dimanche 13 janvier 2013

Intolérance pour tous


Je ne voulais pas trop rentrer dans le débat, mais, une fois de plus, je n’ai pas le choix.
C’est aujourd’hui qu’a lieu, la manifetation des « anti » mariage pour tous. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont attendus à Paris, en attendant, celle qui verra se réunir les « pro ».
Et je lis beaucoup de choses, mais principalement beaucoup d’intolérance, et pas forcément où on le croit. J’entends ceux qui pensent que les « anti » sont intolérants, qu’ils sont contre l’égalité pour tous. J’entends cet argument.
J’entends aussi celui qui m’a été soufflé par Marie-Anne Soubré, par lequel à partir du moment où une réforme était partie intégrante du programme d’un candidat, l’on devrait se plier à ce changement, une fois le candidat élu. Parce que, tout simplement, c’est un principe républicain. Cet argument est, pour moi, un argument « massue », fort. Il m’a fait pas mal réfléchir. Et même si j’y met quelques petites réserves, je ne suis pas loin de penser que c’est un des seuls qui vaille.
Quelle réserve ?La première vient du fait que, pour qu’il tienne, encore faudrait-il  que tous les politiques, de tous bords, s’y accordent. Ce qui ne sera jamais le cas.
Autre limite : En votant un candidat, on peut être d’accord avec une partie de son programme, et en désaccord avec l’autre. On peut être pour le programme économique de Francois Hollande, et contre d’autres mesures. Ne peut-on pas imaginer qu’un candidat est élu sur certaines idées, et pas sur d’autres ? Imaginons que les votants de Francois Hollande l’aient élu sur son programme d’ouverture, qui comprend le mariage pour tous, ou encore le droit de vote pour les étrangers, et qu’à l’inverse, les votants soient en désaccord avec son programme économique ou sécuritaire. Ces gens-là devraient-il se taire ?
En ce qui me concerne, étant plus idéologiquement de droite, j’étais en accord avec certaines propositions de la droite, et en désaccord profond avec d’autres. N’aurais-je donc pas eu le droit de le dire ? J’étais profondément sarkozyste en 2002, et je n’étais pas d’accord avec la RGPP ou encore la chasse aux statistiques ; n’aurais-je pas eu le droit de le dire, parce que j’avais voté pour lui ?

Bref, si tu me lis, Marie-Anne, je t’ai entendu (ou lu), mais… il y a un mais…
Et pourtant, aujourd’hui, il est une chose qui me fatigue profondément. En ce jour de manif, comme un peu tous les jours, je parcours twitter. Si je fais une analyse rapide de ma TL, je constate que 95% de mes abonnés sont favorables au mariage pour tous. Soit. Je lis certains arguments qui se tiennent, d’autres un peu moins (attention à ne pas chercher d’argument où il n’y en a pas). Ok. Mais ce débat est désormais tellement passionné qu’il fait la part belle à l’intolérance. J’aime beaucoup le média qu’est twitter, parce que, justement, je trouve que l’on s’enrichi des débats qui peuvent s’y dérouler ; débat qui se déroule avec des personnes que l’on aurait jamais rencontrées autrement. Chacun argumente sa position, on prend certains arguments, on en combat d’autres… bref, c’est le principe du dialogue. Et j’aime beaucoup cela. A titre personnel, à combien de reprises me suis-je déjà « battu » avec certains avocats,  sur des sujets police/justice ? Et en général, même si ces débats ont pu être, parfois, un peu « tendus », ils se sont toujours déroulés dans le respect ; d’un coté ou de l’autre, sans jamais aucune insulte. . Enfin, je pense… même si, j’avoue, j’ai un peu de mal avec le second degré. Soit. On ne se refait pas.
Mais là, aujourd’hui, cela dépasse l’entendement. Ce que je vois passer  n’est tolérance  C’est donc la journée, je me répète, de manifestation de ceux qui sont hostiles au mariage pour tous. Et je suis outragé de lire certaines choses. Outragé de voir que l’on peut comparer les manifestants, pour faire simple, à Hitler, les réduire à des fascistes et/ou débiles qui n’ont rien dans la tête. Que penser lorsque je vois passer « dimanche, il y aura trois rassemblements, en fonction de si t’es complètement nazi,  juste homophobe ou tout simplement con ».
A l’inverse, que dire de ce manifestant qui a comparéFrançois Hollande à Hitler ? Tout aussi con et stupide.
Vous voyez, encore une fois, la règle est respectée ; les cons n’ont pas de couleur, pas de visage, ils sont partout.
Ces personnes, qui se veulent donneuses de leçons devraient avant tout se regarder en face. Cette propagande est juste contraire à ce qui est défendu. Arrêtons un peu les insultes et autres rabaissement des autres. Chacun ne peut-il avoir ses idées et être respecté en tant que tel ?
Alors, s’il vous plait, vous, qui me suivez et que je suis, arrêtez d’essayer de ressembler à ces personnes. Tenez-vous en à des arguments et surtout, respectez les idées qui ne sont pas les vôtres. Elles ont le droit d’exister. 


Pour finir, en un mot comme en cent: sus aux cons. 

2 commentaires:

  1. Tu ne seras guère étonné si je te dis que je partage largement ton ras-le-bol à la lecture ma TL.
    Sur la question des arguments, celui de "une majorité a voté pour, alors plus de discussion" ne me convainc pas plus que toi. Cela reviendrait à nier tout droit de manifester, voire de s'exprimer. Dans un Etat de droit, il faudrait par définition toujours tout accepter au motif de "il a été élu, il fait ce qu'il veut". Ben non, ça ne fonctionne pas comme ça (et encore moins en France qu'ailleurs). Chacun a le droit d'estimer tel ou tel projet de réforme bon ou mauvais, de le dire, de l'écrire ou de se réunir en public pour l'affirmer haut et fort, dans les limites de la loi (ce sont ces petits détails que l'on appelle des libertés publiques, DUDH, DDHC, toutes ces sortes de choses...). Bref, oui on peut raisonnablement considérer que lors des élections on choisit la vision de société portée par tel parti ou incarnée par telle personne, mais c'est trop léger en soi pour refuser l'expression des opinions contraires.

    Perso, j'ai dû me faire une opinion sur le mariage homo pour des raisons "professionnelles", alors même que je n'avais pas du tout d'avis sur la question avant cette année. Donc j'ai lu. Réflexe de juriste peut-être, je me suis dit faisons jouer le contradictoire, voyons les arguments de part et d'autre. Conclusion : beaucoup d'inepties, mais aussi des gens intéressants des deux côtés.
    Seconde conclusion, je ne peux qu'être favorable au mariage homo.
    La raison est simple : pour moi le mariage est un cadre juridique par lequel deux personnes attachent à leur union des effets patrimoniaux et extra-patrimoniaux. Or, il existe des couples homos et des couples hétéros, que je considère comme pareillement légitimes. Dès lors, je ne vois pas de motif rationnel qui justifierait que les premiers aient un choix plus large quant aux modalités d'organisation de leur couple que les seconds (les hétéros ayant mariage/PACS/concubinage, et les homos seulement les deux dernières options). Ça paraît idiot présenté ainsi tant c'est basique comme raisonnement et pourtant j'ai beau tenter d'intellectualiser davantage j'en reviens toujours à cette logique élémentaire. Entendons-nous bien, je ne veux convaincre personne qu'il s'agit de LA vérité, c'est juste mon avis en l'état des débats. Si demain quelqu'un se pointe avec un argument béton contre, j'en changerai (je vais m'asseoir en l'attendant quand même).

    Comme toi, je déplore les excès des deux camps, même si j'ai été davantage déçue par les "pour" qui versent dans l'injure ou le mépris, précisément parce qu'ils sont censés être le camp des tolérants (et que j'avais des attentes supérieures à leur égard, fatalement). Bref, oui le media qu'est twitter peut être un outil de débat intelligent comme tu le rappelles, l'expérience le montre souvent. Mais là c'est devenu aussi pathétique que pendant l'élection présidentielle, qui m'a laissé un très mauvais souvenir pour les mêmes raisons, beaucoup de tweets de gens habituellement raisonnables volant tellement bas. Je me dis que c'est la limite de l'exercice, dès qu'un débat dépasse un petit groupe de techniciens (comme les discussions récurrentes sur les réformes juridiques, GAV et autres) il perd en rationalité. C'est un gaspillage incroyable, tant l'outil est bien foutu et devrait permettre une éthique de la discussion supérieure à celle des débats médiatiques traditionnels. Étant assez viscéralement attachée à la confrontation d'idées et à la contradiction comme mode de construction de la pensée, j'ai du mal à admettre qu'un débat serein y est impossible, mais c'est le jeu. Voyons le bon côté de la chose, on perd en sang-froid ce qu'on gagne en passion.

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    1. vois-tu, je n'en suis même pas à parler du fond.
      Tu es tes arguments, et ils sont respectables. Cet argumentaire est cohérent, injurieux envers personne.
      C'est cela que j'attendais; et j'attend toujours (ou plus...).
      Et oui, tu as raison, pour la dernière présidentielle; mais là, c'est monté d'un cran...

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