samedi 9 novembre 2013

C'est l'histoire d'un - beau - livre

Vous n'avez certainement pas échappé, ces dernières semaines, aux nombreuses fois où je fais référence à la sortie du livre, "Enquêtes Générales", immersion au cœur de la BRB (Editions de la Martiniere). Une fois n'est pas coutume.

Nous sommes en Mars 2012; je suis, à l'époque, affecté à la Brigade de Répression du Banditisme de Paris. Le chef de groupe auquel j'appartiens nous réunit tous, et nous fait part d'un projet qui lui a été soumis. Un journaliste a demandé à nous suivre pendant deux mois pour faire un livre ou se mêleront des aquarelles et du texte. 
L'habitude, en de telles circonstances, est de tout refuser, et ce genre de demande n'arrive même pas jusqu'au bureau du chef de groupe; elle est stoppée bien avant, tellement les filtres sont nombreux. Il n'est pas question de dévoiler nos techniques d'enquête au grand public. Et pour cause, ce genre de livre plait énormément aux voyous. Lesquels n'ont déjà qu'à regarder la télé pour savoir comment on travaille. Inutile d'en rajouter. 
Pourtant, il n'aura pas été difficile de nous convaincre. La personnalité de l'auteur que l'on nous dépeint n'y est pas étrangère. Une rencontre est alors organisée dans le bureau du chef de service. 
C'est là que nous rencontrons Raynal Pellicer; il se présente, et c'est important, non pas comme étant journaliste, mais documentariste. 
Les conditions de sa présence sont alors posées; en ce qui concerne les enquêteurs, la seule demande réside dans la modification des identités. Chose normale. 
J'attire l'attention de l'auteur sur le fait qu'il pourrait tout à fait ne rien se passer, pendant deux mois, qui donne du contenu à son projet ! Mais, après tout, qui n'essaie rien, n'a rien. 
Rendez-vous est donc pris pour commencer l'immersion quelques jours plus tard. 
La chance lui a montré son plus beau visage, puisque l'après-midi même, il était "immergé" et "invité" à nous rejoindre...
L'idée portée par le projet n'était pas de poser un regard, une analyse sur le travail de policier, mais, comme le dit lui-même Raynal, de faire un "verbatim" de ces instants passés, un rendu, sans modification aucune, des dialogues, avec policiers et autres intervenants, quels qu'ils soient. Je dois le dire, j'étais moi-même plein de préjugés à l'égard, non pas de Raynal Pellicer, mais plutôt vis à vis d'un certain journalisme "poubelle" (certains comprendront le sens de mon propos). Et, à force de discuter, d'échanger, ce jugement préconçu s'est reconstruit sur du concret. Le tout étant que chacun prenne en compte les difficultés de l'autre, les obligations auxquelles il est astreint. Et là, comme souvent, beaucoup de choses s'expliquent, se comprennent.

Au début de son aventure, Raynal n'avait que sa feuille et son stylo, ne sachant comment nous approcher. Rapidement, il s'est rendu compte que cela ne suffirait pas. Il est revenu avec appareil photo, dictaphone... Et nous a suivi. Tout le temps, de jour comme de nuit, la semaine et le week-end. Partout; sur les filoches, comme sur les interpellations.
Si, au début, sa présence était remarquée, rapidement, "le gauchô", tel que nous l'avions surnommé, s'est fondu dans le groupe, pour en faire, quasiment partie. Pendant que nous cherchions à résoudre les enquêtes qui nous étaient soumises, lui tentait de comprendre notre fonctionnement, notre façon de penser, essayant de verbaliser l'enquête pour le profane qu'il était, et qu'il voulait tenter de toucher. Encore une fois, j'insiste, mais c'est sa personnalité, qui a fait qu'il est arrivé à se fondre au milieu des enquêteurs. Il s'est parfaitement intégré. 
De son coté, @Titwane a choisi un angle différent. Ayant fait le choix de ne pas être, lui-même, immergé, il s'est nourri, de son coté, de tout ce que Raynal lui ramenait. Documents son, vidéos, photos... Comme il le dit lui-même "une fois qu'on a pris la photo des flics, de leur bureaux, voitures, et ordinateurs, il faut trouver autre chose".
C'est à cet instant que les deux auteurs se sont rendu compte, je pense, qu'on était loin des séries policières américaines, hyper stéréotypées, et qu'ici, 80% du temps d'enquête était passé au bureau. A analyser, écouter, retranscrire...
Et, pour donner de la profondeur au sujet, ils sont allés piocher dans les expressions, au travers des situations rencontrées, ce qui fait que ses dessins sont, je trouve, très parlant.

Au final, c'est un livre de quelques 208 pages, mi BD, mi "beau livre", mêlant aquarelles et textes, qui nous est livré.
Je n'ai peut-être pas le regard le plus objectif qui soit, mais c'est un bel ouvrage. Le format est très original. Et je le trouve sincère sur le fond. On ne pleure pas dans les chaumières, on ne cherche pas à "vendre le produit", lequel n'est pas "sponsorisé par la boite", comme le dit un certain Renan...

Voilà quelques critiques trouvées sur Twitter: 







Quelques liens issus de la presse écrite: 


Les mieux placés pour vous en parler sont encore les auteurs: 

RTL - Jacques Pradel - L'heure du crime - émission du 03 Octobre 2013


France Inter


Et, pour finir, si vraiment vous n'êtes toujours pas convaincu, une petite vidéo:



Vous n'avez désormais plus aucune excuse. J’espère que, comme moi, vous passerez un bon moment.
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires. 

Le Facebook de Raynal Pellicer, où vous retrouverez ses autres oeuvres: 
Le blog de @Titwane, "La moue du bulot"