samedi 22 septembre 2012

un fil et deux pots de yaourt... ne vous inquiétez pas, la police veille!

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous parler d'actualité, mais plutôt du quotidien des policiers. Tous les policiers. Qu'ils soient en tenue, en Sécurité Publique, en Police Judiciaire, en CRS ou encore en sûreté du Territoire. Ce sont des métiers bien différents, mais qui ont tout de même des points communs. Et ces points communs sont avant tout matériels.
Si je vous parle matériel, vous allez, avant tout, penser à l'arme à feu, puisque c'est la plupart du temps son usage qui en est médiatisé. Elle a son importance, certes, mais se trouve être bien plus utile dans la dissuasion que réellement utile en tous temps.
Les plus tordus vont ensuite penser aux menottes. Oui oui, je vous vois, là... on s'est compris. lol Bref, les menottes, bien sur, utiles aux interpellations, et permettant d'éviter qu'un individu interpeller puisse prendre la fuite, ou encore frapper les policiers interpellateurs. Bref, elles aident à maîtriser celui qui est interpeller.
Tous les policiers de France et de Navarre, pour peu qu'ils soient 'actifs" sont équipés d'une arme individuelle et d'une paire de menottes.
Mais il est un élément qui me semble bien plus indispensable encore que tout cela: la radio.
La Police Nationale est dotée, depuis 1994, du système ACROPOL, qui n'est autre que l'acronym de "Automatisation des Commumnications Radiotéléphoniques Opérationelles de Police".
Ce système est sécurisé, numérique, et a surtout le mérite d'être utilisable sur tout le territoire national. Que l'on soit à Lille, Marseille, Paris.... et, fonction de certaines options, que tout ce petit monde soit sur le même canal; enfin, depuis la mise en place de ce système, on appelle ça une "conférence". Petit à petit, ce système a donc étendu. Avec un cout non négligeable. 640 millions d'euro, selon Wikipedia. Outre le système radio que l'on a tous en tête, cet appareil permet des appels directs, de style téléphonique, entre deux appareils, via un numéro d'identification unique.
Par ailleurs, ce système peut être couplé avec les réseaux d'autres services de secours, comme les Pompiers, le Samu... via le système Antares. Les gendarmes, quand à eux, utilisant le réseau "Rubis", lequel peut aussi être mis en réseau avec Acropol ou Antares.
Alors que j'étais en poste à Paris, j'ai souvent critiqué ce matériel. Problèmes de relais dans certaines rues, postes qui font 3x la taille d'un téléphone mobile, batteries fragiles....
Mais ce système a le mérite d'exister.

Voilà maintenant un mois que je suis arrivé aux Antilles, et que je suis affecté. J'apprend donc le fonctionnement du service, comme le fait n'importe quel "petit nouveau". Même s'il s'agit d'une antenne, il s'agit d'un service réputé. Je n'en dirai pas plus. La seule chose que l'on puisse dire, c'est que, dans l'inconscient de tous mes collègues, ce service est bien "doté".
Eh bien force est de constater que ce n'est pas le cas. Et même loin de l'être. Toutes les voitures ont près de huit ans, plus de 100.000km au compteur. Et, autant dire que ce kilométrage, aux Antilles, vaut un bon 200.000 en métropole, tant les voitures se dégradent du fait de la chaleur et de l'humidité qui plombent le matériel  Ajoutez à cela une bonne RGPP, donc une réduction des dépenses (comme toutes les administrations), et vous arrivez à la situation actuelle.
Ah si, j'oubliais.... enfin non... c'est là que je voulais en venir. Le service n'est doté d'aucun système radio.
Si si, c'est vrai. Si vous êtes policier, comme moi, vous devez penser, dans votre imaginaire, que n'importe quel service de police dispose d'un système de radio, hein??? Eh bien non! Ce n'est pas le cas! Le commissariat a des radios, mais la PJ... non!
j'avoue être carrément choqué! Il n'en va QUE de la sécurité des fonctionnaires! Très peu de choses, hein!!!
Bien évidemment, pour les surveillances, j'en parle pas... c'est juste quasi infaisable. Alors oui, certains me disent "on fait comme ça depuis six ans, et on a quand-même fait des affaires". Eh bien je dis "bravo", très bien. Ce n'est effectivement pas simple. Mais, pour autant, doit-on s'en contenter? Il n'y a, jusque là, jamais eu de problèmes... ce qui en veut pas dire qu'il n'y en aura pas!
Déjà que, par le simple fait de l'île, de sa construction, ce n'est pas simple, mais sans même pouvoir communiquer, c'est juste quasi impossible! Imaginez une filature.... je précise qu'il n'y a presque pas de noms de rues, ici... ajoutez à cela le fait de n'avoir aucun moyen radio... bref, vous vous amputez d'une réussite.... ajouter les véhicules qui sont connus d'à peu près tous les voyous... des moyens technologiques inexistants... bref, j'ai fait un retour en arrière de 20 ans, sans les radios, avec des voyous qui, eux, sont bien armés, et dangereux!
Imaginez la sécurisation d'une rue, un peu avant une interpellation à domicile; aucun moyen de communiquer, entre le chef du dispo, et ceux qui sont autour de la maison!!!
Tout ceci est assez étonnant.
Et, comme d'habitude, l'administration compte sur la motivation de ses troupes. Et elle est là. Je suis motivé, je vais bosser....mais qu'on nous donne un minimum de moyens, pour travailler, à minima dans la sécurité, et être efficaces!
Je me dis que, si la PJ a eu des résultats avec si peu de moyens, quels seront-ils avec des moyens qui sont juste minimalistes, par rapport à ce qui existe en métropole.
Lorsque je parlais d'aventure, je ne pensais certainement pas à devoir utiliser deux pots de yaourt reliés par un fil pour pouvoir communiquer!
Bref... je découvre... mais, j'en suis sur, ça va marcher. Heureusement, j'ai de bons collègues. C'est déjà ça, me direz-vous

dimanche 2 septembre 2012

qui et quoi pour éteindre l'incendie, à Marseille???

Ca y est... c'est la guerre... en tous les cas, à Marseille, et selon madame la sénatrice Samia Ghali, qui demande donc l'intervention de l'armée! Une nouvelle opération "com" pour un sénateur, tellement ils ne savent comment se rendre utiles. Il ne peut en être autrement puisque, cette élue ne doit pas être sans savoir que pour faire intervenir l'armée en matière de sécurité, il faudrait que soit décrété l'état de siège. Est-ce le cas? Non, nous en sommes loin!
Voilà donc la cité phocéenne portée, semaine après semaine, en une de tous nos quotidiens et hebdomadaires!
On a, à chaque fois, l'impression que c'est nouveau. Pourtant, il y a tout juste quelques mois, Nicolas Sarkozy nommait Alain Gardère, Préfet des Bouches du Rhône, son prédécesseur n'ayant fait, lui-même, qu'une année à ce poste, pour, selon le ministre de l'époque, "redresser la situation".
Et voilà que l'on commence à sortir, dans les presse, des "noms"; quand bien-même, le porte-parole du Gouvernement  Najat Belkacem, et le Ministre de l’Intérieur lui-même démentent!
On laisse fuiter des noms pour tester les réactions... question d'habitude.
A croire que le seul qui puisse régler le "problème" soit le Préfet! C'est lui qui fait les enquêtes, lui qui va, à 6 heures, interpeller les suspects... bref, c'est le Préfet qu'on change!
Lorsque nos politiques comprendront que ce n'est pas en changeant les hommes, d'une année sur l'autre, que l'on avance... et que, bien au contraire, celui qui est enraciné, qui connait la région, connait les différents partenaires, aura une bien meilleure gestion des évènements. Alors, déjà, ça ira mieux.

le canon d'une kalachnikov
Mais pourtant, aussi bon soit-il, un Préfet, ne peut, à lui tout seul, endiguer un problème. D'ailleurs, j'ajoute que, à Marseille, le problème n'est pas nouveau. Même si l'on fait semblant de découvrir le phénomène.
Dans les années 80, déjà, les règlements de compte étaient légion! Et pour les mêmes raisons qu'aujourd'hui: le contrôle des territoires. Seul le produit change; à l'époque, c'étaient les stupes, les machines à sous et la prostitution... il semblerait que maintenant, cela soit plus porté sur les stups.

Les hommes, également, ont changé; A l'époque, il s'agissait de "vieux" voyous, qui se partageaient le terrain. Désormais, ce sont les caids des cités. Mais le problème est le même. On tue pour l'argent et pour faire peur.

Cela signifie quoi? Eh bien, tout simplement que la police ne dispose pas de plus de moyens qu'il y a vingt ans. Et que l'Etat est incapable de régler le problème.
Alain Gardère, lui-même, nous dit qu'il n'y a pas besoin de plus de policiers. Ça tombe bien, on ne saurait pas où les enlever! La réponse doit bien arranger le Gouvernement.
Bien. Pas besoin de plus de policiers. Que faut-il, alors?
Certes, les règlements de compte sont aussi nombreux qu'il y a vingt ans. Pourtant, quelque chose a tout de même changé. En même temps que les caïds contrôlent les cités, les habitants ne s'y sentent plus en sécurité. Alors même qu'ils sont chez eux. Et cela, ce n'était pas le cas, me semble-t-il, il y a 20/30 ans. Quelque chose a donc bien changé, et la situation s'est aggravée.
Qui a la solution? Vraisemblablement, personne!
Il n'y en a, je pense, qu'une seule. Plus de moyens! Des policiers, que ce soient des enquêteurs ou encore des intervenants en tenue, mais pas seulement. Toute la chaîne doit être complétée. Cela va des personnels sociaux, aux magistrats; en passant par les gardiens de prison, agents de probation, etc... Mais cela, personne ne pourra l'envisager. Il n'y a plus de sous. Alors on va prendre 10 policiers à droite, et les mettre à gauche. 1 magistrat en plus; deux agents de probation.... bref, on va faire un peu de vent, histoire de dire qu'on ne fait pas "rien". Et, une fois que tout cela ne sera plus médiatisé, le jeu des mutations fera que, dans une année, on sera à nouveau au même stade. Des policiers seront partis en retraite et non remplacés, un magistrat aura été muté, et son cabinet ne sera pas repris.... et on reviendra à la case départ.
Depuis bien des années, maintenant, les Gouvernants ne font qu'une seule chose, céder à la médiatisation. Tout ce qui n'est plus médiatisé n'est plus traité. Bref, avant de soigner le mal, on soigne l'opinion.
Et c'est comme cela que, année après année, les extrémistes font leur nid. Ils n'ont qu'à attendre que les gouvernants actuels ne fassent rien. Et, plus le temps passe, plus les électeurs se disent "pourquoi pas".
Mais cela, nos politiques, tant accrochés à leurs sièges, à leurs mandats (volontairement, j'y met un S), ne l'ont toujours pas compris. Ou peut-être est-ce pire. Ils ont compris. Mais ils sont tellement bien, qu'ils n'arrivent pas à décrocher. Une sorte de drogue, en quelque sorte. Ce sont, finalement, les premiers à entretenir ces climats, à leur niveau. Par leur passivité.
Lorsque eux donneront l'exemple, et qu'ils commenceront par être de vrais représentants du peuple, alors, peut-être, pourront-ils être plus efficace pour lutter contre la criminalité.

Mais ce temps-là, je ne suis pas sur de le connaitre un jour!