, ils n'ont pas pris de précautions particulières dans l'appartement, rien de suspect n'ayant été relevé. Super. Il faudrait organiser des stages inter-services pour comprendre les impératifs en judiciaire (on me souffle à l'oreille que ça existe ... ).<br />
Toutes précautions d'usage prises - sous réserve de ce que j'ai dit plus haut - nous avançons dans le salon. Je note la présence d'une lettre tapée à l'ordinateur et imprimée, et d'un gros rouleau de film plastique sur la table de la pièce principale. Du type qui emballe les palettes dans les entrepôts. Tout ça n'annonce rien de bien sain.<br />
Arrivée dans la chambre, à 2m50 de la table de la pièce principale. Outre le banc de musculation, je remarque la présence de cinq unités centrales d'ordinateurs empilées. Les façades latérales sont absentes. De plus en plus étrange. Je n'aperçois aucun disque dur. De mieux en mieux. Ou de pire en pire selon le point de vue.<br />
Puis je me retourne sur le corps. Au milieu du lit, les bras en croix, dont l'un passe sous le fin matelas, git le corps d'un homme de vingt cinq ans à vue de nez. Enfin je dis ça mais on ne voit pas son visage. Il est masqué par ce même film plastique - bien épais - qui semble en faire le tour plusieurs fois, vu l'opacité. Le défunt (j'écris défunt mais en fait je n'en sais rien n'étant pas médecin) ne porte qu'un slip souillé par l'épreuve qu'il semble avoir traversée. Il repose sur le dos (<i>décubitus dorsal, plus de détails par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cubitus" target="_blank">ici</a>).</i><br />
<br />
<i> Petite précision : en province, du moins pour ce que j'en connais, un médecin (légiste en général) se déplace quasiment systématiquement sur les découvertes de cadavres. Cela permet de faire un tri non négligeable sur les enquêtes qui en méritent une et celles qui sont "pliées d'avance". Et plus important un certificat de décès est établi. A Paris, c'est assez rare, si ce n'est éventuellement le praticien du SMUR ou SAMU (cas des décès sur la voie publique) ou lorsqu'un médecin est présent dans l'équipage des SP (Sapeurs Pompiers). Bien souvent donc, aucun certificat de décès n'est délivré. </i><br />
<i> Vous enquêtez donc parfois sur un corps pour rechercher les causes d'une mort qui n'a pas été établie de manière officielle. Et, oui, nous ne sommes plus à une aberration près. </i><br />
<i> En l'espèce, je n'avais pas de certificat de décès. Le corps de ce pauvre homme devait probablement se situer aux frontières du réel. Quelque part entre le Styx, le port de l'Arsenal et le canal de l'Ourcq.</i><br />
<br />
Le corps est plutôt "frais", peu ou pas d'odeur, ce qui implique une mort récente vu le temps clément et les températures agréables (nous sommes au printemps), nous le manipulons avec précaution, la rigidité cadavérique (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rigidit%C3%A9_cadav%C3%A9rique" target="_blank">définition</a>) - <i>rigor mortis - </i>est présente dans les membres inférieurs. Des lividités cadavériques sont installées sur les parties basses du corps non comprimées, soit au dessus des parties en contact avec le matelas, gravité y compris (explications par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lividit%C3%A9s_cadav%C3%A9riques" target="_blank">là</a>). Nous ne parvenons pas à retourner le corps pour autant, il n'est pourtant pas bien épais ... Mon chef de groupe s'avance sur le lit et enjambe le corps, je fais le tour du lit. Là je me liquéfie et je lui hurle "descends de ce putain de lit tout de suite".<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
~ La <u>c</u>hiure ~</div>
<br />
Je comprends pourquoi le corps ne peut être retourné. Les deux bras sont attachés au cadre du lit, par des liens de corde fine tellement tendus qu'ils s'enfoncent dans les chairs. On ne les voit pas. Ils sont courts, et ne permettent aucun débattement. Sous le choc, je ne vérifie rien d'autre.<br />
Cloué, les questions fusent dans ma tête par dizaines: qu'ont touché les pompiers ? Les collègues ? Qu'avons-nous touché ? Quels ont été les chemins empruntés dans l'appartement ? Ce gars était-il seul au moment de sa mort et si non, qui se trouvait dans l'appartement à cet instant ? L'angoisse.<br />
<br />
Premier réflexe, tout le monde dégage de l'appartement. On appelle en urgence le magistrat de permanence criminelle, lequel annonce son arrivée sur les lieux en compagnie de collègues de la Brigade Criminelle en observateurs. Demi maul (petite blague privée à destination de l'entente rugby du 36 Quai des Orfèvres dont les membres ne liront pas ce billet).<br />
Débarque le chef d'unité, et le chef de service, prévenus aussi. Oui, la police est une institution hiérarchisée. Le chef d'unité est un mec solide - professionnellement parlant - bien que taillé à la serpe dans une brindille sèche. Il conseille et oriente, sans prendre la main. Il assure. Plus que moi (je note).<br />
Le temps que le "Proc" débarque avec les saigneurs de la Crim', sont sorties du chapeau - comme de bizarre - des tenues complètes de "scènes de crimes" nous permettant de poursuivre les investigations (Article 22 du règlement général d'emploi: "démerde toi comme tu peux"... ). La tenue coton-tige. Les voies des fournitures administratives étant désormais pénétrables, nous pouvons dès lors, sans crainte mais avec prudence, arpenter les lieux.<br />
<br />
<i> Ndlr: A l'occasion de cette enquête, j'ai fait l'objet d'un prélèvement A.D.N, en vue de la "désincrimination" (veuillez pardonner le néologisme), tout comme mes collègues. Rien de choquant selon moi, mais ceci est une autre histoire. </i><br />
<i><br /></i> On évite, autant que faire se peut, de manipuler le corps (le mal a déjà été fait vous me direz) mais on inspecte surtout. Il ne semble y avoir aucune trace de coup sur ce dernier, pas de plaie visible, aucune contusion, nous n'en sommes pas moins des non spécialistes. <br />
Les liens sont vraiment tendus, sans marge de manoeuvre. Impossible de voir pourtant comment les liens ont été effectués, ceux-ci étant trop profondément ancrés dans les chairs. Hors de question d'y toucher avant l'arrivée de la Crim'. Et putain, ces ordis rangés impeccablement sans disque dur, ce banc de musculation, le back ground semble super glauque ...<br />
<br />
Le rouleau de film est sur la table, à trois mètres cinquante du corps, en léger décalage avec l'entrée de la chambre ce qui impose de décrire un virage. Or, la tête est entourée d'au moins trois à quatre tours dudit film, opaque au possible. Comment imaginer que cet homme a pris le soin de laisser une lettre annonçant son suicide, posée à côté du rouleau, s'est enroulé la tête puis est allé s'attacher - à poil ou presque - au cadre du lit, de manière aussi déterminée ?<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
~ "La <u>c</u>rim" ~</div>
<br />
On nous annonce l'arrivée du substitut de permanence ainsi que des collègues de la Brigade Criminelle. L'affaire tombe au plus mal, ils sont sur une autre enquête qui monopolise toutes les ressources du service, autrement plus médiatisée. Ils annoncent la couleur d'emblée, le substitut le sait (c'te connerie). Et oui, la Crim' a un certain poids. Ils en imposent, alors qu'en fait ils font caca comme moi régulièrement. Question d'aura probablement. Certains en abusent, eux sont plutôt détendus.<br />
Nous leur faisons un compte rendu des premières constatations, de la disposition du corps et des éléments plus que troublants relevés. Ca leur fait bouger une couille sans frôler l'autre. Question d'habitude probablement.<br />
Ils sont plutôt sympathiques mais la manière dont ils vont procéder est étrange. Ils s'équipent avec le substitut et pénètrent seuls dans l'appartement. Après quinze minutes, ils ressortent et nous demandent d'entrer. Les visages sont fermés. J'ai l'impression de passer sur le grill . Qu'avons nous raté ?<br />
Nous nous dirigeons vers le corps et nous penchons plus sérieusement sur les liens. L'un deux est un noeud coulant ... Il ne leur en faut guère plus.<br />
Le verdict est sans appel pour la Crim', il s'agit d'un suicide. Les regards se croisent, substitut, crim', poulets de batterie, taulier, dans le désordre. Tout ça me paraît un peu prématuré mais bon, passons. Le magistrat nous laisse saisis de l'enquête, moment que le chef de service choisit pour manquer de s'étouffer. Nous recevons pour instructions de mener enquête (sur les bases de l'article 74 du Code de Procédure Pénale donc, rien ne paraissant suspect à ce stade ...) en vue de l'autopsie qui doit avoir lieu au plus vite. Avec assistance des enquêteurs, donc bibi et son chef de groupe. Au moins, la transmission rapide de la procédure n'est pas nécessaire comme c'est le cas pour les autopsies sans assistance.<br />
Autant vous dire que nous n'étions pas plus nombreux à bosser sur l'enquête, d'où l'étouffement du patron. Les collègues rompus à la procédure qui me liront imagineront sans mal.<br />
Le substitut et la crim' étant partis, il ne reste que nous, et un grand moment de solitude à venir (un ange passe, les ailes plombées d'une procédure épaisse). Pas la peine de vous préciser que pour le couscous de midi, c'était baisé.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
~ Les <u>c</u>onclusions ~</div>
<br />
Nous avons donc bossé comme des chiens, sur les constatations, l'ensemble des scellés à réaliser (après exploitation des traces et indices), le cheminement possible des personnes éventuellement présentes avec lui au moment de sa mort (directions de fuite, vidéos éventuelles, enquêtes de voisinage, etc ... ). Aucune hypothèse n'était écartée.<br />
Nous avons été contactés par son employeur et auditionné ce dernier, lequel avait reçu la même lettre alambiquée et dactylographiée dans laquelle il annonçait son départ pour ailleurs (le lien avec les ordinateurs dépouillés de leurs disques durs me trottant dans la tête). Lettre reçue le jour de la découverte du corps, par voie postale. Nous avons entendu le peu de familiers restants, et qui sais-je encore. Nous avons fouillé son passé, un peu glauque, sa vie, ses moeurs ... Nous avons envisagé plusieurs scénarios, mais rien ne permettait d'en dégager un qui soit totalement convaincant. L'autopsie a été donc été conduite, sur la base d'un "fouzitou" d'idées, et en n'excluant aucune piste. Une autopsie longue, très longue, complète, soit environ cinq heures.<br />
Les liens - qui sont dans ce genre de cas laissés intacts <i>in situ </i>lors du transport du corps - ont été coupés sur le cadre de lit puis méticuleusement inspectés par un spécialiste. Il y avait bien un noeud "fixe" et un noeud coulant. Les conclusions de cette enquête me hantent parfois, puisqu'aucun élément suspect n'ayant été mis à jour, c'est la thèse du suicide qui a été retenue. Bien évidemment, tous les prélèvements nécessaires pour la recherche de toxiques, médicaments, stupéfiants, et imprégnation alcoolique ont été effectués. Les résultats ne sont pas immédiats en revanche. Ils n'ont rien appris de plus. L'enquête a donc été clôturée. <br />
Et le suicide privilégié.<br />
<br />
Sentiment d'inachevé donc, d'élément qui t'échappe. Probablement la raison pour laquelle je pense toujours à cette enquête qui pour moi n'a jamais été close. Comme un flottement quand j'y pense, peut être l'impression d'avoir raté quelque chose, puisqu'en définitive, une thèse a été retenue par dépit, du fait de l'impossibilité d'en démontrer une autre. Et pourtant, ce ne sont pas les faits troublants qui manquaient. Imaginez donc que ce garçon a, sobrement, préparé deux lettres annonçant son désir d'en finir avec la vie pour en poster une chez son employeur, avec le risque qu'elle arrive avant. Puis aurait rangé ses ordinateurs en prenant soin de se débarrasser de l'ensemble de leurs disques durs (on se demande bien pourquoi, mais surtout où). Puis aurait préparé méticuleusement deux liens, dont un ouvert puisque fixe et l'autre coulant.<br />
Enfin, il aurait entouré son visage de film plastique (l'autopsie aura révélée quatre tours et demi au total), posé le rouleau sur la table, parcouru le chemin jusqu'à son lit, avec la difficulté que vous pouvez bien imaginer, aurait attaché un de ses poignets avec le lien fixe, puis passé son bras dans le lien coulant. Quand on pense à la volonté nécessaire pour accomplir tout ça en se sachant dans l'impossibilité de respirer (sans parler du stress), on se dit que la détermination sans faille déployée aurait fait merveille s'il avait choisi la vie.<br />
Et si maintenant je vous apprends que la porte verrouillée de l'intérieur avec les clefs engagées dans la serrure pouvait être ouverte ou fermée de l'extérieur sans difficulté à l'aide d'un second trousseau, je ne doute plus du fait que vous allez - vous aussi - vous poser quelques questions.<br />
<br />
J'ai entendu une phrase très juste dans une série policière que je trouve très bien réalisée et que j'adore ("Southland" pour les curieux) : "Un jour ou l'autre un flic doit apprendre qu'il ne peut pas sauver tout le monde". En effet. Ce que j'ai appris de cette enquête et qui n'en est pas moins vrai, c'est qu'un flic ne peut pas toujours avoir les réponses aux questions qui lui sont posées.<br />
Et ça, c'est tout aussi dur à accepter.<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
Flam</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-21561123534935802102013-05-22T19:35:00.002+02:002013-05-22T20:26:18.071+02:00Lettre ouverte à la représentation nationale<div style="text-align: justify;">
Avant tout, je m'adresse à vous, lecteurs de ce blog. Peut-être avez-vous parcouru <a href="http://pj-en-capitale.blogspot.com/2013/05/3-ans.html" target="_blank">ce billet</a> paru voilà juste deux jours, et qui faisait état de cette triste affaire que celle de la mort d'Aurélie Fouquet, jeune policière municipale tuée par balle voilà deux ans.<br />
<br />
Celui-ci fait suite à une conversation s'étant déroulée sur Twitter (mon contradicteur se reconnaîtra sans difficultés), et a pour but direct de proposer la mise en place d'une nouvelle mesure ayant pour but de réduire les risques de récidive/réitération d'individus ayant pu être dangereux, susceptibles d'obtenir un avis favorable de libération anticipée. </div>
<div style="text-align: justify;">
La seule chose que je puisse demander, à mon niveau, c'est que cette mesure, que je propose, soit au moins "étudiée", réfléchie, certainement adaptée, par nos représentants nationaux. Et pour ce faire, le mieux est encore que ce billet soit diffusé par tous moyens. </div>
<div style="text-align: justify;">
Bien évidemment, je me chargerai personnellement d'une diffusion directe, mais plus nous serons nombreux, et plus la simple étude sera possible, et, pourquoi pas, reprise par un député. </div>
<div style="text-align: justify;">
Je vous demande donc, simplement, de "retwitter" la diffusion de ce billet ou son lien en mentionnant le pseudo d'un ou plusieurs députés, s'il est sur Twitter; faites-lui parvenir le lien du billet. Peut-être que certains le liront.<br />
Rassurez-vous, je ne suis pas devenu fou durant la nuit, et j'ai ma petite idée sur les chances de réussite, qui sont à peu près égales à celles de gagner au Loto.<br />
Ce qui n'empêche nullement d'essayer. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Madame, Monsieur le Député, </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Le drame de Villiers sur Marne est survenu voilà maintenant 3 ans. L'un des protagonistes présumé, Redoine Faid, toujours en cavale, est mis en examen dans le cadre, entre autre, de cette tragique affaire. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Cet individu est loin de pouvoir être considéré comme "le perdreau de l'année", en terme de banditisme. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Auteur, entre les années 1995 et 1997 d'au moins trois braquages (ceux, en tous les cas, pour lesquels il a été mis en examen et condamné), il a été libéré en 2009 alors qu'il avait été, au préalable, condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Le calcul est simple, il est en fait sorti au bout de 10 ans. Alors que, chaque infraction commise, pour lesquelles il a été condamné, était passible de dix ans minimum d'emprisonnement. Pour rappel des faits, il a été condamné pour le braquage d'une entreprise, un braquage de banque, et le braquage d'un fourgon blindé (Villepinte, 1997) au cours duquel il n'a pas hésité à faire feu sur des policiers. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il ne s'agit pas, ici, de blâmer quelque personne que ce soit. La chaîne judiciaire a œuvré dans son ensemble, et selon les règles en vigueur. Celles-là même qui sont votées au sein de la représentation nationale, par l'Assemblée Nationale et le Sénat. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ce cas de figure est tout de même assez rarissime en ce sens qu'il conduit, quelques mois après libération, au meurtre; dans le cas présent, celui d'une policière. Pour autant, les cas où des profils à peu près similaires sortent de prison sous libération conditionnelle le sont beaucoup moins. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Certes, ceux autorisés à sortir par le Juge d'Application des Peines le sont sur la base d'un dossier jugé "solide". Je pèse mes mots parce que, au final, si le dossier en lui-même présente bien, rien n'est moins certain pour ce qui va advenir à compter de la sortie du condamné. Les travailleurs sociaux, et autres Conseillers d'Insertion et Probation sont, rien que dans leur profession, en nombre limité, avec les moyens en proportion. Très insuffisants au regard de la tâche à accomplir pour être efficaces, je ne vous apprend rien. En tous les cas tels que la société serait en droit de l'exiger. Là encore, il ne s'agit de les pointer du doigt, tant leur métier est difficile, et qu'ils font ce qu'ils peuvent avec, comme l'on pourrait dire, avec les moyens du bord. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Mais il faut reconnaître que libérer, en conditionnelle, des personnages comme Redoine Faid, voir même Christophe Kidder (qui a déjà prévenu qu'il allait s'évader), relève du pari. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Soit on le laisse sortir, et la conditionnelle réussit, et ce pari est dit "gagnant/gagnant" pour l'individu comme pour la société soit, si elle ne réussit pas, elle peut conduire à un futur tel qu'on a pu le voir; même s'il ne mènera pas toujours, heureusement, au meurtre. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il manque donc un échelon intermédiaire qui puisse réguler cette confiance qu'on pourrait apporter à ces détenus ayant pu être dangereux, face au risque pris. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>J'en arrive au propre de ma proposition. Pourquoi ne pas imaginer un service (dépendant de la police judiciaire) qui puisse "surveiller" cette portion d'individus de manière active, dès leur sortie ? </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il s'agit-là non pas d'une surveillance "H24", où il est question de suivre, en permanence le sujet, mais plus d'une sorte d'enquête de réinsertion qui se ferait dans l'ombre, sans même forcément prendre contact physique avec l'individu, de préférence sans même qu'il s'en aperçoive. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Cette surveillance pourrait se dérouler de la même manière qu'une enquête de police ayant pour but de rechercher l'auteur d'une infraction. A la différence qu'elle vise, là, à contrôler la réinsertion de celui qui est désormais ex-détenu. Elle doit viser avant tout le respect de la probation, des obligations faites au détenu libéré mais aussi vérifier, tout simplement de son environnement, de ses règles de vie. Concrètement, veiller à ce qu'il soit effectivement présent à son travail, évaluer son environnement et les risques liés, vérifier le fonctionnement des comptes bancaires (tels que ce que l'on pourrait attendre du "bon père de famille", de sa téléphonie ... ). </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il s'agirait de procéder à une classification de la surveillance. Rouge pour un suivi permanent, orange pour un suivi plus espacé et jaune pour un suivi plus détendu (bi-annuel, par exemple). Cette mesure étant décidée, par le Juge d'Application des Peines, pour un temps bien déterminé. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>A cet instant, les enquêteurs feraient un "rapport" au magistrat, lequel jugera, sur la foi de cette procédure, de la bonne réinsertion du sujet. Auquel cas, il sera totalement libre, ou alors, s'il est jugé potentiellement dangereux, une autre mesure pourrait être décidée, comme le retour en prison. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Pour autant, ce dispositif, qui engendre forcément des coûts humains, en matériels, ainsi qu'un budget de fonctionnement, se doit d'être limité à certains cas jugés potentiellement"à risques", de par la nature des faits pour lesquels les individus ont été condamnés (notamment les vols avec armes, et autres homicides) pour lesquels il semblerait que la justice, par le biais d'un Juge d'Application des Peines, serait encline à tenter la libération anticipée. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il ne s'agit aucunement d'encombrer de tels services, lesquels verraient alors leur efficacité amoindrie. Il me semble que ces entités seraient en capacité de fonctionner par groupe de 5 fonctionnaires par département, le chiffre devant être revu à la hausse sur des grosses agglomérations, fonction également de la densité de la population criminogène. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il me semble qu'un tel dispositif, s'il ne règle pas la totalité du problème de réinsertion de détenus ayant pu présenter un risque, pourrait, en tous les cas, juguler le problème, et limiter les risques. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>En espérant avoir quelque peu retenu votre attention, et vous remerciant d'avoir lu, Madame ou monsieur le Député, veuillez agréer, Madame, monsieur le Député, l'expression de ma considération distinguée. </i><br />
<i><br /></i>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqcW5tOY7a-BkLG0FeQaGVN_FozcvvW0IizMfaTvivTuF4rJz2Ss9PBHHIcDPW793_eH5xb2ceat3NmrQS5HuryQgjSTiwzstOKH3zxZFjkc9E9y_37f80fNtzq6s2Dj6XWDZVxLprSm4/s1600/assemblee_nationale.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="168" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqcW5tOY7a-BkLG0FeQaGVN_FozcvvW0IizMfaTvivTuF4rJz2Ss9PBHHIcDPW793_eH5xb2ceat3NmrQS5HuryQgjSTiwzstOKH3zxZFjkc9E9y_37f80fNtzq6s2Dj6XWDZVxLprSm4/s320/assemblee_nationale.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">l'un d'entre eux aura-t-il l'audace de reprendre l'idée d'un "simple" flic? </td></tr>
</tbody></table>
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Unknownnoreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-9295240577349985712013-05-20T20:47:00.000+02:002013-05-20T20:47:49.031+02:003 ans... 3 ans que ce drame est survenu. Et je me souviens de cette période comme si c'était hier.<br />
Alors que je devais publier un billet tout autre, l'actualité me rattrape...<br />
<br />
3 ans qu'Aurélie Fouquet a été tuée alors qu'elle intervenait pour un accident de la circulation.<br />
Accident qui a mis aux prises une bande de malfaiteurs lourdement armés, et qui n'a vu dans le véhicule de police municipale qui approchait, que le risque d'être interpellé. Groupe qui n'a pas hésité à faire feu, à l'arme de guerre, faisant un mort et sept blessés.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9sJEow57M8Cez_zl_49ARHprOmfpbyPXPL2UyYVnsAMvnkfLrsg78xKcEIrFK_0hC5qocXOPRTwEsHa1mv4g2YnLItpDhfIFDi5bp72T_cpMF9ReOEl0N2X4ruqkt-v9xgHB23xdKJFc/s1600/142687_des-inspecteurs-travaillent-le-20-mai-2010-a-villiers-sur-marne-val-de-marne-sur-la-scene-de-fusillade.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; display: inline !important; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9sJEow57M8Cez_zl_49ARHprOmfpbyPXPL2UyYVnsAMvnkfLrsg78xKcEIrFK_0hC5qocXOPRTwEsHa1mv4g2YnLItpDhfIFDi5bp72T_cpMF9ReOEl0N2X4ruqkt-v9xgHB23xdKJFc/s320/142687_des-inspecteurs-travaillent-le-20-mai-2010-a-villiers-sur-marne-val-de-marne-sur-la-scene-de-fusillade.jpg" width="320" /></a><br />
Aurélie Fouquet était maman d'un enfant de 19 mois, à l'époque.<br />
<br />
Même si j'étais affecté, à l'époque, à la Brigade de Répression du Banditisme de Paris, je n'ai pas participé à l'enquête. Si ce n'est aux multiples interpellations qui se sont déroulées, notamment à Creil.<br />
Jour où, comme de par hasard, Redoine Faid était "absent" de son domicile. La même semaine où un reportage dédié à "Redoine, braqueur repenti" était diffusé sur Canal +". Le hasard ...<br />
<br />
Je me souviendrai longtemps de la diffusion de ce reportage. J'étais abasourdi, en voyant les images défiler ... Ce mec qui, tranquillement, racontait comment il avait fait feu sur des policiers à Villepinte, lors du braquage d'un fourgon blindé, en 1997. Aucune once de regret, dans ses paroles. C'en était presque normal, de faire feu. Ce soir-là, c'est une envie de vomir, qui m'avait parcourue le corps, puis la colère. Alors même que son interpellation était programmée la même semaine, alors même que certains d'entre nous allaient se rendre à son domicile pour tenter de l’interpeller, lui enchaînait, narcissiquement, les interviews et plateaux télé.<br />
<br />
Je rappelle tout de même que, chronologiquement, alors même qu'il écrivait son livre, se déroulait cette fusillade qui a coûté la vie à Aurélie Fouquet; meurtre pour lequel il est mis en examen et même suspecté en être l'instigateur. Ce n'est pas moi qui le dis, mais les juges qui l'ont mis en examen. Même s'il reste "présumé" innocent. A l'instant présent, ce mot "présumé", que je suis obligé d'écrire, il fait mal...<br />
<br />
Comment, au 21ème siècle, un homme condamné peut-il se construire une notoriété sur ses crimes, un peu comme un héros moderne ? Comment les médias ont-ils pu s’intéresser à cet homme, l'ériger en personnalité publique fréquentable ? J'ose espérer que l'histoire leur aura servi de leçon, mais je n'en suis pas sur.<br />
Plus jamais on ne doit médiatiser ces voyous; tout repenti qu'ils se disent être.<br />
Comment un voyou, tout repenti qu'il se dit être (je me répète, mais j'insiste), peut-il se faire de l'argent sur les crimes commis ?<br />
Cet homme qui va voir Michael Mann, réalisateur du film "<a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=14046.html" target="_blank">Heat</a>" (1996) en lui disant être inspiré par son film. Celui-là même qui va jusqu'à mettre un masque de Hockey sur Glace, lors du braquage, comme dans ce même film ...<br />
<br />
Alors quoi ... On braque, on fait feu sur des policiers, au risque de les tuer VOLONTAIREMENT, bien sur, on fait sa petite peine de prison (allez voir cette infographie le concernant, <a href="http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/video-qui-est-redoine-faid-l-evade-de-sequedin-7925838.html" target="_blank">ici</a>) et derrière, on va voir les journalistes, sort un bouquin, fait des reportages télé, et donc, on se fait de l'argent... Directement en lien avec les crimes commis. Comment est-ce possible?<br />
A partir du moment où il est démontré qu'un homme a fait feu sur des policiers, volontairement, on peut logiquement en déduire que cet homme n'a plus aucune morale. Que rien ne l'arrêtera dans sa volonté. Sauf peut-être...<br />
<br />
Et, comme un aveu, ayant bien conscience qu'il n'allait pas sortir avant bien longtemps de prison, Redoine Faid s'est évadé. C'est donc dans ces circonstances que l'on se souvient, que l'on rend hommage à cette jeune policière ...<br />
<br />
Je ne peux que souhaiter que Redoine Faid soit rapidement retrouvé. Et qu'il réintègre l'endroit qu'il n'aurait jamais dû quitter.<br />
Redoine Faid fait partie ce ces criminels qui ne devraient jamais sortir de prison, qui n'est pas réinsérable. Le croire, c'est se voiler la face, et surtout ne pas le connaitre, ne pas connaitre ce genre d'individu. En tous les cas, tels qu'ils sont. La comédie, pour eux, c'est devenu tellement facile...<br />
Je ne citerai pas de noms, la loi me me l'interdisant, mais j'en ai vu, se construire des emplois fictifs pour sortir de prison. J'en ai même vu un se faire employer dans un cirque.... un pied de nez à tout le système.<br />
Comment dire...<br />
"C'est facile, après", allez-vous me dire... peut-être...<br />
Mais notre système actuel est totalement dénué de moyens de contrôle face à tout ceux qui sortent sur "dossier". On en revient toujours à la même chose... Si tant est que la société, nos politiques en tête, le veuillent, avec quels moyens ?<br />
<br />
Mes propos choquent très certainement. Mais je les assume. Certains vont me dire que ce billet est "populiste", ou n'est que l'expression de l'émotion, dépourvu de tout sens critique, de tout sens juridique... Mais c'est oublier que la justice, avant d'être des livres, avant d'être des textes... La justice, c'est la vie, que lorsque je cherche définition du mot justice, j'y lis "caractère de ce qui est juste"... Cette notion peut paraître vague, mais tout de même...<br />
<br />
Bref, c'est une matinée coup de gueule.... mais, c'est la seule chose qui me soit venue à l'esprit ce matin.<br />
En ce sens, je ne peux que me féliciter des annonces de <a href="http://www.20minutes.fr/ledirect/1158425/20130520-traque-redoine-faid-ue-cooperation-mondiale" target="_blank">Manuel Valls</a>; même si, avant-même cela, je n'avais aucun doute quant aux moyens mis en place, et à la motivation des collègues chargés de cette affaire.<br />
<br />
Une énorme pensée à Aurélie Fouquet, à son enfant, sa famille... Que l'avenir leur apprenne à vivre avec ce drame.<br />
<br />
J'en ai terminé, vous pouvez désormais retourner à vos occupations.<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWZYI0ILEBqO9gCGS2B3qMBlby9vkYWAawsFq3Z9kBMwnS3G0Qfpwmsm0foLmHz2n6Pva6LmNPjMusoQcuRWp_kskf6W85EkOhFcDZT3AwCdl5Oqc6WZh0c4LgPNvdjFKPHUBFrU3jdDE/s1600/Aurelie_Fouquet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWZYI0ILEBqO9gCGS2B3qMBlby9vkYWAawsFq3Z9kBMwnS3G0Qfpwmsm0foLmHz2n6Pva6LmNPjMusoQcuRWp_kskf6W85EkOhFcDZT3AwCdl5Oqc6WZh0c4LgPNvdjFKPHUBFrU3jdDE/s320/Aurelie_Fouquet.jpg" width="240" /></a></div>
<br />Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-23776615333893851962013-05-12T19:29:00.000+02:002013-05-13T12:52:05.491+02:00Ordinary man<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
C'est en écoutant le titre de Chinese Man, de l'album Groove sessions vol. 2 (Chinese Man Records), que m'est venue l'idée de ce billet. L'histoire d'un mec ordinaire, que rien ne destinait au demeurant à se retrouver devant moi. Une histoire triste.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Et pourtant. Pourtant j'adore ce morceau, ce n'est pas lui rendre hommage (vous voulez un lien ? --> <a href="http://www.youtube.com/watch?v=xdSxgqiVJYs" target="_blank">là</a>).</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
J'étais alors dans mon premier poste, dans un service d'investigations (pour plus d'explications, je vous invite à lire mes premiers billets, <a href="http://pj-en-capitale.blogspot.fr/2013/04/bio-de-poulet-varie-liste-non-exhaustive.html" target="_blank">ici</a> et <a href="http://pj-en-capitale.blogspot.fr/2013/04/je-me-souviens.html" target="_blank">là</a>). Un week-end de permanence comme il en revient toutes les trois à quatre semaines dans ce genre de service. </div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Croyez-moi, vous chérissez vos samedis et dimanches de repos. Parce que la semaine vous bossez (le rythme hebdomadaire basique d'un policier - en cycle hebdomadaire - est en principe de 40h30).</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Ce samedi donc, je prenais la permanence de matin (6h30 - 14h30). </div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Dix gardes à vue au compteur, du boulot mais rien d'insurmontable. Les permanences décalées ne sont en général montées que par deux effectifs. Je me trouvais en binôme avec un ancien, un brigadier chef qui avait (a toujours en fait) trois fois plus d'années de "boîte" que moi. Il se dirige aujourd'hui vers une belle fin de carrière, fort de l'expérience qu'il a acquise dans ses précédents puis auprès de mes mentors. Bon vent l'ami, mais ne pars pas trop loin, tu me dois un verre.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
C'était un samedi comme je les vomis. Peu de sommeil et trop d'abus, pour cause de soirée à la maison, je pris péniblement la rame qui me menait aux bureaux de la permanence du commissariat, concurrençant par là les "cloches" des souterrains, manifestement bien plus frais que moi. J'effectuais la relève, et buvais du bout des lèvres un mauvais café lorsque la première présentation (une affaire, un flagrant délit en général, effectuée par les collègues de voie publique est présentée pour appréciation à l'Officier de Police Judiciaire de permanence). Bibi donc si vous suivez. Imaginez ma gueule. Ceux qui me connaissent n'auront aucun mal.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Une belle affaire. Deux toxicomanes qui venaient de cambrioler le pavillon d'un familier, pris la main dans le sac avec le butin. Du miel (copyright @Elvis). Garde à vue (droits subséquents bien évidemment, dont il me semble inutile de parler encore une fois, non ? ), fouille du véhicule, auditions, on avançait au plus vite le dossier qui valait mieux que les "petites" affaires de la nuit, elles-mêmes déjà avancées (par là, j'entends les enquêtes ne nécessitant que peu d'investigations et pour lesquelles une décision du magistrat peut être rapidement obtenue). Cette nuit là, petites elles l'étaient, heureusement.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Quand arriva mon champion.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Un "flag", authentique, en pleine rue. Je rappelle à cette occasion que tout citoyen est fondé à procéder à l'arrestation de l'auteur d'un crime ou délit flagrant dont il est le témoin. Ceci découle de l'article 73 du Code de Procédure Pénale (par <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000023876609&cidTexte=LEGITEXT000006071154" target="_blank">là</a>), dont personne n'est censé ignorer les termes. A bon entendeur. Un homme, ordinaire, en apparence, qui après de trop longs déboires, en venait ce samedi matin pluvieux à foutre sur la gueule de Madame. Lui "bomber la guérite" comme on dit souvent.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Devant quatre témoins, oiseaux de nuit de passage (la référence musicale n'aura pas échappée aux plus attentifs). Epic fail.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Il m'est donc présenté à la permanence par les effectifs interpellateurs. Compte rendu, invitation à être entendus des témoins, présentation de la future plaignante. Stupeur, elle a la tête comme un compteur à gaz (probablement l'expression la plus usitée chez nous), elle saigne du nez, l'oeil boursouflé, la lèvre ouverte. Il a eu la main lourde manifestement. Elle a refusé les soins des Sapeurs Pompiers bien évidemment appelés par les collègues.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je place Monsieur en garde à vue, avec notification différée de ses droits, celui-ci étant passablement "beurré comme un petit Lu". Nous tentons de le faire souffler dans l'éthylo histoire d'avoir une idée du taux d'imprégnation, mais il est odieux, arrogant, vindicatif. Il refuse. Ca ne va pas arranger ses bidons. </div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Ce n'est pas à vous, ou du moins certains d'entre vous, que je vais apprendre que la viande saoule est la plupart du temps peu coopérative ... Il me menace de me poursuivre devant tous les tribunaux subsistants à ce jour. Je lève l'oeil droit, prend mon air le plus intelligent (type bovidé flegmatique) et je l'ignore royalement pour le moment, sentant pourtant monter les abeilles en moi. Il passe donc par la case dégrisement.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
La plaignante est entendue sur les griefs qu'elle a à formuler contre ce dernier. Elle souhaite déposer plainte. Nous lui expliquons patiemment les conséquences que vont entraîner la procédure qui débute, pour lui comme pour elle, qu'elle choisisse de déposer une plainte ou non. Dans les textes aucune différence, le Procureur étant le seul décisionnaire quant à la suite à donner aux plaintes. Dans les faits, il est certain qu'une procédure pour laquelle la "victime" (j'en vois bondir au fond de la salle) ne dépose pas plainte a tout de suite moins de poids. Logique imparable.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Le couple n'a pas d'enfant. C'est déjà ça. Nous abordons l'histoire du couple, les difficultés, la survie (ils résident dans un ensemble généralement appelé "cité pourrie" - la terminologie a été changée - difficile de l'arrondissement), éléments qui nous amènent au motif de la dispute qui nous concerne présentement et aux coups qu'elle déclare avoir reçus. Une accumulation de non-dit, de suralcoolisation, et cette nuit d'ouverture de vanne. Heureusement d'ailleurs qu'il n'avait rien en main à cet instant, compte tenu de la violence des coups portés. Elle ne serait peut être plus là pour en parler. Ca arrive, souvent, soit dit en passant.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Aux alentours de treize heures, l'intéressé semble être revenu à de meilleurs sentiments. Il refuse toujours de souffler, néanmoins, il semble lucide et en mesure de comprendre la portée de la mesure prise à son encontre et les droits qui en découlent et que je m'apprête à lui notifier.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Il comprend parfaitement, il me déclare vouloir assurer seul sa défense, et ne pas vouloir être examiné par un médecin. Et oui, Mesdames et Messieurs les avocats, ça arrive fréquemment, contrairement à ce que vous semblez croire. Soit. Je choisis pourtant de l'envoyer voir un médecin car il est porteur de marques, plutôt des griffures, semble t'il défensives de la part de Mme. Normal. Il me faut donc envisager qu'il se voit délivrer une I.T.T (Incapacité Temporaire de Travail, notion "abstraite" qui permet de fixer des seuils en matière de violences notamment, et qui a trait à la durée pendant laquelle les actes habituels de la vie courante peuvent être entravés, gênés voire devenus impossibles : plus de détails <a href="http://www.esculape.com/legislation/itt.html" target="_blank">par ici</a> ). Cette même I.T.T qui sera octroyée à Madame (pas la "même", mais sur le même fondement). Car nous enquêtons à charge, mais également à décharge. Certains à la chevrotine. En l'espèce il a des blessures vraisemblablement consécutives aux faits, je dois les faire constater et permettre au praticien de les "chiffrer". Je dresse donc réquisition à cette fin.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je suis relevé par les collègues d'après midi, mais je décide de rester pour continuer à bosser sur la procédure, n'ayant rien de mieux à faire que de prendre un bon repas et du repos.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je suis destinataire de l'I.T.T de la plaignante dans le même temps. Elle s'est vue octroyer six jours tout de même, les blessures étant "importantes", plus sûrement impressionnantes d'ailleurs, mais pas de nature à occasionner une gêne véritable dans les actes de la vie courante.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Quant à Monsieur, le "car" (comprenez le véhicule dédié) chargé du transport pour qu'il aille se faire examiner par le médecin n'est pas disponible. J'ai donc largement le temps de procéder à son audition. Ne restera alors que l'examen médical, une nouvelle audition, une confrontation comme souvent dans ce genre d'affaires.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je vais le chercher en cellule. Il a retrouvé, comme moi - après dégrisement - figure humaine. Ici, les cellules sont confortables et propres, modernes car récentes. J'ai connu bien pire croyez moi. Je monte à la permanence et m'installe sur un pc. Grande identité (nom, prénom, date et lieu de naissance, domicile, téléphone, filiation, enfants, permis, antécédents judiciaires, addictions diverses etc ...), histoire du couple, déboires éventuels, back ground professionnel ...</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
On vise large pour essayer de comprendre. Puis on en vient aux faits qui l'emmènent devant moi. Je lui demande de me raconter sa soirée jusqu'au moment de son interpellation.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je le laisse parler, il me raconte sourire aux lèvres qu'il n'a rien fait. Je me fissure ("visagalament parlant"), j'ai quatre témoignages concordants qui établissent qu'il lui a courageusement bombé la paillasse. Ça commence mal, il se marre, commence à hausser le ton alors même que je n'ai pas posé de question directe pouvant mettre à mal sa version. Mon binôme, resté lui aussi pour avancer le dossier de cambriolage, me voit fulminer, assis en face de moi. Il jubile, il est d'un calme à faire peur. Les collègues se succèdent dans le bureau, posant diverses questions au sujet des dossiers en cours. Je n'écoute même plus.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
J'attaque donc dans le bois dur, posant les questions qui fâchent. Je le bombarde, il reste de marbre mais il commence lui aussi à monter en pression. Je commence à hausser le ton. Quel intérêt auraient quatre personnes qui ne le connaissent pas, à déclarer de concert, et de manière concordante qui plus est, qu'il a porté de sérieux coups à sa compagne ?</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Réponse: ce sont tous des menteurs, Madame la première ...</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Enfin, plus exactement, c'est lui qui dit la vérité. Les gardés à vue ont une fâcheuse tendance à ne pas répondre aux questions qui leur sont posées, du moins pas directement.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je lui apporte les éléments à charge qui ressortent de la procédure, un par un, les détails des coups décrits par les témoins et qui collent avec les déclarations de sa compagne, plaignante. Il ricane. Je hurle. Il me demande pourquoi je lui crie dessus. Beaucoup de monde dans les bureaux se demande pourquoi d'ailleurs. C'est vrai, les violences conjugales ne sont "pas du tout" la marotte du Parquet. Je lui explique les conséquences possibles de ses actes, la politique actuelle dans ce genre de faits, et le sens de l'humour relatif des magistrats face à de telles déclarations appuyées par des éléments. Il est vrai que bien souvent c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre, si ce n'est les traces de coups éventuelles. Bien que rien ne puisse établir souvent que les coups ont été portés par M. à Mme (plus rarement l'inverse).</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Mais là, l'affaire est carrée. Ses dénégations n'ont donc pour seule conséquence que de me faire monter en pression. Je pose toutes les questions nécessaires, jusqu'au bout, qu'il balaie toutes d'une main, avec une mauvaise foi crasse et un aplomb de professionnel. Pourtant il ne l'est pas. C'est, semble-t-il, la première fois qu'il lève la main sur Madame.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je mets fin à l'audition, rien ne sert de continuer, j'ai en main le plus beau PV de "chique" de la semaine. Il discute toutes les questions en relecture, et j'effectue quelques modifications à sa demande, qui ne font que l'enfoncer un peu plus bas et lui demande de signer ses déclarations. Il refuse. Grand bien lui en fasse. Je lui explique que ce sont ses propres déclarations, qu'il vient de relire et avec lesquelles il semble d'accord. Je lui explique que je ne vais rien modifier, certainement pas après. Il finit par signer.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je le descends en cellule (les bureaux sont à l'étage et nous sommes en démocratie, rassurez-vous, je ne lui ai donc pas fait plus de mal).</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je laisse donc aux collègues de l'après midi le soin de l'envoyer voir le médecin, éventuellement procéder à une nouvelle audition et bien sûr, en cas de persistance sur cette voie, de conduire une confrontation avec son "accusatrice".</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Puis je m'engage sur le chemin du retour, pensant déjà à m'affaler mollement sur mon canapé pour une sieste sans rêve. Que je crois ...</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Un collègue qui reprend le dossier m'appelle, pour me dire que mon champion veut absolument me parler, qu'il a des choses à me dire. Seulement à moi (le casse couilles). Putain il était temps ... Je décide donc de repartir au service. Ce serait dommage de priver ce brave homme de son besoin de se soulager. </div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Lorsque j'arrive, il est en pleurs dans les cellules, il hurle, tape sur la porte, mais se calme en me voyant. Pas courant. Il me dit que j'avais raison, oui, il a tapé sur Madame - il regrette - que j'ai eu raison de lui crier dessus et de m'énerver. Les témoins étaient bien là, et ont bien vu ce que Madame a décrit. Il me dit qu'il n'en peut plus, qu'il a complètement pété les plombs. Je le calme, lui explique la suite de la procédure. Je tente de lui faire comprendre que les faits sont là et qu'ils ne peuvent être effacés. Il le sait mais il ne réalise pas la gravité de son geste, je lui propose d'être entendu à nouveau par un autre collègue et d'être examiné par un médecin à ma demande. Il acquiesce. Je lui expose la suite des évènements, le défèrement qui va suivre - sans nul doute - la nuit au dépôt, la comparution immédiate, la possibilité de demander un avocat qui le défendra au mieux. Il est d'accord, il veut en finir. En même temps, il n'a plus le choix.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je le place donc entre les mains d'un collègue que je sais être calme et le salue. Il me demande mon nom et les coordonnées du commissariat, je les lui donne.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Il a probablement passé une sale nuit ce jour là, alors que moi j'ai dormi comme un bébé.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Je ne l'ai jamais revu, mais à l'issue de la procédure qui a pris fin le concernant, il m'a appelé.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Il m'a rappelé que ce jour là quelqu'un lui a parlé plus fort qu'il ne l'avait fait sur Madame. Il m'a dit que l'électro choc qu'il avait reçu lui avait fait du bien. Je suis heureux de l'avoir aidé, même si je regrette d'avoir eu à en arriver à m'énerver.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Il m'a dit avoir été condamné, ce dont personne ne doutait, mais avoir été soulagé par une peine qu'il estimait méritée et mesurée.</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
Madame lui a pardonné - "chose peu ordinaire" - mais au moins, de leur histoire, je n'ai plus entendu parler.<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
Flam</div>
</div>
</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-47911446867714879622013-05-05T21:11:00.000+02:002013-05-07T02:36:41.518+02:00un flic, ce n'est pas... <div style="text-align: justify;">
Voilà deux semaines, je vous expliquais ce que pouvait être un flic; pour le moins, qui il était, à l’intérieur.<br />
Dans la continuité, j'ai eu envie de vous dire ce que n'était pas un flic.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'objectif est double: mettre à mal certains clichés véhiculés, mais aussi, de manière plus directe, dénoncer les attitudes qu'ont certains, vis à vis des policiers qu'ils croisent, dans leur environnement personnel ou dans des situations de la vie courante.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
* * * * *</div>
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic n'est pas dépositaire de la politique de sécurité menée par le ministre de l’Intérieur en place</i></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Je n'en suis pas plus dépositaire de la politique menée par M. Manuel Valls, que je ne l'étais avec Nicolas Sarkozy. Il faut bien être conscient que, chacun, dans la tâche qui est la nôtre, nous accomplissons notre tâche dans un service dédié. Lequel a, lui-même, une mission bien spécifique; que cela soit des interventions de Police Secours sur dans une circonscription, ou dans un service spécialisé face à un type de délinquance spécifique. Les services sont aussi nombreux que les missions sont disparates.<br />
Chaque nouveau ministre a son lot d'idées nouvelles, réorganise certains services, et crée d'autres... parfois-même utilise des anciens, avec un nouveau nom ... Mais nous, fonctionnaires, les flics que nous sommes, obéissons à notre service d'emploi. Lequel, bien sur, va dans le sens de la politique ministérielle. Mais, en aucun cas, les policiers ne sont responsables de la ligne politique ayant cours. Donc inutile de se déverser sur la politique de sécurité. Si nous en sommes acteurs, nous n'en sommes pas responsables.<br />
Je ne compte plus les soirées auxquelles j'ai participé et au cours desquelles j'étais fautif de tous les dysfonctionnements policiers, devant passer mon temps à me tenter de justifier l'action du Ministère tout entier ... </div>
<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic qui dresse une contravention, ne le fait pas parce qu'il n'a "ça à foutre plutôt que de s'évertuer à interpeller les voyous, les meurtriers et "les mettre en prison".</i></blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Là encore, chaque policier se voit attribuer une mission bien particulière, qui correspond à une nécessité de "service public" ou de "sécurité". Même s'il est difficile de nier le zèle de certains, il est des services qui sont spécialisés dans la police de la route. Et c'est donc de leur devoir de vérifier les permis de conduire, certificats d'immatriculation et autres papiers où conditions de circulation d'un véhicule. Même s'il peut vous paraître qu'il est plus facile de "taper dans le portefeuille" de l'automobiliste que du trafiquant de cannabis local. D'abord, c'est une réalité, mais ensuite, le but poursuivi n'est pas le même. Ce n'est pas parce que l'on priorise la lutte contre les trafics souterrains, que l'on doit laisser de coté la sécurité routière. </div>
<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic n'a pas pour seul objectif que de contrôler à plusieurs reprises la même personne... de préférence dans la même journée, juste pour l'emm... l'embêter</i></blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Vous l'aurez compris, je cible, ici, les contrôles d'identité. Sujet, ô combien sensible. Si je comprend qu'on puisse être "fatigué" d'être contrôlé fréquemment, il faut aussi comprendre les policiers, qui sont obligés de cibler leurs contrôles. Ils n'auraient aucun intérêt à contrôler une grand-mère qui va faire ses courses en pleine campagne. Et, tout naturellement, les contrôles s'exercent donc là où se trouvent nombre de délinquants, notamment dans les cités sensibles, et sur certaines classes d'âge, sur des individus ayant un certain comportement. Ce qui ne signifie en rien que, pour autant, tous ceux qui vivent dans une cité sont des délinquants en puissance. Mais si l'on savait à l'avance qui est délinquant et qui ne l'est pas, cela serait facile. Et c'est loin d'être le cas. <br />
<br />
<br />
<div style="text-align: start;">
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic, dans une voiture qui vous dépasse, avec le gyrophare, dans les bouchons, là aussi, ce n'est pas parce qu'il va prendre l'apéro, ni parce que la fin de service approche</i></blockquote>
<br />
<div style="text-align: start;">
<br /></div>
<div>
Il y a foultitude de raisons qui peuvent faire qu'on use de ce système qui est, il faut l'avouer, un privilège. ET c'est la raison même de son existence, et son utilisation.<br />
Bien évidemment, la première raison, c'est l'intervention en urgence... un accident, un braquage en cours (bien que...), une agression.... mais ça peut aussi être un "péjiste" qui, d'urgence, doit se rendre sur une surveillance importante. Soyez bien conscients que ceux qu'il nous arrive de surveiller ne nous attendent pas pour poser sur la photo. Imaginez qu'il faille se rendre sur un rendez-vous, pour surveiller des objectifs tout en respectant toutes les règles du code de la route. Le "deux tons" peut aussi être utilisé lors de la présence d'un détenu à bord. Il s'agit-là d'une mesure de sécurité, puisque l'on estime que moins longtemps nous serons sur la voie publique, fragilisés par la présence du détenu, mieux cela sera.</div>
</div>
<br />
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<i>Un flic qui doit faire usage de la force de le fait pas par plaisir </i></blockquote>
<br />
La violence n'est une solution à rien, et n'intervient toujours qu'en dernier recours. Que l'on soit policier ou non. Elle n'est toujours qu'un moyen de défense. Y compris pour le policier. JAMAIS elle n'est de la volonté du policier, ni même préméditée. Il est une réalité: si une personne devient violente, ou ne se laisse pas interpeller, la réaction du policier ne peut être dictée par la seule formation théorique qu'il a reçue; si la personne ne se laisse pas faire, on agit bien souvent "comme on peut". Il n'est pas forcément aisé de mettre les techniques enseignées en pratique, à l'instant T. Il est alors question de réactivité, de réflexes, d'efficacité ... J'ajoute que si les policiers sont plusieurs à interpeller un seul, ce n'est pas par lâcheté. Il ne s'agit pas là d'un concours de muscles où on verra, à la fin, qui est le plus fort ! Il n'y a que le résultat qui compte. Que l'objectif soit maîtrisé.<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic, ce n'est pas un "pote" qu'on n'appelle pour faire sauter le dernier excès de vitesse qui risque de faire passer le permis de conduire à la trappe </i></blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Si je puis dire, "il fallait y penser avant".<br />
Dire que cela n'existe pas serait un gros mensonge. Maintenant, il est une autre vérité; les passe-droit sont de moins en moins possibles puisque de nombreuses infractions sont désormais informatisées dès le début, sans intervention humaine, à partir du moment où l'immatriculation d'un véhicule en infraction est enregistrée. Tout est électronique, jusqu'à ce que le facteur dépose le pli fatidique dans votre boite à lettres. </div>
<div style="text-align: justify;">
Donc, dans votre répertoire téléphonique, classé à l'entrée "SOS prune", définitivement... ce n'est pas ça, un flic !</div>
<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic, ce n'est pas non plus le copain (parfois, même pas) qu'on appelle, le samedi soir, parce que le voisin se fait un pétard sous la fenêtre, et qu'il faut démanteler, tout de suite, le trafic de stupéfiants international qui sévit...</i></blockquote>
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Il faut bien être conscient que nous avons tous, chacun en ce qui nous concerne, une mission bien précise. Des enquêtes judiciaires que l'on nous a ordonné, les interventions urgentes sur la circonscription sur laquelle nous sommes affectés ... Bref, je ne vais pas "sortir mon flingue" pour aller voir le voisin, la placer en garde à vue pour les deux années à suivre, ni même lui demander d'aller fumer un peu plus loin ... </div>
<div style="text-align: justify;">
Le mieux à faire, sur un conflit de voisinage sera toujours d'appeler le commissariat ou la gendarmerie locale qui sera la plus à même d'intervenir s'il le faut, fonction, bien évidemment, de ses moyens et des contraintes courantes, qu'il ne faut pas ignorer. </div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>Un flic, ce n'est pas celui qu'il faut montrer du doigt aux enfants, en leur disant "si tu n'es pas sage, il va te mettre en prison". </i></blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
A cet âge là, bien au contraire, les enfants doivent avoir pleine confiance dans les policiers qu'ils croisent, et se dire que s'ils ont un jour un problème, ils pourront s'adresser à un policier et avoir toute confiance en lui. La première mission du policier, c'est aider. </div>
<div style="text-align: justify;">
Je me suis toujours défendu de ce qu'un parent pouvait me représenter comme un empêcheur de faire des bêtises en rond. Ma première mission, c'est de défendre. Et celle des parents, de s'occuper de l'éducation des enfants, et définir quels sont les interdits, et les éventuelles "sanctions". </div>
<br />
Enfin, et cela me tient à cœur,<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i>un flic, ce n'est pas un "fonctionnaire"... </i></blockquote>
... en tous les cas au sens péjoratif du terme.<br />
<div style="text-align: justify;">
La majorité d'entre nous ont soit des horaires dits décalées (avec des cycles matin/après-midi) ou alors, s'ils sont en cycle hebdomadaire, comme le sont les enquêteurs, c'est qu'ils font des heures supplémentaires dont la majorité ne sont ni payées ni récupérées. </div>
<div style="text-align: justify;">
Le seul avantage dont bénéficie le policier en tant que "fonctionnaire" c'est, il faut le reconnaître, la sécurité de l'emploi. A cela un petit bémol... contrairement à un fonctionnaire employé dans une mairie, une administration centrale..... Le policier peut, en quelques secondes, avoir sa vie entière sens dessus dessous. Une rixe au cours de laquelle il est lui-même blessé, ou, inversement au cours de laquelle il blesse quelqu'un, et sa vie bascule. C'est la double peine; plus d'emploi, plus de salaire, et peut-être même un passage par la case prison ... Tout peut basculer en quelques secondes. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<div style="text-align: center;">
* * * * *</div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Vous l'aurez compris. Le métier de policer, de flic, n'a rien, en tant que tel, de normal. Ce que nous faisons, au quotidien, n'est, la plupart du temps, pas ordinaire. C'est bien là que se situent les difficultés. Dès lors, il ne s'agit pas de voir, par la présence d'un flic dans votre entourage, quelqu'un qui peut vous procurer des avantages. Mais pas non plus des inconvénients. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les policiers ne sont, avant tout, que des hommes. Et, en cela, ils sont comme tout le monde. Avec des forces, des faiblesses. Encore une fois, pas mieux, mais pas moins bien non plus. </div>
<br />
<br />Unknownnoreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-14866381911359296252013-04-25T18:57:00.000+02:002013-04-25T23:33:32.302+02:00Je me souviens Je me souviens de mon arrivée dans un mon premier service, un commissariat mythique du Nord Est parisien. Classé dans le ventre mou d'une promotion devenue plus sélective d'officiers (en vue du "pyramidage" du corps, une vaste pantalonnade, mais j'en reparlerai), je n'avais guère le choix quant à la nature des fonctions exercées. Les meilleurs postes - et c'est bien normal - étant bien sur prisés des anciens qui travaillaient pour ça (par là j'entends les anciens membres du corps d'encadrement et d'application: les gardiens et gradés ayant réussi le concours interne ou externe d'officier ou recrutés au choix comme les brigadiers major). Je voulais quoiqu'il en soit faire du "judiciaire". De la police judiciaire, des enquêtes en gros. Ou en détail.<br />
Je n'aurais pas détesté faire de la voie publique (service général), en tenue j'entends, mais mon choix était fait. Rien n'empêche d'ailleurs d'aller sur le terrain en judiciaire. Bref. J'ai donc opté pour un S.A.R.I.J (Service d'Accueil, de Recherches et d'Investigations Judiciaires) de l'ex D.P.U.P (Direction de la Police Urbaine de Proximité). En deux mots la sécurité publique de la Préfecture de Police. La "PP", cette "vieille dame qui n'aime pas qu'on la prenne par derrière" (voir "36", d'Olivier Marchal). Le choix se fait au sein du grand amphithéâtre de l'école, scène très justement retranscrite dans divers longs métrages, dont "Le petit Lieutenant" <a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=58842.html" target="_blank">(Ici)</a>.<br />
<br />
J'étais heureux de "tâter" du judiciaire, dans un arrondissement qui "bougeait". Je vous passe les détails de l'arrivée et du détail de l'installation à Paris de provinciaux. Puis j'ai été reçu par le Chef de service, car en bon fils de famille bien élevé, je suis venu me présenter. Une femme. Dure. Elle m'a dit, après m'avoir serré la main, certainement pour me mettre à l'aise : "Je n'ai pas besoin de vous ici, des officiers, j'en fais sortir dix en tapant dans n'importe quelle poubelle". Ambiance, j'aurais eu quinze ans de boite je lui retournais le bureau sur la gueule (c'est une image, ne vous affolez pas). Après tout j'ignorais tout des arcanes de la boite. Lorsqu'elle a été mutée, elle m'appelait par mon surnom comme tout le monde.<br />
<br />
En effet des officiers, il y en avait un paquet, une véritable armée mexicaine (j'en vois ricaner certains au fond, j'ai l'oeil, tenez vous un peu nous ne sommes pas à la cafétaria). En fait de quoi, la prétendue pyramide du service tenait plus de la bouteille d'Orangina que des merveilles d'Egypte. Un beau bordel.<br />
Et pourtant certains d'entre eux, gardiens, gradés et officiers, m'ont appris mon métier, avec patience, et donné le goût d'une procédure pour laquelle je commence à développer d'inquiétants TOC. Souvent accompagnés de phases de rechute d'une mauvaise rémission de Gilles de la Tourette, les jours de grande fatigue.<br />
<i>Certains d'entre eux sont partis aussi, subitement. Laurent, si tu me lis, pose ta bière et ta putain de clope et arrête de ricaner sale enfoiré. Tu me manques.</i> <br />
<br />
Je me souviens de ma première interpellation dans mon premier service. Un jeune (le prénom a été changé), mineur, avait arraché le sac d'une pauvre vieille sans défense, pour quarante euros, et l'avait traîné sur quelques mètres, car elle ne lâchait pas prise. La vieille carne ... Elle a osé s'ouvrir le crâne et dégueulasser de sang (le "résiné" dans le jargon) le hall de son immeuble, car bien évidemment elle avait été attendue par son "prédateur".<br />
Je me souviens des insultes de ce petit con, qui juraient avec le calme olympien des collègues qui m'accompagnaient, dont les mères étaient de longue date rhabillées pour de nombreux et rudes hivers. J'ai envié leur flegme, je bouillais intérieurement.<br />
J'ai pu constater durant les cinq ans que j'ai effectué dans ce commissariat, que le vol avec violences est le délit le plus communément rencontré. Une telle banalisation a de quoi faire peur. Surtout qu'en cinq ans la violence avec laquelle ils étaient commis a fait un bond effrayant.<br />
<br />
Je me souviens de ma première enquête décès. L'enquête décès, à proprement parler enquête en recherche des causes de la mort, est prévue par l'article 74 du Code de Procédure Pénale, lesquelles causes peuvent être naturelles, ou s'avérer violentes (suicide, accident par exemple), voire criminelles auquel cas le cadre d'enquête est amené à évoluer (enquêtes préliminaires ou flagrantes, voire commission rogatoire). Là encore, une petite vieille, morte seule, sans bruit. Il n'y avait rien de suspect bien sur, presque une formalité. Je parle bien naturellement de l'enquête elle-même, car au fond la vue d'un cadavre (un Delta Charlie Delta soit DCD en language châtié) est toujours dérangeante. On ne s'y habitue totalement jamais, quoiqu'en disent certains. Et comme bien souvent dans la formation, les collègues ne sont préparés qu'aux situations bien cadrées et aseptisées. Petite pensée aux collègues courageux de l'été caniculaire.<br />
<br />
Je me souviens également de ma première autopsie, pour rester sur les mêmes plates bandes.<br />
Une enquête décès "banale", si tant est qu'un décès puisse l'être, une histoire sordide de plus (l'autopsie est ordonnée par les membres du Parquet, directeurs des enquêtes - en l'espèce - , la référence qui va bien <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=02DF592D32E649AE8BDC98B84EACD379.tpdjo09v_3?idArticle=LEGIARTI000025585622&cidTexte=LEGITEXT000006071154&dateTexte=20130414" target="_blank">ici</a>). Un Institut Médico Légal a toujours un air de je ne sais quoi, dérangeant, il y règne une ambiance vraiment particulière. Curieusement, les bâtiments les abritant ne sont jamais accueillants. J'arrive, le corps est sur la table, seul un mince drap le recouvre. Rien qui ne permet de couvrir l'effluve pestilentielle qui flotte, omniprésente.<br />
Nous sommes au mois de juillet, il fait une chaleur de bête, l'humidité est pesante. La climatisation souffreteuse est loin d'être suffisante. Cette odeur ... Car il n'y a vraiment que cela qui est indisposant. La vue d'un cadavre, putréfié, saponifié (détails <a href="http://antre-winchkrenienne.chez-alice.fr/csi/techn/csiautopsie.htm" target="_blank">ici</a>), voire momifié n'est rien en comparaison. A mon humble avis. Car l'odeur c'est la tienne, celle que tu as toujours dans le nez mais que tu ne sens véritablement jamais. Animale, intérieure, crue.<br />
Les gestes du praticien, débutent, par les "crevées" pratiquées dans les membres supérieurs et inférieurs, sur les deux faces, afin de mettre à jour d'éventuels traumatismes et/ou hématomes. Brutal. Le corps humain est fascinant, si résistant et fragile à la fois. Puis l'incision du tronc (en "Y" ou mento-pubienne, au choix). Là on atteint le coeur du sujet (oui, elle est aisée), après que les côtés ont été sectionnées. Le professionalisme du légiste est capital, pour dépersonnaliser la chose. En toute circonstance, il te faut garder le but en tête: découvrir les causes de la mort. Ne subsiste que l'odeur, au sujet de laquelle je déconseille vivement l'usage de pommades type Vicks qui ne font que dégager les voies aériennes, et laissent entrer davantage de miasmes. Sur ce point, le port d'un masque est utile, l'impression de "sentir la mort" après un contact avec un cadavre étant due à ces mêmes miasmes présents dans les cloisons nasales. L'emport d'un spray type stérimar est chaudement recommandé. Extractions des organes internes, pesée, scellés (humeurs vitrées, contenu gastrique, sang tissus, urine, etc ... ). Puis la boite crânienne. Craintifs des dentistes, fuyez !! La roulette d'icelui c'est de la flûte à côté. La phase la plus impressionnante restant toutefois la dépose du "masque" du visage après incision du cuir chevelu. Et la découpe de la boîte crânienne donc. Le reste c'est de la littrée rature non ?<br />
<br />
Je me souviens de mon premier avis parquet, une réussite (une C.E.E.A soit Conduite sous l'Empire d'un Etat Alcoolique, autant dire un non évènement en terme de compte rendu). Je me souviens également du premier où je me suis fait déchirer par un Parquetier, pour ne pas avoir, je cite, "assez maîtrisé mon dossier". J'en garde un souvenir amer mais la meilleure expérience aussi. Le substitut en question, lassé d'une longue semaine de permanence et d'appels trop approximatifs comme le mien, avait probablement les "couilles à l'envers" lui aussi. J'ai su me rappeler à son bon souvenir dans des circonstances plus heureuses. Professionnellement également.<br />
<br />
Je me souviens également de ma première garde à vue. Celle que j'ai notifié, sinon je ne serais pas là pour en parler, bien que nous n'en soyons plus à une aberration près. L'acte le plus important et le plus grave - le plus décrié - en tant qu'officier de police judiciaire (O.P.J), le plus banalisé aussi. Par manque de recul, par peur de la pression, de "Môssieur" le Chiffre, par nécessaire réserve ou manque de celle-ci. Je n'ai pas souvenir d'avoir pris une garde à vue sur instructions, si ce n'est celle du magistrat. Je n'ai à ce jour pas de deuxième trou au cul. <br />
<br />
<i>Ndlr: certains semblent confondre la qualité d'officier de police judiciaire, qui peut être, et est désormais souvent commune aux trois corps de ma "maison" et celle d'Officier, grade, "qualité" administrative, purement structurelle et hiérarchique. Ceci appellera surement précision bien que le sujet ait été largement abordé ailleurs (organisation par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Police_nationale_(France)" target="_blank">là</a>)</i><br />
<i><br /></i> Je me souviens de mes premières surveillances et filatures. Les filatures que tu rates immanquablement au début, parfois même après, même avec l'expérience (je parle de moi hein). Des repas avalés à la va-vite dans les voitures, des kebabs couinant de gras, des sandwichs anémiques, des Big Mac que tu jettes sur la banquette quand le mec vient "à sortir", à "tuber" ou je ne sais quoi pour pourrir le délicieux repas que tu étais en train de savourer. Je me souviens des nombreuses fois où je me suis fait baiser par un mec filé dans le métro, comme un bleu. On apprend beaucoup des autres, mais apprendre de ses erreurs reste la meilleure école.<br />
<br />
Je me souviens bien évidemment de ma première convocation à l'I.G.S, et de celles qui suivirent. Je me souviens du futal en cuir que portait le Capitaine qui m'avait entendu la première fois. Ca m'a aidé à me détendre, je l'imaginais avec son flacon de talc et je marrais. Je n'ai, à ce jour, toujours pas eu notification des décisions magistrales qui furent prises. Normal. Ou plutôt étonnant quand on connait l'empressement à saisir ledit service, et celui qui consiste pour l'administration à t'appuyer la tête sous l'eau et à te lâcher lorsque les emmerdes arrivent. Oups, mon devoir de réserve vient d'en prendre un coup derrière les étiquettes.<br />
<br />
Je me souviens bien entendu des pots, légendaires, souvent exagérés, parfois sous estimés, des départs, des arrivées, du turn over incroyable des collègues, des burn out, des défaillances, des réussites, qui ne peuvent bien souvent être que collectives malgré l'égo de certains. L'expression consistant à dire que la police est ta deuxième famille est loin d'être usurpée. Ne serait-ce que parce que si tu te "sors un peu les doigts du cul" pour être autre chose qu'un fonctionnaire, c'est celle que tu vois le plus souvent.<br />
<br />
Je me souviens d'avoir souvent ri, parfois pleuré, d'avoir été parfois remercié, souvent insulté, d'avoir entendu des horreurs sur ma mère, d'avoir également partagé, de ne plus avoir été un flic souvent, d'avoir exercé cent métiers. Je me souviens d'avoir été complice, ou confident. D'avoir été confiant, mais plus rarement.<br />
Je me souviens avoir été intransigeant, mais également indulgent. Je me souviens de nombreuses histoires tristes ou drôles, de tranches de vie, de vies tranchées, bousillées, de renaissances, de moments de joie, mais plus certainement de tellement de visages.<br />
Je me souviens d'avoir été compris, plus souvent ignoré. <br />
Je me souviens d'avoir eu à être sage. <br />
<br />
Je me souviendrai, c'est tout l'intérêt.Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/01787068595530029095noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-1202013150013291375.post-26055442224621116502013-04-19T19:36:00.004+02:002013-04-25T23:48:00.202+02:00un flic, finalement, c'est... <div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Avant toute chose, je tiens à remercier <a href="https://twitter.com/Kaptain_Flam" target="_blank">Kaptain'Flam</a> de m'avoir rejoint sur ce blog. Lorsqu'il a évoqué ses envies d'écrire, j'ai immédiatement sauté sur l'occasion, en lui proposant de s'associer sur ces pages.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il a désormais franchi le pas, posé quelques meubles, et j'espère qu'il se sent bien par ici, que la déco lui plait. J'en profite pour lui adresser un message personnel: <u>Kaptain, range tes calbutes, s'il te plait ;)</u></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Plus sérieusement, nous pourrons désormais à deux, tenter vous faire comprendre, au mieux, la manière dont nous fonctionnons, ce que nous pouvons ressentir, de l'Intérieur.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Et nous ne serons pas trop de deux à nous y employer.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<div style="text-align: center;">
-----</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/MLGhYyH79d0?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="text-align: center;"> petit fond musical pour la lecture...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="text-align: center;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
Depuis que ce blog existe, j'ai toujours eu la volonté de -re-dresser, en quelque sorte, l'image de la police. Démontrer, s'il le faut, qu'un flic, ce n'est pas juste des contraventions, des bavures, un pourri ou encore un alcoolique-dépressif qui met le nez dans la cocaïne Parce que, au fond, c'est ce que je pense. Enfin, j'imagine que c'est ce que certains pensent à force de films et séries pleins de clichés.</div>
<div style="text-align: justify;">
A l'évocation de ce lieu qui sert, entre-autre, d’exutoire, alors que j'en discutais avec un ancien chef de groupe, celui-ci m'avait fait la réponse suivante:</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
"qui crois-tu que tu vas convaincre? Ceux qui apprécient la police le sont déjà; et les autres ne le seront pas plus"</div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Je ne sais, encore aujourd'hui, s'il a tort. Si j'ai pu, ne serait-ce qu'à une seule reprise, convaincre du bien-fondé de mon métier, et de ce que, sans être parfaits, nous y tendons sur chacune de nos enquêtes, sur chacune de nos interventions... si j'y suis arrivé une seule fois, j'en serai satisfait.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'autre image renvoyée par le métier de flic, c'est le boulot "cool". On arrête les méchants, une bonne baston de temps à autre pour se défouler, des "filoches", des "planques"... c'est aussi une bonne bière après le boulot, un calibre à la ceinture, et éventuellement un uniforme pour séduire ces dames...</div>
<div style="text-align: justify;">
ah l'imaginaire...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Etre, flic, c'est aussi les " belles affaires" qui sortent, qui font notre fierté, mais aussi la réussite de nos supérieurs, en même temps que la une de certains quotidiens de presse. Si l'affaire est médiatisée, le Préfet est content; une ou deux fois, sur une carrière, on voit le ministre qui arrive, pour voir quelque somme d'argent, des stupéfiants, ou des armes saisies...</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
Et pourtant, tout cela ne représente que peu de choses, en fait.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais tout ceci n'est que la partie émergée de l'iceberg, celle qui est la plus visible ...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'ai tendance à résumer le bon enquêteur à un flic qui pose les bonnes questions.... mais surtout, qui sait à qui les poser, ces questions, pour en tirer de bonnes réponses.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Le boulot de flic, c'est chercher... chercher, et encore chercher... pendant des heures, des semaines, voir des mois...c'est passer des heures avec un casque sur les oreilles, à écouter ceux qui sont des objectifs; avec, bien entendu, toutes sortes de conversations. Je dis bien TOUTES sortes. Dont la plupart n'ont aucun intérêt pour quelqu'un d’extérieur à la conversation. C'est, en complément, passer des heures devant un ordinateur, à faire des recherches, toutes aussi variées les unes que les autres, pour identifier un individu, relier les individus entre eux, tenter de comprendre leurs interactions, que certains mettent tant de mal à vouloir nous cacher .</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est rentrer chez soi le soir à vingt heures, après avoir passé près de douze heures au bureau. Et puis repartir, parfois au bout de quelques minutes, parce que "ça bouge", et entamer une filoche.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Etre flic, c'est aussi se lever parfois à quatre heures du matin, pour aller interpeller un suspect chez lui, alors même qu'il habite à l'autre bout du département! C'est retourner au service à midi, après la perquisition les embouteillages, pour rédiger les procès-verbaux en relation avec la garde à vue, en ayant mangé un sandwich, sur le pouce. C'est finir le soir, à minuit passé, et revenir le matin au bureau, à huit heures, pour continuer à gérer la garde à vue. Si tout va bien, il n'y en a qu'un à gérer. Si ça va moins bien, il faut chercher d'autres gars, procéder à d'autres perquisitions.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Etre flic, c'est parfois voir arriver le vendredi, et se dire que, toute la semaine, on n'a pas -ou peu- vu les enfants... et c'est là qu'arrive une affaire. GAV ou saisine du vendredi... week-end pourri Ce n'est pas encore là qu'on va passer un peu de temps en famille... et puis arrive, comme un cycle sans fin, le début de la semaine. Les dossiers qui sont toujours là, et sur lesquels il ne faut pas prendre de retard, ou en tous les cas éviter de l'accumuler... ce qui est, je vous assure, loin d'être évident. Bien sur, l'affaire qui "tombe", ce n'est jamais au bon moment, toujours lorsque l'on est débordé....</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Etre flic, c'est aussi, parfois, une enquête de plusieurs semaines sans réussite. On cherche à sortir une affaire qui nous est confiée, d'en identifier les auteurs... mais rien n'y fait! Tout se dérobe. Les pistes, les unes après les autres, finissent en impasse. Arrive un moment où l’investissement a été tel qu'on a du mal à se résoudre à l'échec. Alors on recommence. Peut-être depuis le début, ou par le biais d'autres pistes. Et toujours rien. On tire les ficelles les unes après les autres, et elles pètent toutes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors, le flic, il rentre chez lui. Comme tous les soirs. Plus ou moins tard. Avec pas trop le moral.... les affaires n'avancent pas, l'ambiance du groupe n'est, de fait, pas au beau fixe, pour peu que le copain de bureau n'ai pas eu sa mutation, et le chef de groupe n'a pas eu sa promotion au grade supérieur, ou encore que l'affaire qui nous tenait à cœur ait été confiée à un autre service, soit-disant plus prestigieux ...</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme le péquin moyen, ce flic, il va rechercher l'équilibre du foyer. Voir ses enfants, et puis sa femme..</div>
<div style="text-align: justify;">
Et puis, finalement, ce réconfort, il ne le trouvera pas non plus; parce que, à la maison, comme au boulot, eh bien ça ne va pas fort... les résultats à l'école du petit dernier ne sont pas bons, madame se dit qu'elle passe plus de temps seule qu'avec son mari, se demandant à quoi bon attendre. Parfois... ou souvent, je ne sais pas, être femme d'un flic, surtout en PJ, c'est un peu sacrifier sa carrière professionnelle... parce que, forcément, si déjà le père n'est pas à la maison, il faut bien que quelqu'un y soit. Et, une carrière, ça se gère rarement entre 8h/12h et 14h/18h...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je me dis parfois qu'être flic, avec une fonction de police judiciaire, c'est un peu d’égoïsme...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est une phrase que j'ai entendu dans tous les services de PJ où j'ai fait un passage:</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<i> "l'essentiel, c'est de se faire plaisir".</i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Je vois bien vos visages interloqués, à vous demander ce que peut bien signifier cette expression, alors même que l'on côtoie une misère sociale certaine, avec ou des victimes, ou des mis en cause...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les enquêteurs ont bien souvent compris qu'ils n'avaient que peu à attendre de l'administration. La PJ n'est pas une spécialité, au sein de laquelle les avancements sont les plus rapides; pour vous donner un exemple, un flic de PJ qui se présente à un examen, ne va pas devoir réciter le Code de Procédure Pénale, mais plus certainement les différents régimes horaires pratiqués dans l'administration policière, ou encore lister les différentes catégories de sanctions... Il n'y a pas, non plus, en PJ, de facilité de mutation, bien au contraire; pour beaucoup, partir en mutation, c'est retourner en tenue. Peu importe l’expérience accumulée en judiciaire...</div>
<div style="text-align: justify;">
Bref... se faire plaisir, c'est, pour celui qui est sur le terrain, être "bon" en filoche... pour celui qui est au bureau, c'est identifier l'auteur du crime dont il a la charge de l'enquête... pour un chef de groupe, ça sera de réussir à gérer l'humain comme les dossiers... bref, y trouver son compte...</div>
<div style="text-align: justify;">
Et pourtant... pourtant, parfois, le plaisir n'y est pas. Alors, que reste-t-il?</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme le dirait un de mes camarades, "on est payé".... voilà, c'est ce qu'il reste. On fait le boulot, parce qu'on est payé pour ça, c'est le minimum "syndical". Point barre...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
bref, tout ça pour dire que, finalement, un flic...</div>
<div style="text-align: justify;">
... un flic, c'est monsieur ou madame tout le monde. Avec ses hauts, mais aussi ses bas... qu'ils soient professionnels ou personnels... voir les deux.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Rien de plus.... rien de moins...</div>
<div style="text-align: justify;">
Pas mieux, mais pas moins bien non plus.</div>
Unknownnoreply@blogger.com3