Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous parler d'actualité, mais plutôt du quotidien des policiers. Tous les policiers. Qu'ils soient en tenue, en Sécurité Publique, en Police Judiciaire, en CRS ou encore en sûreté du Territoire. Ce sont des métiers bien différents, mais qui ont tout de même des points communs. Et ces points communs sont avant tout matériels.
Si je vous parle matériel, vous allez, avant tout, penser à l'arme à feu, puisque c'est la plupart du temps son usage qui en est médiatisé. Elle a son importance, certes, mais se trouve être bien plus utile dans la dissuasion que réellement utile en tous temps.
Les plus tordus vont ensuite penser aux menottes. Oui oui, je vous vois, là... on s'est compris. lol Bref, les menottes, bien sur, utiles aux interpellations, et permettant d'éviter qu'un individu interpeller puisse prendre la fuite, ou encore frapper les policiers interpellateurs. Bref, elles aident à maîtriser celui qui est interpeller.
Tous les policiers de France et de Navarre, pour peu qu'ils soient 'actifs" sont équipés d'une arme individuelle et d'une paire de menottes.
Mais il est un élément qui me semble bien plus indispensable encore que tout cela: la radio.
La Police Nationale est dotée, depuis 1994, du système ACROPOL, qui n'est autre que l'acronym de "Automatisation des Commumnications Radiotéléphoniques Opérationelles de Police".
Ce système est sécurisé, numérique, et a surtout le mérite d'être utilisable sur tout le territoire national. Que l'on soit à Lille, Marseille, Paris.... et, fonction de certaines options, que tout ce petit monde soit sur le même canal; enfin, depuis la mise en place de ce système, on appelle ça une "conférence". Petit à petit, ce système a donc étendu. Avec un cout non négligeable. 640 millions d'euro, selon Wikipedia. Outre le système radio que l'on a tous en tête, cet appareil permet des appels directs, de style téléphonique, entre deux appareils, via un numéro d'identification unique.
Par ailleurs, ce système peut être couplé avec les réseaux d'autres services de secours, comme les Pompiers, le Samu... via le système Antares. Les gendarmes, quand à eux, utilisant le réseau "Rubis", lequel peut aussi être mis en réseau avec Acropol ou Antares.
Alors que j'étais en poste à Paris, j'ai souvent critiqué ce matériel. Problèmes de relais dans certaines rues, postes qui font 3x la taille d'un téléphone mobile, batteries fragiles....
Mais ce système a le mérite d'exister.
Voilà maintenant un mois que je suis arrivé aux Antilles, et que je suis affecté. J'apprend donc le fonctionnement du service, comme le fait n'importe quel "petit nouveau". Même s'il s'agit d'une antenne, il s'agit d'un service réputé. Je n'en dirai pas plus. La seule chose que l'on puisse dire, c'est que, dans l'inconscient de tous mes collègues, ce service est bien "doté".
Eh bien force est de constater que ce n'est pas le cas. Et même loin de l'être. Toutes les voitures ont près de huit ans, plus de 100.000km au compteur. Et, autant dire que ce kilométrage, aux Antilles, vaut un bon 200.000 en métropole, tant les voitures se dégradent du fait de la chaleur et de l'humidité qui plombent le matériel Ajoutez à cela une bonne RGPP, donc une réduction des dépenses (comme toutes les administrations), et vous arrivez à la situation actuelle.
Ah si, j'oubliais.... enfin non... c'est là que je voulais en venir. Le service n'est doté d'aucun système radio.
Si si, c'est vrai. Si vous êtes policier, comme moi, vous devez penser, dans votre imaginaire, que n'importe quel service de police dispose d'un système de radio, hein??? Eh bien non! Ce n'est pas le cas! Le commissariat a des radios, mais la PJ... non!
j'avoue être carrément choqué! Il n'en va QUE de la sécurité des fonctionnaires! Très peu de choses, hein!!!
Bien évidemment, pour les surveillances, j'en parle pas... c'est juste quasi infaisable. Alors oui, certains me disent "on fait comme ça depuis six ans, et on a quand-même fait des affaires". Eh bien je dis "bravo", très bien. Ce n'est effectivement pas simple. Mais, pour autant, doit-on s'en contenter? Il n'y a, jusque là, jamais eu de problèmes... ce qui en veut pas dire qu'il n'y en aura pas!
Déjà que, par le simple fait de l'île, de sa construction, ce n'est pas simple, mais sans même pouvoir communiquer, c'est juste quasi impossible! Imaginez une filature.... je précise qu'il n'y a presque pas de noms de rues, ici... ajoutez à cela le fait de n'avoir aucun moyen radio... bref, vous vous amputez d'une réussite.... ajouter les véhicules qui sont connus d'à peu près tous les voyous... des moyens technologiques inexistants... bref, j'ai fait un retour en arrière de 20 ans, sans les radios, avec des voyous qui, eux, sont bien armés, et dangereux!
Imaginez la sécurisation d'une rue, un peu avant une interpellation à domicile; aucun moyen de communiquer, entre le chef du dispo, et ceux qui sont autour de la maison!!!
Tout ceci est assez étonnant.
Et, comme d'habitude, l'administration compte sur la motivation de ses troupes. Et elle est là. Je suis motivé, je vais bosser....mais qu'on nous donne un minimum de moyens, pour travailler, à minima dans la sécurité, et être efficaces!
Je me dis que, si la PJ a eu des résultats avec si peu de moyens, quels seront-ils avec des moyens qui sont juste minimalistes, par rapport à ce qui existe en métropole.
Lorsque je parlais d'aventure, je ne pensais certainement pas à devoir utiliser deux pots de yaourt reliés par un fil pour pouvoir communiquer!
Bref... je découvre... mais, j'en suis sur, ça va marcher. Heureusement, j'ai de bons collègues. C'est déjà ça, me direz-vous
Affichage des articles dont le libellé est Etat des lieux dans la Police. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Etat des lieux dans la Police. Afficher tous les articles
samedi 22 septembre 2012
jeudi 25 août 2011
L'argent, l'argent.... eh bien il n'y en a plus!
Cela fait plusieurs jours, voir plusieurs semaines ou mois, que l’on parle d’économies. Comment faire des économies, ou prendre l’argent, éventuellement « à qui » ? On montre du doigt, notamment, le train de vie de l’Etat.
Et j me suis posé cette question ; à mon niveau, ce dont je peux témoigner, ou peut-on faire des économies, sans que le service public puisse en être affecté.
J’ai trouvé trois exemples, et un contre-exemple.
La première chose qui me soit venue à l’esprit : les frais de justice. Ceux qui font payer la police et/ou la justice. Et je vise là, principalement, les opérateurs téléphoniques. Il faut savoir que la moindre identification de ligne téléphonique est facturée ; à peu près huit euro (du souvenir que j’ai d’un opérateur). Une écoute d’une ligne téléphonique est, elle aussi, facturée ; une centaine d’euro pour la mise en place, et un forfait mensuel. Une facturation détaillée d’une ligne téléphonique est facturée au mois. Tout cela revient, à l’échelon national, à plusieurs centaines de milliers d’euro. Je ne parle pas de certains opérateurs qui peuvent mettre jusqu’à trois mois pour répondre (j’ai reçu, aujourd’hui 25/08, une réponse à une demande du 05/05). Et, en l’absence de réponse, il peut arriver que le dossier n’avance pas. Et s’il n’avance pas…. Je fais le parallèle avec le contrat qui lie les opérateurs et l’Etat, qui est renouvelé périodiquement. Je m’étonne toujours que, dans les négociations avec ces opérateurs, l’Etat ne fait pas baisser ces tarifs ; et, en allant plus loin, pourquoi payer pour ce qui ne représente que des manipulations de fichiers informatiques ?
Je vois ensuite un peu plus près de moi ; un exemple concret : il y a de cela quelques mois, une grande entreprise parisienne a déménagée ses bureaux. En ajustant son devis, cette entreprise a estimée qu’il lui revenait moins cher d’acheter du mobilier neuf. Par une connaissance interposée, ce matériel a été proposé à mon service, pour une somme modique. Pour donner un ordre d’idée, les bureaux étaient vendus 15€ et les caissons d’accompagnement 5€. L’autorisation a donc été demandée au service administratif pour équiper le service, ou au moins une partie, de ce mobilier. Refus catégorique du service administratif, qui a obligation d’acheter le matériel à un endroit bien déterminé. Le prix d’un seul bureau en vaut dix de ceux qui auraient pu être achetés. Allez comprendre ! Du coup, les fonctionnaires ont acheté leur bureau avec leurs propres deniers!
Et c’est comme ça pour tout le matériel ; obligation de le prendre chez tel fournisseur ; si le même produit est trouvé ailleurs, moins cher, eh bien tant pis. On préfère payer plus cher !
Pour le dernier exemple, j’ai regardé par la fenêtre de mon bureau. En quelques semaines, au moins deux cérémonies ; l’une pour introniser un haut fonctionnaire parisien, et l’autre pour la libération de Paris. Qui dit cérémonie, dit, plusieurs jours avant, mobilisation des services de police pour le balisage des zones d’interdiction de stationnement, plus tard l’enlèvement des véhicules dans tout le quartier. Tout cela représente un cout fonctionnaire énorme ; je ne parle pas des mesures de sécurité le jour de la cérémonie, elles sont inévitables. juste avant la cérémonie, il convient de tout nettoyer ; tout ce qui ne l’est pas d’habitude ; mais là, pour recevoir les hauts fonctionnaires, ça doit être propre. Après tout, ceux qui y travaillent dans ces locaux toute l’année, tant pis ! Ca peut être sale ! Ah, oui, le fameux tapis rouge est de sortie, bien entendu ! Ensuite, on installe des petites tentes, pour le « gouter » de ces messieurs. Je vous rassure, ce ne sont pas les restes de la cantine. Et l’eau n’est pas du robinet ! Je passe la cérémonie, en elle-même, qui ne me pose aucun problème.
A cela, je fais un parallèle avec le service qui m’emploie. Depuis deux ans, les « vœux » de début d’année ont été tout bonnement supprimés ; au motif qu’en période de crise, cela paraissait « déplacé ». Peut-être. Sauf que pas un seul centime de fonds publics n’était utilisé pour cette soirée qui permettait de réunir les personnels du service, et les partenaires qui contribuent, avec nous, au bon fonctionnement des enquêtes. Rien n’y fait, c’est ainsi.
Maintenant, les économies que l’on nous impose, du moins, un exemple : depuis cet été, nous avons un photocopieur pour un étage qui sert d’imprimante réseau. Ce photocopieur sert donc à environ vingt personnes. Très pratique lorsque l’on fait, la majeur partie du temps, du feuille à feuille. Sur une journée, j’imprime une moyenne de 30 documents. Je ne parle pas de ceux où je constate, après impression, qu’il y a une erreur ! Certains de ces documents sont juste des documents de travail, d’autres des procès-verbaux d’enquête ou des réquisitions judiciaires. Et donc, à chaque fois, je vais sue le palier chercher mon document. Je retourne à mon bureau pour le signer, et le « Marianner » (tamponner), et éventuellement, je repars dans l’autre sens, pour, la plupart du temps, le faxer. Je ne parle pas des éventualités (qui se produiront) lorsque le photocopieur tombera en panne !
Bref, j’envisage d’acheter ma propre imprimante !
Tout ça pour dire que des économies, on peut en faire. Mais l’Etat et son administration sont tellement sclérosés par leurs propres règles, qu’il est difficile de faire quoi que ce soit. Par contre, on baisse le nombre de fonctionnaires, on baisse leurs moyens, mais surtout, ils doivent faire mieux, et s’il vous plait, avec le sourire.
mardi 25 août 2009
la RGPP et la Police
Comme toutes les administrations, la Police est au coeur de la RGPP.
Cette Révision Générale des Politiques Publiques a été lancée en juillet 2007.
Je cite là le site internet consacrée à la RGPP:
Les travaux de la RGPP s'organisent autour de 6 grands axes de modernisation :
- Améliorer les services pour les citoyens et les entreprises
- Moderniser et simplifier l'Etat dans son organisation et ses processus
- Adapter les missions de l'Etat aux défis du XXIe siècle
- Valoriser le travail et le parcours des agents
- Responsabiliser par la culture du résultat
- Rétablir l'équilibre des comptes publics et garantir le bon usage de chaque euro
L'objectif est affiché, la fonction publique doit mieux fonctionner, avec moins de moyens. Et je ne fais pas là un jeu de mots; j'imagine que cela parait tout à fait normal, aux yeux des citoyens qui payent leurs impots. Faut-il encore que ces économies aillent dans le bon sens. Et c'est vrai, des économies, on peut en faire; c'est certain.
Ainsi, chaque ministère se voit donner une feuille de route. Et, bien évidement, le Ministère de l'Interieur n'est pas épargné. ( voir la RGPP au Ministère de l'Interieur)
Parmi les premières mesures, on devine la création de ce que sont devenues les Unités Territoriales de Quartier. Ou, comment faire machine arrière. Lorsque je suis entré dans la police, il y a une dizaine d'années, on a appelé ces service "Police de Proximité"; on les a supprimé, ; en effet, tout un déploiement avait été imaginer, pour rapprocher le policier du citoyen, et pour reprendre du terrain dans les quartiers. Cela n'a pas fonctionné. Pour cause, ces services n'ont jamais eu les moyens prévus à l'époque, pour se développer; du coup, le résultat n'a pas été à la hauteur des attentes. Maintenant on créer les UTQ (prononcer "utèq). On a juste changé le nom, le rôle est le même. A ce jour, le développement des UTQ est "gelé", en l'attente des premiers chiffres, des premiers résultats.
Autre grand axe de la RGPP: la suppression des "tâches indues". En effet,tous les jours, beaucoup de policiers sont employés à des tâches qui n'ont rien à voir avec le concours qu'ils ont réussi. Sont visés, là, les tâches administratives (où le policier peut être remplacé par un administratif), des transferts de détenus (qui revient plus au Ministère de la Justice, ou encore la protection de personnalités (tâche qui pourrait être reversée au secteur privé).
Mais j'irai encore plus loin. La police compte, dans ses rangs, des mécaniciens auto, des serruriers... eux aussi, pourraient retourner à leur métier d'origine. -
Autre paragraphe important de la RGPP, la -presque- "fusion" entre Police et Gendarmerie. Effectivement, la communauté européenne ne conçoit pas deux forces, civiles et militaires, chargées de la sécurité intérieure. De fait, la fusion est dans l'air du temps depuis longtemps, et on la voit, petit à petit arriver à nos portes. Si bien que, depuis quelques semaines, la Gendarmerie fait partie intégrante du Ministère de l'Interieur; les gendarmes conservant, à ce jour, leur statut militaire. Mais, autant dire que ce rapprochement n'est pas chose simple, puisqu'il s'agit d'harmoniser les deux "forces" en présence; que ce soit dans les personnels ou dans les missions; beaucoup de choses divergent encore au niveau des personnels employés; les grilles de salaire, les horaires, les avantages sociaux ... et, forcément, chaque corps essaye de tirer son épingle du jeu.
Concrètement, il s'agit bien évidemment de mutualisation des moyens, dont il est question; ce qui n'est pas, en cela, un mauvaise idée, bien au contraire. Dans le terme "mutualisation des moyens", à terme, on verra se rapprocher les gendarmes mobiles et les Compagnies Républicaines de Sécurité. Elles vont commencer à travailler ensemble, et la suite... nous verrons bien. On parle aussi de rapprochement des fichiers de police et de gendarmerie (ce qui, entre nous soit dit, est énormissime, puisque cela fait des années que cela devrait être mis en place).
Et c'est là qu'arrive une révolution. On voit l'arrivée de l'internet dans la procédure pénale. Il est quand-même question de "pré-plainte" informatisée, "en ligne"; là, c'est une révolution. J'attend de voir comment pourront être traitées de telles procédures. Mais ne pourrait-on pas aller encore plus lion, et parler de toute une procédure qui pourrait être informatisée. A ce jour, une procédure judiciaire est tirée en, au moins, 5 exemplaires; deux sont déstinés à la justice, et les trois autres aux archives (régionales, de service, et parfois de groupe). Ne pourrait-on pas imaginer la procédure informatisée qui serait numérisée, et "envoyée" aux magistrats?; peut-être accompagnée d'un seul exemplaire papier, et un second pour les archives. Deux avantages: des économies, et de l'écologie.
Coté effectifs, ce n'est pas pleinement dit dans le texte, mais la RGPP prévoit donc plus de 8000 suppréssions d'emploi de sécurité, entre la Gendarmerie Nationale et la Police Nationale.
Comme partout, cette réduction est assez mal vécue, puisque l'impression générale est que ces économies sont, à ce jour, réalisées là où, au contraire, il y aurait besoin de plus de moyens.
Des exemples concrets:
- on parle de supprimer toutes les imprimantes d'un service, et mettre un photocopieur en réseau, par étage. Imaginez bien que, par jour, on peut parfois tirer une cinquantaine de documents; que ce soient des procès-verbaux d'enquête, ou encore des recherches sur les fichiers, etc... c'est une énormité, en deux points au moins: imaginons une panne de cette imprimante (ce qui n'est pas rare); devrons-nous aller bientôt chercher nos écrits dans les batiments voisins? Ensuite, c'est une perte de temps. Et cela va générer des petits souci; tel procès-verbal qui aura été pris par inadvertance par un autre collègue; ou encore le PV qui n'aura pas été imprimé; il faudra donc retourner dans le bureau pour relancer l'impression... bref, énorme perte de temps, et surtout, d'efficacité.
- au sein de la direction PJ àParis, plusieurs véhicules ne seront pas remplacés. Donc, il va falloir faire aussi bien (voir mieux), avec moins de moyens.
Bref, pour le moment, ce sont les moyens opérationnels qui diminuent alors que, à l'inverse, ils devraient être augmentés.
Et, à aucun moment, les policiers n'ont été consulté. Alors que nous avons tous une idée de ce qui pourrait être économiser au quotidien.
à suivre...
Inscription à :
Articles (Atom)