lundi 11 février 2013

Quelles réformes pour la police?


C'est donc un fait, les policiers ont, ce que le presse a communément appelé "le blues". C'est une chose que de le constater, et j'éspère que cette étude sera prise en considération. 
Certes, ce ne sont qu'environ 7000 fonctionnaires qui ont répondu, soit moins de 10% des effectifs de la Police Nationale. Pourrait-on imaginer que ceux qui n'ont pas répondu se sentent mieux? C'est possible. 
Il est regrettable que ce genre d'étude n'ai pas été menée directement par l'intermediaire du Ministère de l'Interieur! 

Maintenant que l'on sait que les choses ne vont pas forcément très bien dans la Police, que les policiers le disent eux-même, tout comme certaines voix le laissent également entendre de "l'exterieur", que faudrait-il faire pour guérir ce malade? 
Nous n'en sommes pas encore à nous trouver à son chevet, mais, disons qu'il y a une infection qui menace tout le système immunitaire... 
Alors, docteur? 

Il faut, avant tout, prendre le mal à la racine. C'est à dire le recrutement. 

Recrutement et formation

  • le recrutement

C'est avant tout une question de niveau. Est-il judicieux de recruter, en tant que Gardien de la Paix, des personnes qui ont plusieurs années d'études après le Bac? Ce métier de policier est bien particulier. Peut-on, doit-on, recruter quelqu'un qui, finalement, ne fait que rentrer parce qu'il y a de la lumière en période de chômage  et de repli sur les concours de l'administration? 
Je n'en suis pas sur! Je sais qu'il paraîtrait anticonstitutionnel que d'interdire le concours à des "surdiplomés", mais on doit trouver une solution intermédiaire, utiliser ces capacités différemment. 

De la même manière, on assiste, à l'inverse, à des périodes où l'on a peu de candidats pour entrer dans la Police. Ainsi, on abaisse le niveau du concours parce que l'on veut plus de policiers. Et là, on se découvre que rentrent dans la police des "cas", qu'il va falloir gérer pendant près de trente ans, parce qu'ils n'auront pas le niveau, la volonté ou la motivation. 

  • la formation: 
 "la police française est la seule police au monde où l'on peut commander 400 flicards sans avoir jamais posé le c.. dans un car PS" (Police-Secours). 

C'est une remarque qui a été faite. Et, même si elle est un peu "agressive", elle n'est pas dénuée d'intérêt. J'ai effectivement du mal à comprendre comment un Commissaire peut arriver à commander plusieurs dizaines de policiers, dans ce qui est leur travail quotidien sur la voie publique, alors que celui-ci n'y a jamais été confronté! La seule expérience qu'a le Commissaire avec le terrain, c'est, en général, durant le cursus de formation, lorsqu'il fait des "stages" de découvertes, de quelques semaines. Et encore, là, puisque tout le monde sait que le monsieur est commissaire, on en prend bien soin. Hors de question de l'envoyer au charbon.... 
Et c'est la même chose pour les Officiers. Ils commandent sans avoir jamais (ou très peu) connu ce qu'était le métier. On leur demande de faire du management, c'est très bonne chose. Mais ils n'ont que des connaissances théoriques et quelques petites semaine de découverte en service actif. 

Ma principale proposition viserait donc à ce que, une fois le concours passé, tous les reçus passent par une formation commune. Tout sont, ensemble, mélangés, en école. Et tous sont affectés de la même manière en sortie d'école. Ceux qui ont réussi le concours de gardien de la Paix font leur carrière dans la catégorie B, avec des passages de grades, et les Commissaires et Officiers, après, disons deux ou trois années sur le terrain, retournent en formation. Là encore, une formation commune aux deux grades. Nouvelle affectation pour tous, sur une certaine période, avant que les Commissaire n'aillent terminer leur formation et être affectés en tant que tel. 
Il me semble que, d'une manière générale, on appréhende mieux certaines difficultés de management lorsque l'on a soit-même connu les difficultés rencontrées. 

Il parait également évident que, tout au long de sa carrière, le policier devrait avoir une formation continue ad-hoc. C'est à dire un retour en école durant un certain temps, afin de revoir certains aspects du métier. 
Pourquoi ne pas individualiser quelque peu ces stages par le biais des notations individuelles annuelles? 

De la même manière, pourquoi les notations ne se font-elles que dans un sens? Pourquoi un subordonné ne peut-il pas noter sa hiérarchie? J'imagine bien que cela serait l'occasion, pour certains, de "vider leur sac", et que, dès lors, on perd toute notion de justesse. Mais le concept actuel est-il juste? Tous les policiers (ou presque) se le disent: les notations, au jour d'aujourd'hui, ne servent qu'à peu de chose. Celui qui est bien noté n'est pas plus pris en considération que celui qui ne fait rien! 
Et ça aussi, c'est un problème. L'administration ne sait que faire des "mal noté", de ceux qui "traînent la patte". De nos jours, c'est devenu presque un jeu où la hiérarchie va bien noter certains fonctionnaires parce que ces derniers sont sur le départ; et il ne faudrait pas décourager le futur service de le prendre. En gros, pour imager, on se refile le "pot de pue". 

Je plaide également pour une diversification de la formation. Ou plutôt un complément. 
A ce jour, les policiers se plaignent de voir leur travail mis à mal par les magistrats. C'est peut-être de la naïveté  mais j'aime à croire qu'en fait, il s'agit plus d'un problème de communication qu'autre chose. 
Pourquoi les magistrats n''interviendraient-ils pas, lors de la formation? Et pourquoi ne les verrait-on pas un peu plus souvent dans les services? 
De la même manière, on peut aussi imaginer que la formation des policiers inclue des passages dans les tribunaux. Que cela soit par le biais d'audiences correctionnelles ou au plus près des magistrats, que cela soit à l'instruction ou au Parquet! 
A l'inverse, les auditeurs de justice (magistrats en formation) devraient pouvoir passer dans les services de police; mais pas uniquement les services de PJ. Aussi, un minimum, dans les Commissariats, qu'ils aient à connaitre du quotidien des policiers.


L'ORGANISATION


Le paysage de la France évolue constamment  De la sorte, tout comme le droit évolue, la Police se doit d'évoluer en fonction de la société. Et cela nécessite des changements. De gros changements. 
Et pourtant, il n'est pas aisé de changer l'organisation, lorsque l'on voit comment cela se passe lorsqu'un service est crée, ou muté, etc... Bref.

Je me dis que le "Chef de la Police", actuellement le Directeur Général de la Police Nationale, ne devrait pas être nommé par un politique, mais plutôt par ses pairs, et pour ses qualités. En quoi ce poste se doit-il d'être politique? Je rappelle que la police nationale se doit de faire respecter les lois votées par le Parlement. En quoi est-ce politique? Le métier est le même; il y a des infractions, on interpelle ceux qui les commettent pour les présenter à la justice. Soit. Donc, un poste, non pas politique, mais lié aux qualités de gestionnaire de police.
Pourquoi ne pas imaginer une équivalence au CSM, propre à la Police?

Juste en dessous, il devrait y avoir une organisation bicéphale. A la fois départementale mais aussi spécialisée. Un Directeur par Département, lequel gère toute sa police; qu'elle soit en tenue ou en civil, qu'il s'agisse de la circulation, de judiciaire ou de sûreté. 
A l'heure actuelle, un Directeur Départemental de Police n'est absolument pas tenu au courant des enquêtes qui se tiennent sur son département, puisque l'enquête lui échappe totalement lorsqu'un service de PJ est saisi. De la même manière, il n'a que peu d'idées des mouvances extrémistes présentes sur son département, puisque la Sureté du Territoire est totalement à part et autonome. 

Donc une police départementalisée. Ce qui n’exclue pas l'existence de services régionaux de Police Judiciaire, chargés de la criminalité organisée, ni même de Directions Centrales de PJ luttant contre la criminalité internationale; autant es nationaux qui circulent à travers le territoire que les étrangers qui viennent en France commettre leurs forfaits. 

Autre réforme importante qu'il faudrait mener: la communication.
Plusieurs d'entre vous m'ont fait la même remarque: se sont les organisations syndicales qui communiquent sur les "affaires" en cours. Il y a une raison à cela, mais cela n'est pas, pour autant, normal. 
Il faut, dès lors, adjoindre à chaque département, une sous-direction de la communication. Avoir des policiers expérimentés qui, eux-seuls, seront autorisé à parler d'une affaire en cours, en liaison étroite avec les enquêteurs et le magistrat. J'insiste sur le fait que ce policier doive être expérimenté  puisqu'il sera plus à même de savoir ce qui peut être dit sur une enquête en cours sans que cela ne lui nuise (à l'enquête). 

Plusieurs messages que j'ai reçu m'ont fait part de ce que le policier s'est, selon eux, éloigné de la population. Il est donc question de proximité, d'îlotage. J'avoue ne pas être adepte de la "Police de Proximité", mais il faut avouer que c'est un fait. La population, semblerait-il, a besoin d'être liée à sa police, de pouvoir parler au policier, d'avoir une référent. Soit. Il faut l'accepter. 
Cela passe donc par des services de police, à pied ou à vélo, qui soient au contact, notamment dans les centre-ville.
Ces derniers, en plus d'être "au contact" peuvent se voir source de beaucoup de renseignements. 

J'entend également ceux qui souhaiteraient que les enquêteurs soient directement sous la coupe des magistrats... c'est à creuser... mais ne pourrait-on pas imaginer des magistrats réferents dans les services de police?


RECENTRER LES POLICIERS 
SUR LEUR COEUR DE METIER

C'est un vaste chantier de la Police Nationale. 
- est-il normal que des policiers, après une formation de plusieurs mois, soient utilisé à garder des portes, qu'elles soient d'ambassades, de Préfectures, et autres domiciles de personnalités? 
- est-il normal que des policiers passent par des services administratifs toute une carrière durant? 
- est-il normal que des policiers passent des heures dans un hôpital à attendre qu'un gardé à vue soit examiné? 

A tout cela, je dis "non". Tous ces policiers passent énormément de temps à faire quelque chose qui n'a pas grand chose à voir avec ce à quoi ils ont été formé. 
Et pourtant, ces tâches doivent être accomplies. Il faut donc recruter une catégorie C de la Police Nationale, qui soit astreinte à ces tâches, le plus souvent de "garde". Avec une formation ad-hoc. 

LE ROLE DES SYNDICATS

J'an la sensation que dans la société française, le syndicat, censé protéger les employés, est devenu un frein. Les lourdeurs sont telles qu'une réforme en profondeur, et c'est valable dans tous les corps de métiers, devient impossible.
Mais cette considération est très générale. J'en reviens au sujet.
J'ai lu, encore récemment, l'interview d'un ancien syndicaliste policier. Et elle m'a donné envie de hurler. Ce monsieur, en sortie d'école, a passé cinq années en service actif, avant de se tourner vers le syndicalisme. Et, quinze ans plus tard, il s'inclue toujours dans ceux qui vont "où personne ne veut aller". Ce n'est pas sérieux! 
Les syndicalistes ne doivent pas pouvoir être "hors services actifs" plus de dix ans (et c'est déjà beaucoup). De la même manière, ceux-ci n'ont rien à faire dans d'autres instances administratives comme le Conseil Economique et Social, tout en cumulant les indemnités. Ils sont et doivent demeurer des policiers avant tout. 
Ensuite, bien évidemment qu'ils ne doivent pas être lésés dans l'avancement, mais il ne faut pas non plus que cela soit l'inverse, que l'on assiste à des avancements vertigineux, comme ceux auxquels on a pu assister ces dernières années dans la Police Nationale.

MESURER L’ACTIVITÉ DE POLICE

Il s'agit, là aussi, d'un très grand chantier. Plus les années ont passé, plus la statistique est devenue l’emblème de nos instances directrices. Au jour d'aujourd'hui, ce sont les Garde à Vue qui sont mesurées. Maintenant que c'est un peu plus difficile, on se replie sur le nombre de déférés. Je n'ose pas parler du nombre de contraventions dressées. 
Ces critères doivent changer. D'un point de vue judiciaire, on devrait se fier aux condamnations. Même si cela implique d'autres problèmes, dans la mesure où certaines affaires sont jugées plusieurs années plus tard. 
Devrait-on confier une partie de cette mesure aux magistrats? Pourquoi pas. En tous les cas, pour tout ce qui touche au judiciaire. 
De la même manière, un service comme les BAC peuvent tout à fait être juger fonction de ce critère de "condamnation".
On a vu, trop souvent, des BAC à qui il était demandé de faire, par exemple, 25 interpellations par mois; quelle que soit l'infraction. Peut-on mettre au même niveau l'interpellation d'un fumeur de joint qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, et un cambrioleur? La difficulté n'est pas la même alors que, statistiquement, c'est un "fait élucidé". 
Cela revient à dire qu'il doit y avoir plusieurs indicateurs, aussi différents soient-ils. Pourquoi ne pas y intégrer le ressenti de la population? Les avancées technologiques sont telles qu'on pourrait imaginer une interrogation périodique, par voie informatique! 
Les commerçants, au contact des îlotiers, pourraient, eux aussi, participer à cette notation! 
Bref, tout cela pour dire qu'il faut adapter la mesure de l'activité à la nature de cette dernière. 

LES REMUNERATIONS

Je ne m'y attarderai pas; comme tout le monde, les policiers aimeraient gagner plus. C'est un fait, la police française est une des plus mal payée au monde. Mais je crains que la conjoncture de soit pas à l'heure des augmentations! 
Pourtant, il faut penser à repenser les salaires! On voit passer des "primes d'objectifs", données aux Commissaires de Police, de plusieurs milliers d'euro, lorsque ces derniers ont atteint des objectifs chiffrés. 
Mais ces objectifs, et les primes liées, sont de plusieurs nature: elles peuvent tout aussi bien concerner un chef de service qui aura fait des économies sur le budget! Cela me parait juste incompréhensible! 

MAIS.... 

Il y a toujours un "mais". On peut avoir toutes les volontés du monde (et là, il en faudrait...), il est difficile d'avancer sans moyens. 
Pour faire ce que je viens de proposer, ou mener à bien tout autre projet de réforme en  profondeur, quel qu'il soit, il faut des moyens. Que ce soit en hommes, bien sur, mais surtout, des moyens financiers. Cela passera par des budgets en hausse; et là encore, ce n'est pas la tendance qui se dessine! 

Voilà les quelques idées qui ont été les miennes, durant ces quelques heures, où j'ai pu lire vos messages, par mail, ou même sur ce blog. J'ai repris quelques idées qui y étaient détaillées. 

J'ai bien conscience qu'il n'y a que peu de chances de voir un seule de ces idées être mise en oeuvre. Personne, à ce jour, n'a la volonté de révolutionner les choses. Et ça fait mal, rien que de faire ce constat. 
Je le répète souvent, j'aime mon métier, j'aime ma police. Mais, plus que les sondages, j'ai tous les jours la sensation qu'elle ne tient encore que par la seule bonne volonté de certains. Et c'est un jeu bien dangereux! 

Avoir l'impression d'être malade, et qu'aucun médecin ne veut guérir la maladie! 
Peut-être l'avenir me fera-t-il mentir.... mais j'en doute. 

samedi 9 février 2013

Selon vous, quelles réformes pour la Police

Je vous propose, à tous, lecteurs juste de passage ou habituels, une question simple:

Si tant est que vous pensez qu'il faille réformer la police, quelles seraient ces réformes?
Qu'attendez-vous d'elle?
Que devrait-elle avoir qu'elle n'a pas, et vice et versa ?

Que faut-il changer, selon vous?

Attention, je ne parle pas des infractions du Code Pénal, juste de ce que vous imaginez "mauvais" dans l'organisation, le rôle de la police...

Si vous êtes policiers, n'hésitez pas, tout ce qui doit être anonyme le restera.

Pour répondre, plusieurs moyens à votre disposition:
- Twitter: envoyez un twitt @pj_un_jour
- en commentant le présent billet
- via l'adresse mail de contact, sur ce site (anonyme)
- sur le Facebook du site: pj un jour

Mettons-nous d'accord pour recevoir les copies jusqu'à dimanche soir.

A l'issue, je vous ferai mes propres propositions.

Infographies et statistiques "Le blues des policiers"

La presse s'est faite l'écho, ces jours-ci, de ce qu'elle a appelé le "blues des policiers", et qui fait suite à une étude du CNRS de Toulouse, menée avec l'aide du syndicat de Police Alliance (second syndicat chez les gradés et Gardiens de la Paix). 
Ainsi, c'est un questionnaire qui a été présenté, en trois parties, espacées de plusieurs semaines, aux volontaires, sans distinction syndicale (même si l'on peut forcément imaginer que la grande majorité des sondés sont encartés auprès de ce syndicat).
De l'infographie représentée dans le Figaro, on constate rapidement que les policiers, dans une grande majorité, ne sont pas à l'aise dans "leurs pompes". Non seulement, ils se sentent dévalorisé par les médias (87%) et jugent leur travail discrédité par la justice (85%), mais aussi, et surtout, ils sont critique vis à vis de leur propre administration qui ne penserait qu'à faire du chiffre (70%), tout en omettant de valoriser le travail de ses fonctionnaires.

Parce que cela me parait très "court", comme approche, et trop général, j'ai décidé de m’intéresser de plus près à ces recherches, et aux statistiques qui en découlent. Je me suis donc procuré l'intégralité des chiffres du sondage, pour en extraire les chiffres qui m'apparaissent comme les plus marquants: 

GENERALITES

Ainsi, ce sont 5600 policiers qui ont répondu à la première phase, en Mai 2011, alors qu'ils ne sont plus que 2650 à la troisième, en Janvier 2012!

Premier chiffre, la réparation hommes/femmes: les premiers représentent 86%  des sondés, alors qu'ils ne sont que 76%, sur la répartition globales dans la police. Donc, les femmes se sont un peu moins intéressées à cette enquête.
La moyenne d'âge de ceux qui ont répondu est de 37 ans, 14 ans d'ancienneté dans la police, dont 7 dans le même service.

Il est très intéressant de constater que tout le monde s'est impliqué, et que, la grande majorité des sondés ont donc une expérience certaine de la Police Nationale, sans pour autant être en fin de carrière. Nous avons donc affaire à un panel, de mon sens, assez représentatif.

Autre chiffre important, la région parisienne représente à elle seule plus de 30% des sondés, devant les Bouches du Rhône et le Nord.

LA HIERARCHIE


Quelle relation a  le policier avec son supérieur hiérarchique?

Les policiers jugent leur supérieur très bon lorsqu'il s'agit de "contrôler et superviser", mais en deçà de la "norme" (que j'imagine être de relations professionnelles, en générales, entre agent et cadre), lorsqu'il s'agit de récompenser les efforts, agir en modèle, ou encore encourager son collaborateur.
Ainsi, le manager est plus perçu comme un superviseur, un contrôleur, que comme un manager.

L'ADMINISTATION

90% des policiers interrogés pensent que  l'administration ne se soucie pas de leur bien être,  62% estimant que  la police ne valorise pas leur contribution à l'accomplissement des missions (plus 25% d’indécis).
Plus de 70% pensent que leurs efforts ne sont pas reconnus, et qu'il n'est pas tenu compte de leurs attentes et remarques.
Arrive alors un chiffre qui n'est pas, selon moi, qui suis à l’intérieur  étonnant, mais qui devrait en étonner plus d'un: les policiers ne sont que 25%, environ, à penser que leur travail influe sur leurs récompenses, que ce soit au travers de primes ou de mutation.
Ainsi, on peut en déduire que plus des deux tiers des policiers constatent que leur travail n'est absolument pas primé; même si le raccourci est un peu gros, les policiers considèrent qu'il n'y a aucune différence entre celui qui travaille et celui qui ne travaille pas. Ils sont plus de 75% à penser que l'attribution des récompenses ne se fait pas sur des critères objectifs, mais qu'il s'agit plutôt d'une question de chance.

Quel travail pour les policiers:

Il est alors demandé aux policiers les objectifs réels qui leurs sont demandé. Pour 65% d'entre eux, c'est "faire du chiffre". 75% pensent que les policiers reconnus par leur hiérarchie sont ceux qui font du chiffre. 50% pensent que l'objectif principal de leur métier réside dans la baisse de la délinquance.

Le regard des autres:

Pour 68% des policiers, la population, en général, n'a pas une bonne image de la Police. Ils sont, et ce chiffre me parait énorme, 85% à penser que la justice discrédite leur travail! Et c'est un peu plus important, pour les médias (87%).

Et pourtant...

Malgré ces chiffres importants  qui laissent effectivement apparaître un peu d'amertume, plus de 70% des policiers interrogés estiment que la police représente beaucoup pour eux, et sont fiers de leur métier. Lorsqu'il est question de "police" dans leur entourage, dans les discussions familiales (en bien ou en mal), plus de 80% se sentent concerné. 

Le suite de l'enquête se révèle non moins importante. 

LES FACTEURS DE RISQUES PSYCHO-SOCIAUX

Quels sont les facteurs de risques psycho sociaux? 
On y retrouve les lourdeurs bureaucratiques, le manque de ressources (personnel) et la remise en cause du travail au quotidien (par la presse ou la justice). Ce sont donc les principaux éléments facteurs de stress, et qui nuisent donc, au quotidien, sur le travail des policiers. 
Arrivent alors les risques liés à des facteurs organisationnels, c'est à dire liés à la fonction en elle-même. 
31% disent avoir fait l'objet de plus de dix agressions au cours des six derniers mois, et près de 13% entre 6 e 10 fois, au cours de la même période. 
Concernant les agressions physiques, ils sont 9% à en avoir subi entre 3 et 5, 60% disant ne pas en avoir subies du tout (le reste se situe au milieu). 

Quelle utilité de l'arme de service? 
Pour près de la moitié des policiers interrogés, elle n'est pas un moyen de lutte efficace contre la criminalité; pourtant, 70% estiment qu'elle représente une garantie de sécurité. 

Les statistiques suivantes cherchent à mesurer le "burnout" des policiers; c'est à dire qu'elles tentent d'établir une "mesure du syndrome d'épuisement professionnel", c'est à dire une "détérioration de la santé, suite à une exposition chronique au stress, dans le cadre de son travail". 

Cette mesure est définie par trois facteurs: 
- l'épuisement émotionnel, c'est à dire la fatigue à l'idée même du travail; rien d'alarmant de ce point de vue là, si ce n'est que, mesurée deux fois, à six mois d'intervalle, on note une légère augmentation de cet épuisement
- la perte d'empathie, qui pourrait se traduire par du cynisme ou une attitude négative envers les victimes; rien d'alarmant de ce coté-là non plus, puisque les chiffres sont au même niveau que d'autres mesures, sur des polices étrangères. 
- l'accomplissement personnel, c'est à dire "les effets démotivants d’une situation jugée difficile, répétitive et conduisant à des échecs malgré les efforts consentis": c'est là que les chiffres paraissent important, puisque supérieurs à la moyenne d'autres police. Cela signifie que les policiers "commencent donc à douter très sérieusement de leurs réelles capacités d’accomplissement de leurs missions". Même si ce chiffre n'a rien d'alarmant, selon les scientifiques du CNRS, cela peut être le signe de l'installation d'un épuisement professionnel latent. Bref, une "courbe" à surveiller de près. 

Globalement, il est constaté que, plus on monte dans la hiérarchie, plus les chiffres sont importants, ce qui est également lié à l'ancienneté dans l'administration et, donc, l’expérience. Rien d'illogique, donc. 
A l'inverse, quasiment aucune différence entre hommes et femmes. 
Si l'on fait une comparaison géographique, ce sont les départements des Bouches du Rhône  de Seine-Saint-Denis et Paris, qui sont les plus touchés. 

Tout cela a une répercussion puisque l'on dénote une "diminution de l’enthousiasme et de l'intérêt général du travail des policiers", puisqu'ils déclarent, à plus de 70% être moins enthousiastes dans leur travail, y perdre de l'intérêt et du sens. 

Interrogés sur les sentiments perçus par les équipes, les policiers se disent "dégoûtés et découragés". 
Individuellement, ils se disent "irrités" et "contrariés". 
Question interessante: lorsqu'on leur demande s'ils sont à l'aise dans la "vie privée" et dans la "vie professionnelle", ils le sont tout autant sur les deux plans (5.8/10)

LA statistique effrayante: 67,4 % des policiers interrogés envisageraient de quitter leur emploi de policier pour un autre emploi similaire pour un salaire plus élevé

Les chercheurs du CNRS en arrivent à la conclusion suivante: 


"L’enquête réalisée auprès de policiers a permis de dresser un premier bilan sur le management et le stress au travail au sein de la police. Ainsi, nous disposons de données quantitatives importantes à propos du management et des risques psychosociaux qui apportent des précisions sur le métier de policier aujourd’hui.
Nous pouvons tirer deux enseignements de ces premiers résultats :
- Il existe des dysfonctionnements au niveau du management. Les données recueillies mettent en lumière des lacunes managériales importantes qui nuisent à la performance des forces de police. Les policiers ne disposent pas du support nécessaire afin de progresser dans leurs missions et ont le sentiment d’être abandonnés par leur hiérarchie.
- Nous confirmons également la présence de risques psychosociaux latents et surtout le ras le bol des policiers.
D’autres résultats chiffrés sur la délinquance, les crimes, les arrestations par commissariat permettraient d’enrichir l’étude et d’obtenir une analyse plus fine".


Et vous, quelles sont vos conclusions? 

Personnellement, je n'en tirerai aucune. en tous les cas, pas tout de suite. Cela sera peut-être l'occasion d'un nouveau billet.

A suivre...