mercredi 26 août 2009

elle s'appelait Joelle...


... était âgée d'une trentaine d'année, et travaillait entant que vendeuse en boulangerie. Elle menait une petite vie paisible, dans une petite ville du sud du département des Hauts de Seine, en ce mois d'Octobre.
Ses parents habitaient, ainsi que son frère, un petit village de l'Herault.
Je me souviens très bien de cette affaire; et pour cause. J'étais tout juste "Officier de Police Judiciaire" (OPJ), nouvellement habilité par le parquet de Nanterre.
C'était un samedi du mois d'Octobre, et c'était ma première astreinte . A l'époque, nous étions en binôme; un OPJ et un APJ (Agent de Police Judiciaire). Je n'était d'ailleurs pas le seul "petit nouveau", en ce samedi automnal. Lorsque je fus arrivé sur place, j'étais surpris d'apprendre que la magistrat du parquet qui m'attendait en était également à sa première astreinte.
Après tout, il faut bien un début...
Mon binôme s'appelait Aymeric. Heureusement, lui était un peu plus aguerri que moi. Il me donnait ainsi une certaine assurance dans le début de cette enquête qui était la nôtre.
Je me souviens très bien de Joëlle. Un joli visage, célibataire, la trentaine tout juste passée. Ses meilleurs amis: Isabelle et Bruno. La première étant une collègue, justement, de Joëlle; le second ayant été présenté par la première.
Depuis quelques mois, ces amis-là se côtoyaient, au milieu de deux ou trois autres qui complétaient "l'équipe". Un barbecue au bord d'un lac par-ci, une soirée par là.
Et puis, comme ca arrive des milliers de fois tous les jours, Joëlle est allée un peu plus loin dans cette relation; un flirt, et ensuite, une petite aventure, tout en discrétion.
Je disais donc que je me souviens de Joëlle. Je me souviens des photos chez elle; mais surtout....
Joëlle a été assassinée en ce mois d'Octobre 2004. Une vingtaine de coups de couteau, et autant de coups sur la tête, d'un objet qui sera qualifié plus tard de "contendant"; certainement un presse-livre.

Plus tôt, dans la nuit, des voisins avaient entendu une dispute provenant de l'appartement, sans en tenir compte; après tout, comme un peu partout, de nos jours, dans cette société individualiste. L'un d'entre eux a vu une voiture rouge quitter précipitamment la résidence, au petit matin.
Bruno avait une voiture rouge; il sera interpellé moins de 48 heures après les faits. Sa voiture? Humide... de l'intérieur. Il l'avait lavée... de l'intérieur.
Lors de ses premières auditions, rien. Tout juste reconnaissait-il connaître la jeune femme. Un peu plus tard, il reconnaîtra la relation qu'il avait avec Joëlle.
Et c'est là que l'experience est importante. Il était refermé sur lui-même. C'est Isabelle, qui était alors adjointe à mon chef de groupe, qui s'est "entretenue" avec lui. J'insiste sur terme, il est important. Ce n'était pas une audition. Loin de là.
Moi, j'étais là, je faisais le secrétaire. Eux parlaient, à bâtons rompus. Bruno cachait quelque chose, c'était certain; il ne fallait que trouver "la combinaison du coffre".
Isabelle avait déjà, à ce moment-là, une dizaine d'années d'experience criminelle, derrière elle. Au fur et à mesure de la conversation, je retranscrivais. J'apprenais beaucoup, en même temps.
C'est au bout de trois heures que Bruno a "craqué". Il a avoué avoir tué Joëlle, de plusieurs coups de couteau, et de coups sur la tête. Il expliquera qu'il était hors de lui. Elle avait "critiqué ses amis", dont un avec qui elle avait eu un flirt quelques mois auparavant. Il n'avait pas supporté. Après avoir commis son forfait, il a tenté de "nettoyer" un peu l'appartement, avec un tapis qui se trouvait là. Tapis que, par la suite, il mettra dans son coffre, et qui nécessitera de nettoyer la voiture.
Bruno précisera plus tard avoir été, au moment des faits, sous l'emprise de cocaïne, et de hashish.
Quelques mois plus tard, Bruno a été condamné par la Cour d'Assise des Hauts de Seine à plusieurs années de prison ferme.
Isabelle, elle, a sur la conscience le fait d'avoir été celle par l'entremise de laquelle les deux personnes se sont connues. Y peut-elle quelque chose? Directement, bien sur que non.
Un drame; c'est bien de cela dont il s'agit.  Je me souviendrais longtemps de l'appel téléphonique des parents de Joëlle, alors que je rédigeais les "constatations" du crime.  Appel (adroitement) renvoyé par le commissariat local directement sur mon poste. Inquiets comme ils étaient, j'ai été obligé de leur annoncer la "nouvelle". Une des choses les plus difficiles qu'il m'ai été donné de faire dans ce métier. Annoncer le décès d'un proche, qui plus est par téléphone.
Un drame qui est de ceux qui me font penser que l'homme humain est capable de tout. On ne connaît assez bien les gens. Même les plus proches; parents, amis, conjoint. En certaines circonstances, nous sommes capables de tout. Même... et surtout du pire.

mardi 25 août 2009

la RGPP et la Police


Comme toutes les administrations, la Police est au coeur de la RGPP.

Cette  Révision Générale des Politiques Publiques a été lancée en juillet 2007. 
Je cite là le site internet consacrée à la RGPP

Les travaux de la RGPP s'organisent autour de 6 grands axes de modernisation :
  • Améliorer les services pour les citoyens et les entreprises
  • Moderniser et simplifier l'Etat dans son organisation et ses processus
  • Adapter les missions de l'Etat aux défis du XXIe siècle
  • Valoriser le travail et le parcours des agents
  • Responsabiliser par la culture du résultat
  • Rétablir l'équilibre des comptes publics et garantir le bon usage de chaque euro

L'objectif est affiché, la fonction publique doit mieux fonctionner, avec moins de moyens. Et je ne fais pas là un jeu de mots; j'imagine que cela parait tout à fait normal, aux yeux des citoyens qui payent leurs impots. Faut-il encore que ces économies aillent dans le bon sens. Et c'est vrai, des économies, on peut en faire; c'est certain. 
Ainsi, chaque ministère se voit donner une feuille de route. Et, bien évidement, le Ministère de l'Interieur n'est pas épargné. ( voir la RGPP au Ministère de l'Interieur)
Parmi les premières mesures, on devine la création de ce que sont devenues les Unités Territoriales de Quartier. Ou, comment faire machine arrière. Lorsque je suis entré dans la police, il y a une dizaine d'années, on a appelé ces service "Police de Proximité"; on les a supprimé, ; en effet, tout un déploiement avait été imaginer, pour rapprocher le policier du citoyen, et pour reprendre du terrain dans les quartiers. Cela n'a pas fonctionné. Pour cause, ces services n'ont jamais eu les moyens prévus à l'époque, pour se développer; du coup, le résultat n'a pas été à la hauteur des attentes. Maintenant on créer les UTQ (prononcer "utèq). On a juste changé le nom, le rôle est le même. A ce jour, le développement des UTQ est "gelé", en l'attente des premiers chiffres, des premiers résultats. 
Autre grand axe de la RGPP: la suppression des "tâches indues". En effet,tous les jours,  beaucoup de policiers sont employés à des tâches qui n'ont rien à voir avec le concours qu'ils ont réussi. Sont visés, là, les  tâches administratives (où le policier peut être remplacé par un administratif), des transferts de détenus (qui revient plus au Ministère de la Justice, ou encore la protection de personnalités (tâche qui pourrait être reversée au secteur privé).
Mais j'irai encore plus loin. La police compte, dans ses rangs, des mécaniciens auto, des serruriers... eux aussi, pourraient retourner à leur métier d'origine. -
Autre paragraphe important de la RGPP, la -presque- "fusion" entre Police et Gendarmerie. Effectivement, la communauté européenne ne conçoit pas deux forces, civiles et militaires, chargées de la sécurité intérieure. De fait, la fusion est dans l'air du temps depuis longtemps, et on la voit, petit à petit arriver à nos portes. Si bien que, depuis quelques semaines, la Gendarmerie fait partie intégrante du Ministère de l'Interieur; les gendarmes conservant, à ce jour, leur statut militaire. Mais, autant dire que ce rapprochement n'est pas chose simple, puisqu'il s'agit d'harmoniser les deux "forces" en présence; que ce soit dans les personnels ou dans les missions; beaucoup de choses divergent encore au niveau des personnels employés; les grilles de salaire, les horaires, les avantages sociaux ... et, forcément, chaque corps essaye de tirer son épingle du jeu. 
Concrètement, il s'agit bien évidemment de mutualisation des moyens, dont il est question; ce qui n'est pas, en cela, un mauvaise idée, bien au contraire. Dans le terme "mutualisation des moyens", à terme, on verra se rapprocher les gendarmes mobiles et les Compagnies Républicaines de Sécurité. Elles vont commencer à travailler ensemble, et la suite... nous verrons bien. On parle aussi de rapprochement des fichiers de police et de gendarmerie (ce qui, entre nous soit dit, est énormissime, puisque cela fait des années que cela devrait être mis en place).
Et c'est là qu'arrive une révolution. On voit l'arrivée de l'internet dans la procédure pénale. Il est quand-même question de "pré-plainte" informatisée, "en ligne"; là,  c'est une révolution. J'attend de voir comment pourront être traitées de telles procédures. Mais ne pourrait-on pas aller encore plus lion, et parler de toute une procédure qui pourrait être informatisée. A ce jour, une procédure judiciaire est tirée en, au moins, 5 exemplaires; deux sont déstinés à la justice, et les trois autres aux archives (régionales, de service, et parfois de groupe). Ne pourrait-on pas imaginer la procédure informatisée qui serait numérisée, et "envoyée" aux magistrats?; peut-être accompagnée d'un seul exemplaire papier, et un second pour les archives. Deux avantages: des économies, et de l'écologie. 

Coté effectifs, ce n'est pas pleinement dit dans le texte, mais la RGPP prévoit donc plus de 8000 suppréssions d'emploi de sécurité, entre la Gendarmerie Nationale et la Police Nationale.
Comme partout, cette réduction est assez mal vécue, puisque l'impression générale est que ces économies sont, à ce jour, réalisées là où, au contraire, il y aurait besoin de plus de moyens. 
Des exemples concrets:
- on parle de supprimer toutes les imprimantes d'un service, et mettre un photocopieur en réseau, par étage. Imaginez bien que, par jour, on peut parfois tirer une cinquantaine de documents; que ce soient des procès-verbaux  d'enquête, ou encore des recherches sur les fichiers, etc... c'est une énormité, en deux points au moins: imaginons une panne de cette imprimante (ce qui n'est pas rare); devrons-nous aller bientôt chercher nos écrits dans les batiments voisins? Ensuite,  c'est une perte de temps. Et cela va générer des petits souci; tel procès-verbal qui aura été pris par inadvertance par un autre collègue; ou encore le PV qui n'aura pas été imprimé; il faudra donc retourner dans le bureau pour relancer l'impression... bref, énorme perte de temps, et surtout, d'efficacité. 
- au sein de la direction PJ àParis, plusieurs véhicules ne seront pas remplacés. Donc, il va falloir faire aussi bien (voir mieux), avec moins de moyens. 
Bref, pour le moment, ce sont les moyens opérationnels qui diminuent alors que, à l'inverse, ils devraient être augmentés.
Et, à aucun moment, les policiers n'ont été consulté. Alors que nous avons tous une idée de ce qui pourrait être économiser au quotidien.
à suivre...

lundi 24 août 2009

liberés, mais...


Je parcourais la presse, ce matin, et, via mon "ami Google", j'ai pu observer une rubrique intitulée "articles les plus lus".
Le premier article  traite de l'émission de téléréalité "Secret Story", diffusée par TF1 en seconde partie de soirée le vendredi. Emission qui a vu la "sortie" de dame "Maya", On imagine bien quel genre de libération cela peut être pour la fameuse jeune femme. Après avoir passé deux mois - volontairement - dans une maison truffée de caméra, elle va maintenant se retrouver en première ligne de la presse "people"pendant quelques semaines, avant de passer à nouveau dans l'oubli. Retour qui lui sera certainement difficile, comme passer du jour à la lumière.
Le second article traite, beaucoup plus sérieusement, de la libération d'Abdelbaset al-Megrahi, le lybien qui a été accusé et condamné pour l'attentat dit de "Lockerbie". Il ne s'agit ni plus ni moins que de la ville écossaise qui a vu un Boeing 747 de la compagnie américaine "Pan Am" - qui faisait une liaison Londres/New-York - exploser en plein vol le 21 Décembre 1988.
Là aussi, l'homme a été accueilli en héros, et présenté par la presse locale comme "L'otage libéré - est - retourné à sa patrie et à sa famille (...) après 20 ans de souffrances, dont la moitié en tant qu'accusé et l'autre moitié en tant que condamné pour un crime qu'il n'a pas commis".
En pareil cas, bien évidemment, Megrahi, lui, était bien évidement enfermé contre sa volonté, mais pour le bien de tous (tel est le but ultime de la justice qui condamne à la prison.
Le troisième article le plus "lu" relate la libération de Maxime Brunerie, cet homme qui, en 2002, étant militant d'extreme droite, avait tenté de tuer le Président Chirac, lors du défilé du 14 Juillet.  Ce dernier, nous expliquent ses avocats, va tenter de renouer avec une vie classique, faire des projets, travailler.... bref, se réinserer.
Brunerie, contrairement à Meghrahi, n'est nullement accueilli en héros; si tant est qu'il ai été accueilli. Avocat général lors du procès d'Assise qui l'a vu par la suite condamné, Philippe Bilger, sur France Info, a déclaré "J'espère simplement qu'il ne sera pas dans les mêmes dispositions intellectuelles et morales qu'avant l'acte criminel qu'il a accompli".
Qu'ont en commun ces libérations, qui font que je publie un billet de cette nature? Rien, si ce n'est qu'il s'agit du "podium" des lecteurs, en terme d'articles de presse les plus lus aujourd'hui. Peut-on en déduire que les lecteurs s'intéressent autant à "Secret Story" qu'aux attentats ayant couté (ou failli) la vie à des innocents? Heureusement que non !
La première va très vite retourner à sa vie, dans l'oubli de tous, à moins qu'elle ne trouve un média pour présenter telle ou telle émission de seconde zone. Le second, en phase terminale d'un cancer généralisé, va aussi retourner dans l'oubli, et bien plus loin encore; quand au 3ème, souhaitons-lui de rester également dans l'oubli, de ne plus figurer à la une de quelque presse que ce soit, puisqu'il est de fortes chances que ce soit la rubrique des faits divers, qu'il alimente à nouveau, si tel devait en être le cas.
Bref; 3 "détentions", 3 "libérations";Bientôt, 3 anonymes. Mais certainement pas le même avenir pour les 3. Et heureusement!

vendredi 21 août 2009

le retour de la "bavure"....


Et voilà; ça recommence. Une nouvelle interpellation qui finit tragiquement, et, pour les journalistes, il s'agit d'une bavure! Parce qu'il y a des hématomes, c'est une bavure.
Il y en a vraiment assez de ces journaleux qui ne font que sortir leurs articles uniquement pour faire vendre leur papier.
Revenons-en un peu aux faits: ce Monsieur ZIRI  est au volant de sa voiture accompagné d'un ami, sur la commune d'Argenteuil (Val d'Oise); il se fait contrôler, et il se trouve qu'il est îvre. Les policiers décident de l'interpeller, et il ne se laisse pas faire. Je ne connais pas l'affaire, mais je la résume telle qu'elle est présentée dans l'article de presse (20 Minutes).
Dans la mesure où il ne se laisse pas faire, des "insultes et des coups" sont échangés. Finalement, il est interpellé et ramené au poste de Police. Là, effectivement, cela devient dramatique puisque il y fait un malaise. Il est alors emmené à l'hôpital d'Argenteuil, pour y décéder deux jours plus tard.
J'insiste, c'est dramatique; ce qui devait être une interpellation pour ivresse ne doit pas terminer comme cela.
Mais, une fois de plus, il faut en revenir à l'origine des faits. Pourquoi y a-t-il eu des coups? Ce monsieur était ivre et, qui plus , est, ne s'est pas laissé interpellé alors qu'il était en torts. S'en suis donc une bagarre; et chacun sait que, dans ces instants-là, c'est un peu pêle-mêle. Les coups pleuvent de part et d'autre, et les policiers tentent de maîtriser l'individu qui est agité.
Il est absolument inimaginable (saut élément contraire dont on ne dispose pas à ce jour) que les policiers aient voulu attenter à la vie de cet homme. Ils se sont vraisemblablement défendu et ont fait ce qu'il leur semblait opportun pour l'interpeller. La légitime défense est bien définie en ce sens que la défense doit être proportionnelle à l'attaque. Ils n'ont pas usé de leur arme à feu, que je sache ! Ni d'un couteau! Et, dans une bagarre, les coups ne peuvent être maîtrisé à 100%; on ne sait pas forcément où le coup va atterrir, lorsqu'il part sur quelqu'un qui gesticule.
Et, en l'occurence, un coup est peut-être allé là où il n'aurait pas fallu; sur une faiblesse de cet homme; peut-être avait-il une santé fragilisée.... c'est d'ailleurs ce que semble avancer le procureur de Pontoise; mais là, l'article ne fait pas débat, le journaliste a choisi son camp.
Attention, je ne dis pas qu'il ne s'est rien passé; nous n'étions pas sur place. Mais, avec les éléments dont nous disposons à ce jour (nous, comme la presse), il s'agit de ne pas faire, de suite, un procès de plus à la Police. Arrêtons d'utiliser des termes qui, de suite, rendent coupable.
La presse n'est pas la justice. Enfin normalement. Mais, systématiquement, elle jette en pâture ce qui lui semble bon; et quand bien même la justice rétabli une vérité, elle n'en parle alors plus; c'est tout de suite beaucoup moins vendeur!

La France et son système repressif: la prison


une prison
C'est le leader du Front-National, Jean-Marie Le Pen, qui a mis les pieds dans le plat.
Le sujet ayant crée le buz, c'est avant-tout ses déclarations quant aux statistiques ethniques, lorsqu'il a donné des chiffres (j'imagine inventés) desquels il en a déduit que les hommes étrangers ou d'origine étaient plus criminogènes que les français dits de souche. Je n'aborderais pas ce sujet, puisque déjà développé (cf Débat: les statistiques éthniques)
En ce qui me concerne, c'est un autre sujet abordé lors de son interview, qui me fait réagir.
En effet, lors de son interview, sur RTL, en date du 20/08/09, le leader frontiste a estimé que"nous avons 50.000 places de prison, et nous avons déjà 65.000 personnes en prison. On devrait en avoir plus de 100.000 et par conséquent, plus les gens condamnés à la prison ferme ne seront pas mis en prison et la peine n'est plus dissuasive".
Les chiffres qu'il avance ne sont qu'approximatifs, mais il est tout de même une vérité; au jour d'aujourd'hui, beaucoup de personnes condamnées à des peines de prison ferme ne font pas leur peine. On peut donc légitimement se poser la question de l'efficacité du système pénal français.
Quel est le rôle de la justice? Il est, à mon sens, double, voir triple:
Avant tout, elle se doit, lorsque c'est possible, de réparer un préjudice subi par une victime. Cela peut passer par une restitution des biens, ou encore une réparation, lorsqu'il y a des éléments pécuniers (voir une réparation pécuniaire sur un préjudice moral), mais aussi par le fait de reconnaître, à cette victime, un statut: précisément celui de victime. C'est un thème très souvent abordé par les victimes de viol qui déposent plainte plusieurs années après les faits. Ce qu'elles veulent, c'est une reconnaissance de ce statut, une prise en compte de la société.
Le second rôle de la justice (même s'il est primordial, techniquement parlant), c'est d'écarter de la société tout individu qu'elle juge dangereux pour les autres; et l'écart est prononcé par une peine de prison. C'est là le troisième rôle: punir ceux qui ont enfreint la loi. On considère donc que, en mettant un homme en prison, d'une part, on protège la société, et d'autre part, on l'incite, à le dissuade de ne pas recommencer, on le punit; bref, on l'isole, on l'enferme.
En parcourant quelques blogs ou autres articles, j'ai cru comprendre que, pour certains, l'un des rôles de la justice était aussi d'éduquer. Je ne suis pas d'accord avec cela, dans la mesure où, à mon sens, c'est à la famille, aux parents, d'éduquer ses enfants, voir à l'Education Nationale, au travers de l'enseignement scolaire (pour complément). Mais certainement pas à la justice, ni, d'ailleurs, à la Police.
J'en reviens donc aux chiffres cités plus haut, ou plutôt au principe énoncé; à savoir que beaucoup de peines de prison ferme prononcées ne sont pas effectuées. Il me semble que, sur Paris, toute peine ferme inférieure à un an n'est pas effectuée; c'est le Juge d'Application des Peines (JAP) qui "transforme" la peine. On parle alors bracelet éléctronique, semi-liberté, Travaux d'Intérêt Généraux, ...
Et pour cause, effectivement, le constat est réel, les prisons sont surpeuplées. Au 1er Juillet 2007, la France dénombrait 50577 places. Pourtant, ce sont pas moins de 61810 personnes qui y étaient écrouées (source: Wikipedia), soit à la suite d'un jugement, soit dans le cadre de la détention provisoire.


Deux remarques: tout d'abord, on l'aura compris, il y a là surpopulation carcérale, et donc, la France ne cessera pas, ainsi, d'être montrée du doigt par n'importe laquelle des associations de défense des droits de l'homme. Et à raison. Ensuite, c'est bien cette surpopulation qui fait que nombre de peines sont inappliquées. L'un découle de l'autre.
La conclusion à tout cela: l'un des objectifs de la justice n'est pas rempli, puisque les peines n'étant plus appliquées, il n'y a plus aucun coté répressif à l'infraction. De là à dire que cela encourage à la récidive...
J'irai même plus loin: parmi ceux qui vont tout de même en prison, une partie d'entre eux (je ne voudrais pas donner de chiffres approximatifs ou inexacts) n'en a pas peur. Pis, pour certains, il s'agit d'une belle ligne sur un CV de délinquant. Plus on a fait de prison, plus on est respecté.  Bien évidemment, ils ne sont pas "heureux" d'y être, étant quand-même mieux dans leur environnement, mais, finalement, c'est une période qui est vécue comme "un mauvais moment à passer". Donc, en rien, dans tout cela, la prison n'a d'effet dissuasif. Heureusement, pour certains (les primaires), la prison fait peur. Enfin, quelques temps; tout simplement, certainement, cette peur est-elle due à la peur de l'inconnue.
Il n'est pas rare, non plus que la prison devienne, pour certains une école du crime. Faites-y rentrer un voleur de poule, vous en ferez ressortir un braqueur de banque! Il s'agit encore d'un effet de la surpopulation. Nombre de cellules renferment plusieurs détenus, ayant tous un passé différent; donc, ils apprennent les uns des autres.
Je tempère tout de même ma remarque par le fait qu'il est une évidence; tant que le délinquant est en prison, il ne commet pas d'infraction (encore que!).
Bref, en conclusion, dans nombre de situation, la prison n'est plus le moyen idéal de rendre la justice, puisqu'elle ne remplit pas tous les objectifs.
Quelle est la solution? Y en a-t-il une meilleure? Je n'ai pas la prétention d'avoir la réponse.
Mais, si déjà il pouvait y avoir autant de places que de personnes condamnées, et que les peines prononcées étaient réellement effectuées, on ferai déjà un pas en avant. On pourrait alors parler réellement "réinsertion", et faire un nouveau bilan de l'utilité de la peine de prison, en situation normale.
Et c'est loin d'être le cas, aujourd'hui.

lundi 17 août 2009

retour sur l'affaire "Harry Winston" 2



85 Millions de dollars de préjudice,
7 mois d'enquête
6 enquêteurs à temps plein
Plus de 45 écoutes téléphoniques,
Plus de 2000 feuillets de procès-verbaux (sans compter les écoutes)
Plus de 8500 heures de travail réparties sur 6 fonctionnaires,
Pour, au final :
32 personnes interpelées,
Environ 1 Million d'euro en petites coupures découverts
Environ 60% de la marchandise retrouvée,
Un fusil à pompe, un lance-roquette, plusieurs armes de poing et leurs munitions, du matériel de surveillance (micros et caméras)
12 personnes présentées au juge d'instruction,
9 incarcérées
Ce sont là quelques chiffres d'une enquête dite « Harry Winston », opus 2, laquelle a fait l'objet d'un vol à main armée le 4 décembre 2008.
C'est donc la BRB (Brigade de Répression du Banditisme) de Paris, qui a été saisie des faits, pas moins de 14 mois après un premier vol à main armée, commis dans le même commerce.
J'ai eu la chance d'être intégré dans le groupe, et même l'équipe, chargé de l'enquête, une dizaine de jours après les faits. Même s'il n'y a que très peu de moments opportuns, cette « saisine » est tombée alors que d'autres dossiers s'empilaient déjà. Et notamment l'enquête relative au vol d'une bague, au préjudice de la bijouterie « Cartier », bijou d'un valeur de plus de 600.000 euro, sur nos bureaux depuis à peine quelques jours.
Tout le monde était donc déjà bien occupé, lorsque l'appel provenant du service de sécurité de la joaillerie est arrivé. Tout s'est alors enchainé. Ces deux enquêtes ont d'abord été menées de front, avec toutes les difficultés que cela emporte, puisqu'elles ont nécessité, l'une et l'autre, beaucoup d'investissement
C'est au mois de Mars que l'affaire Cartier a été résolue, avec l'interpellation des auteurs. Et c'est bien tombé, puisque cela a permis à toute l'équipe de se recentrer sur « Harry Winston ». Et cela s'est avéré utile, à la vue du déploiement opéré.
Tout s'est accéléré au soir du 25 Avril. A partir de ce moment-là, tout l'équipe a été sollicitée jours et nuits, week-end compris ; nous n'avons passé aucun pont du mois de Mai auprès de nos familles ; tous les jours fériés ont été passé à filocher, planquer, écouter... et cela a continué tout le mois de Juin. Un moment nous a semblé propice aux interpellations au tout début du mois de Juin ; mais, au final, bien que tous les services centraux de la PJ parisienne aient été mis sur le pont (on prévoyait alors pas moins de 150 policiers utiles à toutes les interpellations et perquisitions à effectuer de front) les interpellations n'ont pas eu lieu. Il manquait le petit quelque chose qui fait que....
Et, au final, c'est le dernier week-end du mois de Juin, qui a vu tous les éléments réunis ; des éléments que, à vrai dire, nous n'aurions même pas osé espérer. Tout s'est déroulé mieux que nous n'avions même osé l'imaginer.
Il est vrai que le premier but d'une enquête policière est de retrouver les malfaiteurs. Le « bonus » étant alors de retrouver la marchandise volée.
Depuis le début, j'ai considéré que c'était une chance, pour le policier que je suis, que de pouvoir travailler sur une telle affaire. Et je n'ai cessé de me motiver de cette manière.
Je suis passé par tous les états, toutes les émotions, ces six mois durant.
Plusieurs phases se sont succédé, au cours de l'enquête :
-           Au début, la difficulté, devant le peu de pistes qui s'ouvraient 
-          L'attente, ensuite, à « l'arrivée » des premiers intéressants concrets qui devaient se confirme
-          La multiplication des pistes, allant des voleurs aux receleurs, après être passés par les « donneurs d'ordre »
-          La fatigue ; tous les éléments semblaient réunis, mais il apparaissait difficile de savoir où se trouvait les bijoux, même si nous en avions une idée
La phase d'interpellation/ gestion des gardés à vue a certainement été, pour moi, le moment le plus difficile (physiquement et psychologiquement) de cette affaire, voir même depuis le début de ma carrière. Et en même temps, le plus exaltant, c'est certain.
Joaillerie Harry Winston
Ce fut d'abord l'adrénaline qui a précédé les interpellations (qui sont, quand-même, le fruit de 7 mois de travail continu) ; ensuite, la satisfaction de voir les principaux objectifs interpelés ; puis la déception, alors que nous n'avions retrouvé aucun bijou. Nous en étions alors au premier jour qui a suivi les interpellations. Et ensuite, la joie, partagée par tous, une fois les bijoux retrouvés.  Il ne restait alors plus qu'à « dérouler » ; et il restait encore trois jours de garde à vue (puisque l'on partait sur un régime de 96 heures). Et ces trois journées ont été les plus longues et les plus fatigantes que j'ai connues. Je me vois encore, arrivant au petit matin qui précédait les premières présentations au magistrat instructeur, à numéroter les feuilles de la procédure. Enfin essayer de les numéroter. En omettant certains numéros, en inscrivant plusieurs fois les mêmes. Il faut dire que, nous avons fait 36 heures non stop, au service, à « mettre en page » les procès-verbaux rédigés. Sans une petite heure de sommeil, sans même avoir pris une douche. Il y avait tant de choses à faire, encore.

Et c'est là que l'on reconnait les grands-services de Police Judiciaire. Même si, au départ, nous fûmes 6, à l'arrivée, nous n'étions pas loin de 100. Tout le service a aidé, et pas qu'un peu. Chaque groupe a trouvé un intérêt à ce qui lui a été confié ; des perquisitions, des auditions, des écoutes... sur une affaire dont ils n'avaient que très peu connaissance, et pour cause, ils en avaient suffisamment à traiter eux-mêmes.
Et c'est dans ces instants qu'on est fier, et je le suis, d'appartenir à un tel service. C'est aussi leur raison d'être. Avoir la possibilité de mobiliser plus de 80 personnes en très peu de temps.
Une telle affaire, je crois qu'il n'y en a qu'une par décennie. Et il est bon de pouvoir y participer.
Dans quelques années, lorsque chacun refera le monde avec son passé de policier, je pourrais dire « Harry Winston, j'y étais ».

"Sang d'encre au 36"


"Il aimait avant tout les écrivains qui respectaient le fonctionnement de l'institution policière, et surtout pas ceux qui, à travers leurs personnages, se faisaient les anges gardiens du bien et de la morale. Car dans la police, il y avait de tout sauf des Zorro. On y entrait avec de grandes intentions certes, mais quelques mois suffisaient pour vous ramener sur le chemin de la dure réalité".
Ce sont là quelques mots du polar écrit par Hervé Jourdain, "Sang d'entre au 36" que je viens de lire, en quelques jours.
Cela faisait quelques temps que je n'avais pas lu un roman policier, qui plus est "à la française". Dès le début de l'intrigue, le policier que je suis a pu ressentir le monde dans lequel il évolue. Tout est là; les groupes de PJ, leur fonctionnement, leurs humeurs, leurs fatigues, leurs doutes, et même le vocabulaire typiquement policier que je retrouve... tout ce que je peux cotoyer au cours des enquêtes auxquelles je prend part. Ce livre est très proche de ce que l'on peut vivre, et, de fait, de ce que j'essaie de faire ressentir à travers ce blog. Il est d'autant plus fidèle que j'ai eu l'occasion d'évoluer dans un groupe criminel; groupe qui, d'ailleurs, est évoqué dans ce livre.
Hervé Jourdain nous emmène au coeur du 36 quai des Orfèvres, au sein même de la Brigade Criminelle de Paris. Et il demeure fidèle, tout au long du livre, au service qui l'emploie. Il en parcourt les archives, mêlant le mythique Georges Simenon aux dossiers qui ont effectivement été traité par la "Crim", et à son histoire, dans une affaire qui ne faiblie pas en intensité au fur et à mesure que se tournent les pages.
Commencez à lire, et vous ne vous arrêterez plus jusqu'à la dernière ligne.

SANG D'ENCRE AU 36

Parisien de naissance, vendéen de coeur, Hervé Jourdain est policier depuis l'âge de vingt ans. Gardien de la Paix en banlieue parisienne, puis officier au sein de la policie judiciaire, à la brigade des mineurs de Paris puis à la brigade criminelle, il est également passionné de course à pied. Il se lance dans l'écriture de romans policiers en 2005, encouragé par la lecture deMoloch de Thierry Jonquet.
Finaliste du prix du quai des Orfèvres 2009 avec un premier polar intitulé Le confesseur des âmes (non publié), Sang d'encre au 36 est son premier roman, récompensé par le prix des lecteurs du polar VSD 2009.

vendredi 14 août 2009

Les vacances


On a parfois tendance à oublier pas mal de choses, lorsqu'on a le nez dans le guidon. On ne voit pas que par l'affaire en cours; les filoches, les planques, les écoutes, tous les aléas liés à l'enquête en elle-même. On a conscience de passer à coté de beaucoup de choses, notamment au niveau familial (lire "pourquoi").
A ce moment-là, on donne tout. Tout, avec un seul objectif: cette affaire qui nous rassemble tous, depuis quelques temps. Trouvé les auteurs, et les mettre à disposition de la justice, et, de préference, hors d'état de nuire. Il y a ensuite cette période de stresse, pleine d'adrénaline, qui précède les interpellations. Plusieurs objectifs liés: interpeller tous ceux qui doivent l'être, trouver des preuves supplémentaires, et surtout qu'il n'y ai pas de blessés chez nous.
Une fois les interpellations passées, là, il faut gazer"; comprenez, il faut bosser; il y a X personnes en garde à vue; c'est le moment de sortir l'affaire. On sait très bien, nous, enquêteurs que, une fois les garde à vue passées, l'affaire n'interessera plus personne. Donc, il faut faire le max. Et, mine de rien, deux fois 48 heures, ca passe très vite puisque, les premieres heures sont consacrées aux interpellations, perquisitions et droits du gardé à vue. Une fois que c'est fait, la garde à vue est empietée d'un quart, déjà. On s'attaque alors au fond du dossier; là, ca dépend; le mec, en face, en général, il veut rien dire. On le sait d'avance. Et pourtant, on essaye de lui faire comprendre que, le mieux, pour lui, c'est encore d'en venir à la vérité. Mais, bien souvent, il n'y viendra pas, préferant s'entêter dans des mensonges très souvent abracadabrants. Quitte à se contredire. J'ai beau lui faire comprendre que, s'il est là, ce n'est pas pour rien, il ne veut rien savoir. 
Au bout du compte, bien souvent, au bout de ces 48 heures, il est deferé. C'est un peu le moment où tout le monde se détend. Tout d'abord lui, ce gardé à vue, parce qu'il sait qu'une partie du plus difficile est passée(oui, malgré ce qu'ils veulent bien avouer, les "bandits" craignent quand-même la garde à vue. Nous aussi, parce qu'on sait que, dans quelques minutes, on pourra prendre un repos bien mérité, trinquer à cette affaire résolue. Donc, on se plait à quelques confidences; un peu comme celles que l'on pourrait se faire sur un oreiller; sauf que là, nous ne sommes pas dans le même lit; pas du même coté, quoi !
Et voilà, les affaires se suivent, ne ressemblent très rarement, et arrive alors l'été. A la fois, je le crains, et à la fois, je l'attend. 
Pourquoi est-ce que je le crains? Parce que je vais rater des moments de vie avec le groupe; des affaires vont certainement arriver, d'autres vont se poursuivre, et je ne serais pas là. Je pense déjà au moment où je rentrerai, et où je devrais "raccrocher les wagons". 
Mais en même temps... en même temps.... c'est les vacances. Et, mine de rien, heureusement qu'elles arrivent. Rien de tel que de pouvoir siroter un petit apéritif (avec modération, bien sur) en regardant, au second plan, la mer, le va et vient de la marée, les enfants qui courent sur la plage... quoi de mieux que de pouvoir se promener, au soleil, main dans la main avec sa moitié, ou encore de pouvoir parcourir les quelques lignes d'un livre dont on a déjà envie de connaitre la fin (j'y reviendrais dès que terminé)
Mais surtout, quoi de mieux que de pouvoir laisser son téléphone plus de 10 minutes sur une table sans se sentir obligé d'aller voir s'il y a un appel en absence, un message. Et ca, j'avoue, c'est une réelle libération. 
Bref, ne penser à rien d'autre que ce que l'on fait. Bref, les vacances...

mardi 11 août 2009

la presse, une fois de plus...


Voilà une nouvelle affaire où les forces de l'ordre sont mises en cause. Selon les médias (c'est important de le préciser), un homme sur un scooter aurait été abordé par l'équipage d'un véhicule de Police. L'homme au scooter aurait donc refusé le contrôle, et serait reparti avec son scooter. Il en aurait alors perdu le contrôle, et aurait donc trouvé la mort. 
Une fois de plus, les policiers sont sur le banc des accusés. Peut-être même ont-ils été placé en garde à vue, comme c'est, en fait, souvent le cas.
Puisque, forcément, les premiers soupçons pèsent sur cette police que l'on dit ultra répressive, parce qu'elle met beaucoup de PV ou parce qu'il y a beaucoup de radars, et que ca déplait à Monsieur tout le monde, ou encore parce qu'elle ne fait que des contrôles au faciès !
Et, dans la plupart des cas, les policiers sont mis hors de cause; mais, à ce moment-là, plus personne ne s'interesse à l'affaire. Les médias en parlent tant qu'il y a possibilité de mettre de l'huile sur le feu, et après... plus rien. 
Personne ne revient à la base de ce genre d'histoire; ce jeune a refusé un contrôle de police. Et c'est à cela qu'il faut revenir. Pourquoi ce refus?Qui est à l'origne du décès? Lui, et seulement lui. 
Le problème, dans ce genre d'affaire, c'est que, en amont, la police n'est plus respectée; refuser un contrôle, tant qu'on ne se fait pas "ratraper par la patrouille", ne fait rien du tout; et même si on se fait choper, d'ailleurs. C'est devenu banal, dans certains quatiers, voir même une éspèce de jeu. Donc, à partir du moment où l'on ne fait plus rien pour faire respecter sa police, on arrive à ce genre de drame. Parce que, oui, c'est un drame; quand bien même ce jeune aurait fait quelque chose, était recherché, ou que sais-je, il ne méritait en rien ce qui lui est arrivé! 
Mais en ce moment, ce sont les policiers qui vivent un calvaire; leur carrière est en balance, leurs familles vivent dans la l'angoisse, sans savoir de quoi sera fait le lendemain; les collègues intervenant, eux-même sont certainement  traumatisés; sur la voie publique, ils ne seront plus jamais naturels, face à une situation similaire.
Et là, la societé entre totalement dans ce "défi" lancé par la presse. Bien évidement, l'IGS est saisie de l'affaire, mais en plus, on va demander à l'Institut de Recherches Criminelles de Rosny sous Bois (IRCGN), service gendarmesque, d'enquêter sur les véhicules en cause; et le véhicule de police, et le scooter. Et tout ca par souci de transparence. Mais je comprend qu'on le souhaite.
C'est avant tout contre le comportement de la presse, que je m'élève. Elle agit par raccolage, pour attirer ses lecteurs à la vue du sang qu'il pourrait y avoir. Et après, plus rien. Plus personne pour dire que les policiers ont été mis hors de cause. Mais, à l'inverse, si les policiers sont en cause, alors là.... c'est l'acharnement. Il faut tuer l'homme à terre. Se faire du flic. Quelque part, se payer le gouvernement en place, qui sera mal à l'aise. 
Alors, selon moi, soit on oblige la presse à "informer" jusqu'au bout de l'histoire, à tout dire, quelle qu'en soit l'issue, soit on ne l'autorise à parler de l'histoire qu'une fois qu'elle est jugée. Mais au milieu, il y a un fossé. Et souvent, ce fossé ébranle les forces de police. Au final, ce sont toujours les mêmes qui payent.

samedi 8 août 2009

De retour de notation



Comme tous les ans, les fonctionnaires sont notés par leur hiérarchie. Hier, j’étais donc convié, par ma chef de service, à me rendre dans son bureau, afin de prendre connaissance de cette note et de l’appréciation faite par ma  hiérarchie. Rien à redire, ni sur la note, et encore moins sur l’appréciation portée ; je ne peux en être que satisfait. Pour autant, j’en ai profité pour dialoguer un peu avec mon chef de service, sur deux pionts me paraissant « épineux ».
Tout d’abord, ma chef de service s’est de suite déclarée être consciente des griefs que je lui portais directement quant à mon échec au concours (voir …) .
Or, ce n’est pas directement elle que je met en cause, ou en tous les cas, je ne lui crois surtout pas comme ayant eu la volonté de me nuire ou de me savoner la planche. Et je me dois d’être honnete, puisqu’elle m’a donné des conseils que je pense être avisés.
C’est un autre point, sur lequel je m’appuie. Tout d’abord, pour ce qui pourrait la concerner, la seule incompréhension qui est la mienne serait la « non consultation » de mes superieurs directs. Pour rappel, dans le cadre de ce concours, le chef de service rempli une grille d’évalution sur les capacités du postulant, et ce dans tous les domaines. En ce cas, la grille a été remplie, mais mon chef de service ne me connaissait que très peu, pour m’avoir tout juste croisé au détour d’un couloir (quand bien même il peut avoir accès à mon dossier professionnel). J’estime donc qu’il ne peut être que bénéfique que de s’entretenir avec la hiérarchie directe du fonctionnaire qui prétend à un grade supérieur. Cette hierarchie, en l’occurrence un chef de groupe, cotoie au quotidien les « gars » du groupe. Il est donc plus à même d’évaluer le fonctionnaire.
Mais, ce que je comprend encore moins,  c’est que l’on puisse avoir un CV qui n’apparait pas comme suffisament bon, en étant dans un service de Police judiciaire tel que celui où je suis affecté, la BRB. Que je puisse échouer à un écrit, je le conçois, et en serais seul résponsable. C’est la même chose pour un oral, ou, comme l’année passée, je n’ai pas suffisament travaillé, et je n’ai donc qu’à m’en prendre à moi-même. Mais je ne suis absolument pas sur que le point faible de ma carrière, de ma personnalité, ce soit mon CV. En tous les cas, je ne comprend pas que cela puisse être le cas. Et c’est là que mon opition diverge avec mon chef de service. Certes, à un emploi qui sera principalement du commandement de personnels en tenus, on ne recherche peut-être pas « plus que ca » des gens qui ont un parcours en « judiciaire ». Peut-être. Mais alors, tout naturellement, je compare ce qui est mon CV avec ceux qui ont été reçu à cette «phase » de concours. Et, pour connaitre certaines personnes, très sincèrement, et sans prétention aucune (j’insiste vraiment), je ne pense pas avoir un moins bon CV que certains autres ; je n’ai rien à leur envier quand au déroulement de la carrière.
J’ai ensuite évoqué un second point d’anicroche. On l’aura compris, sur l’un de mes billets, je parle du manque de retour que l’on peut avoir de la part de notre hiérarchie, principalement d’un point de vue pécuniaire.
A cela, mon chef de service me fait tout comprendre que l’administration n’a pas non plus des tiroirs « sans fond », et surtout en ce moment. C’est vrai, et je le comprend. On ne travaille pas que pour l’argent, certes. Mais il est quand-même gratifiant de constater que votre hiérarchie a pris en compte le travail fourni  et que, de fait, vous ayez un « retour sur investissement ». Et mon chef de service de me dire que, tout de même, des messages ont été passé pour dire tout  le bien, et toute la satisfaction qu’est la sienne quand à la réussite d’une telle affaire. Et d’ajouter – et c’est vrai – que ce n’est pas non plus tous les jours qu’un ministre vient féliciter les enquêteurs à l’issue d’une belle réussite.
Je le répète, c’est vrai. Il est un fait,  nous, enquêteurs avons été touchés, tant par la visite du ministre, que par l’attitude de la hiérarchie (du chef de service jusqu’au ministre).  Mais tout cela ne fait que satisfaire l’égo de chacun. Nous avions déjà notre satisfation personnelle, et là, on vient satisfaire notre égo. Quoi de plus humain. Et je le répète, nous aurions, il est vrai, hurlé, si tel n’avait pas été le cas.
Mais, à un moment, il y autre chose que les paroles. Il y a des actes. Nous aimerions pouvoir traduire ces remerciements en quelque chose de concret. J’aimerais pouvoir dire à mes enfants « tu vois, je travaille, je ne suis pas souvent là, mais voilà ; grâce à mon travail, j’ai obtenu – ca ». Il faut  en revenir, selon moi, à la notion même du travail : on travaille pour vivre et non l’inverse. Et même si, en tant que fonctionnaire , on se doit d’être imprégné, habité, de la notion de « service public », même si ce travail en devient une passion, il n’en reste pas moins, toujours, un travail. Et tout travail mérite récompense. Il me semble aussi, pour suivre un peu l’actualité, que nous sommes dans une période ou le mot d’ordre est « travailler plus pour gagner plus ».
Moi, je dis « BANCO ».
A moins que cette notion soit réservée aux travailleurs  du secteur privé, et que, dans le public, on doive se contenter de la traditionnelle sécurité d’emploi (qui, entre nous, est de moins en moins acquise).

samedi 1 août 2009

La police et les classes sociales...


pyramide du capitalisme
C'est un constat. Le métier de policier amène à "naviguer" dans beaucoup de domaines. Il y a un mois, j'étais en banlieue, dans des zones plutôt pavillonnaires, à interpeler des braqueurs que je qualifierais de grands voyous; susceptibles d'être réellement dangereux, et qui ont prouvé qu'ils était à même de faire de gros coups. Tout juste quelques jours plus tard, j'étais sur le 16ème arrondissement parisien à interpeler des jeunes étudiants de 20 ans, que j'ai qualifié de "pieds niquelés", qui voulaient se convertir à la voyoucratie.
Et cette semaine, je me suis retrouvé dans un quartier (que je ne souhaite pas citer, l'affaire était toujours en cours) que je qualifierais "d'oublié". Et là, on y va pour interpeler des délinquants, certes; mais il faut voir le contexte; on parle là des habitants d'un immeuble qui ont profité d'un trou dans le mur de chez le voisin, fait par des cambrioleurs, pour aller prendre "le reste". Tentant, pour certains ! En tous les cas, pour eux, c'est sur (pour ne pas dire, certain). De fait, l'enquête que nous souhaitons voir converger vers les cambrioleurs nous amène donc sur ces "profiteurs". Le jeune homme de la famille, 20 ans, va donc commettre ce vol. Il donne son butin à la mère qui, vraisemblablement, charge ce même jeune, et sa soeur, tout juste un peu plus âgée, de revendre le tout. Et là, on découvre la misère; du Zola dans le texte !
Imaginez: la mère qui fait pression sur ses deux enfants; la fille obligée de pratiquer le même métier que sa mère il y a quelques années, à savoir, le plus vieux métier du monde. La prostitution. Et pour 15 euro la passe ! (sans avoir jamais eu recours, il me semble que c'est loin des tarifs pratiqués par ces demoiselles, en général ! ).  Et le fils, lui, qui galère, qui commet des vols; les deux étant des toxicomanes. Et il ne s'agit pas là du pétard du samedi soir pour se détendre, mais bien de cocaine! Toute cette pression, de la mère, pour "autoriser" les jeunes à dormir sous le même toit; enfin, sous UN toit, tout simplement. Et si la condition quotidienne n'est pas remplie --> dehors. Et pour cause, c'est arrivé puisque nous avons retrouvé, dans un coin de la cave, une couverture que la fille a déjà utilisée pour dormir ! Je le dis, du Zola. La misère!
Et là, il est vrai que, même si l'on admet que les deux jeunes sont des  des délinquants d'habitude, ca me fait un peu mal au coeur. Comment aurait-il pu en être autrement, de ces jeunes? Qu'ont-ils eu pour eux, dans leur vie? Elevés dans un quartier défavorisé, par une mère seule, qui se prostitue, habituant à 3 dans un studio délabré où l'on n'oserait, de notre coté "classe moyenne", pas faire dormir notre propre chien, voir notre pire énemi. Je vous épargne les détails sur l'insalubrité de l'appartement, bien que moi-même, je ne sois pas non plus un maniaque obsesionnel de la propreté. Je passe les plats qui n'ont pas été lavés depuis plusieurs semaines, avec, donc, toutes sortes de cultures à l'interieur, le frigidaire qui ressemble à un gros bac à glaçons, le four que l'on ose à peine ouvrir (pour cause de perquisition), le linge suspendu à la porte (s'il est lavé, ce qui n'est pas évident). Bref, il ne manquait que les petites bêtes rampantes; et j'ai été étonné de ne pas en voir !
Donc, disais-je, comment peut-il en être autrement, pour ces jeunes? La fille semble "essayer" de s'en sortir (je dis bien "semble") par le biais d'une association. Le jeune, lui, n'arrive même pas à se trouver un job de quelques heures par semaine au fast food local! Et pour cause, sans que cela ne choque personne, il se promène dans un survêtement qu'il n'a vraisemblablement pas quitté depuis quelques semaines !
Que peut-on leur prédire comme avenir? Vont-ils pouvoir sortir un jour de ce quartier?
Oh, c'est pas non plus, il faut l'avouer, une découverte, que cette misère; bien sur que non. Je fais ce métier depuis assez longtemps pour avoir vu de telles choses, voir pire! Mais tout de même; à chaque fois, finalement, on relativise beaucoup de choses. Tout d'un coup, les problèmes que l'on peut avoir dans nos clochers ne sont plus rien; le découvert à la banque? pfff; ca s'arrangera, avec le temps ! Les quelques prises de bec avec les collègues ou à la maison? pfff... rien du tout, ca s'arrange en deux temps, trois mouvements.
Et là, je vois les contrastes caractéristiques de la vie; hier, j'écrivais un texte (que je publierais plus tard) sur les notions de mérite, d'argent (sous forme de primes) dans l'administration policière. Et après avoir vu tout ca, je n'ai pas envie de reprendre ce texte. Enfin pas aujourd'hui.

Et l'on se retrouve, alors, à discuter, avec "madame" des éléments qui favorisent la délinquance. Peut-on dire qu'un enfant qui vit seul avec sa mère dans quartier dit "difficile" a plus de chances de sombrer dans la délinquance, que le jeune du 16ème, entouré de ses deux parents?
c'est un vaste débat! Qu'en pensez-vous?
Mais la vie est ainsi faite que, dans très peu de temps, quelques jours, voir quelques heures, tout le monde aura repris ses habitudes; cette famille, si elle n'est pas incarcerée, continera de vivre des ses larcins, et moi de mon coté, je continuerais à me plaindre de ma condition (comme tout à chacun, finalement) et c'est, en fait, juste HUMAIN.
Mais il est bon, parfois, de se rappeler qu'il y a pire que la situation dans laquelle on se trouve! Ne pas oublier ce que d'autres n'ont pas toujours le choix de subir! Et, finalement, garder le sourire.
Enfin, c'est mon avis !