Yann Galut est, depuis le 17 Juin 2012,
élu député de la 3ème circonscription du Cher. Après avoir
perdu son siège de député en 2002, il est passé par le Conseil
Général du Cher dont il est Vice-président, en 2008. Un homme qui
a donc fait de la politique, son métier (même s'il est avocat de
formation). Un politicien, donc.
Comme chacun sait, le député, et plus
largement, le Parlement (l'Assemblée Nationale et le Sénat) est un
représentant du pouvoir législatif ; il vote les lois que le
pouvoir exécutif, au travers de l'administration, et des forces de
sécurité (la police et la Gendarmerie) fera appliquer. Il
s'agit de ce que les juristes appellent communément le principe de
séparation des pouvoirs.
Pour faire simple, chacun son rôle.
Lundi, ce sont les débats liés à ce
que l'on appelle le « mariage pour tous » qui ont
commencé au sein de l'Assemblée Nationale. Ce débat (si tant
est que l'on puisse l'appeler ainsi) fait suite aux diverses
manifestations s'étant déroulées dans le pays. Les « pour »
et les « contre » ont, chacun à leur tour, donné de la
voix, et battu le pavé, notamment sur la capitale.
Alors que le débat commençait au sein
Palais Bourbon, les adeptes de l’Institut « Civitas »,
connu pour être un lobby traditionaliste catholique, ont manifesté à
proximité de la bâtisse. En guise de manifestation, ses
membres ont tout bonnement prié. L'Etat français se voulant
laïc, depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la prière
dans la rue n'est que tolérée, devant se dérouler, normalement,
dans un cadre adapté. Seules les manifestations à caractère
traditionnel sont tolérées.
Et ce n'était pas le cas Lundi.
Civitas, si autorisé à manifester (ce qui semblait être le cas)
n'aurait pas dû occuper la voie publique pour prier. Soit.
Il revenait alors au Préfet, qui a
autorisé la manifestation, d'ordonner sa dissolution ; au
besoin, en ayant recours à la force publique.
Et nous retrouvons là monsieur le
Député Yann Galut qui, sortant de l'hémicycle, se dirige vers le
cordon de policiers qui encadrent les manifestants, offusqué par le
fait que ses « collègues » aient été, eux-même,
quelques instants avant, repoussé par les forces de l'ordre. Et,
lui aussi est donc stoppé dans sa progression.
Désireux d'aller se frotter aux
« Civitas », monsieur le Député est insistant. Exhibant
au nez du fonctionnaire en civil, sur place, ce qui pouvait s'apparenter à une carte tricolore, de parlementaire.
Le policier reste calme, et demande à
ce qu'il en soit de même pour la personne qui lui fait face. Au
motif qu'il est « parlementaire », Mr Galut insiste pour
« passer », avec ses collègues. Toujours sa carte à
la main, largement exhibée. Le policier, gêné devant la
pression qui lui fait face, fait patienter le parlementaire, le temps
de prendre ses ordres auprès de la hiérarchie. Le député
insiste lourdement, et on le sent bien énervé. Il se veut
scandalisé, arguant du fait que le fait de repousser un
parlementaire qui veut rejoindre des manifestants serait interdit.
Mr le Député oublie juste qu'il a en
face de lui, ne lui en déplaise, des gens qui réfléchissent ;
et il semble bien que Mr Galut et ses « collègues » ne
souhaitaient pas se joindre à la prière des Civitas. Il n'y a
qu'à le regarder pour le comprendre !
C'est donc par souci du maintien de
l'ordre public que le policier empêche tout contact entre députés et manifestants. Grand bien lui fasse.
Les « collègues » de Mr
Galut le conseillent alors : « appelle le Cabinet du
Ministre ». Ben voyons... « je n'ai pas son
numéro », répond Monsieur Galut. Pas de chance !
Qu pouvait esperer monsieur le
Député ? Pouvoir passer le téléphone au policier,
lequel se serait entendu dire « laissez-les passer » ?
Je ne parle pas du fond, de la
séparation des pouvoirs, je laisse les considérations à proprement juridiques aux professionnels du droit constitutionnel.
Quoi qu'il en soit, le parlementaire
n'était pas son rôle allant aux devants de Civitas.
Il l'était encore moins au moment où
il voulait faire pression sur le policier, exhibant sa carte ou
désireux d'appeler Bauveau à la rescousse.
J'ai juste trouvé cela honteux, et je me suis trouvé choqué par ces images et le comportement du parlementaire.
Je me suis tout simplement mis à la place de mon collègue. Il était
bien embêté, mais il a tenu bon. Oh, je ne suis pas un spécialiste
du maintien de l'ordre. Mon collègue a fait ce qu'il avait à
faire. Mais c'était loin d'être facile que de « tenir »
devant celui qui a voulu abuser de ses fonctions.
Parce que c'est bien de cela, dont il
s'agissait.
Monsieur le Député ; vous êtes
un représentant du peuple français. A quel titre vous
sentez-vous autorisé de mettre sous pression un fonctionnaire de
Police d'Etat, qui agissait dans le cadre de ses fonctions ?
Votre rôle de parlementaire vous donne
des droits, mais aussi des devoirs. Lorsque vous déclarez vouloir
dissoudre le mouvement « Civitas », vous êtes dans votre
droit. Lorsque vous écrivez au ministère de l’Intérieur,
pour demander cette dissolution, vous êtes dans votre droit.
Mais lorsque vous haranguez un policier
au motif que vous êtes « parlementaire », sous-entendu
que vous avez tous les droits, vous dépassez les limites de votre
fonction.
A l'heure où un nouveau Code de
Déontologie est discuté dans la Police Nationale ET la Gendarmerie,
il me semblerait que vous ayez oublié la définition du mot,
et qu'il pouvait également vous être opposé.
A ce titre, j'ai parcouru le Code de
Déontologie de l'Assemblée Nationale, que l'on peut trouver ici .
Oh, il ne m'a pas fallu bien longtemps
pour voir constater que je n'y trouverai rien à vous y reprocher, en
fait. Rien non plus dans le règlement intérieur de l'Assemblée
Nationale. Rien non plus sur un plan pénal, puisque vous
disposez d'une immunité parlementaire.
Et pourtant...
Oh, je suis sur que vous n'étiez que
peu, voir pas du tout inquiet. Rien n'arrivera.
Le policier, s'il vous avait laissé
passer, aurait eu de problèmes, si la manifestation avait
été perturbée, et/ou s'il y avait eu un mouvement de foule
entraînant des blessés. Vous l'auriez exposé....
Mais cela vous est , j'imagine,
bien égal. Le policier ne semblant, pour vous, qu'un moyen pour arriver à vos fins.... mais quelles sont-elles ? ? ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
test